Tout ça pour ça
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Catégorie : Global
Thèmes : IslamophobieMédiasRacisme
On peut considérer qu’une caricature assimilant une religion à des assassins, et bien que je sois favorable aux provocations, ne permet pas d’évacuer la question de phobie qui peut y être ressentie, vous savez cette pensée dominante actuelle dans les médias et dans les tendances politiques représentées en France, pas besoin de vous faire un dessin, nous sommes tous contre le racisme, enfin pas tous quand même ça se verrait.
Mais bon, il y a eu un attentat, donc on doit évacuer cette remise en question tout de suite, je vais être traité de sale révisionniste ou je ne sais quoi. Il y en a certains qui se croient purs, et qui veulent cocher toutes les cases du politiquement correct certainement, noble entreprise.
Je ne vois en effet ici pas de lutte contre des puissants, des tartuffes, des dictatures, ici on dénonce au mieux le terrorisme ou la violence, mais l’amalgame annule toute portée universelle au dessin.
L’Islam ne saurait être en effet limité aux usages des pays qui représentent la majorité des musulmans, le premier est l’Indonésie par exemple, ces pays ne brillent pas par l’avancement des droit humains, et c’est un euphémisme, et finalement ignorer cet aspect actuel des choses et dire « décidément ils sont pas comme nous » et faire autant d’amalgames idiots que pour chaque fait divers en banlieue est-ce bien raisonnable.
Bon cela dit, est-ce bien nécessaire de polémiquer outre mesure ? Car on tombe dans le « je suis Charlie » ou « vous êtes un terroriste », au choix, c’est simple, non ? Bravo donc à la provocation, cela donne l’occasion de rappeler que si Hara Kiri était d’une irrévérence poétique, celle de Charlie l’est de manière polémique.
Donc oui à la liberté de ne pas apprécier une ligne éditoriale, et d’acheter ou pas un journal, de critiquer ses méthodes et la qualité d’information qui en ressort, le tout sans être traité de fou de dieu ou je ne sais que anathème laïque, si vous me pardonnez l’expression.
Personnellement j’apprécie les caricatures et le dessin en général et je pense que Cabu aurait croqué cette France des beaufs soudainement Charlie sans rater Riss au passage, on est pas au même niveau quand même et c’est cela qui me fait le plus mal.
https://blogs.mediapart.fr/ami-jacques/blog/010920/tout-ca-pour-ca
Tout un symbole : le directeur de Charlie Hebdo, Riss, à tous les dîners du CRIF. Laurent Sourisseau, alias Riss, dessinateur, directeur de publication et actionnaire (à 70%) du journal Charlie Hebdo, un hebdomadaire qui se présente systématiquement comme un journal anticlérical et hostile à TOUTES LES RELIGIONS, SANS DISTINCTION.
La dérive de Charlie Hebdo, racontée par Acrimed :
Charlie Hebdo et nous
L’attentat commis contre Charlie Hebdo par des djihadistes se revendiquant d’Al Qaïda au Yemen, les soutiens que le journal a reçus – dont le nôtre – et les réactions multiples flirtant parfois au concours du plus consensuel [1], du plus cocasse [2] ou du plus radical [3], sont une occasion pour nous, Acrimed, de revenir brièvement sur nos rapports avec l’hebdomadaire.
L’histoire, on commence à la connaître, débute en 1992 [4] quand Charlie Hebdo renaît de ses cendres plus de dix ans après sa disparition, faute de lecteurs. Une (bonne) partie de l’ancienne équipe relance le journal derrière Philippe Val et Cabu. Durant sept années, Charlie Hebdo combat le Front National [5], devient compagnon de route d’Attac et contribue à relayer la critique des médias. Philippe Val rédige un article à la gloire de l’essai de Serge Halimi, Les nouveaux Chiens de garde, Luz se moque chaque semaine de Bernard-Henri Lévy, le journal soutient le film « Pas Vu Pas Pris » de Pierre Carles, Charb conçoit l’affiche de « Enfin pris ? » du même réalisateur, etc. Pour faire simple, même si nos styles différaient, nous étions proches de Charlie Hebdo.
