Nantes acte xi : tenir la rue
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Gilets jaunes
Lieux : Nantes
A Nantes, la nouveauté tient dans la convergence nouvelle des différentes forces de lutte. Des syndicalistes ont pris part à une assemblée de Gilets Jaunes quelques jours plus tôt, et appellent à venir grossir les rangs de cette manifestation du samedi. C’est donc un vaste cortège en jaune fluo, en capuches noires et en chasubles rouges qui se retrouve à la croisée des trams. Un prélude vers une grève généralisée et un véritable rapport de force capable de faire vaciller le gouvernement ?
Ce sont donc des milliers de personnes qui s’élancent sur le cours des 50 Otages. Autour de 5000 au plus fort de l’après-midi. A peine le parcours démarré, les manifestants sont bloqués alors qu’ils arrivent vers la place Royale. Demi tour dans le calme, malgré les provocations policières.
Retour sur le parcours classique et balisé des manifestations. Cours Saint Pierre, le cortège de tête équipé de parapluies et de banderoles tente une vaillante avancée vers la BAC, au cri de « ahou ». Les miliciens cagoulés doivent reculer. Ils se vengeront plus tard. Mais pour le moment, la manif repart, plus déterminée que jamais. Passage devant la préfecture de plus en plus barricadée, ridicule. Des gendarmes tentent une charge dans le vide. Les manifestants préfèrent esquiver l’affrontement stérile. Mais le parcours semble verrouillé par les forces de l’ordre : impossible de remonter vers Talensac ou de défiler le long de l’Erdre.
Retour sur 50 Otages, le champ de tir favori de la police. Une escarmouche provoque un gazage démesuré. Affrontements. Le cortège se reforme à Commerce. Puis recule devant le CHU, où la police tire. Un blessé sérieux est secouru par un groupe de Street Médics, qui se retrouve visé à son tour ! Un groupe de manifestants fait bloc, bras en l’air. Il est gazé. La BAC en profite pour charger, voler deux banderoles, et tabasser un maximum de monde. 2 arrestations. La main d’une jeune manifestante est fracturée par un coup de matraque.
Reflux vers l’ouest de Nantes. La Place de la Petite Hollande est noyée sous les gaz. Dans le même temps, un manifestant est tabassé au sol par la BAC derrière la FNAC, et embarqué, le visage couvert de sang. Des barricades sont enflammées. Un bout de cortège parvient à traverser la Loire pour atteindre le tribunal. Les grilles qui entourent ce temple de l’injustice sont forcées. Mais la police arrive en trombe et noie la zone sous les grenades pour sauver l’édifice mortifère. Demi tour sur la passerelle qui enjambe le fleuve sous un déluge de gaz Le cortège se reforme, et remonte dans les quartiers les plus privilégiés : Guist’hau, Graslin, puis Place Bretagne. Il reste encore au moins 1000 personnes.
Jusqu’à la tombée de la nuit, des centaines de personnes tiennent le cours des 50 Otages. Car il s’agit de cela, puisque le gouvernement a suspendu le droit de manifester depuis des semaines : tenir la rue. Par tous les moyens, malgré l’évidente disproportion des forces en présence. Pour prouver que la lutte continue, que la résignation et la peur n’ont pas gagné. Une assurance est saccagée. Le Cours est littéralement jonché de centaines de cartouches lacrymogènes. Les rares manifestants qui ne s’éloignent pas immédiatement des policiers sont tabassés et arrêtés. Comme cet homme, seul, les bras en l’air en signe de pacifisme, qui reste au milieu de la rue. Il est frappé dans le dos et embarqué. Un feu est allumé à la croisée des trams. Puis des feux d’artifices.
La nuit est tombée. Les compagnie d’intervention et la BAC chargent à Bouffay, sous le regard médusé des passants. Les rues retrouvent peu à peu le calme autour de 19H. Il est temps d’aller partager un banquet sous les Nefs.
Au même moment à Paris, Jérôme, figure célèbre des Gilets Jaunes, est éborgné. Le début de campement Place de la République pour la « Nuit Jaune » est attaqué avec une violence inouïe par la police. De Bordeaux à Toulouse jusqu’à Evreux, la mobilisation de faiblit pas. Il manque maintenant une étincelle à ce mouvement pour franchir des étapes décisives : une grève générale, des occupations de place durables, la paralysie économique du pays.
