Mes luttes secrètes
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Contrôle socialPrisons / Centres de rétention
Lieux : 115
Oui j’aime en solo, sans aucun militant-e/*e à la ronde, aller dans des lieux d’enfermement qui ne
sont pas comme prisons et CRA les cibles classiques des luttes contre l’enfermement.
Un de ces lieux d’enfermement : les centres d’hébergement social d’urgence ou le 115 avec options
Chasse aux pauvres en préambule au 115
Un cocktail explosif de cas sociaux irréversibles (fous/folles/*/handi-e-*-s, SDF, toxicos,
alcooliques, ex-taulard/*es, femmes battues, sans pap-es/*es) sont relégués loin du centre-ville à
l’extrême périphérie, vide sidéral d’une ville moyenne, dans ce centre d’hébergement social
d’urgence : ici le 115 c’est 5 nuits maximum, également accueil de jour 7 sur 7 où le café se boit
froid, la douche crade, machine à laver payante. Disponibilité de 15 places d’hébergement
supplémentaires avec options « insertion sous calmants » ainsi que 3 places pour psychiatrisé-e-*s
avec médecin et infirmières attitré-es. La camisole chimique administrée par ce beau monde
diplômé est tellement ignoble qu’elle entrave la parole. 6 places pour femmes dont l’option
« femme battue » se fait cachetonner à donf par les sus-cité-es.
Cette lie c’est ma lie. T’as compris ?
Au sous-sol un chenil bien dégueu pour encager au nom de la loi chienn-es de SDF, plutôt pour les
dissuader de passer la nuit ici : « punk-e-*-s à chien-nes » interdits aussi. Un potager bio auto-géré
par les travailleur-ses sociaux destiné à travailler la terre ou à faire travailler des asociaux de toute
façon anti-candides de première. Le salon est doté d’une télé géante qui bouffe toute relation
sociale, zéro accès internet. La cuisinière antipathique qu’il faut vouvoyer réchauffe du Sodexo, suit
à la lettre un planning de service cuisine/ménage, travail collectif obligatoire sous peine de
sanctions. Puis des affichettes donneuses d’ordre : « Ne pas faire ci, ne pas faire ça. Faire ça comme
ça et ci comme ci » sans SVP ni merci.
Enfermement des pauvres au 115
Un centre d’hébergement social d’urgence avec des horaires de fermeture de midi à 14 et de 17 à 6
du matin, soit des portes fermées 15 heures sur 24h. Et des gens sont enfermés contre leur gré
derrière ses portes au moins 15h sur 24. D’ailleurs tout mon beau monde inadaptable est sur place
24 sur 24. Une dizaine de salarié-es œuvrent à leur enfermement.
Tri des pauvres au 115
Il ressort que certain-e-*-s pauvres se font enfermer dans ce centre du 115 et d’autres non, d’autres
encore passent au travers des mailles de ce filet. Par ce tri, non pas à « l ’admission » en
hébergement social d’urgence mais à l’enfermement social d’urgence, est ciblée une certaine
catégorie de pauvres, il va de soi, considérée par l’ordre existant comme un danger pour l’ordre
existant.
Le 115 : un laboratoire pour structures « ouvertes » d’enfermement ?
D’une manière plus générale, là où il y a un centre d’hébergement social d’urgence, un 115, il y a
volonté politique d’enfermer des pauvres pas encore géré-e-*-s en tant que tel-les car en dehors descircuits classiques de gestion/contrôle/rééducation/enfermement des pauvres historiquement
récalcitrant-es au travail.
Pour info : le 115 n’est ni réformable, ni extensible avec par exemple une augmentation des places
d’accueil (slogan récurent), cette structure liberticide est tout simplement à détruire.
Sédation des pauvres au 115
Donc mon but premier en tant que visiteuse de l’accueil de jour du 115 sera de ne pas me faire virer,
illico presto, de cette structure d’enfermement par les minables chefaillon-nes que sont les
travailleurs-es sociaux, répugnant à donner quelques miettes aux galérien-ne-*-s, matons de la
misère, flicaille pour freaks sans le sou, mornes bureaucrates qui prennent tout mon beau monde et
moi pour des êtres inférieur-e-*-s méritant le sort qui leur est consacré (la pauvreté), l’enfermement
qui leur est dû et la mise sous tranquillisants, contre-insurectionnelle.
Une fois n’est pas coutume, je ferai part de cette lutte certes en solo mais pas seule, car tout mon
beau monde d’ « inadapté-es » inadaptables ne rêve que d’une chose : foutre en l’air cette société !
Alors vas-y viens de ta dialectique validisto-spectaculaire des masses révoltées en gilet jaune chenil
de ta mort, cette lutte sera contre toi aussi.
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