Ni agnostique ni laïque !
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Racisme
Ni agnostique ni laïque !
Coup d’gueule contre les libertaires et leurs alliés religieux et laïco-patriotes
« Moi je dis que péter, c’est démolir. »
(Stupeflip)
Christianophobie par ci, islamophobie par là, il devient de plus en plus difficile de bouffer du curé sans être accusée à tort de « phobies » contre les croyants, de « racismes ». En pervertissant le sens de la lutte contre les discriminations, des personnes croyantes et inquisitrices se posent en victimes alors que leurs accusations calomnieuses sont illégitimes, d’autant plus illégitimes quand ces personnes constituent une majorité numérique et sociale à l’échelle d’un État, d’un continent ou du monde. Leur tactique tordue et abusive ressemble à deux gouttes d’eau à celle employée par des individus assignés « blancs » à la naissance et qui se plaignent de « racisme antiblanc » au sein d’une région ou d’un État où ils y sont majoritaires. Le comble de l’hypocrisie est lorsque ces nouveaux torquemadas en viennent à dénoncer le « privilège athée » (sic) quand on sait que les personnes athées et anti-théistes sont une minorité numérique et sociale mondiale, qu’elles sont persécutées en de nombreux endroits, qu’elles sont massacrées, que la haine de l’athéisme et de l’anti-théisme est malheureusement une réalité multicentenaire.
Au contraire de ce qu’affirment des militants libertaires et de gauche (1), les combats contre les religions ne sont pas d’arrière-garde. Si ces luttes étaient « dépassées » et « secondaires » comme ils disent, 84% de l’humanité ne serait probablement plus religieuse. 37% de la population en France ne croirait plus autant aux fables bibliques et autres. Plus de 75% des États-Uniens ne seraient plus de si fidèles serviteurs de la pensée divine… (2)
Parmi ces militants, certains reprennent l’idée de la droite conservatrice selon laquelle la religion serait « positive » et défendable parce qu’elle serait vectrice de « lien social ». Ainsi se voient unies une partie de l’extrême gauche et de la droite par un concept fourre-tout dans lequel on peut surtout y mettre n’importe quoi : nationalisme, racisme, xénophobie, compétition, esclavage, patriotisme, régionalisme, ethnicisme, capitalisme, statu quo, amour, haine, misogynie, proxénètisme, hooliganisme, bolchevisme, néonazisme, scientisme, new-age, etc., etc.
La litanie trompeuse favorable aux religions braillée par ces enchanteurs sournois est connue par chœur : La religion fait le lit de la contre-révolution capitaliste et patriarcale depuis des lustres mais RESPECT pour ne pas froisser des personnes qui choisissent de s’y soumettre et d’y assujettir les non-convertis. La religion est toujours un des remparts les plus puissants de l’autorité mais RESPECT à ses hordes de défenseurs et un peu moins à ses fanatiques. Les papes prônent le sacrifice de soi à la Cause Divine ou Familiale mais RESPECT pour ne pas paraître trop méchants et infréquentables… Un véritable double-discours aux airs de tolérance pluraliste libérale mais anarchiste en aucun cas (3).
Je ne sais si les accusations infamantes de racisme contre les personnes athées et anti-théistes ont des antécédents historiques (19e, 18e, 17e, … siècles). Mais je me demande bien pour qui et pourquoi une quantité non négligeable de libertaires est devenue aussi frileuse que les marxistes vis-à-vis des religions, de leurs responsables (du croyant de base au plus haut placé des clercs), quand on sait que l’athéisme radical et l’iconoclasme sont des composants majeurs du mouvement anarchiste. Frileuse au point qu’elle voit des alliés en des individus qui se soumettent à une Idée et font du prosélytisme conservateur en son Nom. « Par opportunisme politicard » me souffle-t-on à l’oreille, et c’est sûrement vrai. En outre, les collaborations passées entre l’extrême gauche et des mouvements politico-religieux qui se sont terminées dans la reproduction de la suprématie masculiniste, ou plus vastement dans des bains de sang dictatoriaux, n’ont visiblement pas encore servis de leçons aux libertaires tolérants à l’égard de l’institution Religion. Séduits par l’ouverture de la déconstruction postmoderne, ils en ont oublié de barricader la grande porte par laquelle les courant d’airs laïcs-étatiques et religieux entrent et empestent leurs milieux.
Et pas la peine de sortir le hochet du « féminisme islamique », ou ceux de la douzaine d’« anarchistes chrétiens » et de « curés antifascistes » et « progressistes ». On ne détruit pas une machine de guerre idéologique conservatrice planétaire en la lustrant par le petit bout de la lorgnette. Un anarchiste individualiste plus bien actuel et vindicatif que tous les systèmes conceptuels « matérialistes de l’histoire » légitimant la résignation dans l’attente du Grand Soir, l’avait déjà compris voilà plus de cent ans :
« Résignés, regardez, je crache sur vos idoles ; je crache sur Dieu, je crache sur la Patrie, je crache sur le Christ, je crache sur les Drapeaux, je crache sur le Capital et sur le Veau d’or, je crache sur les Lois et sur les Codes, sur les Symboles et les Religions : ce sont des hochets, je m’en moque, je m’en ris… Ils ne sont rien que par vous, quittez-les et ils se brisent en miettes. » (Albert Libertad)
Les religieux – n’en déplaise à leurs services d’ordre de gauche et de droite – sont toujours en première ligne d’opposition face aux rebelles qui revendiquent la libre procréation, la liberté sexuelle et l’amour libre, la liberté de contraception et d’avortement, le combat contre les discriminations des personnes LGBTQA+, contre tout ce qui entrave la liberté individuelle anarchiste et prône la soumission aux normes établies.
La pensée agnostique n’en est pas moins relativiste et méprisable que la pensée religieuse ou « ni pour ni contre ». Renvoyer dos-à-dos l’idée d’existence et de non-existence des dieux est non seulement une façon de « montrer pattes blanches » face à un dispositif doctrinal d’oppression, mais aussi un excellent moyen de ne pas s’opposer au spiritualisme dans les lieux où il n’a rien à y faire. Quand il s’agit de juger de l’existence ou de la non-existence d’un acte qui a engendré des mutilations ou la mort de personnes, on sait fort bien comment cette posture pseudo-sceptique se traduit… De l’agnosticisme, les lobbyistes financiaro-religieux sont les meilleurs alliés (4).
Quant à la Laïcité, Elle est une divinité comme la Nation, la Patrie, la France et la République. Un fantôme-pilier idéologique de l’État jacobin et républicain (5). Et aux dernières nouvelles les libertaires étaient toujours anti-étatistes, mais j’ai la forte impression que certains d’entre eux deviennent de plus en plus amnésiques et réformistes, de plus en plus hostiles à la liberté de bouffer du curé au service aussi bien de l’Église que de l’État, au point qu’ils collent parfaitement aux « concepts » de « fonctionnaires de l’anarchisme » et d’« anarcho-étatistes ». À bas aussi la Laïque !
1 – Des militants cependant contre la « hiérarchisation » et la « prioritairisation » des luttes mais qui, on le voit encore ici, ne sont pas à mille et une contradictions près.
2 – Source : Le monde des religions, 2013.
– C’est-à-dire la majorité des sondés. Source : Rapport de l’Observatoire de la laïcité, 2019.
– Source : Pew Research Center, 2014.
3 – Et les séminaires gauchistes et libertaires au Vatican, à La Mecque, à genoux devant Le Mur des Lamentations, c’est pour quand « camarades » sociaux-démocrates ? C’est le manque d’espoir en le retour du Messie-Révolution qui vous fait tremper les pieds dans les temples de la foi mystique ? Pour vous rafraîchir la mémoire à propos de votre « sacro-saint » Respect, consultez le N°302 de L’Assiette au Beurre, ça décape encore un siècle après sa parution. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1048368c
4 – Là où l’athéisme marque une « simple » négation des divinités et un refus de croire, l’agnosticisme est une position « bancale » entre croyance et non-croyance, c’est-à-dire que l’option du « doute » se situe « en deçà » de l’athéisme et bien évidemment de l’anti-théisme. Si à ce dernier l’athéisme est un prérequis, l’anti-théisme est un combat plus radical et offensif, une attaque contre l’intrusion théiste partout et sous toutes ses formes et symboles.
5 – En athéisme et en anti-théisme comme en « politique », il n’y a pas qu’un seul « camp » où se rangerait tous les athées et anti-théistes, mais une pluralité de points de vue oppositionnels qui n’ont pas forcément d’affinités. Avec leur manichéisme semblable à celui des dogmes ecclésiastiques, les « anarco-laïcards » et autres « Je suis Charlie » de Centre Gauche et Droit patriotes me font bien rire.
Dans l’avant-dernier paragraphe, remplacer « Renvoyer dos-à-dos l’idée d’existence et de non-existence des dieux » par « Renvoyer dos-à-dos les idées d’existence et de non-existence des dieux ». Et supprimer ce commentaire. Merci !
Encore les anarcho-racistes !
Des antireligieux et antireligions sont des racistes ?
Les accusations infamantes de racisme contre des personnes athées et anti-théistes ont elles des antécédents historiques (19e, 18e, 17e siècles, antiquité ).
Mais, pour qui et pourquoi, une quantité non négligeable de révolutionnaires (et des « progressistes ») est frileuse vis-à-vis des religions-croyances-sectes (majoritairement réactionnaires) , de leurs responsables ( du croyant-e de base au plus haut-e placé-e), alors que, l’athéisme est une composante majeure du mouvement révolutionnaire.
Frileuse au point de croire voir des allié.e.s en des individus qui se soumettent à une Idée et font du prosélytisme conservateur en son Nom.
« Par opportunisme politicard »
Je pense qu’il y a moyen d’avoir une position intermédiaire. Je suis anarchiste athée et je ne suis pas spécialement favorable aux religions. Par contre, la lutte contre les religions n’est certainement pas mon combat principal.
Quand il y a des manifs contre l’avortement ou contre le mariage homosexuel, je participe activement aux contre-manifs. Je m’oppose donc aux réactionnaires sexistes et homophobes dont une grande majorité sont des religieux. (Je précise au passage, que je ne suis pas un fervent défenseur de l’institution du mariage, je manifeste par solidarité avec les victimes de l’homophobie)
Mais je ne peux pas ignorer qu’en France, la lutte contre l’Islam est – d’une manière détournée – une nouvelle façon de faire vivre des idées racistes. Je ne suis pas favorable à la religion, mais je vois bien que les personnes musulmanes, ou même les personnes qui paraissent musulmanes sont victimes de persécutions. Les polémiques qui apparaissent régulièrement pour exiger que les maillots de bain permettent de voir les mollets des femmes qui les portes sont des polémiques racistes ET sexistes.
Quand il s’agit de s’organiser contre le racisme, je ne veux pas faire des manifs avec seulement mes potes anarchistes. Je suis content que pleins de gens soient prêt.e.s à se battre contre le racisme et je suis bien content qu’il n’y ait pas que les personnes athées qui manifestent, mais aussi des personnes religieuses. C’est aussi une façon de lutter contre l’extrême droite identitaire qui veut une france identitaire, blanche, catholique ou athée, francophone et mangeuse de saucisson. Si on ne souhaite s’organiser qu’avec des personnes athée, on contribue à exclure des personnes exploitées et opprimées hors de nos luttes. Ça n’a rien de révolutionnaire.
Et puis à la limite, si vous pensez que c’est très important d’avoir des discours anti-religions, pourquoi ne pas en parler à vos proches, parents, ami.e.s et camarades politiques qui sont croyant.e.s plutôt que de vous adresser à des groupes que vous ne connaissez pas et qui ont un historique coloniale ou les français ont toujours voulus leurs dire comment penser et comment se comporter ? Vous n’avez pas de croyant.e.s dans votre entourage proche ? Et bien lâcher l’affaire alors, vous n’êtes pas tenus de partir en croisade.
Mais on ne peut pas ignorer que la lutte contre l’islamophobie est – d’une manière détournée – une nouvelle façon de faire vivre des idées fondamentalistes et de s’allier avec des religieux et religieuses intégristes.
On n’est pas favorable à la religion, mais on voit trop bien que les personnes islamistes, ou même les personnes qui paraissent musulmanes se font passer pour des victimes de persécutions alors qu’iels oppressent et agressent.. Ce sont des fascistes agresseurs et agresseuses.
Les polémiques qui apparaissent régulièrement pour exiger que les cheveux des femmes (de certaines femmes mêmes très jeunes) soient couverts et que leur vêtements soient dits « modestes »; sont REACTIONNAIRES, RACISTES et SEXISTE !
Assez de nous donner des conseils de prioritarisation des luttes ou de tentatives de nous silencier !
NI DIEUX , NI DIEUX !
« Anarchistes, communistes libertaires, anarcho-syndicalistes, autonomes, artistes, organisés ou non-organisés, nous faisons part de notre condamnation totale de l’islamophobie sous toutes ses formes. Nous affirmons que l’islamophobie est une forme de racisme.
En tant que libertaires nous réfutons et combattons tout raisonnement islamophobe porté au nom de l’idéologie libertaire et avons décidé de l’affirmer clairement par cet appel.[…]
Parce que nous pensons qu’au sein du discours médiatique dominant, journalistique et politique, certains « philosophes », « dessinateurs » et « écrivains » surmédiatisés, comme Michel Onfray, Caroline Fourest ou l’équipe de Charlie Hebdo, participent de cette islamophobie ambiante et de sa propagation en se positionnant parfois comme libertaires, ou en agissant au nom de la tradition et de l’idéologie libertaire.
Parce que nous constatons que certains secteurs de « notre famille politique » sont imprégnés par l’idéologie islamophobe, et cela est insupportable. Cela se traduit au mieux par un désintérêt pour cette question (parfois par une condamnation certes claire de l’islamophobie mais couplée de moult rappels du combat primordial contre l’aliénation religieuse), au pire par le refus de reconnaitre l’islamophobie comme un racisme voire par le fait de s’affirmer islamophobe au nom d’un anticléricalisme primaire importé de contextes historiques différents, voire par des connivences et compromissions inacceptables, heureusement marginales mais pas assez vigoureusement condamnées.
NON, combattre l’islamophobie ne nous fait pas reculer devant les formes d’oppression que peuvent prendre les phénomènes religieux. Nous apportons ainsi notre soutien total à nos camarades en lutte au Maghreb, au Machrek et au Moyen-Orient qui s’opposent à un salafisme qui prend là-bas les formes réactionnaires et fascistes, et cela au plus grand bénéfice de l’impérialisme occidental.
NON, tous les musulmans qui luttent contre les lois islamophobes ne sont pas des crypto-islamistes ni des communautaristes venus faire du prosélytisme ou souhaitant interdire le blasphème. Beaucoup d’entre eux et elles sont des acteurs et actrices du mouvement social à part entière. Ils et elles luttent, s’auto-organisent, se battent pour leurs droits, contre le patriarcat, le racisme et pour la justice sociale au quotidien en revendiquant la spécificité de leurs oppressions et en pointant les contradictions qu’il peut y avoir au sein d’un certain discours « militant ». Critiquer leur façon de s’organiser ou de militer est une chose, les disqualifier par un discours marginalisant et raciste en est une autre. […]
Alternative libertaire
Tiens tiens… Ce « billet d’humeur » n’a pas été indexé dans le flux de Indymedia, il n’est donc pas visible sur Infolibertaire, karacole et n’est pas référencé dans les moteurs de recherches.
Dommage, il est intéressant et suscite le débat. Mais avec Indymedia on est jamais au bout de ses surprises…
J’avoue que je ne comprends pas bien comment ça marche ces trucs là. C’est tout automatique et on ne s’en occupe pas vraiment.
Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas une intervention volontaire à cause de la teneur de l’article. Si on pense qu’on a des raisons de refuser un article, on le refuse directement.
http://al-montpellier.over-blog.com/article-reponse-a-l-appel-des-libertaires-contre-116721925.html
Le texte d’appel des libertaires contre l’islamophobie que vous trouverez ici a suscité pas mal de réactions. Voici une réponse qui critique cet appel.
L’objet premier de cette critique est de remettre un peu d’ordre à propos de l’utilisation du terme « islamophobie », de montrer que ce concept, si il désigne effectivement une certaine réalité des rapports sociaux, est souvent utilisé de manière outrancière, et finira par être l’allié objectif des propagateurs de religion. Nous prendrons appui, pour formuler cette critique, sur un texte formulé par des gens appartenant à la famille politique des libertaires et de l’extrême-gauche, puisque celui-ci nous semble particulièrement représentatif de tels écueils, ceux-ci étant d’autant plus graves lorsque diffusés par des gens ayant normalement une conscience critique par rapport aux religions. (texte intitulé « Appel des libertaires contre l’islamophobie », diffusé sur différents sites libertaires).
La raison essentielle et pratique qui nous a poussé à réagir à ce texte, c’est l’acharnement par lequel il prétend empêcher une critique générale des religions incluant l’islam, en assimilant toute critique de l’islam à de l’islamophobie.
Ensuite, il s’agit de voir, d’une manière plus large, d’où viennent ces faiblesses actuelles largement répandues même chez les gens se réclamant d’une critique sociale, de la gauche du PS aux libertaires et anarchistes, de comprendre les idées et les raisonnement intellectuels qui sous-tendent la formulation de cet appel ; celui-ci n’étant pas un phénomène isolé, mais étant influencé par un ensemble d’idées beaucoup plus large que l’on peut qualifier de post-modernes, et dont les gens d’extrême gauche forment souvent des agents de diffusion privilégiés, de manière plus ou moins consciente.
Nous précisons que nous n’en voulons pas particulièrement aux gens qui ont formulé cet appel, même si nous critiquons l’influence de ces idées dans ce milieu. Nous aurions pu trouver d’autres exemples relevant de cas moins isolés et diffusant ce genre d’idées beaucoup plus massivement, par ailleurs formulés par des gens éloignés de notre « famille politique », impliqués dans la sphère politicienne. Mais comme nous l’avons dit, cet exemple nous intéresse car il montre l’influence d’un ensemble d’idées issues du post-modernisme sur les gens d’extrême-gauche, alternatifs et libertaires, amenant ceux-ci à prendre des positions pour le moins surprenantes.
