Nous ne paierons pas pour manifester

Le jeudi 9 mai 2019, une conférence de presse réunissant plusieurs collectifs organisateurs de manifestation s’est tenue à Genève pour dénoncer les frais d’émolument qui leur ont été délivrés. Les participant.e.s – Perce-frontières, Mouvement pour le climat, Solidarité Tattes, le Collectif 8 mars et la CGAS-SIT – dénoncent collectivement les nouvelles pratiques inadmissibles que l’État tente sournoisement de faire passer. A cette occasion, un texte intitulé « Nous ne paierons pas pour manifester », signé par de nombreux collectifs, associations, syndicats et parti a été remis. Genève ne deviendra pas une ville où manifester est un droit exclusivement destiné aux riches.

Depuis le début de l’année 2019, tou.te.s les organisateur.ice.s de manifestation, rassemblement ou piquet de grève ont reçu des factures d’émolument pouvant aller jusqu’à 800chf. Les pratiques restent pour l’instant fort nébuleuses. Il existerait deux types d’émolument : des frais inhérents au trajet emprunté par la manifestation [1] et des émoluments appliqués lorsque la demande se fait moins d’un mois avant la tenue de l’événement. Les grilles tarifaires ne sont pas claires et certains montants pourraient apparemment être négociés [2], mais l’application de ces nouvelles directives est dans tous les cas devenue automatique. Ce qui entraine des répercussions sur certaines décisions prises par les organisateur.ice.s. La manifestation du 8 mars par exemple a changé son parcours initial pour que les frais de Traceroute ne soient pas trop élevés. Que dire encore lorsque Solidarité Tattes qui a organisé un recueillement en soutien aux proches de Ali Reza [3] reçoit une facture de 500chf alors que l’urgence de la situation est indéniable ? Des syndicats aussi dénoncent le tournant pris depuis le début de l’année. Les pratiques et les demandes ont changé : menaces d’intervention ou d’émolument et déplacements des piquets de grève…

Leur message est clair : ne pas payer et ne jamais cesser de manifester.

Autant de raisons qui ont poussé les collectifs et/ou groupe présents ainsi que les signataires de la lettre reproduite ci-après à faire front pour que cesse ces nouvelles directives absurdes et arbitraires appliquées effrontément par le nouveau conseiller d’État en charge du département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES), Mauro Poggia. Les autorités tentent donc de faire taire les contestations, mais les signataires ne sont pas prêts à accepter ces pratiques. Leur message est clair : ne pas payer et ne jamais cesser de manifester. Cette lettre est la première étape pour être entendu, en parallèle Solidarité Tattes va très prochainement déposer un recours juridique qui sera, à l’avenir, suivi par tous les organisateur.ice.s signataires. C’est autant des réponses politiques que juridiques qui sont attendues.

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