J’ai jamais rien appris à l’école et ça me serre toujours!
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Catégorie : Global
Thèmes : Anti-écoleAnti-répressionEducationPrisons / Centres de rétention
Sans l’école rien n’est possible, sans cette formation à la soumission, sans ce rognage d’ailes précoce, les individus ne pourraient pas s’imbriquer pour former ce système abject. L’école ce n’est pas » les premiers pas de la vie autonome « , c’est la mort provoquée de l’individu, de sa particularité, de ses désirs, de ses rêves et de ses idées. Pendant plus d’une décennie on va t’inculquer des matières insipides, froides, et prédéfinies, d’une manière insipide froide et prédéfinie. On sortira tous de là mutilé-es, avec des désirs qui rentrent dans des cases et la volonté de ne surtout pas jurer avec l’ensemble pour ne pas se faire humilier et recaler.
Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte de tout ce que l’école leur a pris, elles se sont habituées à fonctionner d’une certaine manière, en allant dans le sens de cette société et celle-ci les en félicitent. Pourtant elle nous a ôté plein de possibilités de faire, plein de possibilités d’apprendre. Combien de personnes, après toutes ces années de matraquage, arrivent à créer des choses pour soi ou pour juste l’envie de les faire, sans attendre de récompense ou sans être obligé-e. Combien de personnes arrivent à avoir des discussions à plusieurs sans chefs et sans médiateurs sans que ça ne devienne la cacophonie ? Combien de gens ont encore envie de rêver à tout ce qu’iels pourraient entreprendre sans se demander si c’est rentable ? Combien de gens arrivent-iels encore à se dresser face à l’autorité, à dire non ? Les adultes utiles au système oublient généralement la souffrance intense qui accompagne la fréquentation d’un établissement scolaire, l’immense souffrance que d’être un enfant complètement soumis à l’autorité de ceux qui savent, parents ou profs. Moi, je n’ai pas oublié ce que cela avait de mortifère de devoir demander la permission pour tout, boire et manger, se lever, marcher, parler, répondre, sortir…
En classe, pour vivre, il faut demander la permission. Je n’ai pas oublié tout ce contrôle et cette humiliation. Je ne peux pas avoir oublié ces années interminables dominées par la peur et l’ennui. Pour quiconque n’a jamais été à l’école, il est impossible de se décrire cet inimaginable ennui, ce tragique agacement de ne rien pouvoir faire. On dessine dans les marges, on chique, on fait la chaise à un pied, on s’envoie des messages… Tout plutôt que subir sans broncher. Et cette angoisse qui t’accompagne sur le chemin de l’école, dans la cour de récré, dans le réfectoire, la peur d’être appelé au tableau, la peur devant tes feuilles de contrôle et d’examens, la peur quand tu rentres chez toi et que tu dois présenter ton cahier de notes à tes parents. La peur d’être ce qu’ils disent parfois que tu es; une nulle, une lente, un inadapté, un looser.
Notre société élève ses gosses dans la crainte et on s’étonne qu’une fois « émancipés » les gens continuent de ployer l’échine quotidiennement, tout en regardant avec rage ceux qui voudraient faire différemment. On redoute les malheurs et les douleurs qui peuvent arriver, on se conforme, on baisse la tête devant les persécutions faites à d’autres, on regarde ailleurs pour ne pas être à son tour la cible de réprimandes. Et c’est à raison que l’inquiétude nous tenaille, l’école est un endroit disciplinaire et la caractéristique de ces lieux c’est que la surveillance y est omniprésente. Peu de recoin pour se cacher, aucun pour se soustraire à l’appel, impossible d’échapper au contrôle des éducateurs. Et de la surveillance découle la punition. Quel intérêt de surveiller si ce n’est pour punir les comportements jugés inappropriés?
À l’école, comme dans notre démocratie, tout ce qui n’est pas autorisé par un règlement est interdit. Le danger y est présent dans tout adulte, du concierge au directeur, tous sont payés pour jouer aux flics. Même le parent le moins gendarme se retrouve embrigadé dans des histoires de contrôle et de signature. Et chacun s’habitue à tout ça, à la peur permanente, à la frustration, à la surveillance. Il n’est pas étonnant que, devenus adultes, beaucoup réclament plus de police, plus de caméras et plus de peines de prison, ils ont juste très bien retenu les leçons qu’on leur a enseignées. Il ne conçoivent la vie que disciplinaire avec des écoles pour apprendre à se taire, des casernes pour apprendre à obéir, des prisons pour apprendre à mourir.
