Les murs, ce n’est pas de la tarte !
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Le but de ce texte n’est absolument pas de dédouaner la politique de la droite israélienne qui n’a rien à envier à celle conduite par d’autres autocraties plus ou moins laïques [pour les antisémites qui s’ignorent, remarquez au passage comme il est simple de ne pas mélanger politique à la con et peuple qui subit], ni de glorifier les actions sanglantes commises sous l’influence des théocraties dictatoriales sévissant dans cette région du globe, mais d’étendre le combat antiségrégationniste à l’ensemble de la ploutocratie* planétaire.
Pour ce faire, cessons de nous pencher sur notre nombril, ou sur celui du voisin, et regardons la situation dans son ensemble. Certains murs sont plus visibles que d’autres. Outre le tristement célèbre mur de la honte au Moyen-Orient, il faut citer le mur qui sépare physiquement, sur plusieurs milliers de kilomètres, le Mexique des USA, ainsi que celui en construction au Cachemire par les indiens, sensé les mettre à l’abri des attentats commis par les pakistanais et, pourquoi pas, dans la même logique, la grande muraille de Chine, que beaucoup considèrent aujourd’hui encore comme une merveille, comme si une frontière, symbole de la petitesse de l’esprit humain, pouvait en être une…
Avant d’aller plus loin, je tiens à revenir sur la «clôture de sécurité» qui sépare le Mexique des USA. Dans la rubrique «les ricains savent exporter leur connerie», cet exemple mérite d’être souligné en grave. Comment, aux vues des relations étroites qu’entretiennent les dirigeants américains et israéliens, serait-il possible que ces derniers ne se soient pas inspirés des premiers pour transposer l’innommable chez eux ? Dur à croire en effet. Quoi que l’on en dise, l’exemple a de quoi séduire par son efficacité. Il est maintenant quasiment impossible pour un mexicain de franchir la frontière illégalement, si ce n’est au péril de sa vie. Plusieurs milliers de morts sont à déplorer, pour la plupart morts de soif ou d’épuisement dans le désert, ou abattus par les frontaliers US – sans parler de ceux qui finissent dans des camps de rétention. Les seuls mexicains qui peuvent passer sont ceux qui sont destinés à servir de main d’œuvre bon marché pour des travaux bien trop dégradants et fatigants pour un ricain moyen. Bref, c’est toujours la même histoire, on ne veut pas voir le voisin, sauf si c’est pour qu’il vienne déboucher nos toilettes. Mais visiblement, dénoncer cette ignominie n’est pas au programme du militantisme encarté. Question de mode, sans doute…
Maintenant, revenons à nos moutons, c’est-à-dire à nous. Je ne vais même pas chercher à cacher mon énervement consécutif à l’aveuglement de beaucoup qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Comment se fait-il que le mur étazunien ne soit-il pas combattu avec la même vigueur que le mur israélien alors qu’il est de même nature ségrégationniste et bien plus meurtrier ? Pas de réponse là-dessus, sinon que les voies du militant manipulé sont bien souvent aussi impénétrables que son esprit étriqué. C’est à se demander s’il existe des murs plus supportables que d’autres ! Il faut croire que oui du moment que l’on n’a pas à les subir, bien au chaud dans sa bulle.
Et des murs, il y en a bien d’autres. Il y a le périphérique parisien qui sépare les nantis de la capitale des gueux des banlieues déshéritées. Les quartiers huppés blindés de caméras. Les résidences clôturées et surveillées 24/24 par des vigiles. Les plages pour riches. Etc. Il y a aussi les murs invisibles. Ceux qui entourent de manière insidieuse les cités ghettos. Le mur du respect forcé symbolisé par le vouvoiement. Le mur de l’argent. Celui de la différence de sexe. Le mur du silence entretenu par le flot d’informations tronquées qui noient l’information… Et la liste est loin d’être exhaustive, amusez-vous à chercher, vous verrez que ce n’est pas les murs, les clôtures, les barrières… qui manquent dans nos sociétés dites civilisées. Pour survivre dans cette jungle parsemée d’obstacles physiques ou psychiques, il faut savoir enjamber ou bien crever en silence.