Nous entendons critiquer toutes les religions à partir des textes sur lesquelles elles se fondent et de leur histoire, et non par rapport à de simples critiques circonstancielles sur l’extrêmisme que prendrait tel ou tel phénomènes religieux. Ainsi, il est révélateur que ces gens ne parlent plus de critique des religions, mais «des « formes d’oppression que peuvent prendre les phénomènes religieux ». Qu’est ce que cela signifie ? Que les religions et les textes sacrés ne sont plus critiquables en soi, pour ce qu’ils sont et ce qu’ils disent, mais que seules certaines manifestation de cet esprit religieux le sont ?
Il va de soi que la formule vise avant tout à ménager la religion islamique, en vertu du contexte de cet appel, lorsque nous connaissons la propension de beaucoup de gens d’extrême-gauche à critiquer les religions tout en y excluant l’islam, pour des raisons opportunistes que nous verrons par la suite.
Ce texte ne se contente pas de dénoncer l’islamophobie, il prend parti pour une défense de l’islam, en mettant cette religion à l’abri de la critique. Ainsi, si ces libertaires observent parfois chez leurs camarades « une condamnation claire de l’islamophobie », ils regrettent que celle-ci soit « couplée de moult rappels du combat primordial contre l’aliénation religieuse » !
Parler de l’aliénation religieuse, lorsqu’on combat l’islamophobie, n’est donc pas une position acceptable selon ces gens. Jusqu’où croient-ils nécessaire cette compromission ?
Critiquer une religion, ce n’est pas affirmer l’infériorité du pratiquant de cette religion, ni établir une hiérarchie entre le croyant et le non-croyant, le musulman et l’athée.
Les critiques les plus radicales de l’aliénation religieuse peuvent d’ailleurs s’exprimer dans le cadre religieux, lorsque celui-ci ne permet pas autre chose ; il suffit de prendre comme exemple Descartes pour le catholicisme, qui propose le développement de sa méthode basée sur le scepticisme, la vérification et l’empirisme (donc à l’opposé d’une acceptation béate de la réalité) comme une justification de l’existence de Dieu.
Nous ne voyons donc aucune incohérence à ce que l’Islam soit critiqué par des musulmans, c’est au contraire souhaitable, et pour nous le fait d’être croyant n’implique pas d’être dénué d’esprit critique.
Ce que nous entendons par islamophobie, si l’on veut bien donner un sens à ce mot qui ne relève pas de la chasse aux sorcières contre toute personne critiquant l’islam, se rapprocherait d’un dégoût primaire et irrationnel pour ce qui relève de cette religion ou lui est assimilé (en gros « l’étranger »), et l’exploitation de cette peur par les courants racistes et nationalistes. La peur et la phobie ne relèvent pas pour nous d’une critique construite et raisonnée.
Nous pensons juste de dénoncer les opinions racistes déguisées en critique de l’islam là où elles existent. Que cet amalgame pratiqué par des courants nationalistes et racistes permette à l’islam d’échapper à la critique, nous ne l’admettons pas.
Nous pensons nécessaire de dénoncer l’oppression ciblé contre des musulmans ou des gens d’autres confessions en vertu de leurs croyances et de leurs pratiques religieuses, là ou cela se produit.
Nous pensons également nécessaire, de montrer, par exemple, le statut réservé aux femmes selon le Coran, qui sont selon ce texte clairement inférieures aux hommes et se doivent de leur être soumises. Ceci n’est pas réservé au Coran mais y est tout de même très explicite. Car la réalité n’est pas univoque, le fait que les musulmans puissent être oppressés, n’empêche pas que des situations d’oppression peuvent exister dans la pratique de cette religion.
Il ne faut pas oublier le fait que chaque religion est créé dans un contexte historique particulier. Ainsi, il faut prendre en compte que l’Islam a été développé dans un contexte où la société était formée de tribus nomades, avec les pratiques et les moeurs qui sont les leurs. Ceci non pour émettre des jugements de valeurs, mais qu’il est légitime de reconnaître le décalage entre les peuples dans lequel l’Islam est apparu au départ et les peuples qui le pratiquent aujourd’hui.
Ainsi l’économie de ces peuples tribaux relevait en partie de la pratique du pillage et de la prise de butin, dont les esclaves et les femmes, considérés comme des biens, un moyen d’échange, d’où l’existence de nombreux versets ne prenant sens que dans ce contexte particulier. Ex : sourate IV, Les Femmes, verset 3 : « Si vous craignez d’être injuste envers les orphelins, n’épousez que peu de femmes, deux, trois ou quatre parmis celles qui vous auront plu. ». Nous ne voulons pas émettre de jugement dépréciatif, mais nous tenons à rappeler, selon toute logique, qu’une polygamie exclusive n’est possible que dans le contexte de sociétés fortement inégalitaires, où les femmes sont accaparées par les plus riches, les dominants. Ou dans une société fonctionnant sur le principe du pillage et de la conquête, les femmes des vaincus pouvant alors être prises par les vainqueurs. Nous ne dirons rien sur le statut qui est fait aux femmes selon de tels principes.
Nous pensons légitime également de montrer quelles prétentions à le Coran de régler la vie publique des fidèles, de montrer que ces textes écrits tels qu’ils sont et appliqués dans beaucoup d’endroits sont rétrogrades et réactionnaires.
Nous pensons nécessaire de montrer le Coran avec les autres religions monothéistes pour ce qu’il est : une religion essentiellement patriarcale, fixant des mœurs et une répression sexuelle propre à ce régime patriarcal.
La question n’est pas de démontrer la supériorité d’un quelconque « discours occidental » , mais de montrer qu’en soi, l’élément identitaire islamique n’est pas et ne saurait en aucun cas être une alternative aux logiques de domination.
Nous sommes d’ailleurs sceptiques devant certaines accusations de racisme de ces libertaires : Michel Onfray, Charlie Hebdo, si ils sont critiquables par la place qu’ils occupent dans la pseudo-intelligentsia, sont ainsi assimilés à une pensée raciste à peu de frais. On reconnaît bien ici la logique de la chasse aux sorcières, puisqu’il ne sera pas la peine de démontrer que ces gens sont effectivement racistes par leurs discours (qu’on aurait du mal à produire), mais par les seules intentions qu’on leur prête au nom d’une logique inventée par les mêmes accusateurs, que l’ont peut résumer par l’équation « critique de l’islam=racisme ».
Bien que ce texte nous parle de dépasser les oppositions et les divisions spectaculaires, il n’a visiblement pas bien compris quels sont les tenant de cette division, ni comment elle est produite. Nicolas Sarkozy n’a pas hésité pas à serrer les paluches aux ecclésiastiques, au recteur de la mosquée de Paris, a encourager les religions diverses, et ensuite souffler sur la flamme de l’islamophobie pour rassurer le « français moyen » menacé dans son identité. La réalité du pouvoir n’est pas d’être proprement « islamophobe », mais de jouer sur les 2 parties.
L’islamophobie se déploie il est vrai comme une division spectaculaire, visant les masses à s’affirmer par de fausses identités.
Il n’ y a pas pour nous, de choix à faire entre une idéologie nationaliste et raciste d’un côté, et une position en faveur de l’islam en tant qu’élément identitaire des opprimés de l’autre. L’intelligence consiste à reconnaître cette opposition là où le pouvoir la met en scène, et à la dénoncer, et non pas à se placer pour l’une ou pour l’autre en vertu de positions stratégiques illusoires.
Cette position pro-islam déguisée participe d’ailleurs à l’assimilation entre arabes et musulmans, au lieu de la critiquer. On essentialise ici un peuple en pratiquant ce déterminisme religieux-identitaire. On fait peu de cas des arabes athées ou en conflit avec leur univers religieux. Il n’est pas suffisant de dénoncer l’influence du salafisme dans le mahgreb et machrek. Au-delà des groupes les plus fondamentalistes, c’est l’ensemble des peuples de ces pays qui est traversé d’éléments idéologiques, de partis, d’opinions contradictoires, hésitant entre révolution sociale et positions identitaires-religieuses.
Nous soutenons qu’il faut permettre à cette critique de s’exprimer et l’encourager, telles que le font certain-e-s féministes, militant-e-s laïcs ou progressistes (qui sont par ailleurs souvent musulmans) dans ces pays, qui pointent courageusement l’oppression dans laquelle ces pays baignent et quel harcèlement et frustration sexuelle sévit dans ces pays, en relation avec l’application de certains préceptes du Coran et la pesanteur de l’Islam sur ces sociétés. Répression qui existe aussi dans les pays occidentaux sous une forme moins explicite et plus perverse mais qui ne se manifeste pas avec autant de pression sur les femmes et n’exige pas d’elles une soumission telle que dans beaucoup de pays musulmans.
Nous disons donc, en quelque sorte, que les libertaires de cet appel ont lâché la proie pour l’ombre, c’est à dire la critique de l’aliénation religieuse, dans laquelle a pu prendre sa source la vénération de l’argent et la soumission au capitalisme, pour une prise de position circonstancielle et dangereuse, en l’occurrence la défense de l’islam sous prétexte qu’en tant que religion originaire d‘Afrique et appartenant à des minorités opprimés (or ce cliché est faux), sa critique relèverait forcément de l’affirmation d’un esprit européen néo-colonialiste et raciste.
Qu’en est il en réalité de ce genre de raisonnement ?
Pour tenter d’y voir plus clair, voici une remarque sur l’utilisation que font les rédacteurs “libertaires” de l’appel contre l’islamophobie d’un passage de Frantz Fanon, penseur connu pour son engagement radical contre le colonialisme et son implication dans la guerre de libération d’Algérie qui les met en face de leurs incohérences, de leur mensonges conscients ou non, voire d’un procédé de manipulation.
L’utilisation qu’ils font de la citation de Frantz Fanon dans les Damnés de la terre est un contre-sens complet. Pour toute personne sachant lire, cette citation est plus qu’ambigue, même limitée et présentée dans le cadre de leur texte :
”Ce langage voudrait aussi imposer une assignation : tout arabe, tout africain, ou parfois tout être, ayant l’islam comme part de sa culture et comme part de son histoire serait un être essentiellement réactionnaire, fondamentalement religieux, et donc incompatible avec les principes fondamentaux républicains – principes par ailleurs complètement désincarnés, qui ne servent que pour justifier cette exclusion. Comme l’a montré Frantz Fanon, « Le colonisé réussit également, par l’intermédiaire de la religion, à ne pas tenir compte du colon. Par le fatalisme, toute initiative est enlevée à l’oppresseur, la cause des maux, de la misère, du destin revenant à Dieu. L’individu accepte ainsi la dissolution décidée par Dieu, s’aplatit devant le colon et devant le sort et, par une sorte de rééquilibration intérieure, accède à une sérénité de pierre. »”
On va pouvoir constater qu’ils essaient de mettre de leur côté un penseur qui va pourtant à leur encontre dans ce passage, qu’ils tentent de réinterpréter maladroitement.
Dans l’utilisation qu’ils en font, les rédacteurs de l’appel tentent de faire dire à Fanon que la religion des colonisés pouvait être un moyen de résistance aux colons en l’ignorant. Ainsi, la “sérénité de pierre” auquel accède le colonisé après s’être aplati devant le colon serait une qualité du colonisé qui lui permet de ne pas perdre la face devant l’oppresseur…
Mais, à la lecture des Damnés de la terre, on peut être plus que dubitatif de leur interprétation. On se rend compte que Fanon dit exactement le contraire, étant pour le moins critique envers toutes les croyances magiques, religieuses ou attitudes pseudo-contemplatives dans le contexte de l’occupation coloniale.
Voyons déjà ce qui se trouve juste avant cette citation : Fanon dans cette partie parle justement des obstacles et échappatoires que trouvent les colonisés pour déverser leur violence et ne pas affronter les colons : luttes fratricides entre clans, autodestruction collective très concrète dans les luttes tribales, conduites qui toutes confortent la position du colon.
”Tous ces comportements sont des réflexes de mort en face du danger, des conduites-suicides qui permettent au colon, dont la vie et la domination sont consolidées d’autant, de vérifier par la même occasion que ces hommes ne sont pas raisonnables.”
Puis, dans ces obtacles à la prise de conscience, suit aussitôt après, dans le même paragraphe, la religion et les croyances, qui correspondent au passage cité par les rédacteurs de l’appel de bboykonsian :
« Le colonisé réussit également, par l’intermédiaire de la religion, à ne pas tenir compte du colon. Par le fatalisme, toute initiative est enlevée à l’oppresseur, la cause des maux, de la misère, du destin revenant à Dieu. L’individu accepte ainsi la dissolution décidée par Dieu, s’aplatit devant le colon et devant le sort et, par une sorte de rééquilibration intérieure, accède à une sérénité de pierre. »”
Voilà qui ôte toute ambiguité au sens de ces paroles. Poursuivons sur ce qui vient un peu après :
”Un pas de plus et nous tombons en pleine possession. Au vrai, ce sont des séances de possession dépossession qui sont organisées : vampirisme, possession par les djinns, par les zombies, par Legba, le Dieu illustre du Vaudou. Ces effritements de la personnalité, ces dédoublements, ces dissolutions, remplissent une fonction économique primordiale dans la stabilité du monde colonisé.
On assistera au cours de la lutte de libération à une désaffection singulière pour ces pratiques. Le dos au mur, le couteau sur la gorge ou, pour être plus précis, l’éléctrode sur les parties génitales, le colonisé va être sommé de ne plus se raconter d’histoires.”
[…]
”Nous avons vu que cette violence, pendant toute la durée de la période colonialme, quoique à fleur de peau, tourne à vide. Nous l’avons vue canalisée par les décharges émotionnelles de la danse ou de la possession.”
etc, etc… Les passages où Fanon se montre plus que critique envers la religion, les croyances diverses et leur rôle dans le maintien d’un système de domination (en l’occurence colonial ) ne manquent pas…
Par un tour de passe-passe, les rédacteurs, qui sont malhonnêtes ou ne savent pas lire, ou plus probablement un peu des deux, essaient de s’en servir pour arriver à leurs fins : la religion comme élément d’identité et de résistance face à l’oppresseur chez les minorités, donc qu’il ne faut pas critiquer.
Fanon peut donner un rôle à tous ces éléments de croyance religieux ou magiques dans la formation de l’identité culturelle et populaire de la nouvelle nation indépendante post-coloniale. Mais il les comprend d’abord, dans le contexte qui est celui colonial, c’est à dire dans un contexte d’oppression, comme un obstacle à la prise de conscience et à agir contre le vrai ennemi. Et il n’est absolument pas contre la critique des religions et rien n’indique dans ces écrits qu’il assimile la critique des croyances et religions de peuples opprimés systématiquementt à des principes vides d’oppresseur ou de raciste.
Dans “L’an V de la Révolution algérienne”, Fanon tient des propos qui peuvent plus facilement être exploités pour aller dans le sens d’une résistance identitaire face à l’oppresseur colonial. Il a pu en être ainsi des femmes voilés en Algérie, élément d’affirmation de la nouvelle culture nationale face à la propagande française pour développer un comportement à l’européenne chez les femmes algériennes.
La réalité du voile comme affirmation d’une identité algérienne propre à cet instant face à la culture coloniale, c’est à dire son rattachement à un élément participant à l’affirmation de la nation révolutionnaire face aux forces colonialistes, ne doit pas faire oublier la nature d’origine religieuse du voile et le statut inférieur de la femme qui est explicitement décrit dans le Coran. (ex : Sourate II, verset 228 : « les maris sont supérieurs à laurs femmes ».) Qu’un élément religieux ou culturel prenne à un moment donné un sens concret de résistance à l’oppression ne signifie pas que cet élément soit subversif ou révolutionnaire en soi. Sa nature profonde peut même être contraire à ce sens, tel le cas du voile. Encore une fois, ceci ne peut se comprendre en dehors d’un contexte historique particulier. (Ce dont Fanon était bien conscient).
Post-modernisme et extrême gauche
La question du courant post-moderne est complexe et celui-ci se résume difficilement en quelques lignes Il regroupe des penseurs apparemment très divers par leurs orientations politiques et leurs sujets de prédilections : du très libéral Maffesoli, en passant par Onfray le philosophe-hédoniste, qui se réclame libertaire, jusqu’ à Judith Butler et ses études critiques sur le genre.
Ses traits caractéristiques :
-refus de toute pensée et critique à vocation “universaliste”, n’étant pas limitée à un seul ou quelques groupes humain limités et particuliers. (assimilé systématiquement à un mode de pensée occidental, blanc, masculin et hétéronormé, et menant à l’impérialisme)
-Conception de la domination non plus dans un rapport de possession/dépossession des moyens de productions, mais par rapport à des normes dominantes : blanc, masculin, hétérosexuel, colonial, néo-colonial.
-Idéologie accordant aux discours une autonomie totale, séparée de toute réalité. Le discours sur les signifiants et l’écart qu’ils présentent toujours avec les signifiés devient prétexte à nier la possible appréhension du réel, voire sa réalité.
-Il s’ensuit que le relativisme est de mise pour tout discours et tout constat.
Plutôt que ce résumé lapidaire, voici ce que peut dire Jordi Vidal à propos de la société post-moderne dans Servitude et simulacre :
“A l’image de la conception postmoderne de la société, ces mensonges performants sont définitivement détachés du cours réel des choses. Leur pseudo-conflits sont là pour dissimuler l’existence d’un autre plan de réalité : celui d’une vie quotidienne totalement dégradée.”
(…)
“Les nouveaux signifiants, aux ordres du système, ont pu commencer à mener une guerre totale contre la pensée critique. Ce que le language a perdu se répercute socialement dans l’atomisation de la vie quotidienne, dans la perte généralisée de tout sens logique, dans la difficulté croissante à penser de nouvelles formes d’auto-organisation ou, plus tristement, dans l’incapacité à favoriser de simples gestes de solidarité. L’écart qui s’est ainsi créé entre les signifiants et les signifiés n’est pas sans conséquence sur l’organisation d’une société foncièrement individualiste et égoïste, comme sur la montée d’une violence qui de sociale est devenue aveugle.”
(…)
“On opprime les citoyens, on les maltraite, on les parque, on les met à la rue, et, en réaction, ils fabriquent des mots tiroirs. Leur addiction, leur colère et jusqu’à leur “soutien à…” répondent à des stimulations mais jamais à une réflexion.”