L’école c’est une prison. Déjà visuellement la ressemblance est flagrante: Des grilles pour pas qu’on s’échappe, des gardiens pas sympas aux portes, des sonneries pour limiter le temps, des règlements absurdes et dégradants, des punitions en veux-tu en voilà, des « espaces verts » quasi inexistants, de la bouffe qui ressemble à de la merde. Que ce soit dans l’institution scolaire ou pénitentiaire, on t’enferme parce que tu représentes un danger pour la société telle qu’elle est, et un danger pour toi-même. Tu es alors, sans formation préalable, inapte à t’intégrer de manière satisfaisante à celle-ci, d’autant plus si tes parents sont un peu des rigolos, des mécréants, ou des immigrés. T’es trop libre, trop imaginatif, trop imprévisible ou en tout cas trop comme ci, et pas assez comme ça ; en un mot trop toi et ça, ça peut mettre en péril le bon déroulement de notre monde d’exploitants et d’exploités. Qu’est-ce qui arriverait si par exemple tu refusais d’aller voter, de travailler ou de respecter une hiérarchie parce que juste » t’aimes pas ça » ? Ceux qui veulent gagner du fric sur ton dos seraient bien embêtés et surtout, il y aurait un risque énorme que tu contamines d’autres gens avec tes envies libres et qu’horreur, ce monde finisse par changer complètement.
Mais, heureusement, ces messieurs du pouvoir ont inventé l’école et en son sein il sera possible de te (trans)former. Car il est surtout indispensable de te modeler pour que tu puisses emprunter le bon chemin, celui de la réussite et de la consommation, si tu fais partie de ces privilégiés-là ou celui de l’obéissance et de la résignation, si tu fais partie de ceux d’en bas, dans les deux cas celle du sacro-saint travail. Pendant plus d’une décennie, on va te forger un caractère, une pensée, un savoir, qui ne te seront pas profitables à toi en tant qu’individu, mais à l’ensemble de ce système (et on sait qu’il profite à certains bien davantage qu’à d’autres). Et pour que tu ne doute pas, que tu ne tentes pas de remettre la parole du maître en question, on te dira que ce savoir est objectif, que ce qu’on t’apprend est vrai parce que ça a été écrit dans des livres par des hommes arrogants, et tu peux réciter tes leçons en fermant les yeux et si possible vivre jusqu’à ta mort comme cela, en récitant et en fermant les yeux…
Bien sûr que quelques-uns auront la chance d’y découvrir des choses et des personnes fascinantes, certains profs parviendront à trouver grâce à tes yeux. En effet, il se trouve que même dans les pires endroits du monde, des casernes aux usines, il arrive qu’il se passe des choses formidables entre des humains. Je ne pense pas que l’école favorise ces échanges, que du contraire, mais entre des individus passionnés, malgré ce décor abject, des instants fugaces d’émerveillement peuvent survenir. Entre les dalles de béton d’une route, de minuscules petites fleurs arrivent péniblement à éclore, mais elles fleuriraient sans aucun doute plus facilement et en nombre beaucoup plus important si on faisait sauter le béton ou qu’on le recouvrait de terre… Pour l’école c’est pareil, malgré elle on arrive à s’instruire, mais sans elle l’apprentissage serait tellement plus riche et foisonnant parce que libre donc librement consenti.
