Une banderole anti-prison, des affiches à propos de la prison de la Santé et la réforme pénitentiaire, avec un infokiosque fourni, ont permis à beaucoup de monde de s’informer sur les orientations de la politique pénitentiaire en France.

Plusieurs camarades ont pris la parole, pour nous rappeler toutes les raisons de se mobiliser contre la prison de la Santé. Une prison qui sert de vitrine à l’administration pénitentiaire, qui se vante de réhabiliter un « monument historique », et utilise les médias de masse pour diffuser les prétendus progrès venus avec la rénovation. Ce qui comprend l’encellulement individuel subi, des serrures de portes dernier cri, une technologie pour brouiller les communications par portables et isoler les prisonniers.

C’était aussi l’occasion de dire un mot sur la réforme pénitentiaire, et le nouvel arsenal de répression qu’elle va fournir à l’État, avec comme principale mesure la construction de milliers de nouvelles places qui vont permettre d’enfermer toujours plus de personnes. Cela a aussi permis de rappeler que nous nous mobilisons contre toutes les formes d’enfermement : un appel a été fait pour une solidarité concrète et matérielle en action avec les prisonnier.e.s des centres de rétention de Vincennes, du Mesnil Amelot, de Oissel et de Sète qui sont en grève de la faim.

Des membres de la commission prison d’Act-Up ont pris la parole pour faire un rappel sur les conditions de détention dramatiques pour la santé, l’accès aux soins étant presque inexistant. La prévalence des hépatites virales et du VIH était 6 fois plus importante en prison que dehors en 2010. L’impact sur la santé mentale est aussi catastrophique, le taux de suicide en prison est très élevé.

Après ces interventions, on s’est engagé dans une manif sauvage le long des murs de la taule : on a crié le plus fort possible nos slogans anticarcéraux (« Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons », « Les prisons en feu, les matons au milieu », « À bas l’État, les flics et les prisons », « Liberté ») sur le boulevard Arago, devant le centre de semi-liberté : certains des gars à l’intérieur nous ont bien entendu.e.s, et nous ont fait signe !

Malheureusement, les flics se sont vite bougés et nous ont bloqué l’accès à la rue de la Santé, avec 10 camionnettes de CRS. On a fait demi tour, d’autres CRS se sont mis en position pour bloquer l’accès à l’entrée du centre de semi-liberté. 100m plus loin, c’était les baqueux qui nous attendaient. Face à des flics plus nombreux que nous, nous nous sommes vite dispersé.e.s, mais on peut quand même se féliciter de les avoir fait flipper, et peut-être d’avoir un peu facilité la tâche de nos camarades Gilets Jaunes dans d’autres quartiers de Paris !

 

Intervention d’un Gilet jaune lors du rassemblement anticarcéral devant la Santé le samedi 12 janvier 2019

Lors du rassemblement contre toutes les taules qui s’est tenu devant la prison de la Santé, plusieurs prises de parole ont eu lieu. Voici la retranscription de l’une d’entre elles.

« Lors du mouvement des Gilets jaunes, depuis le 17 novembre 2018, la police a blessé, mutilé et tué, avec en moins de deux mois au moins une personne morte à Marseille, quatre mains arrachées par des grenades, près d’une quinzaine de personnes éborgnées par des flashballs ou des grenades, et plusieurs centaines de blessé·e·s [1].

La police fait son sale taf, comme d’habitude, en plus intense.

En complément de la police, la Justice se fait expéditive et enchaîne les condamnations pour stopper un mouvement que le gouvernement lui-même considère comme “insurrectionnel”. Entre le 17 novembre et le 17 décembre, près de 220 personnes ont été incarcérées dans différentes prisons de l’Hexagone [2]. Depuis, des dizaines d’autres s’y sont ajoutées.

La Justice fait son sale taf, comme d’habitude, en plus intense.

Face aux discours cherchant à nous diviser entre gentils Gilets jaunes et méchants casseurs, ne nous laissons pas diviser. La diversité de nos moyens d’action fait notre force.

La répression et la prison nous menacent, comme elles pèsent sur tous les mouvements subversifs. Face à la peur qu’elles cherchent à susciter en nous, ne lâchons pas l’affaire et exprimons notre solidarité avec toutes les personnes emprisonnées dans le cadre de la répression anti-Gilets jaunes comme avec toutes les autres personnes enfermées, incarcérées, quelles que soient les raisons.

Car la prison sert avant tout à maintenir le pouvoir en place et à faire taire les rebelles.

Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons. »

 

https://paris-luttes.info/rassemblement-contre-la-11338
https://paris-luttes.info/rassemblement-et-manif-sauvage-11511
https://paris-luttes.info/intervention-d-un-gilet-jaune-lors-11504