Il y a dans l’appel de ces libertaires plusieurs marques de cette influence post-moderne :
-déjà l’idée selon laquelle l’identité et la culture joue un rôle primordial, identité et culture que l’on verra comme figée pour les minorités par l’intermédiaire d’une religion. Cet élément identitaire et culturel, puisqu’il fonde essentiellement la personne et la définit, puisqu’elle se reconnaît en elle, ne doit pas être critiqué, d’autant plus si elle appartient à des minorités.
-Ensuite, le développement de la pensée post-moderne se reconnaît souvent dans ses procédés manipulatoires (ici il s’agit plus de maladresse et d’ignorance) au niveau de son raisonnement intellectuel, qu’elle revendiquera et assumera comme un de ses traits propres. Elle l’appellera, par exemple, utilisation non contrainte ou dogmatique des référents, déconstruction et démocratisation de la hiérarchie intelectuels-auteurs/lecteurs.
Ce ne sont pas les objets partiels des théories post-moderne qui doivent être critiqués en tant que tels, mais bien l’utilisation de ces luttes et thèmes partiels que le courant post-moderne réalise. Par exemple que la théorie queer critique l’identité hétéronormée est une importante nouveauté. Le problème vient dans la suite : la nouvelle définition que l’on se donne ou pense se donner est le moyen privilégié, et finalement le seul moyen légitime, pour s’affirmer, pour être libre. L’identité sexuelle est appréhendée en dehors de tout autre déterminisme, notament économique.
La répression sexuelle n’est pas comprise dans son ensemble, en tant qu’elle concerne toute la société capitaliste, mais seulement quelques minorités : gay, lesbiennes, queer, trans… Et l’élément oppresseur, ne se comprend pas dans un ordre général de la répression sexuelle et de sa fonction dans les régimes autoritaires (même antérieurs aux capitalisme) mais par rapport à des critères appliqués à des individus : blanc, masculin, hétérosexuel. On ne parle même plus de riches, car par un raccourci idéologique on a assimilé l’homme blanc qui a encore le malheur de désirer des femmes au riche, au dominateur par excellence, automatiquement. Ces théories ont été diffusée d’abord par une intelligentsia universitaire, comme on s’en doute, pour être aussi coupée de la réalité et pratiquer des raccourcis aussi insultants qu’inexacts pour tout une partie de la population paupérisée et exclue, faussement rangée dans la catégorie des dominateurs.
On comprend aussi à quel point peut être libérateur un discours aussi culpabilisant, générateur de division, et qui disqualifie de la révolte légitime une partie plus qu’importante de la population. Il n’est pas trop difficile non plus de comprendre quels intérêts il sert, en fin de compte.
Toute identification d’un problème plus large, plus commun, fait peur, car elle implique des solutions et des actions qui ne dépendent pas du seul choix de l’individu. Chez les post-modernes, la logique identitaire de minorités prend le pas sur toute appartenance de classe, et même généralement sur toute analyse de l’oppression fondamentale résultant des rapports de production capitalistes. Ceci n’étant pas sans créer des problèmes de conscience chez les théoricien-ne-s post-modernes se revendiquant contre le capitalisme, problème résolu par la création de nouveaux concepts sans consistance ni pertinence. Ainsi, on parlera de classe de sexe, classe de race… et pourquoi pas de classe religieuse, bientôt?
En fait, le post-modernisme porte dans son nom son oubli : vouloir nous faire croire qu’il a dépassé la modernité, sans avoir dépassé le capitalisme. La modernité n’a jamais existée que dans le cadre du capitalisme. Vouloir la critiquer séparément, comme une essence, sans s’occuper des conditions économiques qui ont porté son développement, c’est à dire capitalistes, c’est se vouer à l’échec. Le post-modernisme fuit tout universel, car l’universel qu’il ne veut pas reconnaître et qui le porte, comme nous tous, c’est celui de la marchandise, dont la critique amènerait à des prises de positions trop dangereuses.
La pensée post-moderne se condamne à un morcellement qui entraîne à la coexistence d’identités plus ou moins compatibles entre elles, tout en faisant croire qu’il n’en résulte aucune contradiction. Elle ne veut pas reconnaître que ces identités, ces cultures, ne coexistent pas librement, mais sont séparées entre elles par leurs milieux d’origine, les agents qui les diffusent, leurs publics respectifs, leurs systèmes de valeur, car elle appréhende ces différences seulement en terme de discours ou d’identité culturelle in abstracto.
L’Islam par exemple, malgré la diversité des croyants, occuppe une place particulière par ses valeurs, ses pratiques, les communautés et les gens qui l’incarnent. Il est faux de décrire la réalité sociale comme un monde où les individus serient libres de se choisir à la fois gays, lesbiens, musulmans en même temps comme si cela devait relever du seul choix individuel et de la “liberté”. C’est faire abstraction de toutes les contradictions réelles que portent ces idendités entre elles, que l’on peut comprendre entre autre par l’étude de leur passé historique et de l’incompatibilité de leurs pratiques et de leurs valeurs.
Par exemple, un homosexuel bobo parisien, lui pourra devenir musulman nouveau converti (bien que ce soit absurde à notre sens). Par contre, celui qui grandit dans une culture musulmane très affirmé va avoir beaucoup plus d’obstacles et de pression si il veut s’affirmer comme homosexuel.
Et l’Islam ne se considère pas ses valeurs comme relatives et compatibles avec le mouvement gay. (comparaison en apparence abusive tant ce sont 2 choses différentes, mais que je m’autorise parce qu’il correspond à la manière post-moderne d’envisager les identités, les personnes et groupes sociaux : des discours et des choix personnels, qui coexistent sur la grande scène démocratique et marchande)
C’est en quelque sorte une logique de lobbies d’identités que reconnaît la société post-moderne, fonctionnant à l’intérieur du capitalisme, et tous les lobbies n’ont pas la même puissance, les mêmes intérêts ni les même valeurs.
Alors, il faut bien se demander comment il est possible que tant de « gauchistes », tant de ceux qui se prétendent « révolutionnaires », osent interdire toute critique d’une (seule) religion sous couvert de décolonialisme et autre différentialisme culturel.
Il est devenu nécessaire de proclamer haut et fort que les populations françaises issues de l’immigration maghrébine ne sont en rien, pas plus que Salman Rusdhie, « d’origine musulmane », que le racisme n’est pas superposable à « l’islamophobie », qu’aucune religion ne dispose d’un droit au respect et qu’on doit toutes les combattre dès lors qu’on entend se battre contre toutes les oppressions.
Et que défendre le blasphème d’où qu’il vienne et de quelque nature qu’il soit n’est que la moindre des choses si on aspire à libérer ce monde de tout ce qui nous y enchaîne.
https://ddt21.noblogs.org/?page_id=2701
L’islamophobie que nous constatons depuis plusieurs années, bien que prenant de plus en plus les aspects de la stigmatisation d’une minorité religieuse, est avant tout la construction d’un racisme respectable qui avance avec des arguments progressistes pour se légitimer, en brandissant la laïcité et/ou le féminisme. Si le racisme est moralement condamné en France aujourd’hui et les discriminations juridiquement dénoncées, l’islamophobie (entre autres) est une arme des classes dominantes et de leur laquais intello-médiatiques pour réaffirmer l’ordre xénophobe et postcolonial en France. Ordre qui fut ébranlé par les mouvements de l’immigration et des quartiers populaires (à partir notamment des marches pour l’égalité). Ainsi lors des grèves des travailleurs immigrés de Talbot-Poissy en 1984, le gouvernement Mauroy parlera de grève manipulée par des « intégristes » (sic).
Il ne faut donc pas réduire la question de l’islamophobie à un problème de psychose momentanée, mais y voir une construction dans la durée d’un racisme sournois, racisme d’État légitimé par une partie de la gauche avant que le FN n’en fasse son cheval de bataille. C’est un rouleau compresseur idéologique qui autorise la suppression des libertés, la justification des guerres impérialistes et des discriminations (lois de 2004, refus du droit de vote des étrangers). Comme toutes les discriminations, elles facilitent la précarité et l’exploitation du prolétariat et sont un formidable écran de fumée pour faire passer les mesures antisociales (loi Macron actuellement, hier les mesures sur les retraites) et diviser les travailleurs.
La gauche divisée
Enfin, l’islamophobie est un racisme qui divise la gauche et le mouvement social. On ne peut que se réjouir du caractère unitaire des ripostes qui ont eu ou vont avoir lieu (meeting du 6 mars à Saint-Denis, convergence pour le 21 mars « Ensemble contre tous les racismes et le fascisme », « Reprenons l’initiative contre les politiques de racialisation », forum à Gennevilliers le 9 mai 2015) . Mais après plus de dix années de divisions sur cette question, tout n’est pas réglé.
On a pu encore le constater le 6 mars avec l’appel de l’UOIF au meeting de Saint-Denis. Il faut refuser le chantage qui a suivi dans certains médias à ce propos pour discréditer les participants. Clarifions les choses : nous combattons sans ambiguïté les positions réactionnaires portées par l’UOIF (laquelle a participé aux Manifs pour tous et qui appelait au meeting du 6 mars, probablement sous la pression de sa base populaire qui subit l’islamophobie de plein fouet) mais il aurait été absurde de vouloir mener ce combat en refusant la présence… d’organisations musulmanes.
Alternative libertaire a tranché la question en appelant au meeting sur la base de l’appel intitulé « Contre l’union sacrée, pour une union antiraciste et populaire » :
– dénonçant « une mythique « unité nationale » » visant à « diviser ceux qui devraient être unis et à unir ceux qui devraient être divisés » ainsi qu’à « réunir en un seul camp les classes dominantes de France et les Français qu’elles exploitent pour les opposer aux populations issues de l’immigration » ;
– dénonçant dans la foulée « l’offensive libérale de grande ampleur qui se traduit en France par l’adoption de la loi Macron et l’accentuation des politiques d’austérité dont les premières victimes sont les couches populaires ».
Nicolas Pasadena et Jean-Marc Capellero (commission antiraciste)
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Racisme-antimusulman-Riposter-a-l
Assemblée en mixité révolutionnaire et non-mixité de classe : révolutionnaires contre le racialisme et son immonde
—-
– Les catégories et le vocabulaire de l’idéologie racialisatrice, repris depuis quelques temps dans les organisations et milieux politiques qui vont de l‘extrême gauche jusqu’aux libertaires, sont en train de devenir la norme et d’instaurer une hégémonie.
– Ce vocabulaire s’est imposé insidieusement, sans être ni discuté ni argumenté. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui sont dans l’incapacité de soutenir politiquement ces positions intenables, à part à coup d’affirmations tautologiques et de fausses évidences.
– Un glissement sémantique a déjà largement opéré : les termes de « race », « blancs », « non-blancs », « racisés », « racialisation », « décolonial » sont devenus du jour au lendemain des catégories d’analyse jugées pertinentes, nécessaires, et sont même promus comme instruments d’une perspective d’émancipation, là où nous y voyons une faillite catastrophique.
Dans une époque de crise généralisée propice à la confusion, dans laquelle prospèrent des courants contre-révolutionnaires, menaçants voire meurtriers comme les rouges-bruns, les boutiquiers racistes Soral et Dieudonné ou différentes variantes de l’islam politique, certains ne trouvent donc rien de mieux à faire que de ressusciter la théorie des races en réhabilitant les assignations culturelles, sociales et religieuses dans la droite ligne de l’ethno-différentialisme de la nouvelle droite.
*********************************************************************************************
Le retournement est allé au point que le simple questionnement de l’idéologie racialiste devient impossible, tant dans les réunions publiques que sur les sites internet des milieux militants, qui opèrent à cet endroit une véritable censure.
L’ensemble prospère et tient notamment par un chantage à la culpabilité que manient très bien les tenants de cette idéologie. Ironiquement, aujourd’hui, refuser les termes de « race » ou « d’islamophobie » expose à l’infamante accusation de racisme, visant à étouffer ainsi toute possibilité de débat, de critiques et de refus. Certains anarchistes en sont rendus à proscrire le slogan « ni dieu ni maître » sous prétexte d’« islamophobie » et certains marxistes pensent que pour être antiraciste il est urgent d’ajouter la « race » à la classe. De fait le terme de « race » qui était jusqu’à peu l’apanage de l’extrême droite se retrouve aujourd’hui à toutes les sauces.
La promotion des identités, le communautarisme culturel ou religieux n’ont jamais eu d’autres fonctions que de maintenir la paix sociale.
+ ++ +++ +
Le clivage à l’œuvre autour de ces questions se doit donc d’être clarifié et travaillé de manière réfléchie.
À plus forte raison dans la situation actuelle, le racialisme ne peut mener qu’à la guerre de tous contre tous.
Cette offensive politique est lourde de conséquence pour tous, et d’un point de vue révolutionnaire c’est un point de rupture.
Où en serons nous dans quelque temps si elle s’avérait victorieuse ?
_____
Tôt ou tard, il va bien falloir choisir son camp et le plus tôt sera le mieux.
Été 2016
Assemblée en mixité révolutionnaire et non-mixité de classe
Le réductionnisme religieux est un outil que les forces de pacification hégémoniques avaient et cela prouve une fois pour toutes que la »gauche-gauchiste » doit abandonner cette politique identitariste vaseuse et empoisonnée et parler de la réalité, à la réalité.
Au début de l’année paraissait chez Libertalia l’ouvrage La fabrique du musulman, de Nedjib Sidi Moussa, travailleur précaire de l’Enseignement et de la Recherche dans le domaine des Sciences politiques (c’est ainsi qu’il est présenté), et sympathisant libertaire.
Dans un contexte de polémiques et de heurts dans les milieux anti-autoritaires autour de questions comme l’utilisation du concept de « race » ou la défense de l’Islam « religion des pauvres », l’ouvrage peut aider celles et ceux qui ne se seraient guère intéressés à la chose en profondeur à y voir un peu plus clair.
-*En sept chapitres assez courts et sans jargon, l’auteur propose une critique des thèses identitaires qui se sont propagées ces dernières années jusque dans les milieux dits révolutionnaires, et dénonce la « confessionnalisation et la racialisation de la question sociale ».
Il articule une critique du développement d’une « {fièvre identitaire qui brouille les clivages économiques et sociaux} » chez les militant-e-s. Il revient pour cela sur les grandes étapes de la construction des idéologies et des projets politiques qui utilisent les assignations identitaires. En ciblant notamment, et à raison, l’évolution de la fixation du discours dominant et raciste sur la figure de « l’immigré » ou de « l’arabe » vers celle du « musulman ».
Il évoque aussi le rôle des groupes politiques (anti-autoritaires compris) dans ce mouvement, et parle des ressorts idéologiques et politiques sur lesquels jouent le PIR (Parti des 1ndigènes de la République) et les partisans de la « race » et de diverses assignations.
Les parties dans lesquelles Nedjib Sidi Moussa aborde l’évolution des parcours de nombreux intellectuels français de gauche, ou les {{origines douteuses du concept d’islamophobie}} et son adoption a-critique par de nombreux groupes (chapitre 5) sont intéressantes.
Le chapitre 6, consacré aux « enjeux pour les politiciens de la représentation des musulmans ou assignés » est pertinent, tout comme l’analyse, dans les derniers chapitres, des courants réactionnaires qui revendiquent la religion (ici l’Islam), et des liens douteux qu’ils entretiennent avec des réactionnaires mieux identifiés de tous.
{{{Les thèmes abordés dans l’ouvrage ne sont pas complètement nouveaux, mais La fabrique du musulman constitue une assez bonne analyse généraliste, qui synthétise divers apports avec une certaine honnêteté.}}}
{{Il peut être utile de se rappeler que seule une minorité d’anti-autoritaires a osé, ces dernières années, se lancer dans des critiques approfondies des thèmes abordés ici, contre le vent dominant porté aux logiques politiciennes d’alliances, à la tolérance (concept à la mode dans l’idéologie actuelle), ou même à l’adhésion pure et simple à l’idée qu’il existe des races et qu’il convient d’en tenir compte (en « proposant » par exemple la non-mixité), entre autres logiques nauséabondes.}}
{{{Dans ce contexte, la publication de La fabrique du musulman peut donc paraître bienvenue. Sa réception parmi les libertaires a d’ailleurs été très positive. Mais les éloges faites au livre passent largement sous silence ses aspects ambigus.}}}
{{Gauche }}
En effet, l’auteur fait largement référence dans ses pages :
– à la « gauche radicale »,
-à la « gauche de la gauche » ou même
-à la « gauche » tout court,
ce qui est problématique pour les anti-autoritaires qui rejettent ces catégories comme étant propres à la politique.
{{Les lumières, l’universalisme, progrès }}
Problématiques aussi, les passages du livre où sont défendus l’héritage des Lumières (page 17, page 51) et l’universalisme des mêmes Lumières (page 59), auxquels des réactionnaires tels que les idéologues du PIR seraient opposés.
Or les Lumières et l’universalisme sont, au pays du drapeau bleu-blanc-rouge, des bases de l’idéologie d’État, dont on nous farcit la cervelle très tôt à l’école. L’universalisme auquel il est fait référence ici est bien sûr cette idéologie selon laquelle des conceptions et des valeurs formulées en Occident à une période et dans un contexte précis devraient s’appliquer à toutes les sociétés humaines (et non ce qui est chez certains la volonté de compréhension des sociétés humaines dans leurs nuances et leurs particularités, sur la base d’une égalité de principe, et dans une perspective de liberté).
Il faut d’ailleurs insister sur le fait que la majorité des penseurs des Lumières adhéraient aux idées de différences et de hiérarchie entre les « races », véhiculées par la science de leur époque, et plaçaient évidemment l’Occident et la « civilisation » en haut de la pyramide.
La science, intiment liée à l’idéologie du Progrès, a par la suite mis plus d’un siècle pour reléguer au second plan les aspects les plus ouvertement racistes de ses doctrines. Et si, malgré les délires de certains généticiens du XXème siècle, les scientifiques tentent aujourd’hui de montrer patte blanche, il en est encore pour lesquels il existe bel et bien des groupes biologiques, des « populations », voire des races. Et peut-être « la science » affirmera-t-elle demain qu’il existe bel et bien des « races », à partir de la proportion de gênes de l’homme du Néandertal chez l’homme actuel, ou d’autres caractéristiques biologiques.