Je pense que l’école dégoûte de tout ce qu’elle essaie de nous forcer à apprendre. L’école est obligatoire et qu’en ça, elle ne peut être passionnante. Rien de ce qui est obligatoire ne peut être passionnant ou alors quelle bien triste passion. La passion se tient du côté de l’amour et l’amour obligatoire n’existe pas. Enfant, je ne comprenais pas pourquoi j’avais tant de facilités à retenir ce qui me plaisait, comme les histoires qu’on se racontait entre amis, et tant de mal à ingurgiter les tables de conjugaison et de multiplications. La réponse était dans la question, parce qu’on mémorise joyeusement ce qu’on a appris avec envie et frénésie. L’enseignement scolaire assimile l’apprentissage à l’abnégation de soi et à la soumission, pas étonnant que les gosses soient si dégoûtés d’apprendre. Et à cause de tous ces programme officiels qui établissent un contrôle strict sur ce qui est transmis, il y a tant de matières, qu’il reste après bien peu de temps pour avoir intensément envie d’apprendre autre chose, quelque chose qu’on aurait choisi personnellement.
Heureux la rêveuse, le distrait, la chahuteuse, le bavardeur, et la sécheuse, l’absent d’une manière ou d’une autre… Heureux celles et ceux qui pendant ces années, où on nous force à l’ennui et à la médiocrité, arriveront à récupérer ça et là un peu de temps qui leur est volé, qui parviendront à s’occuper l’esprit, à rêver, à réfléchir et à rire dans cette salle de classe où on t’oblige à t’oublier. Ceux-là en sortiront un peu moins lobotomisé-es que d’autres. Parce que c’est vrai que le dressage est efficace : Ces élèves gentils, disciplinés, polis et souriants seront presque tous adultes des trouillards qui ramperont sans jamais faire d’histoire. On veut nous enseigner à être capable d’effectuer des tâches pénibles, à faire des choses allant contre notre volonté, à se sacrifier pour atteindre un but (fixé par d’autres, fixé par tous sauf nous). Pour beaucoup de parents, voilà le but concret et l’effet tant désiré : arriver à se faire violence. Mais pourquoi vouloir nous imposer de tels dispositions si ce n’est pour pouvoir nous utiliser à oeuvrer à des choses contre notre gré et à trouver ça, si ce n’est satisfaisant, au moins inexorable. On veut nous asservir et que ce soit fait avec notre consentement manipulé.
L’autre raison, souvent invoquée par ses parents responsables et inquiets pour légitimer le passage forcé dans cette institution, et que sans l’école et sans l’obtention d’un diplôme, on anéantirait toute possibilité d’être compétitif sur le marché de l’emploi. Mais cet argument perd toute signification à partir du moment où l’on refuse de se servir de la compétition pour assurer sa survie. Je ne veux pas de leur vie minable, école, boulot, dodo. Je n’ai que faire de leurs diplômes, je ne veux pas me hiérarchiser par rapport aux autres, je méprise leurs titres et leurs fonctions. Trouver du fric sera toujours pénible, mais si je refuse d’être un chef je pourrais déjà assurer ma survie sans être le supérieur de personne. Dans leur programme, je n’ai jamais rien trouvé qui m’aurait appris à me débrouiller, à survivre, à aimer ou à me créer la vie que je désire… Tout ce que je veux savoir, je peux l’apprendre en dehors, avec comme seul maître ma volonté. Et résolument, tout ce qu’on m’y a transmis d’utile, j’aurais pu l’acquérir ailleurs avec tellement plus de joie. L’école c’est le contraire de la vie, je regrette profondément d’y avoir sacrifié tant d’années et tant d’envies. Je ne forcerai jamais personne à y aller et j’encouragerai tout individu qui voudrait s’en échapper.
En classe on te dira que certaines matières doivent absolument être sues. Que lire et écrire sont indispensables à chacun, au contraire de naviguer ou de danser. On hiérarchise aussi les savoirs, il n’y a pas de matières à connaître qui seraient indispensables à l’épanouissement de tous et tous, elle le sont à un moment donné et surtout dans une certaine société donnée. Notre monde, cloisonné et limité, nous impose de pouvoir fonctionner en lisant des règlements et en calculant des bénéfices. Toute cette éducation obligatoire forme dans un seul but; celui de faire de nous des travailleurs-citoyens. Courir tout nu dans les bois ne fait pas partie des choix que tu peux faire pour toi-même. L’éducation nous parle de donner les bases essentielles au développement de n’importe quel individu, qu’il existe des matières primordiales à savoir, sous peine de se rapprocher de l’animal, du barbare, du primitif. C’est-à-dire de ne pas vraiment faire partie de l’Humanité, la belle, la grande, celle qui marche main dans la main (et guerre après guerre) vers cet avenir d’élévation morale et de prospérité capitaliste. Et même en laissant de côté notre société putride et ses commandements, comment tout ces êtres humains uniques pourraient-il s’épanouir de la même manière, avec les mêmes clefs et les mêmes horizons?
