Cellule autonome féministe : pour le feu derrière les cellules!

Nous ne voulons pas seulement publier des communiqués liés à des actions, mais aussi partager les processus et les idées qui nous préoccupent, en tant que réseau et que groupe. Nous voulons montrer que nos actions ne sortent pas du rien, mais font partie d’une interconnexion et d’une pratique communes. Nous voulons être palpables, ne pas nourrir quelque abstraite élite-activiste que ce soit., mais plutôt nous montrer comme des êtres humains. Des êtres qui doutent, désirent, qui rient et rêvent ensemble.

Nous voulons cette fois vous emmener vers un canyon dans lequel nous nous trouvons en ce moment, et où nos aspirations se heurtent à la réalité. Nous voulons partager avec vous nos contradictions et nos fantaisies, malgré les risques répressifs en arrière-tête. Nous ne voulons pas laisser l’État de la surveillance toujours plus totalitaire nous empêcher de mettre nos pensées en mots; nous ne voulons pas nous taire, mais au contraire ne pas cesser de crier, rester présentes, pleines de joie et en colère, oser ensemble le plongeon dans l’eau froide – bien que nous ne sachions pas tout ce qui nous attend.

#La réalité est tellement plus complexe que toute planification

En tant qu’individues dans le contexte des cellules autonomes féministes, nous sommes liées par des exigences de praxis féministe et anti-autoritaire, d’échange qui ne soit pas uniquement associé à des actions (entre autre, créer un espace pour les incertitudes, les peurs et les utopies), le désir aussi bien d’une planification à long terme que d’une réflexion riche, ainsi que l’exigence claire d’un regard critique sur les hiérarchies internes, accompagné d’une sérieuse confrontation individuelle et collective pour voir comment les déconstruire. Cependant, la froide et sifflante réalité ne cesse de se mettre en travers de tout cela, si bien qu’en pratique tous ces désirs et ces exigences semblent en rester au stade des idées, pour finir, malgré les tentatives et notre meilleure volonté, laissés de côté.

L’écriture de ce texte permet déjà de desserrer l’étau. Après des jours à avoir envie de le faire, un échange réel et passionnant a eu lieu, mais juste après, le cours du quotidien nous a remis sur ses rails et ce texte est de plus en plus devenu un « reste encore à écrire », au lieu d’un « yeah, et si on le terminait ». Quelle est cette réalité que nous vivons là en boucle continue? Qu’est-ce qui fait qu’en pratique nous ne posons pas nos priorité comme nous en avions l’intention?

#Courir constamment derrière la réalité

Pour notre projet, il y a toujours vraiment beaucoup à faire et toutes ces tâches – de cuisiner jusqu’à s’occuper du matériel – prennent souvent plus de temps que prévu. La plupart du temps, ce n’est pas de notre fait, par exemple lorsque le magasin de bricolage où l’on choure développe soudain sa surveillance ou lorsque les pommes-de-terre pour le repas du soir en commun ne veulent simplement pas cuire. Mais cela va de pair avec une énorme pression temporelle liée au peu de temps que nous prenons ensemble et que nous nous donnons pour les actions, l’échange et tout ce qui va avec.

Mais c’est aussi lié à la pression dans un sens capitaliste, où il ne s’agit manifestement que de fournir rapidement la prochaine action géniale et encore plus géniale, tout en faisant les structures de dix autres groupes. Nos socialisation, et le modèle de pensée qui va de pair, mènent à des comportements et à des décisions adoptés (in)consciemment, qui conservent le statu quo destructeur, au lieu d’annuler une action de manière offensive ou de trouver le temps de passer le couvercle adéquat à la personne dans la cuisine pour ces patates de merde.

#Bien-être vs. action?

Pour se mettre en action ensemble, on a besoin de confiance réciproque. On a besoin d’espace pour les sentiments et les peurs, pour rester capables d’agir à long terme en tant que groupe. Et nous nous sommes retrouvées pour créer cet espace et ne pas seulement jouer les dures activistes. Et oui, c’est ce que nous sommes en train de faire, nous écoutons nos besoins et nos soucis respectifs. Mais nos modèles indiquent en permanence une autre direction. Ainsi, la pression temporelle fait que « l’action » est encore vite planifiée pour que l’on puisse partir comme prévu dans la nuit. Et les désaccords humains entre nous sont ignorés. Le lendemain, nous nous retrouvons assises en cercle émotif à gerber sur cette dynamique. Cela semble tellement stupide de constater sans cesse que nous nous en retrouvons au même point.

# Éternelle auto-critique

Oui, les exigences que nous avons dans notre manière d’être ensemble et de réaliser des actions sont terriblement hautes dans un monde traversé par la pression de la performance capitaliste et la pensée de l’efficacité, et où un nombre incroyable de choses vont de travers. Malgré tout, les exigences, les désirs et les utopies que nous portons dans notre pratique commune ne peuvent pourtant pas en rester au stade de simples ébauches. Malgré tout, nous voulons grandir au travers des dynamiques difficiles et les briser – non pas seulement en parler de manière grandiloquente, mais les aborder sincèrement.
Notre liste de tous les points critiques, en tant que groupe et qu’individues, est encore longue. Et tout cela pourrait donner maintenant lieu à une plainte sans fin, mais hey, en tout cas nous continuons à avancer et si nous n’écrivons pas les rires, il y en a finalement plein.

#Continuer en équilibre

Au lieu de nous éreinter avec nos imperfections, au lieu de continuer à nous optimiser de force selon une logique de croissance capitaliste -contre laquelle nous luttons en réalité -, nous pouvons tout simplement respirer un peu. Nous pourrions voir l’état où nous sommes pour ce qu’il est. Un état ni parfait, ni statique. Mais il n’est pas obligé d’en rester là, c’est un processus dans lequel nous apprenons à faire des erreurs et où nous continuons à nous développer. Nous n’en sommes qu’aux débuts et tout est en cours. Bien-sûr, la peur est là que les prises de responsabilité inégales et d’autres dynamiques de groupes critiques se créent et se solidifient. Mais non, prendre tout de manière détendue ne nous amènera pas non plus où nous voulons aller avec notre pratique et nos actions.

Trouver un équilibre supportable, juste trouver quelque chose qui ressemble à un équilibre, ne cesse d’apparaître comme impossible – OK, appelons ça un défi. Il reste ainsi beaucoup de questions ouvertes et de morceaux, et nous allons continuer comme ça. Mais il maintenant temps de manger. Nous restons critiques et essayons d’être bien pour et avec nous-mêmes, et de continuer à tenir en équilibre, du feu dans les mains et dans les cœurs.

Salut et bise,

une cellule autonome féministe

https://de.indymedia.org/node/52556

Attaquer les acteurs de la formation autoritaire – une voiture Bosch brûle

Dans la nuit du samedi au dimanche premier décembre 2019, nous avons mis le feu à une voiture de la grande entreprise Bosch à Hambourg, dans la rue Gustav-Falke-Straße. Cherchant en permanence à se présenter comme l’amical fabricant de perceuses d’à côté, le trust Bosch est profondément impliqué dans l’industrie de sécurité et de surveillance et travaille toujours plus en collaboration avec l’industrie de l’armement. Bosch le formule de la manière suivante: „Quels que soient les besoins de votre sécurité, Bosch a une réponse » – nous avons aussi une réponse! Et c’est : résistance enflammée contre la sécurité des autoritaires. C’est la deuxième attaque d’une cellule autonome féministe (FAZ), dans le cadre d’une campagne contre la formation autoritaire.

La suite du communiqué peut être lue en allemand ici : https://de.indymedia.org/node/51974