Le MIEL et le MP1PM s’associent pour lancer un évènement annuel : l’été sans épilation (et sans rasage). 2005 en sera la première édition. Le 21 juin, premier jour de l’été (solstice), marquera le début de l’opération. En effet à l’approche des beaux jours les épaules se découvrent et les publicitaires passent à l’offensive pour l’épilation « pour la plage ». C’est le moment où les femmes vont accorder le plus d’attention à leur épilation. Certaines ne le pratiquent d’ailleurs qu’à cette période.

Nous lançons cette opération contre l’épilation (il s’agit ici particulièrement de l’épilation et du rasage des aisselles et du “maillot” pour les femmes) pour les raisons suivantes :

L’épilation (ou le rasage) est une modification, d’ailleurs non totalement réversible, du corps de la femme qui a été mise “à la mode” dans le seul but de vendre quantité de produits et de services. Cela illustre comment,

à travers une formidable machine de propagande (publicité et journaux féminins), le corps de la femme est instrumentalisé à des fins mercantiles

. Ce sujet, qui touche la grande majorité des femmes dans leur quotidien, permet de montrer comment les choix de société et le système économique frappent le domaine le plus intime : notre corps et son intégrité. Cela illustre le célèbre slogan féministe : « le privé est politique ». Il s’agit bien en effet d’une lutte féministe pour le droit à disposer de son corps. Les femmes qui s’épilent le font rarement par choix personnel : elles le font par conformisme car elles subissent une pression sociale considérable. Elles peuvent en être conscientes ou avoir intériorisé ce comportement et le considérer comme normal et justifié.

En réalité cela ne fait que 10 à 15 ans que les femmes qui s’épilent ou se rasent les poils des aisselles sont devenues majoritaires en France. L’épilation est un domaine sur lequel il existe un consensus apparent qui n’est en fait qu’une illusion de consensus car les femmes qui ne sont pas d’accord n’osent plus faire entendre leur voix. C’est pourquoi

nous appelons toutes les femmes qui préservent leur pilosité naturelle à faire leur « coming out »

. Nous appelons également les femmes qui ne s’épilent qu’à contrecoeur à exprimer publiquement leur désaccord. Ces femmes se rendront alors compte qu’elles ne sont pas seules à penser et à agir ainsi. Cela brisera l’apparence de consensus et amènera les autres femmes à douter et peut-être à prendre conscience de la manipulation dont elles sont victimes.

Les arguments développés par le discours soutenant l’épilation sont en général de deux ordres :

Les aisselles non épilées sentiraient mauvais

car les poils absorbent et conservent la transpiration. De fait les poils ont pour fonction naturelle de réguler la température de la peau et la sudation. Cela signifie qu’en réalité une femme aux aisselles sans poils transpire plus (et doit donc utiliser un déodorisant…) Pour ne pas sentir mauvais il suffit de se laver !

Les poils ne seraient pas esthétiques

. Depuis quand devrions nous laisser aux marchands le soin de définir les critères de la beauté ? Pendant des milliers d’années de civilisation les poils des femmes n’ont pas nuis à leur beauté ni à leur séduction.

S’épiler ou se raser n’a pas que des conséquences économiques (dépenser beaucoup d’argent en appareils, instituts, cires, crèmes…) Cela pollue (industrie des crèmes dépilatoires et rasoirs jetables), fait perdre du temps, fait mal (cire, laser), blesse parfois (rasoir), enlaidit (car si les poils d’origine sont souples et fins les repousses sont drues), dessèche la peau, et cause des démangeaisons (quand les poils repoussent). Il faut savoir également que les déodorants suppriment les phéromones indispensables à une communication harmonieuse.

Enfin l’épilation et le rasage, comme les autres transformations socialement imposées du corps (chirurgie esthétique, régimes…), reposent sur la dévalorisation du corps des femmes, de leur beauté à l’état naturel. Cela passe par une baisse de l’estime de soi.

On peut finalement penser que les mobilisations féministes qui se sont focalisées sur quelques droits fondamentaux conquis face aux moralistes réactionnaires (contraception, avortement) ont vu leur base sapée par cette offensive marchande sur le corps passée quasi-inaperçue. “Mon corps est à moi” revendiquaient les militantes des années 70 ; aujourd’hui le corps des femmes n’appartient-il pas aux marchands ?

Mouvement international pour une écologie libidinale et Mouvement pour un parti matriarcal Contact et liens à partir de notre site Internet : [!]le lien spip suivant n’a pas ete importe correctement dans oscailt: www.ecologielibidinale.org/fr/miel-etesansepilation-fr.htm [!]