Témoignage d un étudiant venu soutenir les lycéens
Category: Global
Themes: Archives
• Stateanar12 : Salut. Comment ça va ? La manif s’est bien passée ?
• Edwin : Salut. Je suis arrivé à Paris à 14H. Il y avait déjà de la castagne, des groupes, différents individus réunis en bandes qui foutaient la merde…. Ecoeuré, je suis reparti vers 15H.
• Stateanar12 : Et comment s’organisaient ces groupes ? Avaient-ils des revendications politiques ? Des objectifs bien précis ?
• Edwin : Non. Ce n’était pas vraiment des bandes… Enfin…Si, celles des fouteurs de merde… Ils étaient juste là pour se vider de leur hargne. Ils étaient juste venus pour cogner. Il n’y avait aucun discours, cela n’avait aucun sens. C’était juste de la violence gratuite. Tout cela à perte de vue. Ils remplissaient les trottoirs, marchaient à contre- sens et ils chopaient quelqu’un au hasard pour être des dizaines à lui sauter dessus ensuite…
• Stateanar12 : OK. Comment s’est comporté la police durant la manif ?
• Edwin : La police… (rires)… Oui… Ils étaient là ! Ils nous regardaient passivement… Une fille a interpellé les « gentils » CRS en leurs disant « … mais vous ne voyez pas qu’ils frappent tout le monde ! ! ! Vous ne faites rien ! Vous êtes pourtant là pour nous protéger ?! …. »
La réponse fut explicite et sans appel : « Ta gueule ! Et retourne manifester ! ! »
Cela, on le lit partout dans les journaux. Les flics n’étaient pas assez nombreux en effectif et ils ne préféraient pas intervenir… Moi, je dis que c’était de l’hypocrisie. Ca les arrangeait de nous laisser faire frapper…
Tu comprends ? Si c’est le foutoir, cela a deux avantages pour l’état :
• La manif se finit plus vite donc moins de bordel
• Cela leur donne un argument merdique du genre, vous voyez, les jeunes foutent le bordel partout discrédibilité du mouvement social.
• Stateanar12 : Et ça a été tout le temps comme ça ? Il n’y a pas eu de groupes pacifistes ? Est-ce que des gens ont pu manifester sans problème ?
• Edwin : Il y avait juste deux groupes, celui des manifestants et celui des cogneurs… Ca été tout le temps comme ça… C’était abusé, j’ai halluciné…
Du coup, je suis parti à 15H… Trop saoulé…
• Stateanar12 : Ton attitude était en minorité ou tout le monde a fait comme toi ?
• Edwin : Tout le monde désertait petit à petit…
• Stateanar12 : Il y avait beaucoup de « cogneurs » ?
• Edwin : Non. Il y avait plus de manifestants… Mais bon, quand tu as 100 mecs qui s’entraident, tu ne peux pas grand-chose… De plus, il y avait quand même une majorité de filles
• Stateanar12 : Ils cognaient qui ? Filles ? Polices ? Journalistes ?
• Edwin : Oui… Sauf la police qui était bien harnachée… en position défensive….
• Stateanar12 : Et les journalistes, ils ont pu faire leur boulot ?
• Edwin : Oui, bien sur ! ! Perchés sur des feux rouges et sur des cabines téléphoniques….
• Stateanar12 : OK. Cool (sic) … T’as eu des opinions divergentes de la tienne ?
• Edwin : NON… Et d’ailleurs, je ne vois pas comment… Ou, peut-être du genre : « oui, j’adore les connards qui foutent la merde quand on se bat pour nos droits et les leurs par la même occasion.. »
• Stateanar12 : Tu te retrouves dans la manière dont l’information a été traitée par les différents médias ?
• Edwin : ouais….. Ils ont fait beaucoup le point sur les casseurs… Et pas assez sur le manque d’effectifs des flics et leur inactivité… C’est quand même un point important tu sais…
• Stateanar12 : Je vois… Si je te comprends bien, les flics ont laissés faire ?
• Edwin : Carrément ! ! Sauf ceux qui étaient en civil. Ils intervenaient quand il y avait des actes de vols isolés, (vol de GSM par ex…). Mais, quand c’était les bandes, malgré qu’ils fussent équipés, ils ne faisaient rien…
• Stateanar12 : Ils n’étaient vraiment pas assez nombreux ?
