Le conte de la marionnette
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Il était une fois une petite marionnette qui, du haut de son théâtre, interpellait ainsi les gens :
– Regardez, Mesdames et Messieurs ! regardez comme je bouge bien les bras. Et mes jambes, regardez ! j’en fais ce que je veux.
Un homme qui passait par là lui dit :
– Petite marionnette, à quoi servent donc ces fils qui te partent des pieds et des mains ? Ne vois-tu pas que ce sont eux qui te font bouger ?
– Les fils que j’ai aux mains et aux pieds ? Mais, c’est moi qui les tire ! Regardez ! Je les fais monter, descendre, se tendre, se relâcher. Si je veux aller à droite, je vais à droite et si je veux aller à gauche, je vais à gauche. Vous voyez bien que c’est moi qui les mène et qu’ils m’obéissent en tout point.
L’homme sourit en secouant la tête :
– Et ces mains qui s’agitent au bout de tes fils petite marionnette, ne comprends-tu pas que ce sont elles qui te dirigent ?
Agacée, la petite marionnette haussa un peu la voix :
– Mais pas du tout ! Elles aussi m’obéissent. Mais, regardez moi ! Je veux aller à gauche, les mains me suivent et si je veux aller à droite, c’est pareil. Vous voyez bien que c’est moi qui décide.
Et, sûre d’elle, elle ajouta d’un ton définitif :
– Et puis, je vous parle, car cela aussi je sais faire. Je suis libre de dire ce que je veux. Je suis aussi libre de mes mouvements que de mes opinions. Vous ne pensez tout de même pas que je suis une poupée de chiffon !
Il faut savoir que chez les petites marionnettes, être une poupée de chiffon n’est vraiment pas une qualité.
L’homme hésita. Devait-il lui montrer la réalité ? Lui expliquer qu’elle vivait dans un théâtre où tout n’était qu’illusions et faux-semblants. Que sa liberté ne tenait qu’à un fil et que ses choix lui étaient imposés. Devait-il, pour ne pas la décevoir, lui laisser croire qu’elle était autre chose qu’une petite marionnette soumise au gré et aux manœuvres d’illusionnistes ?
Mais, comme l’homme aimait bien la petite marionnette, il voulut lui faire comprendre les fils qui la lient, les mains qui la manipulent, les voix qui s’expriment à sa place et les opinions qu’on lui met dans la bouche.
La petite marionnette eut beaucoup de mal à l’accepter. Souvent elle se fâcha très fort. Elle était tellement habituée à ses fils, à son petit théâtre, aux mains qui la manipulaient, qu’elle avait fini par y prendre goût. Même si elle savait que sa liberté, ses choix, n’étaient qu’illusions. Cependant, le jour où elle ouvrit les yeux, les fils disparurent, les mains s’envolèrent et elle put agir et décider toute seule.
Alors, l’homme et la petite marionnette se marièrent, ils vécurent longtemps, très heureux et eurent beaucoup de petits clérocrates.
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