Depuis des siècles les sciences naturalisent les relations sociales hiérarchiques. Elles justifient le pouvoir et lui sont intimement liées. L’idée d’égalité entre les hommes n’a donc pas à chercher une quelconque justification dans la science, à peu près aussi neutre et objective que la Religion.
On sait que les illusions au sujet de l’héritage des Lumières et de « la science » sont habituelles chez certains libertaires ou marxistes. Mais comment concevoir une rupture avec l’État et le Capital sans rompre avec ce qui le définit et le justifie ? Cela peut certes en priver certains de certitudes et d’une « vision historique » toute faite, mais ce n’est pas une raison.
Il est d’ailleurs inexact de dire que le PIR rejette les « apports » et le « progrès » amenés par le courant des Lumières (ce qui est affirmé page 59). Malgré quelques citations ici et là, le PIR est bien trop intelligent, certain-e-s de ses cadres bien trop formé-e-s à l’école trotskyste (entre autres), pour affirmer une rupture avec les idées d’État, de Nation, de Progrès ou de Science, concepts-clé des Lumières et que le PIR revendique, comme ceux de Parti et de République que son nom contient. En cela, les idéologues du PIR sont tout ce qu’il y a de plus « occidentaux ».
Des décennies de tiers-mondisme et d’anti-impérialisme qui ont mené les bourgeoisies des anciennes régions colonisées vers l’indépendance et le pouvoir n’ont visiblement pas été comprises de tous. Mais elles le sont trop bien par d’autres, qui souhaitent en tirer profit.
{{Illusions, rupture }}
Si de telles illusions au sujet du progrès continuent d’être propagées dans les milieux révolutionnaires, c’est parce que ceux-ci n’ont pas la volonté d’établir une rupture nette avec l’idéologie dominante. Ces courants pensent toujours que la révolution sera la reprise en main par les prolétaires de l’appareil productif et de l’État avec un éventuel changement des conditions de leur utilisation. Et que cette révolution sera l’issue, l’étape logique successive au développement de l’État et du Capital, sans laquelle elle n’est pas concevable. C’est la conception rigide, progressiste et occidentale de la révolution (dans le sens où elle est née en occident – mais pas question de nier qu’elle a ensuite fait des adeptes un peu partout), modèle indépassable pour beaucoup.
Par ailleurs, s’il est nécessaire de critiquer l’utilisation de concepts tels que la « race », il est également important de ne pas en faire le début et la fin de tout, car le danger de se retrouver dans l’impasse est grand.
La mise en avant du concept de « race » peut bien sûr constituer chez certains (les plus naïfs), une fin en soi (et le résultat est bien triste), mais il est surtout un outil utilisé à des fins politiciennes, récupératrices, ou simplement militantes (pour des regroupements à partir de ce concept, ou qui l’intègrent).
La « race » est un concept ignoble, mais qui ne doit pas faire oublier la tendance militante à la politique, comme domaine séparé de la vie et comme ensemble de méthodes opportunistes qui justifie les rôles et les statuts, et motive les rapprochements les plus étranges a priori. Sous cet angle, des ambiguïtés de taille deviennent plus compréhensibles.
Les anti-autoritaires ont pris depuis des années l’habitude des alliances avec avec à peu près n’importe qui, comme de l’assistanat dans les luttes « des autres », et de brader leur critique de ce monde pour la rendre plus acceptable. Cela a produit les résultats que l’on sait : repli sur des « milieux » et ghettoïsation, incapacité à articuler un discours propre, clair et percutant, justifications permanentes du réformisme, méthodes de culpabilisation et de victimisation, etc.
Et rappelons-nous qu’un certain nombre de libertaires portent une responsabilité directe dans le développement en France des théories post-modernes, dans la place accordée à la pensée universitaire, dans la mise en avant de théories comme celles de [la marxiste] Christine Delphy (laquelle, en juin 2017, soutient encore le PIR), ou dans le soutien qui perdure aux luttes nationalistes.
Des débats qui auraient dû être confinés aux sphères de la gauche et de ses politiciens ont ainsi pu empoisonner les espaces dits « libertaires », ses animateurs ayant montré leur incapacité à en saisir la portée ou les conséquences possibles, dans leur promptitude à sauter sur toute opportunité militante à très court terme. Une situation dans laquelle on peut désormais sans sourciller justifier d’initiatives avec des syndicats, des militants religieux ou les salauds du PIR. Et sans même prendre les luttes pour alibi, puisqu’il y en a bien peu : la moindre initiative, le moindre regroupement suffit.
{{Donc}}
Sur des questions si importantes dans l’actualité, les perspectives proposées par Nedjib Sidi Moussa sont clairement insuffisantes. Car l’auteur se borne à proposer : la défense des « acquis de la loi de 1905 » (page 20), la « séparation des Églises et de l’État » (page 22 ; soit la laïcité à la française, conception propre à l’État), ou la préservation des « droits sociaux et libertés démocratiques » (page 32).
Puis il appelle au « mouvement de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie intellectuelle », et déplore la « fragilisation du tissu associatif » dans les cités (page 40), comme si ce « tissu associatif » était inexistant, comme si les associations n’étaient pas liées de près ou de loin aux instances du pouvoir, donc à la pacification, et l’une des raisons essentielles de la faiblesse de véritables dynamiques collectives de lutte dans les cités, même limitées.
On ne partage pas non plus l’idée de s’en référer aux « dirigeants du mouvement ouvrier ». Nous ne voulons pas de dirigeants, encore moins des bureaucrates syndicalistes qui font tout pour que le « mouvement ouvrier » en reste là où il se trouve, c’est à dire dans un isolement sans précédent, bien chapeauté par les syndicats. Parler à l’heure actuelle de « mouvement ouvrier » pour ce qui concerne la France peut même sembler problématique, dans la mesure où les ouvriers (qui existent) n’affirment pas une action qui leur est propre.
Pour ce qui est des références et des textes cités dans l’ouvrage, la plupart issus de l’Université ou de penseur institutionnels (Gramsci, Serge Halimi du Monde Diplomatique, voir Lutte Ouvrière), ils laissent assez circonspects.
Quant aux retours sur des situations de rupture ou des combats concrets, l’ouvrage est assez léger : à titre d’exemple, pas grand-chose sur les cités ni même sur 2005.
On trouve bien des évocations des campagnes récentes « Pour un boycott actif » et « On bloque tout ! », qui transigeaient largement avec le syndicalisme et l’activisme réformiste… ou une référence aux Universités, qui seraient « l’un des rares endroits où des individus aux origines diverses peuvent encore lutter de concert ». Mais, sans mépris pour les étudiant-e-s révolté-e-s, plutôt isolés ces derniers temps, une telle affirmation a quelque chose d’assez délirant dans le contexte actuel.
{{Les bases de la critique que contient l’ouvrage se situent donc un peu trop du côté de la gauche radicale, malgré des références à la solide critique situationniste. C’est pourquoi des préoccupations anti-autoritaires importantes telles que la critique du syndicalisme comme outil de pacification et de cogestion, ou du Progrès comme idéologie d’État en sont absentes.}}
L’idée de combattre la « racialisation » de la question sociale sur des bases si réduites, et sans s’opposer plus largement aux logiques politiciennes si populaires à l’heure actuelle, ne peut donc être tenue pour satisfaisante d’un point de vue anti-autoritaire.
Récemment, certains ont bel et bien entamé, plutôt tardivement et du bout des lèvres, une critique de l’utilisation de la notion de « race ». Sentant depuis peu le vent tourner, on critique désormais plus ouvertement les aspects les plus ignobles du discours du PIR, comme son caractère antisémite ou les délires anti-féministes de Bouteldja. Mais, dans beaucoup de cas, sans remettre en question les logiques politiciennes évoquées plus haut, et dont le racialisme est une des manifestations (et pas la moins affreuse).
Ce qui nous anime, c’est la volonté de mettre fin à la misère et l’aliénation, par la recherche d’une rupture avec l’État et le Capital, mais aussi avec les catégories, les concepts et les idéologies sur lesquels ils s’appuient. C’est la construction de liens et de situations visant à combattre ce qui nous exploite et nous opprime, sans séparation avec le reste de la vie.
On ne peut y parvenir que par l’affirmation d’une critique propre, l’identification des contradictions à l’œuvre dans nos combats, dans les faits sociaux et dans nos vies, et la volonté de les dépasser. Et par la détermination à ne pas se laisser pacifier et contrôler par les rackets politiques, religieux ou autres, contre la politique comme pratique séparée et spécialisée.
A l’image de la plupart des publications libertaires actuelles, l’ouvrage de Nedjib Sidi Moussa pêche par excès de tiédeur et par compromis (« cet essai ne constitue en aucune manière un réquisitoire contre ceux avec lesquels il est encore possible de lutter sur de nombreux fronts économiques ou politiques »), probablement plus que par malhonnêteté, alors qu’il est possible et nécessaire d’aller plus loin. Et les enjeux sont grands, si l’on souhaite que soient de nouveau possibles le partage, l’échange et les rencontres sur des bases saines et critiques.
Pourquoi les « anti-racialisateurs » (et aussi celleux qui les soutiennent) font partie du problème… et non de la solution
Depuis plus d’un an une campagne politique acharnée et réactionnaire est menée par les « anti-racialisateurs ». Diffusion de textes, brochures, émission de radio, collage, perturbations.
Ielles ont la prétention (et le culot) de se présenter en fins connaisseurs des mouvements politiques qui luttent contre le racisme et comme si ces questions politiques leurs tenaient vraiment à cœur.
S’autoproclamant comme les vrais révolutionnaires et les vrais anti-racistes, ielles sont parties en croisade pour défendre la pureté de l’idée révolutionnaire contre l’ « idéologie racialiste » (qu’ielles ont inventé de toute pièce), qui serait en train de s’infiltrer dans « les organisations et milieux politiques qui vont de l’extrême gauche jusqu’aux libertaires ».
Cette prétendue « idéologie » n’apporterait que du confusionnisme et serait le symptôme de la perte de perspectives révolutionnaires. Elle ferait infiltrer dans ces milieux des idées racistes (camouflées en progressistes), à travers l’utilisation de mots et catégories qui viennent du pouvoir (« race ») ou de leurs dérivés (comme « racisé-e », etc), et qu’on devrait donc rejeter en bloc si on est des vrais.
Ielles essaient de nous faire croire que toutes les personnes qui utilisent ces mots sont pareilles et défendent le même discours. Elles sont toutes racistes. Des ennemies à combattre et à éliminer des milieux qui se veulent révolutionnaires.
Mais tout n’est pas perdu, vu qu’ielles sont arrivées pour sauver et pour défendre ces milieux !
Alors vite, il faut faire comprendre à tout le monde qu’à cet endroit-là se situerait le point de rupture, autour duquel il y a urgence à se positionner, pour se donner la possibilité de rouvrir des vraies perspectives révolutionnaires.
Sans blague ?! Merci de nous protéger de ce grand danger, tout en essayant de nous apprendre la vie et la révolution. Bien essayé, mais raté.
S’ielles connaissaient vraiment les mouvements anti-racistes et décoloniaux et s’ielles s’intéressaient vraiment aux différents systèmes d’oppression, ielles sauraient sans doute que des débats et des questionnements existent déjà autour de l’utilisation de mots créés par le pouvoir pour parler du racisme structurel et pour analyser l’oppression qui va avec. Ielles sauraient aussi que des débats existent depuis des années dans certains milieux féministes sur l’équilibre à trouver entre la volonté de mettre fin aux oppressions et la volonté de nommer et d’analyser ces mêmes oppressions ; sur comment dépasser les catégories créés par le pouvoir (qui participent à entretenir les oppressions), tout en prenant en compte le fait que ces mêmes catégories permettent aussi de nommer et d’analyser ces oppressions. Parce que ça ne suffit pas de ne plus en vouloir et de ne plus les utiliser pour que ça fasse disparaître les effets et les conséquences concrètes qu’elles produisent dans la réalité.
Alors pas la peine de faire les messies qui apporteraient la bonne parole pour éclairer les pensées.
Personne vous a attendu-es pour réfléchir à ces questions. Et surtout, personne n’a besoin de votre avis ni de votre validation.
Ceci dit, je crois qu’il y a une différence fondamentale entre complexifier ou critiquer certaines applications des grilles d’analyse des oppressions et dominations, tout en voyant et en comprenant l’importance et la valeur de leurs apports, et le faire, à l’inverse, avec l’objectif de s’attaquer à ces grilles d’analyse dans leur totalité, pour les rejeter en bloc. Et c’est justement là qui se trouve le cœur du problème.
En effet, le problème politique le plus important par rapport aux « anti-racialisateurs » n’est pas leur ignorance autour de toutes ces questions, mais leurs intentions politiques.
C’est certes très désagréable et malvenu quand, en connaissant très mal ce dont elles parlent, ces personnes se sentent légitime non seulement de pondre des pages et de pages, faire des émissions de radio, des affiches, ect. Et, en plus, de le faire d’une manière super arrogante et méprisante.
Mais, qui plus est, ielles vont jusqu’à traiter de « racistes » toutes les personnes qui, pour lutter contre le racisme structurel, essaient d’analyser et de critiquer la « race » comme une construction sociale utilisée pour hiérarchiser les individues sur la base de marqueurs physiques/biologiques et/ou ethno-culturels.
À grands coups d’amalgames absurdes, de déformations des discours des autres, de raccourcis réducteurs, les « anti-racialisateurs » mettent dans le même sac toutes les personnes qui utilisent le mot « race ». De l’extrême droite au PIR, de la gauche anti-raciste aux mouvements dé-coloniaux, c’est toutes les mêmes. Aucune différence dans les idées, les analyses, les discours portés, les perspectives. Face à autant de confusionnisme, de manipulations et de mauvaise fois, on ne peut pas ne pas comprendre que leurs intérêts et intentions politiques sont toutes autres que celles qu’ielles affichent.
Il ne faut pas être dupes. Leurs crachats confusionnistes ne visent pas à s’attaquer au racisme, qu’ielles n’utilisent, en bon politicien, que pour redorer leur pilule. Ielles sont, en réalité, en train de s’attaquer à certaines visions politiques auxquelles ielles font parfois allusion mais qu’ielles ne nomment jamais explicitement.
Ce que les « anti-racialisateurs » sont en train de faire, c’est s’attaquer aux visions et analyses politiques qui, depuis des décennies, essaient de politiser toutes les sphères de la vie et du quotidien pour montrer que les rapports d’oppression et de domination ne se réduisent pas au seul champ économique, ni sont seulement véhiculés par l’État. Ielles sont en train de s’attaquer aux analyses qui considèrent ces rapports d’oppression et de domination comme quelque chose qui traverse tout le monde, que certaines personnes subissent en même temps que d’autre en bénéficient.
Par la même occasion, ils s’attaquent donc aussi aux implications politiques de ces analyses : comme le fait que les « ennemis » ne sont pas seulement les bourgeois, ni seulement « les autres », les caricatures du raciste ou du macho ; comme le fait que les milieux soi-disant révolutionnaires ne sont pas en dehors de la société mais qu’ils sont aussi traversés par tout ça ; comme l’idée que c’est aux opprimé-es, en tant que groupe social, de définir l’oppression qu’ielles subissent (et donc aussi décider de comment en parler) ; comme le fait que la non-mixité soit pensée comme un outil politique d’émancipation (sans oublier que ça relève tout simplement d’une logique autoritaire de se permettre de dire à d’autres comment ielles devraient s’organiser pour lutter).
Ces analyses sont des apports des luttes de libération et d’émancipation menées par des opprimé-es, qui ont dû se battre depuis des décennies (et ça continue encore) au sein des milieux révolutionnaires pour que leurs réalités et leurs vécus d’oppressions soient pris en compte comme quelque chose qui existe, qui est politique et qui a autant d’importance que les effets du capitalisme et de l’État. Comme une condition pour pouvoir exister entièrement dans ces mouvements révolutionnaires.
Ces luttes ont permis de prendre conscience et de mettre en lumière l’existence de ces oppressions, c’est à dire de voir l’oppression là où on ne la voyait pas avant, parce qu’on considérait l’état des choses comme normale, comme relevant de l’ordre naturel.
L’offensive des « anti-racialisateurs » n’est dans le fond rien de nouveau ni de très original, vu qu’elle n’est rien d’autre qu’un mouvement de « réaction », dans le sens de conservateur et réactionnaire, à l’émergence, à l’existence et au renforcement de ces visions politiques et de leurs implications. Pour ne pas devoir voir ni prendre ses responsabilités dans ces autres systèmes de dominations. Ou, pour certain-es, pour pouvoir continuer à bénéficier de ses privilèges sans avoir à se remettre en question et sans qu’on les fasse chier.
Alors non, ce qui est en train de se jouer n’est pas un débat, tout comme ce n’est pas une guerre de chapelle ou une bataille pour l’hégémonie. C’est insultant de voir les choses de cette manière.
Parce que vouloir nier ces oppressions, leurs effets et leurs implications, ou remettre à nouveau en question leur portée politique, n’est pas juste une opinion, mais participe pleinement de l’oppression elle-même.
C’est pour tout cela que je considère qu’il faut réagir à leur offensive et ne pas laisser de place aux idées réactionnaires qu’ielles essaient de diffuser.
Depuis quand, pour les révolutionnaires, tout serait discutable et entendable ?
Non, la soirée du 28 octobre à Mille Bâbords n’était pas un débat, mais la dernière étape de leur campagne politique nauséabonde.
Face à ces crachats insultants et méprisants qui véhiculent des idées à vomir et qui puent le moisi, ça me paraît donc tout à fait compréhensible et souhaitable que des gentes décident de ne pas laisser passer cet énième affront.
C’est pour tout cela que je comprends très bien la colère des personnes racisé-es qui sont venues à Mille Bâbords pour empêcher que la soirée ait lieu. Comme celle des autres personnes (dont je fais partie) venues pour s’opposer à ce pseudo-débat ou qui essaient de différentes manières de leur barrer le chemin.
