Attentat de pittsburgh : le terrorisme néo-nazi en action
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Category: Global
Themes: AntifascismeRacisme
Places: Pittsburgh
Nos pensées vont aux victimes et à leurs familles
L’auteur de ce massacre antisémite, Robert Bowers partageait la théorie du « grand remplacement » propagée par les milieux néo-nazis et leurs relais selon laquelle l’immigration serait un complot juif visant à remplacer les blancs. Robert Bowers a crié « All Jews must die »(« touTEs les juifs/ves doivent mourir »).
La synagogue de Pittsburgh acceuillait le samedi qui précédait une activité de solidarité avec les migrants. Au sein de la minorité juive d’amérique, il existe une longue tradition progressiste. La conscience d’une l’histoire juive faites de migrations forcées explique l’implication d’une part importante de la minorité juive dans des actions de solidarité.
Cet attentat s’inscrit dans une montée en puissance du terrorisme suprémaciste blanc aux Etats Unis et dans le monde, qui s’en prend aux minorités et à celles et ceux qui s’opposent à son idéologie.
Ce terrorisme est systématiquement minimisé, et ses auteurs psychiatrisés afin de lui enlever toute dimension politique. Il est l’expression la plus aboutit d’un système raciste qui organise l’oppression des minorités nationales et les désigne comme cible. La victoire de Trump lui a donné une nouvelle vigueur et un espace politique, ce qui a eu pour conséquence la multiplication des violences contre les noirEs, les latin@s, les juifs/ves, les musulmanEs…
Souvenons nous du massacre raciste de l’Église de Charleston en 2015, au cours duquel le terroriste supprémaciste blanc Dylan Roof a assassiné des personnes noires. Cette semaine encore, Gregory Bush, a assassiné deux personnes noires : Vickie Lee Jones et Maurice E. Stallard, dans le Kentucky. Ce double meurtre intervient après que le tireur, blanc, ait tenté de pénétrer dans une église majoritairement noire. Le caractère raciste de l’attaque paraît donc difficilement discutable. Les meurtres commis par les suprémacistes blancs aux Etats-Unis ont doublé en 2017, rendant ceux-ci responsables de plus de la moitié des 34 décès liés aux attaques terroristes sur le territoire US au cours de cette année
La montée en puissance de mouvements fascistes partout dans le monde ne peut qu’avoir le même effet : explosion du racisme et de l’antisémitisme. Ce dernier a en effet une fonction clé dans la vision du monde nationaliste, qui diffère des autres formes de racisme dans lesquels les personnes racisées sont vues avant tout comme des concurrents : les juives et juifs sont ainsi vu non pas comme des concurrents dans la « lutte des races » qui tient lieu d’explication du monde à ces courants, mais comme les dominants contre lesquels il faudrait se révolter.
L’antisémitisme permet ainsi de substituer une explication raciale à une explication matérialiste du monde et de la politique. Alors que l’explication matérialiste du monde constate que celui-ci est fait de rapports de force entre classes, d’intérêts économiques et sociaux, la vision raciste considère que la réalité est le produit d’un complot menée par la minorité juive . Celle vision substitue ainsi la lutte des classes la lutte des races, en présentant « les blancs » comme dominés, effaçant ainsi au passage le caractère suprémaciste blanc du système en place, les rapports de classes et le rôle de la bourgeoisie impérialiste dans le maintien de l’ordre capitaliste.
Ce massacre apporte un démenti à celles et ceux qui, y compris au sein de la minorité juive, minimisent la profondeur de l’antisémitisme dans les sociétés occidentales et ne voient dans l’antisémitisme blanc qu’une réminiscence du passé amené à disparaître. Les larmes de crocodile de Netanyahu ne doivent ainsi pas nous tromper, lui qui dénonce le massacre alors qu’il a cautionné dès le début la politique de Trump contre les minorités et sa tolérance avec les antisémites, comme il le fait avec Orban et d’autres antisémites sous prétexte qu’ils soutiennent la politique de son gouvernement en Israel.