À partir de 1999, les rapports se tendent : une partie de l’équipe du journal soutient l’intervention militaire au Kosovo, ne voyant pas le matraquage médiatique qui est fait… Puis surtout, l’hebdomadaire est en train de devenir « le journal de Philippe Val ». Même s’il ne fait pas l’unanimité au sein de la rédaction, ses prises de position (soutien de Daniel Cohn-Bendit, rapprochement avec Bernard-Henri Lévy, défense du « oui » pour le Traité constitutionnel européen…) ont un écho retentissant dans les médias [6], et Acrimed, Le Monde Diplomatique, PLPL [7] et l’Observatoire Français des Médias – OFM – (qui n’existe plus aujourd’hui) deviennent ses cibles occasionnelles.
Ainsi, Philippe Val se charge de l’épuration de l’Observatoire Français des Médias après avoir considéré Internet comme « la Kommandantur du monde ultra-libéral ». Entre-temps, l’autoritaire rédacteur en chef avait interdit à ses dessinateurs de faire des piges dans le journal satirique CQFD. Lentement, l’ancien comparse de Patrick Font est devenu le porte-parole systématique et tonitruant des barons des médias, et affirme, sans complexe, que « la critique radicale des médias est l’alliée du grand capital », tout en multipliant les bourdes navrantes sans s’excuser…
Comme nous l’écrivions en 2008, « la normalisation du journal s’accompagne d’une réorientation de la ligne éditoriale. Celle-ci prend pour cibles prioritaires l’islamisme et le mouvement de contestation de la mondialisation libérale, généreusement amalgamés. Cette dérive a été renforcée avec l’arrivée en force de Caroline Fourest et Fiammetta Venner, toutes deux en lutte contre « l’islamo-gauchisme ». » Prenant souvent des libertés avec les faits, le duo contribue, en 2009, à une virulente campagne de pures calomnies contre Jean Ziegler. L’absence de déontologie de Fiammetta Venner est même sidérante. Nous pouvons relire, par exemple, la façon dont, en 2004, elle lance une rumeur au sujet de la prétendue venue de Youssef al-Qaradhawi, un « théologien qui approuve les attentats kamikazes et veut en finir avec les juifs », au Forum Social Européen. Fiammetta Venner, toujours animée par cet amour de la vérité, affirme même l’inconcevable : que Acrimed a pris « fait et cause pour Meyssan »… Sans preuve, évidemment.
Avec « l’affaire » des caricatures de Mahomet (8 avril 2006), l’hebdomadaire s’est retrouvé au cœur d’une polémique houleuse sur la liberté d’expression, sur la portée et l’opportunité de cette publication, puis de débats récurrents sur l’islamophobie voire le racisme supposés de Charlie Hebdo. Sur ces questions, divisant parfois la gauche et même la gauche de gauche, il était difficile à une association comme la nôtre de prendre une position qui fasse consensus – s’agissant en particulier d’évaluer le sens d’un dessin satirique.
Un fait, cependant, méritant une condamnation sans ambiguïté, a marqué notre rapport critique à l’égard de l’hebdomadaire : le licenciement abusif de Siné… Durant l’été 2008, le dessinateur a été renvoyé pour des propos prétendument antisémites. Nous avions soutenu Siné face à Philippe Val en dénonçant aussi les petites lâchetés de Charb, Gérard Biard et Bernard Maris dans la gestion de cette affaire…
À travers Charlie Hebdo, c’est surtout les prises de position de Philippe Val que nous pointions du doigt, et son départ pour France Inter (mai 2009) a contribué à nous désintéresser de l’hebdomadaire satirique : le Charlie Hebdo des années 2010 avait perdu de sa superbe, il n’était qu’une pâle copie de celui de 1992, et n’avait rien à voir avec celui des années 70.
***
En définitive, malgré notre éloignement et nos critiques, nous gardons en mémoire les places qu’ont occupées dans l’histoire de la presse les dessinateurs Cabu et Wolinski. Ils étaient les deux derniers survivants des premiers Hara Kiri (Willem, Delfeil de Ton ou Siné encore vivants, les ont rejoints plus tard)… Nous n’oublions pas non plus le ton acerbe et longtemps sardonique de Charb, qui, pour certains d’entre nous, avait été un ami [8]. Enfin, Oncle Bernard (Bernard Maris), Honoré et Tignous, avaient, durant des années, accompagné nos combats au sein du mouvement altermondialiste.
