Succès pour la manifestation de soutien à georges abdallah
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétention
Le Collectif Palestine Vaincra, le Secours Rouge International (sections belge, italienne et suisse), les Revolutionäre Jugend Zürich et de nombreuses organisations françaises étaient présents. Vendredi, une soirée de soutien organisée par le Collectif Palestine Vaincra avait réuni 120 personnes à Toulouse. Georges Abdallah, communiste libanais et combattant pour la Palestine, entamera sa 36e année de prison dans quelques jours.
Reportage de France 3 Midi-Pyrénées sur la manifestation annuelle à Lannemezan devant les portes de la prison où est détenu Georges Abdallah qui a rassemblé plus de 500 personnes.
http://www.ujfp.org/spip.php?article7441
Article déplacé en rubrique globale.
Intervention de Pierre Stambul à Toulouse le 18 octobre 2019 au meeting « Résister c’est exister ! » pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah
D’abord c’est pour moi un grand honneur d’être invité à prendre la parole dans cette soirée pour la libération de Georges.
J’évoquerai ici un seul aspect du déni absolu de justice que représente la détention honteuse de Georges depuis 35 ans : la situation en Palestine.
Utiliser le terme de « conflit » pour parler du Proche-Orient, c’est accepter le mot de l’ennemi. Il s’agit bien d’une guerre contre le peuple palestinien qui a commencé il y a un siècle. On dit parfois que Palestine/Israël c’est une question compliquée. En fait non. Il y a un occupant et un occupé. Le crime fondateur de cette guerre, c’est le nettoyage ethnique prémédité de 1948-49 : la plupart des Palestiniens ont été expulsés de leur propre pays, tout retour leur a été interdit et l’occupant s’est acharné à détruire leurs villages et à effacer leurs traces.
L’idéologie sioniste qui a prémédité et réalisé ce forfait est une idéologie colonialiste et raciste. L’État qu’elle a construit est un État d’apartheid. Le suprématisme juif qui est devenu la règle rappelle les heures les plus sombres de l’apartheid en Afrique du Sud ou dans le Sud des États-Unis.
Le peuple palestinien depuis plus de 70 ans est un peuple de réfugiés.
L’occupant a fragmenté la Palestine en autant de statuts de domination.
Occupé, expulsé, enfermé, discriminé, bombardé, le peuple palestinien résiste. Il s’acharne à continuer de faire société, il reste digne. Il continue d’exiger des choses simples : la liberté, l’égalité et la justice, ce qui signifie bien sûr le retour des réfugiés palestiniens. Il nous appelle à rejoindre le BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) contre l’État d’Israël.
Chasser les Palestiniens et voler leurs terres ne suffisaient pas à l’occupant. Dès 1978 puis en 1982, il envahit le Liban. Cette occupation, qui durera plus de 20 ans, sera accompagnée de destructions massives et de crimes contre l’Humanité comme les massacres de Sabra et Chatila où l’occupant israélien et ses complices phalangistes se sont répartis les tâches. Les troupes israéliennes occuperont le Sud Liban, y installeront leurs collabos et essaieront d’installer un gouvernement fantoche à Beyrouth avec l’aide des impérialistes états-uniens et français qui ont envoyé leurs troupes.
C’est le contexte de l’engagement des FARL (Forces Armées Révolutionnaires Libanaises). Georges n’est pas palestinien mais libanais. Il a fait partie de la résistance à l’envahisseur sioniste et s’est engagé dans le FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine).
Il n’a jamais cessé de considérer que la résistance palestinienne est essentielle. Il a toujours lié l’indispensable révolution à la résistance palestinienne. En 35 ans de prison, par ses écrits et ses grèves de la faim en même temps que celles des prisonniers palestiniens, cette solidarité ne s’est jamais démentie.
À l’Union Juive Française pour la Paix, nous ne sommes pas palestinien.nes. Nous nous sommes engagés pour les droits du peuple palestinien parce que le crime se fait en notre nom et parce que, dans ce soutien, se posent toutes les questions essentielles : le refus du colonialisme, de l’apartheid, du racisme et de la participation active des gouvernements occidentaux à cette entreprise criminelle. C’est sans doute cette proximité dans l’analyse du rôle central de la résistance palestinienne qui explique notre engagement sans faille pour la libération de Georges.
Quand je rencontre Georges l’été dernier, je lui dis (il le savait) que l’UJFP est favorable au « vivre ensemble dans l’égalité des droits », en Palestine comme en France. Et que, pour nous, le sionisme n’est pas seulement criminel contre le peuple palestinien. Il est aussi suicidaire contre les Juifs/ves.
Il me dit que si la défaite du sionisme se traduisait par un exode massif, alors on aurait perdu. Je partage totalement cette idée.
Un dernier point : l’emprisonnement est un outil essentiel de l’occupant contre la Palestine. Depuis 1967, 800 000 Palestinien.nes ont connu la prison. L’occupant arrête les enfants, même très jeunes, utilise massivement la détention administrative, isole les détenus et a officialisé la torture.
Toute ressemblance avec la scandaleuse détention de Georges par l’État français depuis 35 ans alors qu’il est libérable depuis 20 ans n’est évidemment pas fortuite.
http://www.ujfp.org/spip.php?article7435
Cher·e·s Ami·e·s, cher·e·s Camarades,
Des années, des très longues années, et c’est toujours la même émotion et surtout la même détermination en écho à votre mobilisation solidaire.
