Post-confinement : le retour des milices?
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Vendredi 6 mai, la commission des loi a approuvé une proposition de députés LREM visant à donner plus de pouvoir aux « gardes particuliers ». Sur fond de prolongement de l’Etat d’urgence sanitaire Christophe Castaner avait déjà annoncé l’élargissement des pouvoirs des « agents de sécurité assermentés » dans les transports -pour contrôler le port du masque notamment, mais la possibilité donnés aux « gardes particuliers » de contrôler « certaines règles de déconfinement » et de distribuer des amendes est un pallier supplémentaire. Cet amendement a d’ailleurs été déposé par le député Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du RAID, la police d’élite contre le banditisme. Plusieurs députés d’opposition de gauche ont dénoncé le « retour des milices ».
Qu’est ce qu’un « garde particulier » ? Il s’agit d’un agent de sécurité nommé par un propriétaire. La loi dit que « toute personne physique ou morale, ayant un droit de propriété ou de jouissance a le droit de nommer un garde particulier chargé de surveiller ses biens. » Ces agents ont l’autorisation de se promener avec « une arme de chasse ». N’importe quel châtelain ou personne possédant du foncier peut avoir son ou ses gardes, et ainsi constituer sa petite milice personnelle. Le fait que l’Etat offre des pouvoirs de police à ce type de milice privée marque une évolution vers une militarisation toujours plus grande de la société. L’amendement devra être confirmé par les parlementaires dans l’hémicycle lors de l’examen de la prolongation de l’état d’urgence.
Emmanuel Macron prônait il y a quelques mois une « société de vigilance ». Les mots ont un sens. Lorsqu’il s’agit de sécurité, il fait écho aux « vigilantes » qui apparaissent dans les villes du Far West à la fin du 19ème siècle. Il s’agit de milice qui rendent la justice avec férocité, et de façon expéditive. Le « vigilantisme » désigne depuis le fait d’exercer la loi « en dehors de toute procédure judiciaire légale », sous une forme privée. Avec la possibilité pour des « gardes particuliers » privés d’exercer la loi, c’est la porte ouverte vers un tel imaginaire.
Sur le continent américain, on voit proliférer des quartiers baptisés « gated communities », ces « communautés fermées », c’est à dire des quartier homogènes socialement, habité par des populations aisées, fermés par des enclos et protégés par des barbelés, des caméras, et du personnel privé. En France, des « résidences fermées » sur le même modèle commencent à apparaitre. On imagine facilement de telles zones gardées par des agents aux pouvoirs hybrides, entre vigiles et policiers.
Les inégalités s’accroissent sur fond de crise sanitaire, la police se militarise, et les gouvernements donnent de plus en plus de pouvoir aux milices. Avec de telles évolutions, le monde d’après finira-t-il par ressembler à une dystopie capitaliste faite d’enclos sécuritaires et sanitaires protégés par des gardes privés qui disposeront de pouvoirs de police ?
Une source : https://www.huffingtonpost.fr/entry/plan-de-deconfinement-la-creation-de-milices-privees-inquiete-a-gauche_fr_5eb3f445c5b6526942a2b4e9?ncid
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