Désormais, nous relirons Charlie Hebdo… et, le cas échéant, nous le critiquerons.
https://www.acrimed.org/Charlie-Hebdo-et-nous
Iceberg, voile et jambon : à propos d’un éditorial de Charlie Hebdo
https://www.acrimed.org/Iceberg-voile-et-jambon-a-propos-d-un-editorial
Charlie, « bêtes et méchants », ou juste « cons, racistes et pas drôles »?
https://blogs.mediapart.fr/macko-dragan/blog/250817/charlie-betes-et-mechants-ou-juste-cons-racistes-et-pas-droles
La victoire idéologique de Charlie Hebdo
http://cqfd-journal.org/La-victoire-ideologique-de-Charlie
Halim Mahmoudi : je suis dessinateur de presse et je ne suis pas Charlie.
http://contre-attaques.org/magazine/article/halim-mahmoudi
voila un drôle de pseudo :
Pour le droit au blasphème contre Charlie !
ha que oui on doit tout critiquer,tout passer au crible de la raison et tout,tout,tout lire.
mais ce dont a été victime « charlie » ce n ‘est pas un blasphéme c ‘est un massacre,une exécution de la presque totalité de la conférence de rédaction,une fusillade avec plus de 10 morts !!
pour avoir écrit !!
alors je suis du coté de ceux qui pensent et écrivent en homme libre.
Tu vas quand même pas nous accuser d’avoir buté l’équipe de Charlie pour blasphème ?
Les critiques de Charlie existaient AVANT le massacre, et elles sont toujours d’actualité quand on voit la récupération qui en est faite par ses continuateurs avec l’encensement de toute la France bien-pensante.
Charlie était un journal raciste et sexiste avant 2015 et il l’est encore plus aujourd’hui, il n’y a qu’à voir les déclarations de Riss et de la classe politique unanime. Le droit au blasphème s’applique aussi bien à Charlie qu’aux caricatures que publie Charlie, et le massacre n’a rien à voir avec ça. Il sert juste d’alibi aujourd’hui pour empêcher toute critique de Charlie, devenu intouchable et protégé de tout blasphème, réservé aux autres.
https://lmsi.net/Charlie-Hebdo-l-imposture
http://cqfd-journal.org/La-victoire-ideologique-de-Charlie
Si spartacus avait lu les articles de critique de Charlie il aurait vu que JAMAIS Charlie n’est accusé de blasphème, mais de RACISME et de SEXISME !
Voici de l’anticharlisme primaire et nul (charlie hebdo est critiquable ) de la part des islamogauchistes allié.e.s des islamistes (et vice versa ) !
Petit Aylan*, sache que je ne suis plus Charlie, depuis le 13 janvier 2016
Dans une caricature, parue le 13 janvier 2016 dans l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo** (le numéro 1225), Riss – le directeur de publication et, avec ses 70% d’actions, actionnaire largement majoritaire du journal – a dépeint le petit Aylan à l’âge adulte, en supposant qu’il ait survécu et grandi, comme un agresseur sexuel, à l’exemple des harceleurs sexuels de la gare de Cologne, le soir du 31 décembre 2015.
La meilleure réponse à ce dérapage, je l’ai trouvée dans l’émouvante oh ! combien belle, subtile et juste « Lettre ouverte à Charlie» de Tania Hadjithomas Mehanna que je reproduis ci-dessous et qui contient, effectivement, les raisons de ma décision de ne plus être Charlie, à compter du 13 janvier 2016, et cela, après une magistrale description du blues, des états d’âme et du combat acharné des démocrates du Monde arabe, aujourd’hui :
« Peu importe qui je suis. Juste te dire Charlie que je suis libanaise. C’est à dire jongleuse, funambule, équilibriste. Cela fait presque 50 ans que j’essaie d’établir un équilibre très incertain entre extrémisme et ouverture, entre religion et laïcité, entre modernisme et conservatisme entre arabité et occident. Je fais le grand écart. Je fais le dos rond. Je croule sous les bombes. Sous la corruption. Sous les influences de merde. Je survis. Je rêve …d’un monde meilleur. Je crée des soupapes de vie. Je m’essaie à la politique. J’abandonne la politique. Je me remets en question. Je cherche mon identité. Je descends dans la rue. Je proteste. J’écris. Je lis. J’essaie de définir des choses. J’essaie souvent de les redéfinir. Je subis. Parfois j’implose. Parfois j’explose. Mais jamais jamais je ne vais vers les extrémismes qui pour moi représentent la mort. Alors quand on a voulu te tuer Charlie, j’en suis tombé