C’est pour tout cela que je ne soutiendrai jamais les lieux et les espaces, physiques ou virtuels, qui permettent une existence et une visibilité à ces discours gerbants.
Parce qu’en faisant cela, ielles cautionnent ces discours. Parce qu’en faisant cela, ielles deviennent une partie du problème et non de la solution.
Plutôt que de jouer les victimes de violences incompréhensibles et de vous étonner naïvement que des conséquences vous tombent dessus, plutôt que jouer les défenseurs de la liberté d’expression et du débat démocratique et vous poser au dessus de tout le monde, plutôt que de vous cacher derrière vos chartes remplies de mots que vous videz de leur sens et de leur profondeur politique, prenez vos responsabilités et assumez les conséquences de vos choix.
Plutôt que de pointer la violence visible des personnes qui ripostent à une oppression, regardez déjà la violence « invisible » que vous véhiculez et dont vous ne vous rendez même pas compte tellement elle fait partie de la normalité.
Ce n’est pas possible de limiter les analyses de la conflictualité politique et de la violence au seul champ économique. Ni de les arrêter devant votre porte.
On ne vous laissera pas nous renvoyer dans le placard ou parmi les oublié-es de la révolution !
une personne blanche
https://nantes.indymedia.org/articles/36245
> Modération
Comment Publié: le vendredi 25 novembre 2016 à 22:50 par modo
Article validé et commentaires cachés à priori pour éviter le trollage. Des commentaires (et donc leurs réponses) ont été cachés également pour le motif suivant :
Les articles qui accusent de « racialistes » les personnes qui s’organisent en non-mixité/construisent collectivement des luttes autour de l’analyse de la société hiérarchisée en terme de race n’ont rien à faire sur indymedia nantes. Le site permet la publication d’articles venant de personnes et de groupes qui choisissent la non-mixité comme moyen d’auto-organisation, et c’est certainement pas aux personnes non concernées de venir publier des articles pour dire a quel point c’est contre-révolutionnaire. Une identité de lutte n’a rien a voir avec un mouvement identitaire.
Pour rappel le racialisme c’est un mouvement scientifique du 19ème et qui a créé des catégories sociales, raciales, de genre… et qui justifiait les systèmes d’oppression, la colonisation, l’exploitation de races, de classes, des femmes,… On notera aussi que ces racialistes – en plus de n »être que des blancs –, disposaient de canaux de communications larges et de positions de pouvoir comme par exemple être au gouvernement, dans les médias et facs réputées etc.
Peut être aussi faudrait se calmer sur le PIR et Bouteldja et arrêter de tout ramener a elleux. Tou-te-s les militant-e-s antiracistes ne sont pas forcément affilié-e-s au PIR.
Enfin bref, vu le contexte raciste actuel, c’est pas très étonnant que ce genre de position ressortent, sauf qu’indymedia ne sera pas utilisé pour être le relais de ce type de discours.
https://nantes.indymedia.org/articles/36245
Le troll qui a fait dériver les commentaires vers l’islamophobie – d’une manière détournée – s’étonne de la résistance et d’autres points de vue que ceux des idées fondamentalistes et des alliances avec des religieux et religieuses intégristes.
Onze réfutations aux agaçant-e-s racistes et islamophiles structuralistes sociaux qui frisent et frollent le fascisme
quelques très mauvais arguments de ce texte : (dans l’ordre de lecture) :
– Les anti-racialisatrices et anti-racistes seraient tous / toutes des blanc-he-s
– il est impossible, impensable de ne pas être ou penser « post-coloniales » (et de la seule et unique façon qui convienne ) + une allusion : voire les anti-racialisatrices et anti-racistes seraient peut être même parfois des anti-féministes !
– réalité sociale permet de dire « Race » mais ce n’est pas raciste – cependant ici en opposition à tout ce texte essentialiste ( relire argument n°1 ). Quelle dépassement d’identité est pensé par ce milieu « racialisateur » ? Aucun !
– des laïcard-e-s extrémistes républicain-e-s finkielkrautiens – insulte psy-socio-intello ? d’extrême droite alors que vous reprenez leur vocabulaire et concepts ?! Alors que les néo-nazis comme Boris Le Lay apprécient, que les cathos tradis intégristes de radio courtoisie kiffent votre race ?! Inversion ?
– « manque de curiosité intellectuelle » _ insulte psy etc … ?
– Gros Scoop : « privilège blanc » est utilisé de manière essentialiste à l’inverse de ce que ce texte essaie de faire croire (ou de s’auto-persuader). Ainsi le « privilège blanc » concerne il les flics racisé-e-s, les bourgeois-es racisé-e-s, les universitaires racisé-e-s etc …
** **
C’est vous autres les héritier-e-s et allié-e-s politiques du PCF (passée ou présent ). Ce reproche ne concerne pas le milieu que vous visez mais vous même et vos allié-e-s (par exemple : Big Up Alain Gresh- ancien permanent du PCF, Françoise Vergès -PCR+amie de Sarkozy et Hollande et les autres stal’ et néo-stal’ )
Quand Mlle H0uria B0uteldja du P.I.R accepte d’accorder une interview à un complotiste et antisémite notoire comme Olivier Mukuna, grand ami du négationniste Jean Bricmont et d’autres cerveaux malades du même tonneau comme le fasciste belge Laurent Louis ou encore Kemi Seba, ça ne semble pas gêner ni choquer beaucoup nos « chasseur-reuses » autoproclammé-es « d’anti racialisateurs » – sic- ou désignés comme-tel-les….
Article refusé sur Indy Nantes« H0uria B0uteldja : “Je combats mon intégration” par Olivier Mukuna.
https://nantes.indymedia.org/articles/38146
Publié depuis peu sur :
http://indigenes-republique.fr/h0uria-b0uteldja-je-combats-mon-integration/
» »Interview bien évidemment reprise quelques heures plus tard par le site d’extrême droite Le Cercle des Volontaires ce qui n’est guère une surprise vu que son fondateur le nommé Raphaël Belrand entretient une amitié de longue date avec Mr Olivier Mukuna.
Ce qu’il précise du reste dans l’introduction on ne peu plus claire de cette reprise d’interview….. Puisque Belrand en personne nous y stipule que la dite interview lui à été envoyé par Mukuna en personne.
cercledesvolontaires.fr/2017/07/10/ho0uria-b0uteldja-combats-integration/
« Fidèle à notre engagement en faveur de la liberté d’expression, en particulier lorsque qu’elle est utilisée en faveur du débat d’idée, nous avons accepté de relayer l’interview d’H0uria B0uteldja réalisée par Olivier Mukuna. Nous rappelons que, bien entendu, nous ne partageons pas forcément l’ensemble des analyses exprimées ; nous avons d’ailleurs des sensibilités différentes au sein de notre collectif. Nous avons toujours fait (et nous continuerons à faire) le pari de l’ouverture d’esprit de nos lecteurs. Et nous remercions au passage Olivier Mukuna pour avoir pensé à notre média comme lieu de refuge pour la publication de cette interview qui, visiblement, ne trouvait aucun média « mainstream » pour être diffusée. Raphaël Berland » le 10 juillet 2017 à 18 h 32 min /
Olivier Mukuna s’en allant déblatérer sur le site d’extrême droite Le Cercle des Volontaires ***Ajoutée le 25 oct. 2014 , « En avril 2013, le Cercle des volontaires était allé à la rencontre du journaliste indépendant belge, Olivier Mukuna ». Un habitué des lieux en quelque sorte.
cercledesvolontaires.fr/2014/10/25/rencontre-dolivier-mukuna/
On attend avec impatience la réponse du P.I.R et de ses administrateurs, sur le fait qu’une interview de sa principale porte parole se soit retrouvée sur un site d’extrême droite comme le Cercle des Volontaires . Et qui plus est notoirement connu pour l’être qu’on ne vienne pas nous dire le contraire.
– Mukuna un CV aussi lourd que tendu et ce n’est pas peu dire.
Olivier Mukuna est un journaliste Belge grand admirateur de Dieudonné (Il a réalisé deux films à sa gloire ) et de divers fascistes locaux. Qui bien qu’il se soit « faché » avec Soral a continué a entretenir d’execellente relations avec Dieudonné (Plus pour des raisons d’egos que politique du reste ses facheries avec Soral, vu que Mukuna, Soral et Dieudonné trainaient tous trois encore ensemble lors de la campagne des électtions Européenes de 2009 à l’époque de l’infecte « Liste Antisioniste » et du « Dieudobus » ) Mais dans ce marigot qu’est le néo fascisme 3.0 actuel qui ne s’est pas « Faché » avec Soral tout en continuant a copiner avec son alter égo Dieudonné.
– Un Mukuna qui n’a laché son pote Dieudonné que très tardivement, a peu prés au moment des embrouilles qui ont eu lieu en direct live entre Soral et un autre néo Nazi de bas étage nommé Conversano sur le plateau de la chaine you tube de….. Dieudonné. Vous nous suivez oui oui on sait c’est aussi compliqué que pathétique la « Dissidence » en carton, il en a mis du temps décidément Mr Mukuna a réaliser les horreurs de son ami Dieudo.
Pour le cas Olivier Mukuna et ses amitiés sulfureuses avec la Complosphére et la Fachosphère saisissez vous de n’importe quel petit moteur de recherche et tapez juste le mot clef Olivier Mukuna + Dieudonné et vous serez vite fixés.
https://www.google.fr/?gws_rd=ssl#q=olivier+mukuna+%2B+dieudonné
Quand Olivier Mukuna soutenait TRES ACTIVEMENT Dieudonné et ses amis fascistes locaux lors de ses procès en Belgique ça date de 2010 sources le site antiraciste et antifasciste Belge.
http://resistances-infos.blogspot.fr/2015/10/x.html
Dans la « galaxie Dieudonné » belge Qui aura une « Quenelle d’Or » cette année ?
http://www.resistances.be/dieudonne06.html
– Notez qu’a cette époque Dieudonne avait proposé un prix « Quenelle d’Or » pour son pote Olivier Mukuna. Qui n’a jamais démenti ou décliné l’offre bien au contraire.
**-**
« Anti racisme politique » vous dites, et bien il pue sacrément de la gueule votre anti racisme politique,
permettez nous juste de vous en faire la remarque.
L’islamisme
Même très minoritaires, les différentes formes d’islamisme ont gagné ces dernières années une visibilité plus importante parmi les musulman-e-s en France. Il est difficile de savoir si cette visibilité accrue de l’islamisme provient d’une affirmation plus décomplexée de sa propre existence, d’un renforcement réel et sensible de son influence et/ou d’une plus grande attention politique, médiatique et sociale à son encontre. Peut être tout ça à la fois.
Par islamisme, nous entendons une affirmation politico-religieuse de l’islam comme ayant vocation à structurer la société et régir la vie sociale (et donc aussi celle des individus) à partir d’une interprétation rigoriste, réactionnaire et prétendument littérale du Coran. Le djihadisme à la sauce Al Quaeda ou État Islamique n’est que l’expression la plus brutale, la plus ultra de cet islamisme. Il y en a différentes formes et différents degrés. On peut y intégrer des formes « modérées » s’inspirant en général plus ou moins des Frères Musulmans, des formes plus dures comme le salafisme, le wahhabisme et aller jusqu’au djihadisme. En disant cela, on ne sous-entend pas qu’il y a nécessairement une continuité ou une même identité politico-religieuse entre ces différentes formes. Il peut y avoir des formes activistes et très directement politiques, plus ou moins radicales dans leurs manifestations, et des formes plus « quiétistes » mais qui s’attachent néanmoins à promouvoir, de manière prosélyte, une interprétation intégriste des textes et une surveillance pesante quant à la stricte observance individuelle et collective des (de leurs) obligations et conduites religieuses. Ces formes « quiétistes », si elles apparaissent, dans l’immédiat, assez détachées de toutes intervention à caractère politique, n’en aspirent pas moins à construire une hégémonie intellectuelle et culturelle intégriste au sein des musulman-e-s, musulman-e-s que les islamistes rêvent d’encadrer et guider comme un troupeau. Une sorte de métapolitique gramscienne en vue de constituer un bloc hégémonique au sein d’une fraction de la population, en somme ?
Même s’il y a des différences, des divergences, il y a cependant aussi des similarités, des points de convergences entre ces différentes formes d’islamisme et l’existence de l’islamisme « modéré » contribue certainement à légitimer en partie l’existence des formes d’islamisme djihadiste, en constituant un terreau intellectuel et culturel favorable au développement de ce dernier. Disons un peu comme les discours nationalistes, sécuritaires, xénophobes, réactionnaires de la gauche et de la droite contribuent à légitimer et renforcer les positions du Front national et comme les positions et l’influence du FN contribuent à légitimer et favoriser des expressions ouvertement fascistes et racistes.
En terme de contenus, je ne reviens pas sur les positions extrêmement réactionnaires, autoritaires, sexistes, puritaines, anti-communistes et anti-révolutionnaires véhiculées par l’islamisme en général. Signalons toutefois, juste au passage, qu’il véhicule également, là encore sous des formes diverses et à des degrés divers, du racisme, en tout cas au moins un, l’antisémitisme, qu’il travaille à répandre sous couvert de « soutien au peuple palestinien » et d’ « antisionisme ». Et, disons le, la récupération de ce terme d’« antisionisme » (à l’origine destiné justement à se dissocier de toute approche antisémite), à la fois par les islamistes et l’extrême droite franchouillarde, est un succès tel que ce mot est devenu quasiment inemployable tant il véhicule fréquemment désormais des puanteurs antisémites. Le travail d’appropriation de ce terme politique mené par des antisémites de tous poils, de toutes nationalités et de toutes religions n’aurait cependant pas pu être mené « à bien », si vite (une bonne grosse décennie ?), si la gauche et l’extrême gauche pro-palestinienne et le mouvement révolutionnaire avaient été plus éveillés et réactifs en situations et plus intransigeants sur le fond et la forme. On récolte ce qu’on sème… c’est à dire aussi qu’on récolte, parfois, dans la gueule, ce qu’on a pas été capables de semer, de cultiver et de protéger.
L’islamisme rêve d’une communauté des croyant-e-s, d’où les conflits d’intérêts ont magiquement disparus, pure et harmonieuse, nettoyée de tous les individus et groupes déviants, soumise corps et âme à une soi-disant loi divine supérieure et parfaite, inscrivant cette communauté dans un ordre universel immuable tout en assignant à chacun-e une place et un rôle tout aussi immuable. L’islamisme est comme l’extrême droite qui rêve d’une communauté raciale et nationale unifiée par on ne sait quel miracle, de pouvoir étatique dictatorial, de nettoyage des indésirables et des subversifs-ves, d’ordre corporatiste. Dans un cas comme dans l’autre, on est en pleine utopie réactionnaire et despotique.
Les révolutionnaires sont donc des ennemis de l’islamisme (et réciproquement). Et il s’agit, au niveau mondial, d’un ennemi puissant, disposant de ressources financières, de moyens de communication, et parfois de moyens militaires importants. Il est soutenu par de forts riches « mécènes » capitalistes des pays du Golfe Persique quand ce n’est pas directement par des États intégristes comme l’Arabie Saoudite ou d’autres.
Le combattre, en temps que révolutionnaires, ne sera pas chose facile. Au niveau international, cela peut passer par la création ou le renforcement de liaisons solidaires concrètes avec des groupes, organisations, mouvements révolutionnaires, de lutte de classe, démocratiques, laïques et féministes dans les pays où l’islamisme menace. Souvent ces groupes et organisations sont rares et plutôt faibles (et même parfois inexistants) et il peut exister aussi des différences politiques sensibles avec les « traditions » révolutionnaires occidentales, que ce soit sur le plan des idées, des finalités, du fonctionnement, des pratiques et il est probable que la solidarité vis-à-vis de tel ou tel groupe ou mouvement dans tel pays fera rarement, ici, l’unanimité. Le soutien à la résistance actuelle au Kurdistan syrien face à l’État Islamique est un bon exemple de cette absence de consensus du mouvement révolutionnaire sur ces questions.
Par ailleurs, l’établissement de telles liaisons solidaires implique un effort réciproque s’inscrivant dans la durée. Effort qui passe par des travaux de synthèse d’informations et d’analyses, de traductions (ce qui implique éventuellement l’apprentissage de langues), de diffusion de l’information, de collecte et d’envois de fonds et de matériels, de voyages et de rencontres, d’organisation éventuelle de campagnes de soutien. Effort que la faiblesse actuelle du mouvement révolutionnaire, en France ou ailleurs, rend difficile car, en plus, évidemment, l’islamisme est loin d’être le seul et le plus puissant des ennemis auxquels les mouvements révolutionnaires se trouvent confrontés.
La lutte contre l’islamisme passe aussi, toujours au niveau international, bien sûr par le fait de lutter ici pour dénoncer et, si possible, vu nos forces plutôt dérisoires, gêner et affaiblir les interventions armées et les pillages impérialistes des États et du capital occidental, et donc, aussi, l’impérialisme de l’État et du capital français. L’impérialisme contribue en effet aussi à alimenter en partie l’islamisme dans de nombreux pays. Mais en partie seulement car dans les pays où il est puissant l’islamisme a également sa dynamique propre, ancrée dans la réalité propre de ces pays, réalité qui est loin d’être uniquement façonnée par l’impérialisme occidental.
En France, il paraît évident qu’un des ressorts de l’islamisme se trouve dans les inégalités et injustices sociales vécues, entre autres, par les fractions de la population qui sont immigrées ou issues de l’immigration et qui sont de cultures musulmanes. Ces fractions de la population ne sont bien sûr pas les seules à subir l’exploitation, la précarité et la répression mais elles sont certainement celles qui les subissent le plus. À ces inégalités sociales s’ajoutent des phénomènes de discriminations, de stigmatisations, de vexations politiques et symboliques à caractère raciste. La participation des mouvements révolutionnaires aux luttes sociales et le fait de tenter de développer dans celles-ci un travail politique sont des nécessités incontournables. Dans ce cadre, l’appui aux luttes de migrant-e-s, de travailleurs-euses immigré-e-s avec ou sans papiers, autour de la question du logement, contre les violences policières et la précarité sociale mérite toute notre attention. Participer, d’un point de vue révolutionnaire, à ces luttes sociales diverses, favoriser leur émergence et leur convergence et coordination n’a évidemment pas pour but premier la lutte contre l’islamisme, il s’agit avant tout d’essayer d’attaquer à la base l’exploitation sur laquelle repose le système étatico-capitaliste actuel et les relégations et divisions sociales qui aident à son maintien et à sa reproduction. Mais le développement de ces luttes sociales aurait certainement également comme effet indirect d’affaiblir les marges de manœuvres politiques, sociales et culturelles de l’islamisme. On sait qu’à l’heure actuelle lorsque les luttes sociales sont fortes, l’extrême droite franchouillarde fait souvent profil bas politiquement et d’un point de vue organisationnel. Il n’y a pas de raisons de penser que ces luttes n’entraîneraient pas les mêmes effets contre cette autre extrême droite qu’est l’islamisme.