Cet attentat apporte aussi un démenti sanglant à celles et ceux qui voient les juifs et les juives comme partie prenante du suprémacisme blanc, alors que l’antisémitisme est précisément la racialisation des juives et des juifs et leur désignation comme corps exogène au sein de la société blanche.
Face à la violence des supprémacistes blancs, la solution n’est ni le déni, ni le replis nationaliste, ni la confiance naive dans des institutions d’état : elle passe par l’autodéfense, le renouveau d’une lutte antiraciste déterminée et des luttes sociales permettant de remmettre l’affrontement de classe au coeur de la société, et ainsi revisibiliser la bourgeoisie comme classe dominante réelle que l’idéologie raciste masque en désignant les juives et juifs comme boucs émissaires des problèmes sociaux.
Depuis des années, nous vivions dans une illusion : comme l’extrême droite était devenue islamophobe, comme, selon l’adage, “les ennemis de mes ennemis sont mes amis”, elle aurait cessé d’être antisémite. Pour s’occuper des Arabes comme il convient à leurs yeux, Netanyahou faisait très bien le job. Pour les Dewinter, Wilders et autres Le Pen (fille), mieux valait mettre son antisémitisme en sourdine.
Dans la douce torpeur de l’Europe démocratique, on pouvait imaginer que le vieil antisémitisme avait disparu. L’Occident avait rapatrié les Juifs dans la « civilisation judéo-chrétienne », une fiction qui n’a jamais existé. On se persuadait que le seul danger qui menaçait les Juifs, ceux de la diaspora comme ceux d’Israël, venait du terrorisme islamique et, plus largement, de “l’islam”. Quelques crimes odieux (Toulouse, Hyper Cacher, musée juif de Bruxelles) accréditaient cette thèse.
Ouvrons les yeux. En Europe de l’Est, et notamment en Pologne et en Hongrie, les nouveaux nationalismes identitaires ne font pas le détail. Leur xénophobie vise indistinctement les nouveaux migrants et les seules minorités qu’ils ont jamais connues sur leur sol : les Juifs et les Tziganes. Le pas de deux entamé par Netanyahou avec le hongrois Orban et le polonais Kaczynski montre que, quand il s’agit de défendre le “privilège blanc” en Europe ou le “privilège juif” en Israël/Palestine, certains sionistes peuvent très bien s’entendre avec des antisémites.
L’attentat de Pittsburgh confirme que la lutte contre l’antisémitisme est une bataille permanente. Rien n’est jamais gagné. Outre Atlantique, Trump a libéré la parole des bas-fonds. Demain ce sera le Brésil. En Europe, la gangrène a gagné la Grèce (Aube dorée) et l’Italie commence à être contaminée.
Pour mener cette bataille, les Juifs ne peuvent pas se prêter à la manœuvre de politiciens qui, tels Manuel Valls en France ou Bart De Wever en Belgique, veulent les opposer à d’autres minorités particulièrement discriminées. Ils doivent se distancier avec éclat des néoconservateurs au pouvoir à Jérusalem qui pactisent ouvertement avec des dirigeants européens à la mémoire courte, voire franchement racistes. C’est avec ces autres minorités qu’il s’agit de faire bloc.
https://upjb.be/actualite-pittsburgh-lantisemitisme-blanc-na-pas-disparu/
Le racisme antiblanc est centré sur l’homme blanc dans un système social construit à l’échelle de la racialisation, et dans lequel l’homme est dépourvu de sa dimension universelle quand il est noir. Pour se vivre, les noirs n’ont d’autres choix que ceux de se blanchir ou de se retrouver dans une communauté de destin au sein de laquelle leur ostracisme fait le lien social.
Dans leurs affirmations diverses et variées d’un racisme anti-blanc, certaines voix de la gauche politique tutoient désormais sans ambages le revival du néocolonialisme. Les propos de militants antiracistes aujourd’hui gagnés par l’affirmation du racisme anti-blanc, dans laquelle la LICRA, le MRAP et SOS Racisme se sont notamment illustrés, commandent l’urgence d’éclaircissements face à cette véritable imposture intellectuelle, pour pallier les nouvelles conquêtes du racisme structurel en France.