L’édification de barrières répond à une politique particulière, celle de l’esclavage moderne. Remarquez comme toutes ces constructions, ou freins mentaux, peuvent se montrer perméables au gré de leurs édificateurs. Il y a une raison à cela et je ne vais pas aller chercher un exemple à dix mille kilomètres de chez vous, mais sous votre nez. C’est bien connu, les bourgeois n’aiment pas côtoyer les indiens blacks ou maghrébins qui peuplent la périphérie de nos villes, qui n’a rien à voir avec les vertes prairies sur lesquelles vivaient d’autres apaches avant d’être décimés par les colons européens qui devinrent américains suite à leur crimes contre l’humanité. Par contre, tout bourgeois qui se respecte se doit de préserver la douceur légendaire de ses mains. C’est pourquoi, il a besoin de domestiques qu’il préfère qualifier de travailleurs, pour que lui au moins n’ait pas à s’abaisser pour réaliser ce qu’il juge être de basses besognes. Dans son immense mansuétude, le bourgeois moderne, qui se traduit par les appellations «capitaliste» ou «socialiste d’en haut», laisse donc entrouverte par moment les portes de la muraille pour que l’on vienne le blanchir, le servir, le nourrir, le distraire… Mais après cela, il est hors de question pour cette «élite» de côtoyer plus que nécessaire la classe inférieure. Il faut donc la renvoyer au plus vite chez elle une fois son travail accompli. De toutes façons, comment les indiens modernes qui représentent plus de 98% de la population du globe seraient-ils en mesure de se payer quotidiennement des cafés à cinq euros pièce au comptoir et des loyers qui donnent le tournis rien qu’à l’évocation de leur montant ? Ce n’est pas possible, vous en convenez. Voici donc l’argument du mur de l’argent illustré.
Mais ce n’est pas tout. Si quelques sioux, arawaks, ou autres apaches modernes se décidaient d’approcher de trop près le monde civilisé, comme se plaisent à le penser à haute voix les intellectuels patentés du monde occidental rupin, la cavalerie que représente les forces de l’ordre est là pour les reconduire dans leur réserve ou, au besoin, en prison histoire que ça serve d’exemple pour les autres. Afin de faciliter leur travail, les pouvoirs autocratiques occidentaux ont trouvé bon d’employer des indiens reconnaissables. Ainsi, aux zétazunis, les néo-indiens sont plutôt de couleur noire. Quand ils sont gamins, de leurs quartiers miséreux qui ne leur offrent aucun débouché, ils participent à faire grimper le sentiment d’insécurité si cher aux politicards pour se faire passer pour des Zorro devant des possédants possédés par ce qu’ils possèdent. Ensuite, dès qu’ils deviennent adultes, la cavalerie les flanque pour de longues années en prison où ils seront bien obligés d’accepter n’importe quel travail de merde sous-payé, que n’importe quel individu possédant ses facultés mentales – fussent-elles minimes – refuserait. C’est donc un bon moyen de se faire servir à peu de frais tout en préservant sa tranquillité. L’égoïsme pousse à tous les extrêmes. C’est donc un autre exemple de mur inacceptable : la prison pour des délits que l’on a initiés à l’aide du chaos social.
Les indiens d’Europe sont quant à eux majoritairement maghrébins. Bien qu’étant de race blanche, on peut quand même les reconnaître au premier coup d’œil grâce à quelques signes distinctifs qui ne trompent pas, inutile donc de les peindre en rouge. La mécanique est la même qu’aux USA, vas-y que je te parque et que je t’exploite ensuite. Afin que personne ne s’insurge de ce traitement inhumain, la propagande va bon train. Certes, on ne va pas jusqu’à accuser explicitement ces sous citoyens issu d’une autre culture d’être les ennemis publics numéro un. Le terme de terroriste potentiel suffit amplement. Ajoutez à cela des insinuations de mœurs bizarres, de violence congénitale, d’inadaptation républicaine et autres noms d’oiseaux… et vous pouvez sans peine justifier que l’on place ces êtres humains, tout aussi capables que les autres, dans des sous-quartiers, des sous-logements, des sous-écoles, des sous-prisons, des sous-emplois…
Voilà, si vous avez bien compris les trois paragraphes précédents, parsemés de métaphores sociales, vous êtes bons pour pouvoir reconstituer la grandeur de notre civilisation décadente sur Mars – quand les moyens techniques vous permettront d’y aller.
