« du radicalisme médiatique considéré comme un repas de famille »
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Médias
Ce n’est pas que, bien que pas très radicaux, ils sont tout de même accessibles, et aident « les gens » à réfléchir, ce qui devrait amener « les gens » vers des idées plus radicales : dès qu’ils ou elles sont présent-e-s, la question révolutionnaire est écartée d’emblée, le pas-très-radical est la condition de l’accès au débat public.
- Il n’y a là nul complot, nul frein mis à la diffusion des idées révolutionnaires. Outre que la possibilité concrète de la révolution ne sera évidemment jamais discutée à la télévision, les radicaux-médiatiques sont aussi la manifestation du fait que des masses de gens ne veulent pas de la révolution, ou sont mêmes incapables de la penser, non par manque d’imagination, par bêtise ou par lâcheté, mais parce que la lutte des classes telle qu’elle existe n’est d’abord, dans ses manifestations les plus courantes, que la défense des divers intérêts de classe tels qu’ils existent dans le capital. C’est-à-dire que la lutte des classes, dans la période où nous sommes, s’exprime toujours d’abord dans la langue de ce qu’on va appeler le réformisme, pour faire simple. On peut « adapter » les discours tant qu’on veut, on ne met pas dans la tête des gens des idées dont ils ne veulent pas. Nous n’avons aucun devoir à « conserver l’unité » d’un mouvement révolutionnaire qui n’existe pas. Si les intellectuels radicaux-médiatiques sont écoutés, c’est qu’ils traduisent la critique de cette société dans le langage même de cette société, c’est pour cela qu’ils peuvent être entendus. La révolution quant à elle n’est pas une idée, une opinion à laquelle il faudrait rallier le plus grand nombre, mais un dépassement, une rupture. Et à cette rupture, personne n’est prêt : on renoncera plutôt aux énergies fossiles qu’à la division de la société en classes (et plus probablement à aucun des deux).
Les intellectuel-le-s et politiques radicaux-médiatiques manifestent la limite de toutes les luttes et de toute critique, la limite est leur environnement naturel, c’est là qu’ils habitent et prospèrent en bon-ne-s petits parasites des luttes qui ne-sont-qu’un-début-continuons-le-combat, ou qu’un débat-continuons-le-début, comme ils elles aiment à fredonner plaisamment.
D’ailleurs ils elles adorent les luttes, ils elles ne seraient rien sans elles. Une usine qui ferme, bingo, c’est Ruffin qui fait un film. Pourvu que ça dure.
Ils elles excellent à se savoir du bon côté et à donner à tout le monde cette satisfaction d’être du bon côté, celui des pauvres et des opprimé-e-s. Et en prime, il y a l’allant de la révolte, le pied de nez aux institutions, et le plaisir du pavé lancé dans le potage du grand repas de famille qu’est l’opinion publique.
On s’engueule, mais au bout du compte on est toujours d’accord sur l’essentiel : l’Etat, la démocratie, le travail et le salaire qui est son juste prix, les riches-mais-pas-trop, la propriété évidemment, la famille sous une forme ou une autre.
Café, pousse-café, bisous, à dimanche prochain.
- Pour nous, les luttes ne sont pas un environnement douillet, une toile de fond destinée à mettre nos idées en valeur, elles sont le problème. Et si nous n’y sommes jamais complètement chez nous, même quand nous y participons, c’est que dans cette société il n’y a pas de place pour le communisme. Les questions que nous posons aux luttes telles qu’elles sont, nous les posons du point de vue du dépassement et de la rupture, du point de vue de ce qui craque, du point de vue des tensions et des déchirements, et ça n’est jamais confortable. Mais nous les posons aussi du point de vue de la situation telle qu’elle est, et des rapports tels qu’ils sont, c’est-à-dire d’une situation et de rapports de merde. Parce qu’en toute lutte nous savons avoir à faire à la société capitaliste. Pour le dire pompeusement, l’ennemi est en nous, il nous reproduit autant que nous le reproduisons. La critique que nous pratiquons ne construit pas des fronts unis, mais dévoile l’éclatement en une multiplicité de fronts et de conflits tels qu’ils apparaissent dans les sociétés de classes, précisément parce qu’elles sont des sociétés de classes, qui divisent les individus pour les réassembler selon leurs propres critères. Nous n’avons rien à valoriser qui soit déjà présent et tout à perdre de ce que nous possédons. Nous n’emballons pas nos productions théoriques dans le joli papier argenté des justes colères et des lendemains qui chantent pour aller les porter au marché des idées émancipatrices. Si nos idées ne sont pas à vendre, ce n’est ni par élitisme ni par fierté, mais parce que simplement, il n’y a ni marché ni acheteurs pour elles.
Mais son caractère public et accessible au plus grand nombre n’est pas le critère de jugement absolu et définitif pour ce qui est d’une production théorique : postulons avec un peu d’optimisme que son adéquation à la situation, et la capacité de la saisir au plus près, dans toutes ses contradictions, est le critère qui importe avant tout. Postulons aussi que ceux qui voudraient véritablement en faire usage, autrement que pour vendre des livres ou aller sur les plateaux télés, sauront en trouver la véritable utilité. Et n’oublions pas que les théories meurent avec les révolutions, comme tout le reste.
English translation by Ediciones inéditas.
Greek translation by In medias res.
On s’est de tout temps agacé, dans les milieux d’ultra-gauche, d’entendre une autre voix que celle des radicaux révolutionnaires donneurs de leçons désolés de n’avoir personne pour les suivre. A défaut d’avoir quelque chose à proposer, ils/elles font preuve d’un élitisme avéré en supposant que nos idées – les idées communistes et anarchistes, en gros – seraient leur chasse réservée et qu’elles ne pourraient pas sortir de leur cercle restreint.
Comme ils/elles ne participent à aucune lutte, ils/elles en sont réduits à faire les questions et les réponses pour placer leurs « analyses » de mouvements qui leur échappent. On n’a jamais vu sur Indymedia de textes faisant l’apologie des « Branco, Lordon, Ruffin et autres radicaux-médiatiques », mais qu’à cela ne tienne il suffit de faire comme si, car sinon comment avoir quelque chose à dire ?
Comme c’est dur de dénoncer un mouvement populaire sans le réduire à des leaders médiatiques que personne ne reconnait ! On ne les reconnait pas plus qu’on ne vous reconnait, il faut que ça soit dit.
cet article passe sur Rebellyon, Iaata, PLI etc sans trollage mais le premier commentaire est un modèle du genre
Sur la plupart de sites que tu décris les commentaires ne sont pas possibles, ou modérés avant d’être publiés, alors quoi d’étonnant si y’a pas eu de réponses ? C’est pas parce qu’elle te convient pas que c’est du trollage.