Si le système scolaire enseignait…
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Les « bons élèves » n’ont jamais eu besoin d’une institution pour apprendre, et les « mauvais élèves » pourraient difficilement en apprendre moins qu’ils ne le font actuellement…
Où allons-nous ? Imaginez, bientôt : la scolarité à un an, on est vivement découragé de se tenir debout avant douze mois, il devient obligatoire de savoir marcher à quinze mois, et pour ça, des leçons sur comment poser le pied droit (et seulement le droit) pendant un mois, puis ensuite sur comment poser le pied gauche, puis comment alterner les deux… et des calmants pour ceux qui voudraient se déplacer sans permission.
Pourquoi faudrait-il que tout le monde apprenne les mêmes choses ? Un socle commun de connaissance, basé sur quels critères ? Combien de personnes utiliseront les maths ou l’histoire déformée apprises dans le système scolaire ?
Apprendre des bases de mécanique ou de plomberie serait bien plus universellement utile vu les carnets de bals surchargés des garagistes et des plombiers ! Ah ! Apprendre à faire son pain… à cultiver son jardin…
Et si l’on apprenait aussi au passage tout ce qu’on sait sur les relations humaines, et comment vivre en harmonie avec son entourage ? Et si l’on apprenait à s’auto-organiser en petits groupes, à résister au système consommatoire et à la propagande médiatique ?
Et la lecture ? Ah, la lecture ! ! ! Lire, c’est comme marcher ou parler. Baigné dans une société de l’écrit (papier ou écran) la lecture et l’écriture sont aussi naturelles que le langage. Elles s’apprennent comme des langues étrangères, par imprégnation, par connexion directe entre l’écrit et le sens.
Il n’y a pas d’âge pour savoir lire. Les personnes à qui l’on ne répète pas sans arrêt que c’est difficile ou que ça nécessite un apprentissage sont toutes capables d’acquérir la lecture. Comme pour le langage, l’apprentissage complet prend plusieurs années. Pour certaines personnes, les mécanismes sont intégrés à l’âge de quatre ans, pour d’autres, cela peut attendre l’âge adulte. Ne pas être obligé de savoir lire à huit ans ? Blasphème ! Mais si l’on y réfléchit bien, que vaut-il mieux ? Une personne d’âge avancé qui, ayant trouvé sa propre motivation, apprend à lire, avec les encouragements de tous, dans la joie et la bonne humeur… ou un illettré complexé à vie, pure production du système d’écrasement scolaire ?
La proportion de personnes sachant lire à dix ans serait sans aucun doute la même sans le système scolaire, voire supérieure. De plus, les personnes ayant appris à lire en lisant, en questionnant, et sans avoir appris à déchiffrer, sont des lecteurs de très bon niveau. L’écriture par contre se modifierait sans doute sensiblement, vers une simplification graphique (et peut-être une meilleure lisibilité) : écriture scripte par exemple, comme dans les pays anglo-saxons, ou simplification des majuscules. En effet, l’expérience montre que des personnes non soumises au système scolaire n’apprennent pas naturellement l’écriture cursive.
Réforme après réforme, le système scolaire se complait dans son apparente inefficacité. Il est temps de se poser sérieusement la question de son véritable but. S’il n’est pas capable d’enseigner durablement des choses aux personnes, ni de leur assurer une réussite sociale, ni de gommer les inégalités, c’est peut-être parce qu’aucun de ces buts n’est sa véritable raison d’être. Alors, à quoi sert le système scolaire ? Pourquoi est-il véritablement conçu, en quoi est-il presque parfaitement efficace ? Revenons aux sources : jules ferry l’a dit lui-même dans ses textes créateurs, le système scolaire a pour but unique de formater les individus, d’en faire de bons (anciennement soldats, ouvriers…mais maintenant) consommateurs.
