Rencontre nationale contre la criminalisation des luttes
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Actions directesAntifascismeLuttes étudiantes/lycéennesMédiasMouvementQuartiers populairesRépressionResistances
Lieux : Paris
Nous, organisations nationales, collectifs, habitants de quartiers populaires, de territoires en luttes, Gilets jaunes, personnes impliquées dans des luttes migratoires, sociales, écologistes, paysannes, antinucléaires, n’avons plus peur des mots : la répression féroce contre le mouvement des gilets jaunes n’est pas une bavure, elle incarne un système.
279 blessés graves, 22 éborgnés, 5 mains arrachées, 1 personne décédée. 8 700 gardes à vue, 2 000 procès, 1 500 comparutions immédiates, 40 % de peines de prison ferme. Cette répression brutale était autrefois réservée aux quartiers populaires.
Maintenant, nous entrons dans un autoritarisme qui se généralise à toute la société…
Nos libertés publiques sont en danger, sous le coup d’un arsenal de lois toujours plus liberticides. La nouvelle loi « anticasseur » remet totalement en cause le droit de manifester. La séparation des pouvoirs vacille : l’autorité législative est dominée par une majorité parlementaire aux ordres. L’institution judiciaire est de plus en plus assignée à des fins de maintien de l’ordre. Le gouvernement cherche à asphyxier la contestation politique : quand la matraque ne suffit pas à disperser les foules, le marteau du juge prend le relais. La longueur des enquêtes et des procès gèle autant les luttes que le canon à eau.
À Bure, les opposants au mégaprojet d’enfouissement des déchets nucléaires ont essuyé en un an 60 procès, 28 interdictions de territoire et au moins 5 peines de prison ferme. 7 personnes sont mises en examen pour « association de malfaiteurs », placées sous contrôles judiciaires et interdites de rentrer en contact. À Briançon, parmi les 13 personnes poursuivies pour, notamment, « l’aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière », 9 sont condamnées à des peines de prison, dont 2 à 4 mois fermes. À Beaumont-sur-Oise, la famille d’Adama Traoré attend toujours que la cause réelle du décès de leur frère soit reconnue. Pendant ce temps, ses quatre frères sont emprisonnés et plusieurs personnes sont ciblées par des contrôles judiciaires. À Clermont-Ferrand, un rassemblement de soutien à Wissam el-Yamni, tué par la police en 2012, est annulé par la préfecture après une mobilisation des syndicats policiers.
La liste peut continuer longtemps. Des Gilets jaunes écopent de 6 mois de prison ferme pour avoir diffusé des appels à bloquer des raffineries sur Facebook, des élèves du lycée Arago sont fichés S, Médiapart a failli être perquisitionné, des paysans opposés à la ferme des Millevaches sont condamnés à payer 120 000 euros de dommages et intérêt, des syndiqués sont licenciés ou mis en examen pour leurs activités, les militants de Greenpeace prennent de la prison ferme pour la première fois depuis la création de l’association en France, les adhérents d’ANV COP21 enchaînent les gardes à vue et les perquisitions, de jeunes grévistes lycéens pour le climat sont placés en garde à vue parce qu’ils détiennent 3 kg de farine bio. Aucun foyer de contestation n’est épargné. Ces éléments s’additionnent et font système, nous donnent à voir ces « matins bruns » qui pointent à l’horizon.
Face à l’autoritarisme, nous appelons à faire corps et renforcer nos solidarités. Nous refusons de jouer le jeu de la division entretenu par un climat de guerre intérieure où des « intellectuels » vont jusqu’à appeler les policiers à se servir de leurs armes. Nous ne voulons plus laisser personne derrière, isolé·e face à la répression policière et judiciaire.
Il existe aujourd’hui en France des centaines de prisonniers politiques, de condamnés, de « délinquants » dont le seul crime est de lutter pour le droit à vivre dans la dignité, parce qu’ils ne s’en sortent plus, parce qu’ils veulent défendre des territoires. Condamnés, parce qu’ils luttent contre un système inégalitaire qui détruit les existences et ravage le vivant au nom du profit et du pouvoir. Condamnés, parce qu’ils ne sont pas nés avec la bonne couleur de peau ou le bon patronyme. Nous en exigeons l’amnistie, tout comme l’abandon du LBD 40 et des grenades offensives !
Pour faire barrage à ce régime liberticide, nous appelons à la constitution d’un large front commun contre l’autoritarisme et la criminalisation de la contestation, une alliance inédite de luttes de base et d’organisations plus larges. Ceci pour :
- Mettre en lumière les cas de violences judiciaires, qui se vivent à huis clos
- Fédérer les organisations, collectifs, personnes ciblées par la criminalisation, mieux nous connaître pour renforcer nos solidarités.
- Affirmer notre résistance commune
Dans cette perspective, nous appelons à la rencontre nationale « Ripostons à l’autoritarisme ! » le samedi 11 mai à Paris de 9h30 à 17h30, à la Bourse du Travail, salle Hénaff, 29, boulevard du Temple
Programme provisoire (plus de détails bientôt !)
Matinée : prendre acte de l’autoritarisme
9h30 : Accueil des participants
10h – 11h30 : Ouverture – Témoignages de l’autoritarisme et de la criminalisation. Avec des participants des luttes criminalisées : Comité Adama Traoré, Tous Migrants (Briançon), lutte de Bure, Gilets jaunes (Saint-Nazaire, autres groupes), lycéen·ne·s, un·e syndicaliste criminalisé·e, mouvement climat, etc.
11h30 – 12h30 : Violences policières et militarisation du maintien de l’ordre
Avec : des membres de l’Assemblée des blessé·e·s, le comité Justice pour Wissam. Autres intervenants à confirmer.
12h30 – 13h30 : État d’exception permanent, violences judiciaires, et criminalisation de la contestation.
13h30 – 14h30 : Pause repas libre
APRÈS-MIDI : Riposter à l’autoritarisme
14h30 – 16h45 : Plénière – Ripostons à l’autoritarisme !
En parallèle : ateliers et discussions thématiques en petits groupes.
16h45 – 17h30 : Conclusion et perspectives
Informations / contact : retrouversouffle@riseup.net
https://paris-luttes.info/ripostons-a-l-autoritarisme-12055
C’est logique que les luttes révolutionnaires soient criminalisées.
C’est pas contre la « criminalisation des luttes » qu’il faut lutter (ou « riposter »), c’est contre le pouvoir. Contre l’État, contre le capitalisme, contre les systèmes de domination.
En 1972, le MIL, groupe autonome révolutionnaire catalan, écrivait dans leur texte « Sur l’agitation armée »:
« On a beaucoup parlé de ‘lutte contre la répression’, tout en restant en position défensive et à mi-chemin, sans voir qu’il n’y a pas d’autre lutte contre la répression que l’insurrection généralisée. »
Autrement dit, plus nos luttes seront fortes et menaçantes, plus elles seront criminalisées par le pouvoir en place. C’est la logique même. Si l’on veut que nos luttes ne soient pas criminalisées, il faut rester calme, sage et soumis.
Mais pourquoi on resterait calmes quand tout est à renverser et reprendre depuis le début ?
que pour la première fois des beaufs racistes et autres militants nazis ont subi les violences de leurs semblables en uniforme (cf. p.ex. Fiorina Lignier)
Les personnes à l’origine de cette initiative auraient gagné à prendre en considération ce fait établi
« »C’est logique que les luttes révolutionnaires soient criminalisées. » » c ‘est vrai tout comme il est logique que nos manifs soient fracassées par le LBD aussi ….et donc puisque c ‘est logique faut pas lutter contre ???