Néanmoins, on ne va pas prendre nos désirs pour des réalités, « dire n’est pas faire » et le mouvement révolutionnaire devra sacrément ramer pour y arriver. Il y a des obstacles et des difficultés. Nombreuses. Les aborder dépasserait le cadre de ce texte. On remet ça à plus tard mais on essayera de s’y coller. Signalons juste la difficulté liée à la composition sociale actuelle des mouvements révolutionnaires, pour le moins éloignées en général des réalités vécues par les fractions de la population qui sont immigrées ou issues de l’immigration, de la condition ouvrière, de la réalité des quartiers populaires. Cette « extériorité » ne facilite évidemment pas notre activité et la réduire ou la dépasser prendra du temps et impliquera d’aller se frotter encore et encore au terrain.
Islamisme et autres replis identitaires se développent aussi dans le vide laissé par l’important affaissement des mouvements ouvriers et révolutionnaires actuels. Et ce vide, ce terrain perdu, d’autres l’occupent et le remplissent. Il faudra bien finir par nous remettre en question. La réalité qui vient nous y contraindra de toute façon. Va y avoir des réveils douloureux…
« Islamophobie » ?
Vous ne trouverez pas ce terme d’« islamophobie » dans les textes du RRC, où il ne fait pas consensus. Je l’utilise dans cet article seulement entre guillemets et accompagné de critiques. Parce qu’il pose un certain nombre de problèmes quand même… Ce terme opère en effet un certain nombre de « réductions » factuelles et politiques.
D’abord il tend à présenter les attaques et critiques contre l’islam, quelles qu’elles soient, comme une manifestation de racisme alors que la critique de la religion musulmane (ou de n’importe quelle autre) peut évidemment être déconnectée de toute approche raciste comme dans le cas de la critique athée révolutionnaire.
Du coup, il sous entend aussi que la critique de l’islam constituerait en quelque sorte la forme principale du racisme actuel alors que celui-ci s’exprime de manière bien plus générale et sur des plans bien plus cruciaux pour la vie des gens (logement, pauvreté, précarité des formes d’emplois, discriminations sociales, brutalités policières…) que la simple instrumentalisation xénophobe et nationaliste de la critique de l’islam.
En restreignant le racisme à la forme, censée être centrale, de la critique instrumentalisée de l’islam, il laisse de coté toutes les fractions de la population qui sont immigrées ou issues de l’immigration mais qui ne sont pas musulmane. Que devient la nigériane évangéliste ou le syrien athée ? En quoi la lutte antiraciste réduite principalement à la lutte contre l’« islamophobie » les concernerait ?
En partant du fait que l’islam est, en France, une religion minoritaire, pratiquée (quand elle l’est ! Tous les croyant-e-s sont loin d’être pratiquant-e-s…) principalement par des fractions de la population qui sont immigrées ou d’origine immigrée, souvent « de couleur », souvent issues d’anciennes colonies françaises, il introduit, en douce, par extension, l’idée que l’islam serait une religion opprimée et une religion des opprimé-e-s.
L’islam est certes une religion minoritaire en France mais c’est quand même la deuxième en importance dans ce pays. Et s’il est évident que le nombre, l’état et la taille des lieux de cultes musulmans ne permettent pas toujours, loin sans faut par endroits, d’assurer aux pratiquant-e-s des conditions décentes d’exercice collectif de la prière, la religion musulmane est loin d’être persécutée même s’il arrive qu’elle soit stigmatisée, discriminée et instrumentalisée. Par ailleurs, un certain nombre de régimes dans des pays majoritairement musulmans ne sont pas particulièrement bienveillants envers l’exercice de religions autres que la musulmane et envers l’athéisme et il y a des États musulmans qui sont impérialistes. Donc mollo sur l’islam comme religion opprimée…
Ensuite cette idée de l’islam comme religion des opprimé-e-s fait passer à la trappe le fait que certains musulman-e-s appartiennent aux classes possédantes et dominantes et sont des exploiteurs-rices. Et là encore se pose la question des « autres » prolétaires immigrés ou d’origine immigrée, « de couleur », athées ou croyant-e-s d’une autre religion que l’islam. En quoi sont-ils et elles particulièrement moins opprimé-e-s, exploité-e-s, précarisé-e-s, discriminé-e-s que les musulman-e-s ? Et en quoi le fait qu’une religion soit pratiquée par des opprimé-e-s devrait nous la rendre moins critiquable d’un point de vue révolutionnaire ? Le sexisme serait-il moins critiquable s’il est pratiqué par des prolétaires ? Les masses opprimées d’Amérique latine sont souvent chrétiennes, cela ne fait pas pour autant du catholicisme ou du protestantisme des religions d’opprimé-e-s. Donc mollo aussi sur cette idée que l’islam serait une religion d’opprimé-e-s.
Au final, et à l’usage, le terme « islamophobie », et les « alliances » concrètes qu’il peut entraîner sur le terrain politique avec des réacs religieux, semble bel et bien favoriser une inhibition, une autocensure de la critique révolutionnaire des religions et des « cohabitations » lors de meetings et de manifs qui tiennent du mariage entre une carpe et un lapin. Faudrait pas finir par servir la soupe à des bigot-e-s intégristes, qui oeuvrent à propager un communautarisme religieux lucratif, au sens où cette communauté, figurez vous qu’ils et elles entendent bien en être les pieux-ses berger-e-s et les représentant-e-s accrédité-e-s auprès de l’État. La critique de « l’islamophobie » actuelle doit-elle déboucher sur une quelconque « islamophilie » ? Pour moi, c’est définitivement NON.
Je comprends bien que le terme ait pu faire mouche et être repris par plein de gens qui ont capté que la critique dominante de l’islam n’est la plupart du temps qu’un paravent pour des courants xénophobes, nationalistes et racistes qui cherchent à attaquer les immigrés ou descendant-e-s d’immigré-e-s. Mais comme on peut le voir en situation et comme cela a été exposé dans ce paragraphe, ce terme introduit, d’un point de vue révolutionnaire, de la confusion politique… à une époque où il n’y en a déjà que trop… avec tous les dégâts qui vont avec.
C’est pourquoi comme d’autres, je préfère parler, au lieu d’« islamophobie », tout simplement de racisme ou, en cas de situations plus spécifiques, de racisme anti-arabes et anti-noir-e-s, ce qui ramène la question sur son terrain principal, à savoir que derrière les critiques xénophobes de l’islam ce n’est pas tant la religion musulmane qui est visée que des fractions immigrée ou issue de l’immigration, prolétaires, colorées et supposément musulmanes de la population. Et en utilisant ces termes, en tant que révolutionnaires, on se situe sur le terrain de la défense des individus et des fractions, souvent prolétaires, de la population visées par le racisme, pas sur le terrain de la défense d’une religion, ce qui n’est tout simplement pas notre vocation ni notre finalité.
Contre tous les replis identitaristes
En ces temps de crises sociales et politiques, et y compris de crise des mouvements révolutionnaires et ouvrier (ou de ce qu’il en reste…), en l’absence d’alternatives subversives ne seraient-ce qu’un tant soit peu crédibles, les replis et enfermements identitaristes se multiplient, se renforcent et se « légitiment » mutuellement, que se soit sur des bases nationalistes, ethniques, religieuses, culturelles, corporatistes.
Il ne s’agit pas de nier qu’on ait tous et toutes une identité, mais nos identités sont généralement composites, puisant à différentes sources culturelles et sociales, individuelles et collectives. Nous les concevons souvent, en tant que révolutionnaires, comme évolutives et ouvertes, destinées à être partagées et métissées. Toute définition étroite, uniformisée, figée, fermée et enfermante de l’identité aboutit à l’étouffement individuel et collectif et est souvent destinée politiquement à nourrir les replis communautaristes.
Présentement chacun-e est tenté et incité à se replier sur son « entre soi » (et le ghetto révolutionnaire en est une forme parmi d’autres), sur son « même », sur sa famille, sur son pays, sur sa soi – disante « communauté » et les solidarités limitées, étriquées et sélectives qu’elle permet. S’ouvre alors également la course à la représentation de la « communauté » : les aspirant-e-s aux postes de direction et d’encadrement politique, moral et spirituel ne manquent pas.
Il sortira de ces replis communautaires et identitaristes des divisions et des tensions accrues entre différentes fractions de la population, pourtant toutes exploitées et dominées par le même système, même si c’est sous des formes et à des degrés divers. À la guerre sociale, le système préfère évidemment la guerre de tous-tes contre tous-tes comme il préfère la guerre civile à la révolution. Et nul doute qu’il saura utiliser et alimenter les tensions communautaristes pour œuvrer à son propre maintien. Réussir à faire vivre et étendre des espaces de lutte politique et sociale, où se crée du commun et du communisme, ouverts à tous-tes les exploité-e-s, les dominé-e-s, les révolté-e-s, peu importe leurs origines ethniques ou culturelles, leurs nationalités, leurs couleurs de peau, leurs religions individuelles éventuelles va être une difficile nécessité.
Article refusé.
Publié: le dimanche 22 janvier 2017 à 01:11 par modo
« Une fois pour toute, indymedia nantes ne sera pas le relai des discours réducteurs des anti « racialisateurs » et cet article est un énième trollage de personnes qui le savent parfaitement. Pour les autres qui passeraient par là par hasard, voici la position adoptée par le collectif:
Les articles qui accusent de « racialistes » ou de racisme les personnes qui s’organisent en non-mixité/construisent collectivement des luttes autour de l’analyse de la société hiérarchisée en terme de race n’ont rien à faire sur indymedia nantes. Le site permet la publication d’articles venant de personnes et de groupes qui choisissent la non-mixité comme moyen d’auto-organisation, et c’est certainement pas aux personnes non concernées de venir publier des articles pour dire a quel point c’est contre-révolutionnaire. Une identité de lutte n’a rien a voir avec un mouvement identitaire.
Pour rappel le racialisme c’est un mouvement scientifique du 19ème et qui a créé des catégories sociales, raciales, de genre… et qui justifiait les systèmes d’oppression, la colonisation, l’exploitation de races, de classes, des femmes,… On notera aussi que ces racialistes – en plus de n »être que des blancs –, disposaient de canaux de communications larges et de positions de pouvoir comme par exemple être au gouvernement, dans les médias et facs réputées etc.
Enfin bref, vu le contexte raciste actuel, c’est pas très étonnant que ce genre de position ressortent, sauf qu’indymedia ne sera pas utilisé pour être le relais de ce type de discours. »
https://nantes.indymedia.org/articles/36706
ou encore :
Article refusé.
Publié: le jeudi 7 avril 2016 à 19:55 par modo
« Dire qu’une personne racisée est raciste (sic) est du même ordre d’idée que les bourgeois qui se plaignent que les prolos sont racistes envers les riches. Vieux truc réacs pour nier les différences entre ces « catégories ». Bref, ça pue la complainte du « racisme anti-blanc » -> refus. »
https://nantes.indymedia.org/articles/33885
Chronique d’une action d’autodéfense à Marseille
Communiqué concernant l’action anti-raciste du 28 octobre à Mille Babord (Marseille).
Suite à l’appel d’une discussion intitulée « s’opposer au racialisme, les révolutionnnaires contre le racialisme et son immonde » accueillie par Mille Babords [1], vendredi 28 octobre 2016, nous avons décidé d’y mener une action directe.
Nous sommes 15 militant-es racisé-es majoritairement femmes, gouines, trans de différents horizons politiques marseillais. Nous sommes allé-es dans ce local non cagoulé-es et encore moins armé-es, en vue d’empêcher cette discussion. La nécessité de notre initiative vient de l’escalade de la violence et du mépris dans le « milieu gauchiste », à savoir :
L’apparition de blogs aux propos racistes, diffamatoires, négationnistes et anti-libertaires.
La publication de textes depuis un an ; sur des sites nationaux mais refusés dans plusieurs villes.
L’accueil de la discussion par le local de Mille Babords.
Nous sommes venu-es armé-es de notre tract [2] , déterminé-es à visibiliser notre colère en scandant nos slogans :
« cette discussion n’aura pas lieu », « votre avis, on n’en veut pas », « vous ne referez pas l’histoire », « négationnistes » et « regardez vos privilèges ».
A l’écoute de nos slogans quelques personnes ont décidé de quitter la salle.
Étaient présent-es majoritairement une trentaine d’hommes blancs et cis [3] qui ont commencé à perdre leur sang-froid suite à notre riposte verbale. L’un d’entre nous a été empoigné par un personnage connu pour son virilisme et sa violence. En quelques secondes, des altercations physiques ont suivi et nous avons poursuivi notre autodéfense autant que nécessaire.
Dans l’altercation, nous avons pu entendre notamment :
« on vous a toujours accueilli »,
« on a sauvé vos parents »,
« vous êtes manipulé-es »,
« on lutte pour vous »,
« c’est qui les fachos ? ».
Au cours de l’action, des tables ont été retournées, des chaises ont volé, des brochures ont été balancées et nous avons récupéré l’affiche en soutien à Georges Abdallah.
Nous avons quitté les lieux en jetant des boules puantes.
Suite à notre départ, sur le trottoir, ce groupe frustré a déversé sa haine et sa violence sur d’autres opposant-es à la soirée jusqu’à menacer en brandissant une matraque télescopique. Puis dans la foulée, ils ont tabassé une personne au sol, à plusieurs.
La casse d’une vitre est une conséquence des événements, et n’a été à aucun moment l’intention de notre action. Nous n’en portons pas plus la responsabilité que les personnes à l’initiative de la soirée et l’équipe de Mille Babords.
Le lendemain, les personnes à l’initiative de cette discussion se sont permises de diffuser des sms et des tracts [4] de diffamations, de délations (appartenance à des groupes politiques), d’insultes et de menaces largement relayées par le milieu militant soi-disant libertaire et anti-raciste marseillais. Dans la nuit de dimanche 30 à lundi 31 octobre, Mille Babords publiait à son tour un communiqué [5], proche de la version des textes et sms diffusés.
Et c’est sans surprise que nous avons constaté le consensus et l’acquiescement silencieux de nombreuses personnes du paysage « politico-révolutionnaire ».
Des témoignages et des textes de réflexion sont à venir.
https://iaata.info/Chronique-d-une-action-d-autodefense-a-Marseille-1657.html
https://iaata.info/IMG/pdf/piece_jointe_1.pdf
ANTI-RACIALISATEURS ET ANTI-RACIALISATRICES STAY et PROTECT your HOME!
Anti-racialisateurs et anti-racialisatrices vous n’aurez jamais la parole, vous n’aurez jamais notre e?coute parce que:
Le capitalisme se fonde sur le pillage, l’esclavage et le colonialisme.
« L’abolition de l’esclavage » et les « de?colonisations » n’ont pas de?moli le racisme structurel et ses re?percussions pour le moins d’actualite?.
Les privile?ges des pays occidentaux impe?rialistes demeurent a? un niveau international.
Nous refusons votre vision europe?ano-centre?e et re?actionnaire de la lutte des classes.
Il vous suffirait de sortir de votre entre-soi confortable pour voir la re?alite? dans les rues de Marseille.
Nous refusons votre course a? l’opprime? et votre incapacite? a? reconnai?tre vos privile?ges de petits gauchistes blancs de classe moyenne.
Nous n’avons pas de temps a? perdre avec les ne?gationnistes.
Nous saboterons toutes vos initiatives.
Nous revendiquons notre autode?termination, notre e?mancipation, notre libe?ration par nous-me?mes et pour nous-me?mes. Nous n’avons pas besoin de votre validation quant aux termes que nous utilisons pour de?finir qui nous sommes, ce que nous sommes et ce pour quoi nous luttons.
En somme on vous chie dessus bande de racistes re?actionnaires ne?gationnistes ne?o-colons…. Finalement il va vous falloir assumer:
Vous n’e?tes qu’un des bras arme? (de vos claviers) de la re?publique lai?carde qui nous fait gerber!
Rompre avec l’Islam ( Interview de Maryam Namazie )
Campagne #ExMuslimBecause : « Ex-musulmane car j’ai vécu sous un régime islamique en Iran » -Interview de Maryam Namazie par Francine Sporenda
Maryam Namazie est une militante iranienne des droits humains et des droits des femmes engagée dans la lutte contre l’islam politique et pour la laïcité. Elle est la porte-parole de Iran Solidarity, de One Law for All et du Conseil des ex-musulmans de Grande-Bretagne (CEMB) et de Fitnah, mouvement pour la libération des femmes dont les objectifs sont la liberté et l’égalité, la défense de la laïcité, la fin des lois et traditions religieuses et culturelles misogynes, du voilement obligatoire, de la ségrégation sexuelle, du trafic prostitutionnel et des violences contre les femmes.
FS : Que pensez-vous du concept d’ « islamophobie » ?
MN : L’ « islamophobie » est un terme politique qui est agité comme un épouvantail pour imposer silence aux gens. C’est une tentative des islamistes et de leurs apologistes pour empêcher toute critique de l’islam et du mouvement islamiste en confondant la critique absolument nécessaire des religions et le fait de nuire aux musulmans. Critiquer les religions et la droite religieuse, ça n’est pas attaquer les croyants, clairement, ce sont deux choses différentes. Les confondre vise à protéger le mouvement islamiste de ceux qui le contestent.
FS : Vous dites que la gauche occidentale a deux catégories de politique « progressiste » : celle qu’ils veulent pour eux, le mariage pour tous, l’égalité des droits etc. Et celle qui est appropriée pour les « musulmans ». Pouvez-vous développer sur ce double standard ?
