Street medics nantes : compte-rendu acte xi
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Gilets jaunesRépression
Lieux : Nantes
Après une première tentative de sortir du schéma habituel dès le début de la manifestation en prenant rue de l’Arche Sèche, le cortège est bloqué par les forces de l’ordre.
Après un temps de flottement, premiers gazages cours des 50 otages. Une personne a vu son téléphone éclater dans sa main droite, par un tir de LBD.
Première charge de la BAC vers 15h45 boulevard Jean Philippot pour voler une banderole de tête, accompagnée de nombreux gaz et de tirs de LBD. Ces derniers ont touché de nombreux manifestants. On a vu au moins 6 blessés : tête, main gauche, abdomen, cheville droite, genou gauche, genou droit. La BAC vise partout.
Une manifestante a été passée à tabac par la BAC, et a reçu de nombreux coups de matraque, notamment un à la main. A noter la présence du vieux camion anti-émeute avec sa lance à eau, qui n’aura servi à rien d’autre que bloquer une ambulance de pompiers pendant de longues minutes.
Le cortège est séparé en deux. Une partie se fait gazer devant le Tribunal de Grande Instance, alors que l’autre monte des barricades avec les grillages du square Daviais, sous la menace incessante de la BAC et des Gendarmes Mobiles.
Après réunification et la crise de panique d’une manifestante âgée, le cortège évite le piège du pont Anne de Bretagne et s’engouffre vers les rues bourgeoises à l’opposé, dans le but de retrouver le centre-ville. Pourchassés par les forces de l’ordre et gazés régulièrement, les manifestants descendent la rue du calvaire et retrouvent cours des 50 otages un autre cortège en provenance de la croisée des trams.
L’ambition générale et déterminée de rejoindre la préfecture est anéantie par des gazages incessants en tir tendu, et des lancers à l’aveugle de grenades désencerclantes et GLI. Une personne est touchée au torse par un tir de LBD. Suite à de longs affrontements faisant des blessés – notamment tête, pied gauche et main – en raison des palets de lacrymo et des éclats de grenades, et pendant lesquels les policiers et gendarmes gazent plusieurs fois l’entrée d’une brasserie, le cortège est contraint de reculer. Au moins trois personnes auront été interpelées lors de cet événement.
Un feu est allumé à la croisée des trams, et des artifices sont tirés dans le ciel.
La nuit et la pluie s’étant invitées, les forces de l’ordre décident de sonner la fin de la récrée, noyant le centre-ville sous les gaz lacrymogènes. La BAC continue de rôder et de chasser les petits groupes d’irréductibles.
Nous dénombrons en tout au moins une cinquantaine de blessés, dont plusieurs orientés vers les urgences.
Ce bilan n’est pas exhaustif, surtout compte-tenu de la présence d’autres street medics et secouristes bénévoles qui ont apporté leur aide. Si vous avez des précisions ou d’autres témoignages, vous pouvez nous les envoyer en message privé.
Par ailleurs, nous avons noté ce samedi la présence d’une équipe de secouristes bénévoles en t-shirts blancs, visiblement les « Street MEDIC 22 ».
Le secourisme de manif n’est pas une compétition, ni en terme de nombre de prises en charge, ni en terme de popularité. Certaines attitudes de ce groupe nous ont particulièrement choqués.
Quand une personne est au sol, hurlant de douleur, touchée au torse, on ne dégage pas les medics qui la prennent déjà en charge pour la mobiliser, sans même vérifier que ça ne soit pas dangereux pour elle.
On ne coupe pas le cortège en plein milieu, accrochés les uns aux autres en meute, quitte à faire tomber des manifestants.
Ces méthodes sont dangereuses.
Quant à leur façon d’haranguer la foule pour se faire applaudir et de lever les bras en signe de victoire quand des gens les prennent en photo, nous trouvons cela plus que déplacé.
Merci donc de ne pas faire passer votre ego avant la sécurité des blessés quand vous faites du secourisme bénévole, et de ne pas faire preuve d’autoritarisme ni de violence envers les Street-Medics qui ne se déplacent pas en troupeau (ni envers qui que ce soit). Nous sommes tous manifestants.
Si nous soutenons évidemment les initiatives, individuelles comme collectives, de pratiquer du secourisme bénévole lors des manifestations des Gilets Jaunes (et les autres), nous déplorons ce genre de comportement déplacé et dangereux pour tout le monde.
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