Il paraît évident que mes motivations et mes dégoûts ne sont pas les mêmes que les tiens. Nous sommes si différents, pourquoi penser qu’un même moule de connaissance pourrait nous convenir à tous? Pouvoir lire et écrire c’est super, tout comme chanter et grimper dans les arbres. Aussi quel intérêt franchement à tous savoir à peu près la même chose? Quel ennui. Plus varié et plus inattendu sera le savoir des autres et plus il sera intéressant de se rencontrer, de se découvrir, de se partager. Moi, je pourrai peut-être te raconter des histoires, partager avec toi l’art de la cuisine ou t’apprendre à te défendre… Toi, tu pourras m’enseigner comment construire une maison, à reconnaître les étoiles ou à savoir soigner une blessure ou une maladie… Décidément, je ne pense vraiment pas qu’il y ait un savoir profitable à tous et qu’il faille absolument s’y subordonner. On pourrait apprendre tout le temps et avec plein de gens différents ou seulement avec quelques personnes. Nos connaissances pourraient mûrir au gré de nos rencontres, de nos voyages. On pourrait apprendre plus fort et beaucoup mieux en apprenant juste ce qu’on a envie de savoir par utilité ou par curiosité.
Mais non, à la place tu devras subir toutes ces matières insipides et rigides qui servent de la propagande institutionnelle, étatique et démocratique. Comme la géo qui t’apprendra, comme si cela allait de soi, à respecter des frontières et » l’aménagement du territoire « , à diviser le monde en nations et en peuples, à reconnaître des drapeaux, en bref, à devenir nationaliste. L’Histoire, elle, te dira d’applaudir les rois, les généraux, les colonisateurs, et les napoléons de tout poil, de réciter des dates qui célèbrent l’anéantissement de cultures diverses et de révolutions passées. On insistera particulièrement sur des guerres atroces, parce qu’il faut bien qu’on comprenne et que surtout on n’oublie jamais que » l’homme est un loup pour l’homme et que sans chef éclairé qui dicte ses lois et sans milice pour les faire respecter, on va tous s’entretuer ». On va t’apprendre grâce à la sainte Science, que l’homme peut et doit tout maîtriser, tout comprendre, tout disséquer, que rien ne lui échappe, qu’il est maître de cette planète, du cosmos et de son fonctionnement. En gros, que la science déifie l’humain, que grâce à elle il peut se comporter en despote tout puissant, qu’il peut défier la mort et maîtriser totalement son environnement. Avec le français et son orthographe d’une complexité qui en devient ridicule, on pourra entamer le grand élitisme et distinguer ceux qui savent les mystères de la grammaire et de la conjugaison de ceux qui tâtonnent.
Les matières sont » mal enseignées », rester assis des heures durant à écouter une personne débiter les mêmes principes, souvent sans passion, ne permet pas réellement d’apprendre et encore moins de retenir quoi que ce soit. Il est assez éloquent de constater qu’après tant d’années d’acharnement éducationnel, la plupart d’entre nous restent toujours incapables d’aligner trois phrases correctes d’anglais ou de néerlandais ou d’effectuer une division euclidienne. Il semble en effet peu probable qu’enfermer des gens en les forçant à retenir des matières qu’ils n’ont pas choisies, à coups de récompense et de punition, soit la méthode idéale et l’environnement adapté à l’échange et l’appropriation des savoirs. Mais je pense surtout qu’en réalité l’école remplit très bien sa fonction. Les institutions en général peuvent se draper dans les beaux principes qu’elles se sont assignées, il n’en reste pas moins que leur rôle réel et l’objectif qu’elles atteignent brillamment est celui du maintien et de la perpétuation de ce monde de merde.