A préciser aussi que tous ces murs qui se dressent sous nos yeux désabusés répondent à des atavismes bien précis. Le premier est la hantise du brassage culturel dont les femmes sont les premières victimes. Le même phénomène est observable dans toutes les sociétés : un fils qui ramène une compagne de culture et/ou de couleur différente aura beaucoup moins de problèmes que si c’est une fille qui a l’outrecuidance de s’amouracher d’un «étranger». C’est donc la peur de l’autre qui l’emporte sur la richesse qu’apporte l’échange. L’évolution humaine s’en trouve ainsi fortement ralentie, ce qui n’est pas fait pour déplaire aux marchands de canons qui instrumentalisent de diverses façons les distillateurs de haine. Les seuls rapprochements envisageables sont ceux qui répondent à des critères bien précis. Ressembler à l’autre ou être tenu à l’écart, voilà la politique qui conduit au choc des civilisations. L’exemple de l’Europe en est la parfaite illustration. On ne parle pas la même langue, qu’à cela ne tienne tant que l’on se retrouve tous unis devant l’autel de la consommation à prier le même dieu grand pourvoyeur de guerre et que l’on est bronzé dans les normes admises par les anthropologues garants du bon arienisme de la race européenne. Par contre, si l’on a le malheur d’être turc, le bats blesse jusqu’au sang. Pour intégrer le bô modèle de la société occidentale, de nombreux obstacles se présentent. Les droits de l’homme, entre autres. A croire qu’il vaut mieux les bafouer en Europe de l’est qu’en Europe orientale, question de faciès et d’atomes crochus religieux oblige, mais ceci est un autre débat. En substance, il faut en retenir que pour les instances dirigeantes, mieux vaut crever à nos portes que de partager et de progresser ensemble. C’est stupide, à l’image de ces frontières qui ne tiennent que grâce à l’armée que l’on est capable de placer de part et d’autre pour les défendre.
Une solution ?
Et pourtant, la solution est simple. Avec un brin de philosophie appliquée, il est possible de faire tomber tous les murs comme des dominos. C’est pourquoi, rien ne sert de se focaliser sur un seul alors qu’il faut les attaquer tous de front. Les frontières, telles qu’elles soient, se situent dans la tête de ceux qui veulent bien y croire. Le fait de vouloir les matérialiser ne fait que souligner leur injustice. Un mur n’est qu’un mur, pas besoin d’être démolisseur professionnel pour le faire tomber. Rien ne sert de le faire physiquement tant que le problème n’a pas été réglé d’un point de vue philosophique. Si j’écris philosophique au lieu de politique, ce n’est pas un choix anodin. La politique ne sert que des intérêts partisans, en l’occurrence ceux des ploutocrates, tandis que la philosophie, par son universalité, sa quête de vérité et de justice, s’occupe de l’ensemble du bien être de l’humanité, la nuance est plus que de taille. Quand des réflexions communes seront conduites loin des querelles de clocher et qu’une information claire, pertinente et accessible à tous sera délivrée, à ce moment là, les murs de béton, les clôtures, les barrières mentales… s’écrouleront en même temps sous le poids de la logique de l’ordre naturel des choses que je me complais à nommer : ÅñÄR©HY.
Aucun mur ne peut résister à un esprit aguerri, s’y attaquer avec ses poings ne fait que les rendre plus hauts et plus résistants. Combattre la peur par la violence ne fait que l’amplifier avec les effets désastreux que l’on connait, on vient à bout de l’irrationnel atavique avec comme outil la démonstration par l’objet. C’est une des bases de l’éducation au sens noble du terme. En attendant, pour ceux qui font mumuse à jeter de l’huile sur le feu, bien planqués derrière leur clavier, drapés de leur nationalisme à peine camouflé par de pseudos nobles causes, merci de stopper immédiatement sous peine d’être combattu au même titre que les ploutocrates car, c’est bien connu, le monde n’est pas en noir et blanc, pour se faire la guerre il faut être au minimum deux. Les acteurs percés à jour, la cause supprimée, l’effet disparaît. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Nationalistes de tous les pays, dégagez de la sphère politique, quelle soit de gauche ou de droite, le monde n’en sera que plus respirable. A bon entendeur, évoluez ou disparaissez le plancher.
*Ploutocratie = Pouvoir exercé par et pour les plus fortunés.
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