Se souvenir qu’il y a 75 ans, Auschwitz était libéré et que le monde découvrait effaré l’ampleur de l’extermination, est indispensable. Qu’un raciste comme Trump, un dictateur comme Poutine viennent célébrer cette mémoire au pays de l’apartheid, aux côtés des dirigeants israéliens qui continuent de commettre des crimes contre l’humanité, c’est une injure à nos morts.

Les victimes d’Auschwitz étaient étrangères au sionisme, idéologie très minoritaire parmi les Juifs à cette époque. Elles n’aspiraient pas au suprématisme. Elles n’avaient pas comme horizon l’expulsion des Palestiniens de chez eux ni la continuation de leur martyr 70 ans après. Leur rendre justice c’est construire un monde fait d’égalité, de justice, de respect, de vivre ensemble. C’est à dire le contraire de ce qu’a construit Israël : entre Méditerranée et Jourdain, la moitié de la population est palestinienne et les Palestiniens y sont sur leurs terres ancestrales. Ils connaissent quotidiennement l’enfermement, les assassinats ciblés, les destructions de maison, les confiscations de terre, les enfants arrêtés, les prisonniers torturés.

De quel droit l’État d’Israël capte-t-il la mémoire du génocide nazi ? Ce génocide est un crime européen. Les dirigeants sionistes de l’époque du génocide ont souvent eu un comportement honteux, ils ne représentent pas la résistance juive au nazisme. Comment accepter que Nétanyahou, qui déclarait il y a peu qu’Hitler ne voulait pas tuer les Juifs et que c’est le grand mufti de Jérusalem qui lui en a soufflé l’idée, puisse présider une cérémonie sur Auschwitz ?

La honte de cette cérémonie aura été couronnée par la déclaration du président Macron : « nier Israël comme État, c’est de l’antisémitisme ».

Une fois de plus, Monsieur Macron piétine le droit international en soutenant inconditionnellement un État qui bafoue ce droit quotidiennement depuis 72 ans. Israël se définit comme un État juif dans lequel les non-juifs sont juridiquement inférieurs. Et Monsieur Macron feint d’oublier que cet État s’est constitué sur la base d’une conquête coloniale et d’un nettoyage ethnique prémédité.

Nous n’accepterons jamais que la mémoire de nos mort.es soit récupérée pour justifier des crimes. Par fidélité à leur mémoire, nous continuerons de défendre de toutes nos forces les droits du peuple palestinien, seule façon de faire vraiment nôtre le cri : « que cela n’arrive plus jamais ! ».

La Coordination nationale de l’UJFP, le 24 janvier 2020

http://www.ujfp.org/spip.php?article7645