MN : Les « progressistes » qui se rangent souvent aux côtés des islamistes contre nous, les contestataires, sont progressistes quand il s’agit de leur vie et de leurs droits. Ils veulent—légitimement—le mariage gay, avoir le contrôle de leur corps, le droit d’être athée et de critiquer le christianisme, le droit d’avoir des relations sexuelles hors mariage, de danser, d’aimer, de se moquer du pape et du Vatican, mais quand il s’agit de nous, nous devenons à leurs yeux des « autochtones » et des « noix de coco » si nous demandons la même chose (1).
Leurs exigences pour eux-mêmes sont sans limites, mais nous ne sommes supposés vivre notre vie que confinés dans les limites de l’islam. Nous sommes vus comme des extensions de nos communautés et de nos leaders religieux, et non comme des individu-e-s possédant des droits et des idées politiques qui sont—entre parenthèses—pas spécifiquement occidentales mais universelles.
FS : Vous dites que les positions anticolonialistes de la gauche occidentale sont en fait les positions des classes dirigeantes autoritaires des « pays musulmans ». Pouvez-vous expliquer cette affirmation ?
MN : Quand vous vous ralliez aux politiques identitaires et que vous vous identifiez à des communautés ou sociétés culturellement homogènes, vous passez dans le camp de ceux qui les dirigent, ce qui fait que cette gauche finit toujours par se rallier aux classes dirigeantes, jamais aux contestataires. Les politiques identitaires n’admettent que les religions et les cultures homogènes et sont incompatibles avec les politiques de classe et les mouvements politiques et sociaux.
FS : Que pensez-vous du concept d’ »exercice responsable de la liberté d’expression » qui a été défendu par Tariq Ramadan et plusieurs intellectuels occidentaux après l’attentat de Charlie Hebdo ?
MN : Appeler à un usage « responsable » ou « inoffensif » de la liberté d’expression, c’est tenter de la restreindre. Là où les islamistes sont au pouvoir, ceux et celles qui critiquent la religion sont persécutés pour blasphème ou apostasie
Dans les pays occidentaux, les islamistes et leurs partisans appellent à un « exercice responsable de la liberté d’expression » et condamnent leurs critiques comme « islamophobes » et racistes parce qu’ils veulent imposer de facto des lois contre le blasphème. Aussi cet appel implique que c’est la victime qui doit être blâmée pour avoir offensé ceux qui seraient ensuite « obligés » de la tuer en réponse à cette « offense ».
Ça revient à placer la responsabilité des violences sur la victime et non sur les perpétrateurs. Il nous arrive tous d’être offensés, à un moment ou à un autre—moi, c’est la religion qui m’offense—mais appeler à la libre expression « responsable » en face de la violence, c’est excuser cette violence, comme si des caricatures et le blasphème étaient pires que le meurtre.
FS : Pouvez-vous nous parler des « tribunaux islamiques » en Angleterre et nous expliquer pourquoi ils violent systématiquement les droits des femmes ?
MN : Ici en Grande-Bretagne, les « tribunaux islamiques » s’occupent des affaires familiales—et ce ne sont pas des questions triviales comme on les décrit souvent ; au contraire, elles sont centrales au projet islamiste de contrôle des femmes et ce sont des domaines où les plus grandes violations des droits des femmes « issues des minorités » ont lieu.
Le refus du droit au divorce, de sortir de situations de violence, y compris de violences domestique, les mariages forcés, la polygamie et le viol conjugal, les enfants enlevés aux mères après un certain âge sans considération de leur bien-être sont des combats importants pour les femmes vivant sous domination religieuse partout dans le monde.
Ici en Grande-Bretagne, ce projet pour contrôler les femmes est souvent présenté comme un « choix », et un « droit »– alors que ce n’est ni l’un ni l’autre.
FS : De nombreuses féministes défendent le « droit à se voiler » mais jamais le droit de se dévoiler. Considérez-vous que cela constitue une trahison ?
MN : Bien sûr que c’est une trahison. Que des féministes défendent le droit des islamistes de contrôler et de faire disparaître le corps des femmes comme source de honte et de fitnah (chaos) est la plus grande des trahisons.
Plutôt que de s’opposer à la honte que l’islam attache aux corps des femmes et des filles, ils édulcorent la guerre de la droite religieuse contre les femmes en réduisant cette prescription du voile à un « choix » et un « droit ». Bien sûr, il y a des femmes qui disent « choisir » de se voiler mais socialement parlant, le voile a été imposé par la force brutale et par la violence. Si ce n’était pas le cas, on n’aurait pas besoin d’une police de la moralité et de mettre la pression sur les femmes pour qu’elles se conforment à cette obligation.
MN : Vous avez appelé à un bannissement du niqab. Pouvez-vous expliquer pourquoi il devrait être banni ?
MN : Je pense que les adultes ont le droit de porter les vêtements qu’ils veulent, bien que ce soit souvent plus une liberté formelle que réelle, mais le niqab est un sac qui enferme le corps des femmes, c’est une prison mobile.
On doit s’y opposer parce que c’est fondamentalement une atteinte aux droits des femmes. Si on disait à une personne de couleur ou gay que, pour le maintien de l’ordre social, elles doivent disparaître, nous serions outrés mais quand il s’agit des femmes, on l’excuse au nom du « respect » pour la culture et la religion.
FS : Vous dites qu’en Grande-Bretagne et même dans les « pays musulmans », les ex-musulmans vivent dans la peur de subir des représailles pour avoir abandonné leur religion et que « beaucoup ont peur d’admettre qu’ils n’ont plus la foi ». Pouvez-vous nous parler de ce « tsunami d’athéisme » qui aurait lieu dans ces pays et comment ces gens sont réduits au silence et ostracisés pour avoir déserté l’islam ?
MN : Internet fait pour l’islam ce que la presse à imprimer a fait pour la chrétienté dans le passé. Les réseaux sociaux n’ont pas seulement donné à d’innombrables jeunes un accès aux idées « interdites » et un espace pour s’exprimer alors qu’ils n’en avaient aucun auparavant, mais ils leur ont aussi permis de trouver des gens qui partagent leurs idées, d’échanger leurs histoires et de voir qu’ils ne sont pas seuls à penser ainsi.
Cela leur a donné du courage et l’espoir de pouvoir vivre comme ils l’entendent à l’avenir. C’est devenu un mouvement de résistance global.
« L’athéisme progresse comme un tsunami » a déclaré un responsable inquiet du régime islamique iranien. La « menace de l’athéisme » explique pourquoi le gouvernement saoudien assimile désormais l’athéisme au terrorisme et que le ministère de la jeunesse d’Egypte ait rejoint la plus haute autorité sunnite, l’université Al-Azhar, pour combattre ensemble l’« extrémisme et l’athéisme ».
Nous sommes littéralement des millions d’ex-musulmans, dans chaque maison et dans chaque famille, à chaque coin de rue, dans chaque ville, dans chaque village, dans toute la Grande-Bretagne et dans le monde.
(1) On appelle « Bounty » ou « Noix de coco »–brun à l’extérieur, blanc à l’intérieur—des personnes « issues des minorités » ayant adopté les idées et comportements occidentaux (expression à connotation raciste – « mais quand il s’agit de nous, nous devenons à leurs yeux des « autochtones » et des « noix de coco » si nous demandons la même chose »).
Source : https://revolutionfeministe.wordpress.com/2017/01/29/rompre-avec-lislam/
Collectif Libertaire Antisexiste
http://clas.pe.hu/spip.php?article354
L’« islamophobie » n’a rien à voir avec le racisme !
http://www.mondialisme.org/spip.php?article160
Combattre le racisme, l’antisémitisme…. et l’islamophobie !
Alors que se développent dans toute l’Europe des propos, actes et agressions racistes, xénophobes et antisémites :
Nous dénonçons, combattons l’antisémitisme, et tout acte criminel ou agression à ce titre, comme nous le ferions pour toutes les formes de racisme quelles qu’elles soient.
Nous savons que se taire aujourd’hui, banaliser ces discours et ces agressions ouvre la porte demain aux pires drames que l’histoire récente ou plus ancienne a fait connaître: qu’il s’agisse du génocide des juifs et des Roms perpétré par le nazisme, de celui des Tutsis, du génocide arménien, de l’épuration ethnique en Bosnie ou du génocide actuel des Rohingyas.
Par les amalgames qu’il fait, le Manifeste contre le nouvel antisémitisme attise et renforce ce qu’il prétend dénoncer.
Le délinquant voleur et meurtrier, nourri des poncifs antisémites sur la richesse supposée de toute personne juive, n’est pas le bras de Daesh ni le compagnon d’arme de Mohamed Mehra, Amedi Coulibaly ou Salah Abdeslam.
Les violences antisémites actuelles, aussi insupportables qu’elles soient, sont loin d’être comparables à un pogrom et encore moins à une épuration ethnique !
Assimiler la gauche antisioniste, qui a toujours été au premier rang du combat contre tous les racismes, à une nouvelle forme de l’antisémitisme relève d’une diversion mensongère et scandaleuse.
Assimiler ceux qui dénoncent la colonisation israélienne et son gouvernement d’extrême droite à des complices de l’antisémitisme est un amalgame inacceptable.
Au moment où les agressions contre les Français d’origine maghrébine, africaine et contre les Roms se développent, au moment où dans le débat politique générale, les propos stigmatisants contre les migrants et les exilés se multiplient, au moment où se libère une parole raciste, xénophobe et islamophobe décomplexée :
Nous refusons la notion de responsabilité collective, que cela concerne un peuple ou une communauté religieuse.
Nous refusons l’amalgame entre les actes criminels odieux ou à caractère délirant de certains et les projets ouvertement racistes et antisémites d’exécutions ou de massacres ourdis par d’autres.
Nous rappelons que les premières victimes de Daesh et de ses sbires sont d’abord les populations des pays arabes ou africains et des musulmans.
Nous dénonçons un texte qui assimile tout musulman à un intégriste en puissance, le désigne à la vindicte populaire et exige allégeance culturelle et repentance religieuse.
Les exactions atroces commises au nom des intégrismes de tout genre, des dictatures de toutes espèces ont en commun cette capacité à rivaliser dans l’horreur, la mise en scène de la terreur et le refus radical de notre commune humanité.
Les politiques laminant la vie de millions de personnes et la démission des forces qui devraient défendre les droits sociaux des peuples nourrissent le terreau d’une désespérance. Elles favorisent les régressions identitaires et les passions funestes du terrorisme.
Nous affirmons qu’il faut relever ce défi mortifère et se mobiliser pour arrêter cet engrenage fatal.
Nous affirmons notre solidarité avec toutes les victimes de ces exactions et notre exigence de ne pas refaire ce qui fut fait en d’autres temps : accueillons et défendons toutes celles et ceux qui les subissent.
Signataires :
Alain Cyroulnik
Philippe Cyroulnik
Myriam Martin
Alain Krivine
Samy Johsua
Renée-Claire Glichtzman
Laurent Levy
Bernard Noël
Élias Sanbar
Christine Poupin
Marc Slyper
Philippe Poutou
Annick Coupe
Olivier Besancenot
Anne Rochette
Camille Saint-Jacques
Marcel-Francis Kahn
Sophie Bensaïd
Enzo Traverso
Julien Salingue
Pierre Buraglio
Pierre Khalfa
Dominique Vidal
Pierre Cours-Salies
Laurence De Cock
Philippe Roux
Marie Ducaté
Jacques-Henri Michot
Dominique Angel
Jacques Moulin
Patrick Silberstein
Marie-France Cyroulnik
Michèle Sibony
Paul Alliès
Bernard Dreano
Sophie Zafari
Stéphane Tessier
Pierre Stambul
Catherine Samary
Michèle Krum
Jean-Marc Bourquin
Sonia Casagrande
Nadine Slyper
Claude Bégué
Claude Gutman
Salah Amokrane
Bernard Landau
Jacques Lerichomme
Françoise Laroche
Claude Buraglio
Al Martin
Valérie Jouve
Pierre Stambul
Bernard Cholet
Omar Slaouti
Patrice Leclerc
André Rosevègue
Alima Boumedienne Thiery
Mohammed Ben Yaklhef
Sonia Fayman
Jacques Fontaine
Fafia Djardem
Michel Angot
Pierre Josse
Julien Rivoire
Pierre-Yves Pira
Hélène Adam
Jean Malifaud
Bernard Deswarte
Didier Daïen
Dominique Dehais
Tristan Tremeau
Nathalie Quintane
Jean-Luc Nancy
Jean Marc Cerino
Gérard Chaouat
Bally Bagayoko
Alain Jugnon
Mathilde Ferrer
Pierre Zarka
Lena Coulibaly
Fatou Coulibaly
Michel Ricard
Patrick Chorowicz
Paule Bodilis
Estelle Fredet
Charles Bonn
Barbara Satre
Jean-Paul Ravaux
Michel Henry
Christian Bensimon
Véronique Bourquin-Valzer
Nicky Tremblay
Agnès Denis
Bernard Alleton
Sylvie Amestoy
Arthur Leduc
Jean-louis Griveau
Catherine Bensimon
Marie-José Mondzain
Isabelle Nicoladze
Mouloud Haddak
Jean-Louis Schoelkopf
Marie-Claude Herboux
Patrick Brody
Étienne Adam
François Wouters
Jacques Fath
Michèle Lesbre
Pierre Alferi
Jacques Bidet
Noufissa Nikou
Jean-Marie Gleize
Simon Picou
Fazia Balhi
Nathalie Crubézy
Roland Ceccotti
Didier Epsztajn
Lysia Edelstein
Sonia Ollivier
Pierre Rousset
Merwane Daouzli
Pascal Boissel
Jean-Marie Viprey
Josette Trat
Daniel Guerrier
Pedro Vianna
Eric Meleuc
Zora Perret
Raphaël Giromini
Alexis Cukier
Colin Falconner
Raymond Benhaim
Mehdi Lallaoui
Christian Mahieux
François Gèze
Marcel Seguret
Alice Dula
Bernard Messing
Dominique Terres
Gilles Houdouin
Vincent Genestet
Clémentine Cholet
Michel Faujour
Tatiana Cyroulnik
Pierre Concialdi
Katayoun Jondeau
Rhizlane Laabid
Nicolas Cyroulnik
Eric Laine
Olivier Milleron
Lucien Sanchez Badia
Frédéric Nadolny
Claudine Gleyzes
Guy Ayats
John Mullen
Jean-Pierre Martin
Mohamed Mechmache
Marie-Claude Maclaren
Alistair MacLaren
Philippe Sheppens
Franck Gaudichaud
Louis Weber
Daniel Desmé
Frédéric Bodin
Messaoud Romhdani
Kamel Jendoubi
Dominique Glaymann
Aurore Buvron
Gilles Manceron
Jean Philippe Milesy
Myriam Camipinos-Dubernet
Patrick Vassalo
Mireille Fanon Mendes-France
Franck Mouly
Patrick Fodella
Anne-Marie Faucon
Michel Malacarnet
Arnaud Clapier
Elizabeth Heller
Jean-Jacques Rue
Les Cinémas Utopia
Laurent Esquerre
Marie-Ange Debard
Désirée Debard
Pierre-Yves Freud
Sharon Kivland
Michel Mousel
Jean-Louis Prat
Denis Vicherat
Jean-David Casemajor
Pouria Amirshahi
Tarek Ben Hiba
Brigitte Péret
Gilles Lemaire
Martine Spensky
Henri Mermé
Jean-Marie Fouquer
Caroline Houdin-Bastide
Pierre Granet
Armand Creus
Cécilia Joxe
Alain Joxe
Dominique Grange
Jacques Tardi
Jean-Gabriel Coignet
Madjid Messaoudène
Martine Gazel
Michel Capron
Catherine Tricot
Frédéric Valabrègue
Olivier Martin
Monique Migneau
Guillaume Jondeau
Xavier Milleron
Michèle Guerci
Vos « potes » trotskistes, gauchistes de salon et islamistes, on vous les laisse !
et les pétitions on se torche avec ( quelle grossièreté ! )
Coup d’gueule contre les libertaires et leurs allié.e.s religieu.ses.x et laïco-patriotes
Les faux dévots de la laïcité: islamophobie et racisme anti-musulmans
Samedi 9 décembre, en France, c’était la journée de la laïcité. Dimanche 10 décembre, c’est la journée contre l’islamophobie. Quel rapport entre les deux ? En principe, aucun : la laïcité, c’est la séparation des Églises et de l’État : la condition de la liberté religieuse, c’est la neutralité de l’État. Par principe, si celui-ci est laïque, il ne saurait être islamophobe – pas plus qu’islamophile, d’ailleurs.
En principe, donc ; mais en pratique, quand on invoque la laïcité aujourd’hui en France, c’est d’ordinaire pour parler d’islam. Gageons que ce sera le cas, par exemple, lundi 11 décembre, lors de la journée sur la laïcité organisée par l’ESPE de Paris ; et qu’il sera fort peu question de l’Église catholique. Pourtant, nul ne peut croire que l’islam soit religion d’État en France – sauf à prendre pour la réalité les fantasmes de Michel Houellebecq et de l’extrême droite. Mais qu’importe la réalité, pour ceux qui veulent croire que la laïcité se loge dans les supérettes halal et les burkinis de femmes sur les plages ?
Catholaïcité
En revanche, en France, on ne discute pas du financement public d’écoles catholiques mis en place depuis la loi Debré en 1959. Ou plutôt, on n’en débat plus depuis la reculade du pouvoir socialiste en 1984 face à la mobilisation massive du lobby de l’école libre. C’est seulement quand la République a cédé devant l’Église catholique que la rhétorique républicaine s’est retournée contre l’islam, à partir de la première affaire du voile en 1989. Les deux fronts doivent pourtant être pensés ensemble : si Nicolas Sarkozy communiait avec Benoît XVI dans une même « laïcité positive », c’était pour mieux réserver à l’islam ce que j’ai qualifié de « laïcité négative ».