Ayant bien appris à concourir pour avoir la meilleure note, les personnes continueront sagement à concourir pour avoir le meilleur modèle de voiture, de machine à laver ou d’ordinateur et enrichir les marchands. Quant aux personnes que le système détruit à la pelle, pour non-conformité de culture ou de « niveau », elles en seront réduites à être des sous-consommateurs, des produits pas chers étant spécialement conçus pour elles.
Et toute idée de partage et de mise en commun des biens aura disparu. Car au passage, le système scolaire détruit l’esprit de groupe, punit l’entraide, interdit de travailler à plusieurs sauf exceptionnellement dans des conditions étroitement délimitées et avec évaluation destructrice à la clef.
Il est bon de le rappeler (au fond de nous, nous le savons tous) : toute évaluation extérieure, déguisée ou non, positive ou négative, est destructrice, pour l’individu comme pour le groupe, y compris l’auto-évaluation demandée par un tiers.
C’est ainsi qu’ilelle apprend entre autres à parler, éventuellement plusieurs langues à la fois, malgré la complexité de la grammaire et de la syntaxe, sans leçons ni professeurs… C’est ainsi qu’ilelle apprend à (sur)vivre dans une société d’une immense complexité. Ces processus sont très souvent enrayés par la bonne volonté des personnes de l’entourage. Ils sont systématiquement détruits par l’institution scolaire.
Ce n’est pas un hasard. Ni un dysfonctionnement. Même si de nombreuses personnes de bonne volonté luttent pour l’utopie d’un système scolaire utile. Même si pour beaucoup de personnes le processus de transmission est inconscient. C’est une volonté ancienne, auto-entretenue, et qui est indispensable au fonctionnement d’un capitalisme qui se respecte, ou de tout système bureaucratique.
En effet, des individus sensibles et uniques, non formatées par le système scolaire, sont difficiles à contrôler et font de très mauvais consommateurs. Leur capacité à travailler en groupe, leur connaissance profonde de leurs véritables besoins, leur créativité sont sans commune mesure avec celles des personnes qui sont passées par le système d’enfermement scolaire.
Le système scolaire généralisé à toute la population est un incident dans les millénaires d’histoire de l’humanité. Il y a deux cents ans, il n’existait pas. Dans cent ans, il sera totalement oublié, et les jeunes personnes d’aujourd’hui raconteront à leur arrières-arrières-petits-enfants à quel point tout cela était absurde.
La non-scolarisation volontaire a connu une croissance exponentielle dans certains pays, et ce n’est pas fini. En france, les idées ont plus de mal à progresser. Aidons-les à circuler ! N’hésitez pas à diffuser ce texte et à en discuter…
cécé, juin 2006
N.B. Ont été bannis de ce texte le mot agiste « enfant » et le mot trop (bien) connoté « école ». C’est volontaire… Merci de conserver cette note et d’en tenir compte si vous citez/diffusez ce texte.
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interessante contribution a rapprocher
des articles et debats suivants
http://nantes.indymedia.org/article.php3?id_article=6061
« ils veulent nous apprendre a marcher en nous coupant les pieds »
(une interessante brochure d’infokiosques.net)
l’appel http://paris.indymedia.org/article.php3 ?id_article=16018
le livre de catherine baker ( enfin un des livres ! !)
http://paris.indymedia.org/article.php3 ?id_article=63303
ou l’article ici http://nantes.indymedia.org/article.php3 ?id_article=9491
(mais hélas si sur indy nantes les debats peuvent s’approfondir.. il mmanque le premier chapitre va savoir pourquoi..??)
et aussi paris http://paris.indymedia.org/article.php3 ?id_article=63324
on peut aussi taper certains des mots clefs de ces textes et en particulier « unschooling » et « france » dans google
pour les passionés des questions enfances, formatage, anti insruction et education etc…
cela nourrira surement les debats de l’amp cet été
( http://stamp.poivron.org )
Pour les rencontres amp de cet été, hop !
http://pgaconference.org/fr