malade. Tuer la liberté ? Cette liberté de pensée, d’expression qui m’avait fait tenir depuis que je suis née dans cette zone géographique si compliquée ? Jamais ! Alors, j’ai affiché mes couleurs. J’ai pleuré avec toi. Je suis descendue dans la rue pour toi. Et j’ai dit haut et fort que jamais personne ne me fera plier. Que j’avais le droit de dire ce que je voulais. Que la censure ne passera pas. Que les imbéciles qui veulent me museler et te museler ne savent pas à qui ils ont affaire. J’ai frimé. Mais j’y croyais. Et ceux qui sont venus te tuer Charlie sont exactement les mêmes qui essaient de faire de moi ce que je ne serais jamais. Alors Charlie ? mille fois Charlie. Mais là, ta caricature du petit Aylan dont je connais très bien les souffrances parce que c’est mon voisin tu vois, elle m’a beaucoup déboussolée. Et là j’ai compris que la haine t’a atteint. Tu vois Charlie, la différence entre toi et moi aujourd’hui, c’est que moi depuis que je suis enfant je suis confrontée à cette haine et que, même si je peux aussi être sarcastique, je n’ai jamais laissé ces cons haineux envahir mon espace de pensée. Bien sûr que en tant que libanaise, je suis souvent dans la provocation, mais jamais dans la haine. Et là tu vois, d’un dessin, de quelques traits de crayons, tu m’as montré que tu n’as rien compris. Ils t’ont tué. Ils t’ont inculqué leur haine et leur façon unique de penser. Je te pensais plus intelligent. Je suis déçue et triste de voir que tu n’as plus de respect même pour ta liberté. Aylan est parti parce qu’il voulait être libre. Aylan est mort parce qu’il voulait être libre. Tu es mort parce que tu voulais être libre. Alors ? Aylan est ton dessin aujourd’hui. Ton outil pour quoi ? Faire sourire? Continuer à vivre ? Faire vendre? Etre libre ? Tu n’as rien compris Charlie. Et c’est dommage. Parce qu’à un moment, on a eu les mêmes ennemis. Mais aujourd’hui c’est toi aussi mon ennemi Charlie ».
Talentueuse et cinglante réponse du syro-palestinien Hani Abbas à Charlie Hebdo parue sur sa page Facebook*** :
Que reste-t-il à Riss pour réparer les dommages provoqués par son dessin ?
Il est contenu dans ma réponse à un commentaire sur ce billet, à savoir :
Je vous avoue que je suis encore choqué par cette caricature. Je me mets à la place du père d’Aylan dont j’ai rapporté la réaction dans un commentaire, réaction parue sur le lien ci-dessous, père, unique survivant de toute une famille, qui a vu disparaître ses deux enfants et leur mère dans des conditions horribles. Non, ici, il n’est pas question de liberté d’expression, ni d’humour au premier, deuxième ou nième degré, ni de racisme, ni de xénophobie, ni d’islamophobie,…., ni de je ne sais quoi encore : il est simplement question d’humanité, des souffrances d’un père qui a pleuré en découvrant le dessin de Riss insultant de façon ignoble et nauséabonde la mémoire de son enfant, conséquence de son humour indécent, offensant et humiliant, prenant le cadavre du gamin comme objet de sa caricature grotesque et inconvenante. Riss a déconné, Riss a choqué, Riss a fait souffrir ce père, Riss n’a pas respecté la dignité d’un décédé et de sa famille. Il ne lui reste qu’une seule chose à faire pour réparer les dommages provoqués : s’excuser dans le numéro de Charlie à paraitre demain; lui, le chevalier de la défense de la liberté d’expression et de la presse qui n’a même pas daigné condescendre, du haut de ses 70% d’actions et du génie de son crayon, à répondre à cette presse, plus précisément à l’AFP, qui l’a sollicité pour l’interroger sur la controverse suscitée par son dessin (voir le lien ci-dessous).
http://mobile.lesoir.be/1095559/article/actualite/monde/2016-01-16/dessin-charlie-hebdo-fait-pleurer-pere-d-aylan
Salah HORCHANI
* Voir mon poème intitulé « À Aylan », paru sous le lien suivant :
https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/100915/aylan
** Voir, par exemple :
http://rue89.nouvelobs.com/2016/01/15/aylan-reponse-assassine-dun-dessinateur-palestinien-a-charlie-hebdo-262844
***https://www.facebook.com/photo.php?fbid=768555399915913&set=a.105342092903917.6206.100002843806538&type=3&theater
passage en modé à priori