Et je crois savoir que l’école est une de ses cartes maîtresses, car au contraire de la police par exemple, la grande majorité des gens lui prêtent une confiance aveugle et ont une foi profonde en ses bienfaits et en son utilité salutaire. C’est quand même le premier truc que les envahisseurs ont construit en Afrique, après des routes pour acheminer les marchandises produites dans le sang des esclaves, des écoles pour leur enseigner à se comporter comme de bons petits prolétaires soumis et consciencieux. Et ce n’est pas très étonnant que ce soient les missionnaires de dieu qui se sont chargés, dans un premier temps, d’éduquer tous ces petits miséreux, d’ici ou d’ailleurs. Ces religions qui pensent sauver l’humanité en lui donnant une mission morale tout en se vautrant dans la richesse et les massacres. Elles condamnent le vice et le mensonge, mais proclament la soumission de l’homme par l’homme (et accessoirement par dieu), la domination étant son fonds de commerce. L’église et l’école sont faites pour marcher côte à côte, elles sont construites du même bois, celui du contrôle des individus, et ont revêtu longtemps le même habit, celui de l’élévation morale de l’Homme.
Car, oui, l’école avance masquée et ce qu’elle doit absolument nous transmettre, on le retient beaucoup plus profondément qu’on ne le remarque. En fait, on aura tous appris quelque chose pendant ces heures interminables, on aura appris ce que chaque minute passée en établissement scolaire tente de nous enseigner jusque dans nos chairs, ces savoirs comme des chevaux de Troie. Bim, je te fais croire que je t’enseigne l’anglais ou l’algèbre, mais en fait je t’apprends l’autorité et la compétition. Le truc de l’école c’est de nous forcer, de nous contraindre. On va tout d’abord forcer les corps avant même de former l’esprit, se lever, s’asseoir, manger, chier, pisser et dormir aux heures convenues. On y apprendra toutes ces choses qui 20 ans après nous semblent naturelles et pour lesquelles on a pourtant dû aller violemment contre notre volonté. On te dressera à répondre quand on t’en donne l’ordre et sinon à te taire, à respecter des règles, une hiérarchie, et des horaires exténuants, à accepter qu’il y a des » fort et des faibles », des exclus et des inclus. On t’incitera même à légitimer cet état de fait en applaudissant les plus » forts » (ceux qui font de meilleurs résultats que toi) et en se moquant des plus « faibles » (ceux qui lambinent dans le fond). On te dira que la compétition et le classement des uns par rapport aux autres est logique et même essentiel au progrès de l’humanité. On te dira même que tu as le droit de ne pas comprendre ce qui t’est enseigné tant que tu écoutes sagement et que ne réponds pas à ton professeur. Comme dans la vrai vie d’adulte, tu peux échouer du moment que tu te soumets.
Toute forme de solidarité entre dominés (les élèves) contre les dominants (profs, éducs, dirlo) sera réprimandée impitoyablement. Tu y expérimenteras la lâcheté et le goût de la connivence, même fugace, avec l’autorité, le plaisir de voir quelqu’un se faire humilier à ta place, soulagement intense que cette fois ça ne tombe pas sur toi. Et surtout on te sanctionnera violemment si tu triches avec l’ordre établi et que tu refuses de suivre les règles de leur jeu. Même si les ficelles sont grosses comme des poutres, c’est parfois à ton insu que l’on t’inculte ce qui doit vraiment servir à tous, au futur clochard comme au futur président, à garder ta place dans le rang.
L’école obligatoire va changer, elle l’a toujours fait, à coup de réformes droits-de-l’hommistes et libérales avec vue sur le marché économique. Elle se privatisera ou se re-nationalisera, elle deviendra européenne, elle se fera plus particulière, ou plus commune, en fonction des agitations du moment. Pour plus de modernité, elle épousera toujours davantage la marche de ce monde. Et ce monde sue la domination par tous les pores. L’école institutionnalisée et obligatoire ne peut se faire libératrice des individus. Tant qu’elle existera pour former une certaine société, pour forcer les individus à former un système déterminé, elle sera l’ennemi de ma liberté et de la tienne. Nos désirs et nos parcours personnels ne peuvent se réaliser dans un projet autoritaire, dans des buts pratiques et des objectifs moraux fixés par d’autres. Et nous ne pouvons attendre de l’autorité qu’elle s’effasse d’elle-même face à des pétitions, des récriminations et des menus changements. L’autorité qui se forge dans le lit de l’éducation doit être détruite, doit être mise hors d’état de diriger, car les changements qu’elle pourrait apporter tendront toujours plus à la renforcer. Pour vivre libre, il faudra refuser d’être asservis, et ce par la force et la violence nécessaire.
