Inde : une épuration ethnique qui ne dit pas son nom
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeRacisme
Il y a un an exactement, Modi, le sinistre Premier ministre indien avait déjà mis le pays dans la rue quand il s’est attaqué aux droits syndicaux (lire AL de février 2019). Depuis décembre des mouvements de protestation éclatent de partout pour empêcher que la dernière infâmie du Bharatiya Janata Party (BJP) ne se réalise et prive de leurs droits les ressortissants musulmanes de trois états indiens et ne poursuive le travail d’humiliation de cette communauté, qui représente 14?% du pays.
En décembre 2019, le gouvernement indien a amendé le CAA, une loi précédente de 1955 facilitant l’accès à la citoyenneté indienne aux immigré·es afghans, pakistanais, bangladeshi, pourvu qu’ils soient hindous, jain, chrétiens, sikhs…Tout sauf musulmans. Cette loi s’adosse au National Registry of Citizens (registre national de citoyenneté, NRC) mis en place en Assam (Nord-est du pays) en 1951 et récemment réactivée visant à recenser les citoyens d’origine indienne pour les distinguer des immigré·es venus des États voisins.
Il s’agit maintenant de priver de droits toute une population. Terre de forte immigration, l’Assam a développé un nationalisme agressif ciblant Bengalis et Bengladeshi musulmanes et musulmans principalement. Massivement sans papiers, évidemment surexploités dans les plantations de thé assamais, ils ne connaissent d’autre foyer que l’Inde. Deux mille d’entre ceux que le secrétaire général du BJP appelle des « ?termites? », ont déjà été assassiné·es par l’Assam Movement. Ce sont déjà 1,9 millions de personnes qui tombent sous le coup de ces dispositions dans le seul Assam. C’est-à-dire autant de personnes menacées de devenir apatrides et d’être dirigées vers des camps de détention proprement horrifiques, et ce, indéfiniment puisqu’il n’existe aucun accord de rapatriement avec le Bangladesh.
Le CAA crée le périlleux précédent d’une citoyenneté fondée sur l’appartenance religieuse. Avec le NRC, Modi veut expérimenter un instrument d’hindouisation massive, applicable ailleurs dans le pays et dont le projet est déjà prévu.
Arme d’hindouisation massive
Selon son habituelle stratégie, le passage en force législatif s’additionne toujours d’actions d’intimidation par milices fascistes interposées. Ainsi, l’université Nehru de Delhi a-t-elle été attaquée par des nervis d’un syndicat étudiant Rashtriya Swayamsevak Sangh (organisation patriotique nationale, RSS) issu du BJP et faisant une trentaine de blessé·es. Ainsi, le nombre de lynchages est-il en forte progression depuis l’arrivée de Modi au pouvoir. Tacitement encouragés et systématiquement impunis, ils visent, outre les musulmans, les intouchables et les minorités ethniques. Ainsi la suspension il y a un mois du statut spécifique du Cachemire, majoritairement musulman et sa mise sous blackout médiatique.
On sait la vigueur du mouvement social indien, sa capacité à mobiliser en nombres impressionnants. Les États du Kerala, Bengale, Penjab ont déjà décrété qu’ils n’appliqueraient pas le CAA. Groupes de femmes aux rond-points, manifs à répétition, organisations Dalits (intouchables, hors castes) solidaires des musulmans de Delhi, blocages, actions syndicales… Mais aussi? : une répression féroce, l’attaque de l’université musulmane de Delhi par la police, vingt morts, plusieurs milliers d’arrestations, des biens saisis… À l’heure de mettre sous presse, le mouvement n’a pas cessé de s’étendre et de s’enraciner… Curieusement, les exemples que citent les journaux indiens pour encourager à tenir sont, le Chili et… la France en lutte? : « ?ne pas céder aux offres réformistes mais se battre? ».
https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Inde-Une-epuration-ethnique-qui-ne-dit-pas-son-nom
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