La rhétorique laïque n’a donc plus rien à voir avec l’universalisme de la laïcité. Par exemple, ceux qui dénoncent les prières de rue oublient les militants anti-mariage pour tous de Civitas agenouillés devant un tableau de la Sainte famille à l’entrée du Sénat en 2013 : ils songent uniquement aux musulmans qui, faute de lieux de culte suffisamment grands, débordent dans la rue à l’heure de la prière. De même, si la loi de 2010 contre la dissimulation du visage dans l’espace public n’est pas censée concerner la religion, mais seulement la sécurité, chacun sait qu’elle vise en fait le voile intégral de femmes musulmanes. La preuve ? nul n’a même imaginé de l’invoquer à propos des Hommen, ces militants catholiques mobilisés contre la loi Taubira ; ils manifestaient pourtant avec un masque sur le visage.
Nouvelle laïcité ?
Depuis 1989, on n’est pas seulement passé du catholicisme à l’islam, soit d’une religion majoritaire, historiquement liée à l’État, à une religion minoritaire, qui bénéficie très peu des financements de l’État : sur les 17% d’élèves scolarisés dans des écoles privées sous contrat, 2 millions sont inscrits dans les 8000 écoles catholiques, contre 2000 pour les trois écoles musulmanes…
Dans le discours sur la laïcité, on a aussi basculé de l’État à la société. C’est un renversement, de la laïcité comme liberté des individus face à l’État à la sécularisation comme injonction de l’État aux individus. Le glissement de sens du mot « public » en est le signe : hier encore, il renvoyait à l’État – en particulier s’agissant de l’école publique. Aujourd’hui, il s’étend à l’espace public, qu’il s’agit de neutraliser, soit une manière de cantonner l’expression religieuse à la sphère privée.
Bref, la « nouvelle laïcité » préconisée par François Baroin en 2003, loin de prolonger une histoire républicaine, est radicalement nouvelle ; les juristes Stéphanie Hennette Vauchez et Vincent Valentin l’ont démontré à propos de l’affaire de la crèche Baby-Loup, elle n’a pas grand-chose à voir avec la loi de 1905. Comme le dit sans ambages l’historien de la laïcité Jean Baubérot, c’est une « laïcité falsifiée ». En fait, la « nouvelle laïcité » n’est pas laïque, bien au contraire. C’est une forme de religion qui prétend imposer sa croyance à toute la société.
C’est pourquoi il me paraît important de ne plus accepter les distinctions médiatiques entre « deux conceptions de la laïcité », l’une exigeante ou stricte, l’autre laxiste ou tolérante. Aujourd’hui, ceux qui n’ont que ce mot à la bouche, mais qui n’ont que l’islam en tête, ne doivent plus être qualifiés de « laïcards » ; en réalité, ce sont de faux dévots de la laïcité. Ne faisons pas le cadeau à ces Tartuffe de les prendre pour des laïcs, et moins encore de leur abandonner la laïcité : c’est en son nom qu’il faut les combattre.
Islamophobie : le mot et la chose
La bataille politique est d’abord une bataille de mots : ceux qu’on refuse, et ceux qu’on choisit. Car nommer les choses, c’est leur donner un sens ; et ceux qui définissent le lexique politique sont ceux qui définissent le monde dans lequel nous vivons. C’est pourquoi il est important de revendiquer la liberté de nommer – par exemple, d’organiser une journée contre l’islamophobie. Pour ma part, c’est précisément parce que certains voudraient bannir ce terme que je tiens à l’employer.
Pour l’État, il sera sans doute difficile d’interdire le mot islamophobie, même si rien ne paraît plus impossible depuis que le ministre de l’Éducation veut censurer tout un vocabulaire antiraciste, à commencer par la notion de « racisme d’État ». En revanche, les offensives se multiplient contre celles et ceux qui prennent la parole « pour les musulmans ». Or nombreux sont ceux qui se laissent ébranler par l’argument des faux dévots de la laïcité : en démocratie, on a le droit de critiquer toute religion. Mieux : dans une société laïque, le blasphème est un droit ! Et c’est vrai.
Cependant, en France aujourd’hui, dénoncer l’islam, c’est aussi une manière de s’en prendre aux musulmans. Ou plutôt, c’est faire référence à un groupe social défini moins par la religion que par l’origine – voire par l’apparence : un président de la République n’avait-il pas évoqué des « Français d’apparence musulmane » ? Bref, il y a bien une racialisation de la référence religieuse. Car la question raciale ne suppose pas des « races » différentes, mais des traitements différents qui racialisent des groupes sociaux, c’est-à-dire qui les stigmatisent et les assignent à des places subalternes, en fonction de leur origine, de leur apparence, mais aussi de leur religion, réelle ou supposée. Une comparaison nous aide à le comprendre : dans l’antijudaïsme, nous avons appris à entendre l’antisémitisme. De même, l’islamophobie va et vient entre deux registres – religieux et racial.
Racisme anti-musulmans
Ceux qui refusent le terme « islamophobie » veulent lui substituer l’expression : « racisme anti-musulmans ». Et si on les prenait au mot ? Non pas pour leur céder le choix du vocabulaire, mais pour analyser le double jeu de l’islamophobie et du racisme anti-musulmans, comme on le fait de l’antijudaïsme et de l’antisémitisme. La bataille du vocabulaire est essentielle. Il ne faut donc pas laisser interdire des mots ; il ne faut pas davantage se faire imposer un lexique. Toutefois, il ne faudrait pas non plus renoncer à parler, en même temps que d’islamophobie, de racisme anti-musulmans – même si les faux dévots de la laïcité l’utilisent pour faire obstacle à la lutte contre l’islamophobie en détournant l’attention de la chose vers le mot. Car qui peut nier qu’un racisme vise aujourd’hui en France les musulmans, réels ou supposés, et que la rhétorique laïque en est un instrument privilégié quand elle est définie par l’obsession de l’islam ?
https://blogs.mediapart.fr/eric-fassin/blog/101217/les-faux-devots-de-la-laicite-islamophobie-et-racisme-anti-musulmans
Chez « »les ami-e-s de Juliette et du printemps » », tu trouveras aussi des critiques des identités ( dont de la laïcité républicaine ) qui pourraient à coup sûr t’instruire…
Les amis de Juliette et du printemps
LA RACE COMME SI VOUS Y ÉTIEZ !
Une Soirée de printemps chez les racialistes
(236 p., Automne 2016)
PDF à télécharger => https://www.fichier-pdf.fr/2017/07/01/juliette-race/
Dans une période de recul des luttes d’atomisation et de confusionnisme diffus, alors que les thèses complotistes et antisémites de Soral et Dieudonné colonisent les imaginaires, le Parti des Indigènes de la République (PIR) s’invite sur les plateaux télé pour imposer un « nouvel antiracisme » qui ressuscite le concept de « race ».
Par le biais d’un chantage moral à la culpabilité « blanche » et collective, la non-mixité « racisée » est imposée comme une évidence dans le débat public tandis que prospèrent leurs grilles de lecture et leurs pratiques ségrégationnistes jusque dans les conflits sociaux. Alors que ces positions essentialistes issues de cénacles universitaires ne se donnent même pas la peine d’avancer masquées, une tétanie semble s’être emparée des milieux contestataires, et c’est un tapis rouge qui finit par être déroulé devant les tenants de la guerre de tous contre tous. Face à la publication d’un pamphlet ouvertement raciste comme Les Blancs, les Juifs et nous (Houria Bo*teldja, éditions La fabrique) qui voudrait tracer les grandes lignes du projet de la gauche gouvernementale comme radicale tout en lançant des appels du pied aux dieudonnistes, les réactions sont d’une rareté et d’une timidité étonnantes. De fait, ce bréviaire de la « lutte des races » qui prône la soumission des femmes et l’ostracisation des homosexuels dans les communautés, la haine viscérale du juif, « chouchou de la République » et l’hypothèse négationniste comme finalité stratégique ne choque déjà plus grand monde.
Cet ouvrage s’inscrit dans une perspective simple : contrer la tentative de réimplantation et de promotion des logiques raciales, philoreligieuses, communautaristes et identitaires avançant sous pavillon antiraciste et déblayer le terrain pour enfin ouvrir des possibilités de perspectives subversives et révolutionnaires.
Sommaire
Avant-propos
• Une question de mots ?
Introduction
• Fusiller Hazan ?
Une Soirée de printemps chez les racialistes
• La race, comme si vous y étiez !
Intersections
1 • Le libre choix de la race
2 • « Eux » les juifs, « chouchous de la République »
3 • Être l’homo du PIR, ou ne pas être – Un ultimatum
4 • Appellistes et racialistes : mariage blanc, mariage de raison ou mariage d’amour ?
5 • Le messie sera-t-il racisé.e ? Un Segré bien gardé
6 • Être ou ne pas être « décolonial » ?
7 • Non-blancs, racisés, décoloniaux… Et Nous, les Algériens
Se frayer un chemin dans l’ignominie
• « Les Blancs, les Juifs et nous », un parcours de lecture
Postface
• A propos de tous ceux qui considèrent qu’ils n’ont rien à voir avec le PIR mais s’appliquent à en utiliser les catégories et la novlangue
Annexe
• Jusqu’ici tout va bien ?
+
https://nantes.indymedia.org/articles/50901
Article refusé.
Comment Publié : le mercredi 28 juin 2017 à 22:33 par modo
Trollage confusioniste.
Les amis de Juliette et du printemps semblent avoir du temps à perdre à faire passer pour « identitaires » « racistes » toute personne qui diffuse des textes qui ne lui reviennent pas
nous on a autre chose à faire que faire des enquêtes de purisme des auteurs de la Fabrique qui publie bien ce qu’elle veut. et faire un raccourci « PIR, LMSI, BDS, CRAN » est assez puant.
Pour faire court, les « anti-racialistes » ne sont pas les bienvenus sur indymedia nantes.
https://nantes.indymedia.org/articles/38096
Dans une tribune au « Monde », vingt intellectuels réagissent à l’article « La gauche déchirée par le racisme antiraciste », publié dans le supplément « Idées » daté samedi 10 juin.
TRIBUNE. Dans le supplément « Idées » daté samedi 10 juin, Jean Birnbaum consacre un article au « malaise croissant dans le mouvement social » face à « l’usage militant des notions comme la “race” ou l’“islamophobie” ». Il y rapporte des propos tenus ici ou là sur les Indigènes de la République et, au-delà, sur l’antiracisme décolonial et politique. Dans ces allusions, une nouvelle fois, Houria Bouteldja est la cible privilégiée des accusations les plus insensées, qui sont autant de calomnies : racisme, antisémitisme, homophobie… Il semble décidément que ses contempteurs n’aient pas lu son livre Les Blancs, les Juifs et nous [La Fabrique, 2016], se soient arrêtés à son titre sans le comprendre ou à quelques extraits cités à contre-emploi.
LA QUANTITE DE MELANINE PRESENTE DANS NOS PEAUX, TOUTE DERISOIRE ET ARBITRAIRE QU’ELLE SOIT, NOS ORIGINES, CULTURES, RELIGIONS OU NON, LA LONGUE HISTOIRE DE LA COLONISATION, CREENT DES PRIVILEGES ET DES DOMINATIONS, CONSCIENTES OU NON
L’ouvrage de Pap Ndiaye, La Condition noire [Calmann-Lévy], paru en 2008, n’avait pas fait couler tant d’encre amère. Tout au contraire, il avait été érigé en force intellectuelle du moment. Il montrait que la couleur de peau constitue dans nos sociétés un facteur de différenciation, de disqualification sociale et de discrimination. Il contribuait par là à articuler classe et race, après des décennies marquées par l’illégitimité du sujet. L’accueil chaleureux réservé dans les médias à Pap Ndiaye pourrait-il s’expliquer parce qu’il parlait de Noirs ? Pourtant, s’il y a des Noirs, c’est nécessairement qu’il y a des Blancs. Les Blancs veulent rarement être nommés tels, n’entendent pas voir ce que renvoie ce miroir. Ce ne sont là que des constructions historiques et sociales, mais elles pèsent. Les ignorer empêche de les combattre. La quantité de mélanine présente dans nos peaux, toute dérisoire et arbitraire qu’elle soit, nos origines, cultures, religions ou non, la longue histoire de la colonisation, créent des privilèges et des dominations, conscientes ou non. Houria Bouteldja le décrit avec évidence : « A niveau social équivalent, il vaut toujours mieux être blanc ».
Dans son livre important, complexe et tiraillé, Houria Bouteldja évoque ses propres déchirements comme indigène et Blanche ou, plus précisément, « blanchie » : des poètes et écrivains l’avaient dit aussi, Damas, Césaire, Fanon, tant d’autres. Elle évoque avec pudeur son sentiment d’humiliation devant ses parents qui « faisaient trop pauvres, trop immigrés » ; notre honte est que cette honte soit possible. Son attachement au Maghreb est relié aux juifs qui y vivaient, dont l’absence désormais crée un vide impossible à combler ; il laisse l’auteure « inconsolable ». Et cependant, ses détracteurs enchaînent les contresens comme des perles empoisonnées. Si nous ne nous retrouvons pas dans tous ses arguments ni dans toutes ses positions, ce déchaînement nous est insupportable.
L’antiracisme politique ne se résume nullement à Houria Bouteldja ; ses représentant.e.s peuvent parfois être en désaccord avec tel ou tel de ses choix. Mais ce qui est visé à travers la violence des attaques qui la ciblent, c’est l’antiracisme politique dans son ensemble, c’est-à-dire toute tentative de s’organiser et de lutter pour en finir avec l’oppression. La haine qu’Houria Bouteldja suscite est à la mesure de son courage. Courage de secouer nos bonnes consciences quand nous préférons oublier ce qu’accorde le fait d’être Blancs, ici, en Occident. Courage d’évoquer le combat quotidien des femmes racisées et la lutte des féministes décoloniales. Refus résolu et pour jamais de verser dans l’essentialisme de « l’homme indigène », qui masque si opportunément les violences faites aux femmes partout dans nos sociétés.
Dans le livre d’Houria Bouteldja, « Vers une politique de l’amour révolutionnaire » n’est pas un sous-titre de coquetterie ni une lubie d’éditeur : c’est un appel criant à quitter nos entre-soi, à déserter nos cloisonnements et nos endiguements
Ce n’est certainement pas là une substitution de la question raciale à la question sociale : c’est un croisement, une intersection comme le disent les sciences sociales. Aucune lutte n’est secondaire : le front uni est nécessaire. Il passe par la reconnaissance de toutes les oppressions. Dans le livre d’Houria Bouteldja, « Vers une politique de l’amour révolutionnaire » n’est pas un sous-titre de coquetterie ni une lubie d’éditeur : c’est un appel criant à quitter nos entre-soi, à déserter nos cloisonnements et nos endiguements. Comment peut-on ne pas voir que c’est tout l’opposé d’une guerre ? L’auteure s’adresse aux prolétaires, aux paysans, aux chômeurs, aux laissés-pour-compte, aux « sacrifiés de l’Europe des marchés et de l’Etat ». Elle se tourne vers la gauche, en particulier cette gauche radicale qui aspire à un tout autre monde. Elle veut faire front commun. Elle en appelle enfin à une histoire dénationalisée et déracialisée ; comme l’écrivait C. L. R. James à propos de ses aïeux, lorsque lui aussi s’adressait aux Blancs : « Ils sont mes ancêtres, ils sont mon peuple. Ils peuvent être les vôtres si vous voulez bien d’eux. »
Une telle pensée, qui travaille les catégories existantes pour mieux s’en échapper, est en avance sur son temps, décalée dans son époque. Elle dérange, choque, indigne qui veut lire trop vite et condamner sans procès. Ce ne sera pas la première fois qu’une telle discordance des temps est à l’œuvre : les révolutionnaires, les marxistes, les libertaires, les féministes l’ont toutes et tous éprouvée. Ce combat revient à se délester de nos catégories ; il commence par une prise de conscience. Notre émancipation est à ce prix.
Par Ludivine Bantigny (historienne), Maxime Benatouil (co-président de l’Union juive française pour la paix), Judith Bernard (metteure en scène et journaliste), Déborah Cohen (historienne), Christine Delphy (sociologue et militante féministe), Annie Ernaux (écrivaine), Fabrice Flipo (philosophe), Isabelle Garo (philosophe), Eric Hazan (éditeur et écrivain), Stathis Kouvelakis (philosophe), Philippe Marlière (politiste), Dominique Natanson (co-président de l’Union juive française pour la paix), Olivier Neveux (universitaire), Ugo Palheta (sociologue), Geneviève Rail (universitaire, Simone de Beauvoir Institute and Womens Studies, Canada), Catherine Samary (économiste), Michèle Sibony (Union juive française pour la paix), Isabelle Stengers (philosophe), Julien Théry (historien), Rémy Toulouse (éditeur).
https://nantes.indymedia.org/other_medias/39976
Cette obsession du troll sur Charlie Hebdo, les indigeno-decoloniaux de Bouteldja et les racialistes ou gogo-islamistes n’a PAS de rapport avec cet article
Les obsessions du troll islamophobe et anti-racialiste sur Juliette et autres racistes avérés n’ont rien à voir avec ce texte.
Ni même avec Indymedia, qui est a priori antiraciste. Il y a des médias d’extrême droite pour ça !
Alors, j’ai pas lu les commentaires, tous aussi minables les uns que les autres.
Occupez-vous de vos oignons, au lieu d’essayer de régenter ce que pensent les autres ! Vous aimez pas les croyants, particulièrement les musulmans, eh bien tant pis, à moins de tous les brûler ils continueront d’exister et faudra faire avec !
Vous aimez pas les athées, idem que j’ai écrit avant.
Et que celui qui ne croit en rien lève la main … parce qu’entre celui qui croit en la révolution, celle qui croit en la science ou au progrès, celui qui croit en l’amour, ou je ne sais quoi d’autre, croire en un dieu, aussi imaginaire et réconfortant, ou terrifiant qu’il soit, c’est pas pire ! Donc sortez la tête de vos guidons idéologiques bande de dogmatiques !
L’Autre existe, et existera toujours … aujourd’hui c’est l’athée ou le musulman qui vous obsède, demain ça sera l’homosexuel ou l’hétéro, après-demain ça sera le végan ou le bouffeur de viande, y aura toujours quelqu’un qui ne pense pas comme vous, et que vous ne tolérerez pas, que vous transformerez en monstre ou en cible …