A mort l’autorité, commençons par les écoles !
Comme si l’idéologie dominante avait besoin de l’école pour exister ! « Tu crois apprendre l’anglais », ben non, tu l’apprends aussi effectivement, et c’est bien utile parfois ! Le but de l’école n’est pas « d’enseigner la soumission », il est de reproduire la société de classe, et pour cela de produire des bourgeois et des prolétaires. La « soumission », elle ne vient pas de l’école, elle provient de l’économie capitaliste, de la concurrence, de la loi de la valeur, mais pour la bourgeoisie, l’école a une toute autre signification : elle permet d’avoir des exploiteurs intelligents.
La propagande démocratique est infiniment plus puissante que l’école pour faire avaler les couleuvres de l’idéologie dominante, et l’école a eu un rôle positif à une époque, en unifiant la langue, notamment en France, mais pas seulement. Bien entendu, elle ne sert pas que ce but, mais elle a quand même servi à ça.
Détruire l’école est une ânerie, le Capital a besoin de prolétaires éduqués pour faire tourner son économie, et heureusement ! cela permet aux exploités de savoir lire, écrire, comprendre dans quel monde ils vivent. C’est quand même un élément que la bourgeoisie ne peut pas contrôler complètement.
Au passage, « détruire l’autorité » sans se pencher sur les fondements de la société de classe, c’est pour le moins totalement insuffisant. Quant à l’école, elle n’est aucunement le fondement de la société capitaliste, juste une de ses expressions, mais il y aura toujours des écoles dans une société sans classe. Elles n’auront pas la même forme ni le même but, mais il en faudra de toute façon.
Quand les cocos du CCI auront compris que c’est sur le pouvoir politique que s’est construit la société de classes, ils auront déjà accompli une révolution intellectuelle sans le savoir.
« Tout c’est la faute à l’économie, aux classes sociales! » pour mieux évacuer leurs propres comportements et mentalités pourris. Exit l’autorité et le pouvoir interdividuel pour vous mettre une balle dans la nuque le jour où ils en auront l’opportunité.
Le problème c’est pas la société de classes ou la marchandise, le problème c’est le pouvoir intrinsèque aux individus (pouvoir transcendant les classes sociales) qui les inventent pour se reproduire.
Un monde sans classes sociales n’est pas un monde où les individus sont libres. Un monde où les individus sont libres est un monde sans classes, sans hiérarchie.
Eh bien, là au moins, c’est clair : la cause des problèmes, c’est les gens qui sont méchants ! Il y en a d’autres, des explications aussi débiles ?
Il faudrait être un peu précis : je n’ai jamais écrit que « tout c’est la faute à l’économie, aux classes sociales », nulle part. Il n’est pas ici question de « faute » – merci le christianisme ! – mais de trouver où est l’origine du problème ; il est dans la structure fondamentale du fonctionnement de la société, c’est-à-dire dans les rapports de production. Contrairement à ce que pense le commentateur précédent, le « pouvoir » n’a pas toujours eu la même nature dans l’histoire, et sans apparition des classes sociales, je ne sais pas d’où il sort ! Le problème EST bien évidemment la société de classes et la marchandise, c’est ça qui détermine les relations entre les hommes et donc l’idéologie. Dans l’autre sens, c’est assez difficile à comprendre…
Bon, après on va évacuer les lieux communs des anars incultes : je ne sais pas d’où sort l’idée que les communistes chercheraient à mettre une balle dans la nuque à qui que ce soit ! Confondre stalinisme et communisme n’est pas la preuve d’une grande compréhension historique et politique. Quant à nous dire qu’« un monde sans classes sociales n’est pas un monde où les individus sont libres. Un monde où les individus sont libres est un monde sans classes, sans hiérarchie », c’est non seulement tautologique, mais je vais juste poser une question à son rédacteur : comment donc envisage-t-il de supprimer les hiérarchies et les classes ?
