Pourquoi briser des vitrines ?
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Catégorie : Global
Thèmes : RacismeResistances
Pourquoi casser ou briser des vitrines ?
Tout d’abord, comme d’autres l’ ont déjà dit, la destruction de biens est une tactique efficace. Depuis le Boston Tea Party jusqu’aux manifestations contre le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce en 1999 à Seattle, la destruction de propriétés privés a été un élément essentiel de nombreuses luttes. Il peut faire pression sur les oppresseur.euse.s ou les punir en portant un coup à leur portefeuille. Il peut mobiliser de potentie.lle.s camarades en démontrant que le pouvoir n’est pas invincibles . Cela peut forcer à parler de problèmes qui autrement seraient ignorés – nous n’aurions certainement pas de débats “nationaux” sur le racisme, les classes sociales et le maintien de l’ordre sans les actes courageux de quelques vandales à Ferguson. Enfin, il traduit un rejet sans compromis de l’ordre dominant, Ouvrant un espace dans lequel les gens peuvent commencer à imaginer les choses autrement .
Les accusations de destruction de propriétés ne font pas bon genre sur un CV ou lors d’une campagne pour le conseil municipal, mais c’est peut-être une plutôt bonne chose. Cela signifie que le vandalisme politique est généralement un acte désintéressé – et même dans le cas contraire, il se doit d’être sa propre récompense. Il y a plus de raisons de se méfier des arrière-pensées des activistes rémunéré.e.s et des politicien.ne.s en herbe que de remettre en question les motivations des vandales. Cela explique peut-être pourquoi les activistes et les politicien.e.s les critiquent.
Les vitrines représentent la ségrégation.
Ce sont des barrières invisibles. Comme tant de choses dans cette société,elles offrent simultanément une vision de ce que devrait être « une bonne vie », tout en y empêchant l’accès. Dans une économie en voie de polarisation, les vitrines défient les pauvres avec des produits qu’iels ne peuvent pas se permettre d’acheter, un statut et une sécurité qu’iels ne pourront jamais atteindre. Pour des millions de personnes, les aliments sains, les médicaments et les autres biens dont iels ont besoin, représentent tout ce qui les sépare de la classe sociale supérieur, un gouffre qu’iels ne franchiront pas au cours d’une vie de dur labeur, un gouffre représenté par un centimètre de verre.
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- Casser une vitrine, c’est contester toutes les frontières qui traversent cette société : noir et blanc, riches et pauvres, inclus et exclus. La plupart d’entre nous sont devenus habitués à toute cette ségrégation, considérant ces inégalités inévitable, comme allant de soi. Briser des vitrine est une façon de briser ce silence, de remettre en question la notion absurde que la construction sociale du droit de propriété est plus importante que les besoins des gens autour de nous.
Selon un argument réactionnaire, les vandales saccageraient « leur propre quartier », mais c’est une façon malhonnête de parler de celleux dont le nom n’apparaît dans aucun document. En effet, lorsque les promo.teurs.trices parlent d’améliorer ces quartiers, ce dont iels parlent signifie l’expulsion de facto de la population actuelle. Le problème à Ferguson et partout ailleurs n’est pas que l’économie ait été interrompue ; le problème est le fonctionnement quotidien de l’économie en elle-même. Dans une société axée sur le profit, plus les pauvres travaillent et paient de loyer, plus iels seront pauvres par rapport à celleux qui profitent de leur travail – c’est comme ça que nait le profit. Il est malhonnête de blâmer ici la victime , comme si davantage de soumission aurait produit un résultat différent. Dans un système pyramidal, il faut que des gens forment la couche la plus basse et, depuis la colonisation des soi-disant Amériques, cela a toujours été synonyme de noir.e.s et de basané.e.s.
Comme d’autres l’ont souligné , la colonisation, la gentrification, l’incarcération de masse et les assassinats par la police sont, toutes, des formes de déplacement et d’effacement. Nous nous sommes habitués à des perturbations aussi incessantes que dramatiques des environnements dans lesquels nous vivons – dans la mesure où ce sont les capitalistes et la police qui en décident, et non les pauvres. Cela normalise une relation d’aliénation avec le paysage urbain, de sorte que des quartiers entiers peuvent être embourgeoisés et remplacés sans que personne ne fronce le sourcil. Il normalise un système social qui ne s’est lui-même imposé sur la terre qu’au cours de ces deux derniers siècles, faisant en sorte que le mode de vie le plus insoutenable jamais pratiqué semble intemporel et éternel. Le vandalisme démontre que la disposition actuelle de l’espace urbain et le système social qui le détermine sont interdépendant et éphémère : il est possible, même avec des ressources limitées, de transformer l’espace selon une logique différente. La gentrification et le vandalisme sont deux formes d’intervention dans le paysage urbain. La différence entre les deux est que la gentrification est une démarche allant du haut vers le bas (NdT : imposée par les classes dirigeantes), tandis que le vandalisme est une démarche allant de bas en haut.
