La grippe aviaire aux portes de l’Europe. La menace et sérieuse et le problème doit être traité avec la plus extrême vigilance. Les semaines à venir vont être déterminantes, encore faut-il avoir les bonnes informations…. Encore faut-il avoir confiance.

Dans un système réellement démocratique, le citoyen devrait avoir une confiance absolue dans les pouvoirs publics. Pourtant, aujourd’hui, quel citoyen peut avoir confiance dans un discours officiel, un communiqué officiel, la parole d’un soit disant « expert », d’un politicien.

La consommation de volaille baisse, même s’il n’y a aucune raison sérieuse du moins pour le moment. Mais à qui la faute d’une telle attitude du public ? Qui peut avoir confiance dans les autorités ? Qui croire ?

On nous a trop menti…

UNE CONFIANCE DETRUITE

Depuis des années nous avons été systématiquement trompés. Les soit disants « experts » de tous poils, les politiciens de Droite comme de Gauche nous ont systématiquement caché la vérité, déformé les faits. Ils se sont retranchés derrière leur « savoir officiel » de pacotille pour nous faire croire ce qui allait dans le sens de leurs intérêts et des intérêts qu’ils représentent.

Trompés au moment de Tchernobyl : le nuage radioactif s’arrêtant sagement aux frontières,

Trompés lors de l’affaire du sang contaminé,

Trompés dans l’affaire de l’amiante

Trompés sur le veau aux hormones

Trompé lors des expérience nucléaires dans le pacifique, absolument sans conséquences sur l’environnement et les populations (sic)

Trompés quand à l’enfouissement sauvage des déchets nucléaires (dans le Limousin)

Trompés lors de l’affaire de la vache folle,

Trompés lors de la canicule de l’été 2003,

Manipulés lors de l’explosion d’AZF,

Manipulés lors de l’affaire Allègre,

Trompés aujourd’hui sur les OGM,

Faut-il continuer la liste ?

LA CONNAISSANCE ET SA MANIPULATION

On ne peut évidemment pas reprocher à des scientifiques de « ne pas savoir ». La recherche, et donc la connaissance, est un art difficile. Ce qu’on peut leur reprocher par contre c’est de se plier à une « vérité officielle » qui n’a rien à voir avec la science.

Cette connaissance n’a pas, en effet, dans notre société, un statut de neutralité. Il n’y a pas de liens directs entre la connaissance scientifique et le public. Le public n’a pas un accès direct aux informations. L’information est filtrée.

Toute connaissance passe par la moulinette de l’Administration, et c’est elle qui décide ce qui doit être connu du public et ce qui ne doit pas l’être, un peu comme l’Eglise au Moyen Age qui décidait ce qui devait être connu et ce qui ne devait pas l’être.

On peut imaginer que dans une société aussi complexe que la notre, une gestion de l’information permette une diffusion plus efficace et évite les manipulations… Or c’est exactement le contraire qui se produit. Pourquoi ? Parce que l’information est chapeautée par des intérêts économiques et financiers, parce que les pouvoirs publics n’ont aucune confiance dans le public, parce que détenir l’information est un élément constitutif de la détention du Pouvoir, parce que contrôler l’information permet de contrôler la population.

La connaissance est donc manipulée. Tout n’est pas dit, et ce qui est dit correspond plus à des défenses d’intérêts qu’à la réalité scientifique des faits et de leurs conséquences.

Bien sûr, les politiques ont toujours une bonne raison de « ne pas tout dire », « filtrer l’information », « traiter l’information », « différer les informations »,… le prétexte classique étant : « ne pas créer la panique »… et c’est dans ce but louable que l’on n’a pris aucune précaution alimentaire lors de Tchernobyl, que l’on a continué à transfuser avec du sang contaminé, et que l’on contamine nos campagnes avec les OGM,…

Les scientifiques ne sont pas tous des vendus, mais aujourd’hui comment faire la différence ? Cette pratique du secret et de la manipulation a rendu le citoyen logiquement suspicieux… et c’est la meilleure manière de provoquer les paniques. Il ne croit plus personne et surtout pas la vérité officielle.

VERITES SCIENTIFIQUES ET INTERETS ECONOMIQUES

Qui peut garantir au citoyen que l’information qu’il reçoit, les conseils qu’on lui prodigue vont dans son intérêt ? Où est la vérité ?

Nous commençons à voir à la télévision des « experts » au visage à la fois grave et rassurant qui affirment comme seuls des « experts » savent le faire « qu’il n’y a rien à craindre », que « tout est sous contrôle »,…. Quelle est la validité de leur discours ? Est-il leur discours ou une parole qui leur a été dictée en fonction d’intérêts politiques, économiques, stratégiques, financiers ?

J’exagère ?… Mais réécoutez les propos du Professeur PELLERIN, un « expert » en mai 1986 à propos du nuage de Tchernobyl, ou le ministre de l’environnement de l’époque Mr CARIGNON, et comparez avec la réalité des faits. Qui avait mis en doute leurs paroles à l’époque ?

Qui peut nous assurer que ce que l’on entend aujourd’hui est la vérité ? Quand on voit les magouilles, les efforts inouïs, les dépenses délirantes qu’engagent les pouvoirs publics pour défendre les producteurs d’OGM, qu’est-il capable de faire pour défendre les élevages industriels de volailles et liquider ainsi tous les petits élevages existants?

Qui peut dire que l’état libéral, aujourd’hui capable de tout pour parvenir à ses fins, ne va pas profiter de cette épizootie pour restructurer une bonne partie de l’activité agricole dans le sens des intérêts des grands groupes ?

Les « experts » officiels n’ont que faire de la « vérité scientifique », encore moins les politiciens. Dans leur esprit, la vérité scientifique n’est que le sous produit des intérêts économiques du capital investi…. Ceux-ci étant garantis par l’Etat.

Qui sont les véritables fauteurs de panique, sont ce ceux qui veulent la vérité ou ceux qui systématiquement la cachent ?

La désobéissance, la suspicion sont en passe de devenir des réflexes citoyens dans un système rongé par le mensonge et les intérêts économiques systématiquement privilégiés au détriment du service et du bien publics.

Je suis quasiment certain que d’ici quelques mois, voire quelques années, quand nous aurons du recul sur cette affaire, quelques scandales bien sentis (peut-être apprendra-t-on que les oiseaux migrateurs se sont arrêtés à la frontière ou ont volontairement contourné la France) vont sortir de la boue et une fois de plus nous dirons à l’unisson : « Plus jamais ça ! ».

Cette nouvelle épreuve qui s’annonce va être un test grandeur nature. Soyons vigilants. Toute parole officielle est suspecte… Sachons faire confiance à des scientifiques qui ne sont pas liés aux grands intérêts économiques. Nous avons réussi à imposer cela concernant les rayonnements ionisants, faisons le concernant l’alimentation.

Profitons de cette crise pour avoir des pratiques de consommation saines en faisant confiance uniquement aux structures de production non liées aux grand groupes commerciaux qui n’hésitent, et n’hésiteront pas une seconde entre notre santé et leurs intérêts financiers.

Patrick MIGNARD