La défaite n’est pas une option : si Macron l’emporte, les conséquences seront terribles pour tous celles et ceux qui aspirent encore à la justice.
Les samedis s’enchainent. De quoi faire du « beaux » spectacles, de belles photos, des deux cotés de la barricades, chacun.e y mettant ses images chocs et ses bons petits mots. En attendant le nombre de blessé.e.s s’accumule.
Le romantisme émeutier permettra-t-il d’enclencher en soi autre chose que plus de clicks et de like sur des pages facebook ? On en doute quand on entend les patrons, rassurés que pendant ce temps la production continue. Que des centre-ville soient perturbés une fois par semaine ne touche finalement pas tant que ça les portes monnaies du capital. La grêve générale, ah!, ouf!, c’est loin d’être au programme. Le reste de la semaine l’ordinaire peut continuer. Allez, laissons les se faire mutiler. Après tout, si les manifestations changeaient quelque chose, même les centrales syndicales n’en feraient plus.
Alors bon, tenir la rue juste « Par tous les moyens, malgré l’évidente disproportion des forces en présence (NDLR: sic!). Pour prouver que la lutte continue, que la résignation et la peur n’ont pas gagné » ca parait un peu court au prix du sang, sans aucune autres perspectives que refaire la même chose une fois par semaine. Ceci n’est clairement pas un programme (comme certains aiment faussement le prétendre), mais surtout encore moins une analyse de la situation qui aide à trouver des perspectives.
Y’a comme un arrière gout de loi travail 2016. On nous revend les mêmes prétendues insurrections tous les samedi, qui ne débouchent sur pas grand chose mais riment plutôt avec blessés et déceptions. Même le chien de pavlov avait certainement plus d’intelligence.
Quand on en est à se glorifier que des « ahou » couillus, avec les références militaristes et martyrisantes qui vont avec, font faire un repli stratégique à la BAC (en avouant qu’elle le fera bien payer plus tard), puis dans le meme paragraphe expliquer que plus tard les manifestant.e.s elleux « préfèrent esquiver l’affrontement stérile », il y a de quoi se questionner sur ce qu’on essaye de nous vendre. Double pensée ou marketing ? Seule l’histoire nous le dira…
Oui après tout on a qu’à arrêter les manifs à quoi bon?
Le truc c’est que, contrairement aux militants, les gjs ne veulent rien lâcher, malgré le « prix du sang », ils sont très courageux.
Sortir de ce schéma faudrait déjà que les camarades viennent prêter main forte et aider, en discuter dans et en dehors des manifs, y’a des moments pour ça hein (ag, banquet…) mais pour l’instant le « milieu » soit disant radical est juste totalement absent, se donnant toutes les excuses possibles pour en pas faire de taf avec les gjs. C’est sûr que les gj ne sont pas issues de vos milieux sociaux et politiques mais à quoi ça sert de se prétendre révolutionnaires si c’est pour rester dans son entre-soi « radical »? Vous restez marginaux sans aucun impact sur ce qui vous entoure alors que la situation est exceptionnelle depuis 2 mois…
Alors les donneurs de leçons virtuelles venez, vous verrez les gjs sont super chaleureux et accueillant et très curieux pour peu qu’on ne les dénigrent pas…
Y’a pas de différence entre un anar qui ne fait rien et un curé qui ne fait rien.
Faut aussi évoquer cette tentative de se coordonner horizontalement, sans chef médiatique, sur des bases de classe avec un contenu correct de 75 collectif de tout l’hexagone qui est en cours ce week-end…
ça peut changer le rapport de force….
Bin ouais mon gars, la révolution on n’y est pas encore. Mais plutôt que de nous chier des pavés indigestes sur l’absence de grève et de perspectives, on t’attend sur le terrain. Samedi soir les étudiants et NR ont fait un banquet, super initiative. Il y a des assemblées toutes les semaines. Qu’attends-tu pour venir faire des propositions et donner des rendez-vous aux gens ? Je reprends la formule tellement juste utilisée par le camarade plus haut ; « il n’y a pas de différence entre un anar qui ne fait rien et un curé qui ne fait rien ». En espérant te voir déterminé dans les moments à venir, plutôt que d’écrire des commentaires déprimés …