Aujourd’hui, à l’aube de cette 36e année de captivité, certainement vous n’êtes pas sans savoir quelle force et quel enthousiasme votre rassemblement m’apporte ici dans ces sinistres lieux.
Par delà ces barbelés et ces miradors qui nous séparent, nous voici toujours ensemble, résolument debout face à cette nouvelle année qui s’annonce déjà pleine de luttes et d’espoirs.
Votre solidarité, votre mobilisation dans la diversité de votre engagement, me font chaud au coeur…En fait, tout au long de ces décennies passées, elles ne m’ont jamais fait défaut Camarades. Ceux qui misaient sur l’essoufflement de votre élan solidaire en sont pour leurs frais.
Vous savez, ce n’est pas si simple d’affronter le quotidien mortifère derrière les barreaux quand on y est depuis une “petite” éternité. Et si l’on arrive à se tenir debout tout au long de ce parcours, c’est aussi, faut-il le souligner, grâce à ces diverses initiatives solidaires que vous avez su développer un peu partout tout au long de ces décennies…
Il est inimaginable Camarades, de pouvoir affronter durant des années la politique d’anéantissement dont font l’objet les protagonistes révolutionnaires incarcérés, sans la mobilisation solidaire assumée tout particulièrement sur le terrain de la lutte anticapitaliste/anti -impérialiste. C’est justement sur le terrain de cette lutte que l’on peut, et que l’on doit, apporter le soutien le plus significatif à nos camarades embastillés. C’est toujours ensemble, dans la diversité de l’expression solidaire, que l’on peut et que l’on doit faire avancer la mobilisation en assumant toujours plus le terrain de la lutte réellement en cours.
C’est certainement dans la dynamique globale de la lutte en cours que toute initiative solidaire permet aux camarades incarcérés de transcender leurs conditions de détention et de s’inscrire effectivement dans le mouvement en tant que protagonistes révolutionnaires opérant dans les conditions spéciales qui sont les leurs.
À mes côtés ici, de valeureux camarades basques résistent toujours, et depuis tant d’années. L’aménagement des peines ainsi que la “suspension de peine pour raison médicale” leurs sont systématiquement refusés. En appel on vient de refuser la demande de libération conditionnelle au Camarade Xistor, après plus de 30 ans d’incarcération ! Papon a profité de la suspension de peine pour raison médicale. Par contre le Camarade Ibon Fernandez est toujours en prison en dépit de son état de santé et de l’avis de plusieurs experts médicaux…
Certainement Camarades, nul besoin de s’attarder longtemps sur les diverses arguties judiciaires pour expliquer le refus de libérer tel ou tel prisonnier ; c’est toujours au niveau des instances politiques que l’on décide de la place et du poids du rituel judiciaire, du moment où il est question des prisonniers politiques.
Sans se bercer de douces illusions Camarades, quant à ma situation, il y a encore “beaucoup” à faire pour amorcer une issue favorable. Comme vous le savez, il ne suffit pas que l’État du Liban “exige” ou plutôt “demande” ma libération, il faut encore que le rapport de force réellement existant puisse faire comprendre aux représentants de l’impérialisme français que mon incarcération commence à peser plus lourd que les possibles menaces inhérentes à ma libération. C’est seulement dans ce cas que l’ordre de mon expulsion vers le Liban ne trouvera plus alors d’opposition. C’est pourquoi, cher·e·s Ami·e·s et Camarades, la solidarité la plus appropriée que l’on peut apporter à tout protagoniste révolutionnaire incarcéré, est celle que l’on développe toujours plus sur le terrain de la lutte contre le système d’exploitation et de domination.
Cher·e·s Ami·e·s et Camarades, la principale composante de la bourgeoisie arabe, en particulier celle de l’Arabie et celle du Golfe, s’est rangée sans fard dans le camp de l’ennemi sioniste sous la direction de l’impérialisme. La cause palestinienne travers un moment très difficile. Les masses populaires palestiniennes payent au quotidien un lourd tribut de sang et de privations de tous genres.
Nous ne pouvons pas être indifférents à l’endroit des masses populaires palestiniennes et des combattants de la Résistance qui s’opposent courageusement à la barbarie de la soldatesque sioniste et des hordes de colons dans des conditions particulièrement compliquées.
Nous ne pouvons pas être indifférents à l’endroit de nos camarades communistes et de nos camarades kurdes qui font face au régime fascisant d’Erdogan…
Tout naturellement les masses populaires palestiniennes, ainsi que leurs avant-gardes combattantes en captivité, peuvent compter plus que jamais sur votre solidarité active.
Que mille initiatives solidaires fleurissent en faveur de la Palestine et de sa prometteuse Résistance !
La solidarité toute la solidarité avec les résistants dans les geôles sionistes et dans les cellules d’isolement au Maroc, en Turquie, en Grèce, aux Philippines et ailleurs de par le monde !
La solidarité toute la solidarité avec les prolétaires en lutte !
Honneur aux Martyrs et aux masses populaires en lutte !
À bas l’impérialisme et ses chiens de garde sionistes et autres réactionnaires arabes !
Le capitalisme n’est plus que barbarie, honneur à tous ceux et toutes celles qui s’y opposent dans la diversité de leurs expressions !
Ensemble Camarades, et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons !
À vous tous, Camarades et Ami·e·s, mes plus chaleureuses salutations révolutionnaires.
Votre camarade Georges Abdallah
https://liberonsgeorges.samizdat.net/ses-declarations/declaration-de-georges-abdallah-a-loccasion-de-la-manifestation-du-19-octobre-a-lannemezan/