Ce n’est pas un hasard si les vitrines sont ciblées lors de manifestations contre les violences policières. Les entreprises, qu’elles soient des multinationales ou locales, constituent l’assiette fiscale qui finance la police. Sans la police, elles ne pourraient pas accumuler autant de richesses aux dépens des autres. Dans cette situation, protester directement contre la police est une obligation, car la police défend les intérêts des propriétaires d’entreprises et des politicien.ne.s, et non ceux de l’opinion publique. C’est une action encore beaucoup plus direct de cibler les patron.e.s des flics, c’est-à-dire les capitalistes elleux-mêmes. Cela leur coûtera beaucoup d’argent en verres brisées et peut-être qu’iels réflechiront à deux fois au type de flicage qu’iels veulent nous imposer.
“Mais un.e pauvre ouvrier.e va devoir nettoyer cela”, sermonent les réformistes chaque fois qu’iels voient un.e manifestant.e libérer sa colère sur les avenues de riches. Quiconque a occupé un emploi de col bleu (NdT : terme désignant les travailleur.euse.s manuel.le.s) reconnaîtra qu’il s’agit d’une pure connerie. Remplacer des fenêtres ou enlever des graffitis sur une façade n’est pas pire que n’importe quel autre type de travail que l’on doit faire dans cette tranche de salaire – ce n’est pas comme si les travailleur.euse.s en question feraient à la place quelque chose d’agréable et de satisfaisant. Au contraire, le vandalisme crée des emplois, offrant des opportunités de travail supplémentaires aux employé.e.s des services et aux ouvrier.e.s du bâtiment dont le travail ne serait pas nécessaire sans cela. Cela signifie que l’on ne peut pas abolir le capitalisme vitrine par vitrine, mais l’on peut au moins redistribuer un peu de richesse vers les classes plus pauvres. C’est une critique typiquement réformiste de présenter les pauvres comme étant des victimes des tactiques d’affrontement, alors qu’en fait celleux-ci(NdT : les réformistes) craignent pour leur propre statut et confort.
Dans la version plus paranoïaque de cette vision, les réformistes qui supposent que tout le monde est aussi satisfait.e qu’elleux de l’ordre dominant en place, n’hésitent pas à affirmer que seule la police elle-même, déguisée en “casseur.euse.s”, briseraient les vitrines qu’elle était supposée protéger. Comme d’autres théories complotiste, cela attribue tout agissement à un pouvoir néfaste, niant l’existence et les stratégies de celleux qui luttent contre lui.
Tout cela ne veut pas dire que casser une vitrines suffit à changer le monde.
Pour finaliser cette analyse, le sabotage et les incendie sont la stratégie d’une armée en retraite, de celleux qui savent qu’iels ne tiendront pas un territoire pour longtemps.
Un mouvement qui serait assez fort pour conserver un territoire qu’il a repris au main de la police n’aurait pas besoin de casser ou de brûler quoi que ce soit, mais seulement de transformer celui-ci.
D’un autre côté, tant que de telles inégalités persistent, des gens n’ont pas d’autre possibilité pour s’en prendre à elleux que la destruction de biens et d’autres tactiques.
Quiconque désire vraiment ne plus voir de destruction de propriété devrait s’empresser de mettre un terme à l’existence de la propriété privé en elle-même.
A ce moment, la seule raison qui subsisterait de casser des vitrines serait la recherche de sensations fortes.
Traduction et adaptation de Crimethinc » Why break window ? »
Casser une vitrine de banque… un geste hautement citoyen, c’est évident. Et tellement utile en plus… Vitrine qui sera remplacée avec le fric de ce type habillé en noir qui n’a pas encore compris que s’il voulait vraiment lutter contre le capitalisme, il suffisait de fermer son compte bancaire. Non, sérieux, pourquoi continuer à dépenser votre énergie à lutter contre un truc qui est déjà mort ?! Je ne vous comprends plus. Le capitalisme est fini ! Et il va nous entraîner avec lui. Ne croyez-vous pas qu’il serait temps de faire autre chose, de construire autre chose ? Quand je pense qu’en 2016 j’étais dans les cortèges de têtes… Je me demande bien ce que j’avais dans le crâne à défiler sous les drapeaux noirs et rouges, entre les fumigènes orange et les lacrymos… Aujourd’hui, cette violence me fait autant vomir que celle des flics.
Eh ben c’est pas nous c’est les gilets jaunes d’a coté malik. Du coup, tu disais, on ferme le compte en banque..?
« » Le capitalisme est fini ! Et il va nous entraîner avec lui. Ne croyez-vous pas qu’il serait temps de faire autre chose, de construire autre chose ? » »
héla non le capitalisme est encore là et bien là !
oui il peut nous entrainer dans sa chute.
faire autre chôse que quoi? que lutter? que croire qu’on peut contruire autre chôse sans que le capital ne le récupére?qu’il nous laisse faire tranquille sans lutte?
ho la on rêve !
lutter contre la capital est très difficile ,fatigant,certains fatiguent vite mais penser qu’on peut y echapper est illusoire.
faire la révolution sans renverser la capital ? impossible