• Edwin : Grave ! Et le peu qu’ils étaient, ils faisaient rien….
• Stateanar12 : Ok. Pour toi, c’était une intention délibérée de la part des flics de ne pas intervenir ?
• Edwin : oui, clairement ! !
• Stateanar12 : Ok. Quel est ton sentiment maintenant vis-à-vis des manifs ? T’iras encore manifester ?
• Edwin : Honnêtement, je serais moins motivé. On était venu pour une cause importante, l’éducation on ne fait pas n’importe quoi avec, et tout cela a été gâché…
• Stateanar12 : T’as été blessé personnellement ?
• Edwin : Non, mais je ne suis pas passé loin… J’ai vu passé des bouteilles et autres trucs du genre : barres de fer, bâtons, règles en fer, bouteilles de verre, pavés, galets ; je n’ai pas vu de lames mais je pense qu’il devait en avoir… Il parait que quelqu’un a été touché par une balle, mais c’est ce qu’on dit, je ne peux pas l’affirmer….
• Stateanar12 : Merci à toi de m’avoir accordé du temps. Tu te sens comment ?
• Edwin : Dégoûté. Tu vois, j’ai 20 ans, je ne suis même plus lycéen et j’ai été manifester pour mes convictions, mais avant tout par solidarité, car l’éducation, ça concerne tout le monde…
• Stateanar12 : Je suis d’accord avec toi, ça concerne tout le monde…
Intéressant, sauf l’idée que c’était de la violence gratuite… C’est jamais gratuit la violence… Elle est bien le produit d’une situation sociale bien précise…
Ca ne veut pas dire qu’elle soit intéressante et justifié, mais dire que c’est de la violence gratuite, c’est renvoyer une fois de plus les auteurs de ces violences dans l’irrationalité et contribuer à rajouter une couche de plus au processus d’oppression qui produit cette violence… Ne vivant pas les conditions de vie de ces mêmes auteurs, il semble difficile éthiquement de la rejetter aussi facilement surtout qu’on sait bien à qui sert cette condamnation…
Spino.
des textes plus pertinents circulent sur indy grenoble, avec une tentative d’analyse qui semble se confirmer dans ses lignes essentielles par des témoignages d’aggresseurs qui aggressaient ce jour là pour eux les premiers de la classe, ceux qui veulent s’intégrer, les blancs…
Les lithanies sur le “on travaille pour eux” n’est pas pour désarmer cette bombe à retardement qui finit par transformer ce que l’on pense être étranger à soi – les lycéens qui manifestent – comme du gibier.
Que la police ait laissé faire c’est possible, mais après tout elle n’a jamais été là pour protéger les manifestant(e)s mais les biens… Ils s’attendaient sans doute d’ailleurs plus à de la casse et dupillage, et ils avainet semble-t-il un dispositif de protection des biens… et la mobilité des groupes les gênait.
Et puis demander de l’aide au flic, c’est un peu comme demander à papon de te laisser filer quand tu es juif…
quant à la violence si elle n’est jamais gratuite, peut-on pour autant se résoudre à ne pas la condamner???
nous étions ici comme en une guerre où soudain TOUt est permi.
il faut sentir le divorce du/de la militant(e) avec la réalité qui a surgit, son incapacité lorsqu’il continue de vouloir sauvegarder une république qui n’a fait que reléguer, exploiter, assassiner les immigrés… à s’en faire réellement entendre.
Quel droit? celui que les flics-assassins protègent les manifestant(e)s?
Qui de NOUS TOUS s’aventure encore dans cette réalité là?
Dans ce désert poussent d’étranges fleurs carnivores, des fleurs qui ont choisies leur victimes dans le troupeau des brebis bêlantes, celles qui croient encore que l’éducation républicaine est une chance, que le capitalisme peut être doux, qu’il faut “aider” les plus démunis, etc. mais ces fleurs là sont voraces et se dévorent même entre elles et non d’autres motivations que leur appétit boulimique. elles sont à l’image de leur envers l’Etat et le capital, elles adorent la marchandise, sont canibales, sexistes… un produit social historique pouirtant si humain.
Et tout semble confus (irrémédiablement?) puisque nous n’arrivons déjà plus à sentir que nous pourrions dire Nous, tant la distance est là!
retisser des liens, vomir ce systême!