Et tant qu’on y est, qu’est-ce qu’un monde sans classes si ce n’est pas sans classes sociales ?…
« Le but de l’école n’est pas « d’enseigner la soumission », il est de reproduire la société de classe, et pour cela de produire des bourgeois et des prolétaires. La « soumission », elle ne vient pas de l’école, elle provient de l’économie capitaliste, de la concurrence, de la loi de la valeur, mais pour la bourgeoisie, l’école a une toute autre signification : elle permet d’avoir des exploiteurs intelligents. »
si le but de l’école est effectivement de reproduire la société de classes, je veux bien que l’on m’explique comment le ferait-elle sans passer par la soumission. Que l’on soit enfant de bourgeois ou de prolos, à 6 ou 7 ans, il n’y a pas beaucoup de raisons qui font que l’on va accepter de marcher en rang, de rester assis des heures sur une chaise, de ne parler que quand on nous le permet, d’aller aux toilettes quand les adultes le décident, sinon que d’avoir appris à se soumettre à celui ou celle qui a le pouvoir dans la salle de classe.
Toi qui a l’air d’avoir plus de connaissances historiques et politiques que le commun des mortels, peux-tu nous expliquer comment « l’école a eu un rôle positif à une époque, en unifiant la langue, notamment en France, mais pas seulement. » ? Ce que tu appelles l’unification de la langue s’est fait à grands renforts de punitions et d’humiliations, et ce qu’on appris ces enfants, ce n’est pas seulement à parler français, c’est aussi la soumission à l’autorité, que tu le veuilles ou non…
Ah le marxisme, cette vision mécaniste du monde qui va linéairement vers le progrès, c’est donc en cela que le capitalisme c’était cool au début, ou en tout cas sans lui pas de communisme possible, et que donc l’école aussi c’était sympa…
Et c’est pas les classes qui forment l’Etat, c’est l’Etat qui marque l’apparition des classes. Arrête de croire aux fantômes, tu verras, ça soulage.
Sinon, j’aime bien ce texte.
Quand X dit que le pouvoir est intrinsèque aux individus le CCI ne comprend pas et affirme que X a dit « les gens sont méchants! »
Si c’est pas de la manipulation…
En revanche le nom de la revue c’est Attak Attak, pas « attack attack », si ça pouvait être modifié ce serait top !
La religion oppressait bien avant la société de classe non ?
Mille fois merci pour cet article! D’autant plus salutaire que les milieux militants « libertaires » sont envahis par les « éducateurs » en tous genres, professionnels ou bénévoles, tous ces gens qui ne rêvent que de vous contrôler, formater, parfois au nom de la liberté, un comble!
Qui plus qu’un instit ou un prof peut se vanter d’avoir ennuyé à crever autant de gens dans sa vie? Ces monologues imposés, chaque jour, chaque heure, pendant des années, et pour en retenir quoi?
Car s’ils étaient honnêtes même les profs et instits reconnaîtraient qu’il ne leur reste rien ou si peu! de toutes ces années perdues à se faire bourrer le crâne! Alors oui à l’échange de connaissances, la transmission de savoir… pourvu que ce soit sans hiérarchie et surtout, pas obligatoire!
L’exploitation est quantifiable, la soumission ne l’est pas. C’est l’exploitation qui génère les rapports hiérarchiques et ce que vous appelez la soumission, pas le contraire. Et les rapports d’exploitation, c’est bien autre chose que de marcher en rangs à l’école, tout comme l’armée ne peut pas se résumer à porter un uniforme précis !
Inversement, ce n’est pas parce qu’on n’obligera plus les gamins à faire un certain nombre de choses qu’on supprimera la cause réelle de tout ça : l’exploitation d’une classe par une autre. Il existe des expériences d’écoles « libres », ça ne change rien au problème : on est toujours là dans le cadre capitaliste, et toute école « libre » ne peut que préparer au marché du travail.
D’autre part, bien sûr que l’école a imposé le français à coups de règles sur les doigts, mais il n’en reste pas moins que le fait que beaucoup de paysans ne parlaient pas le français a permis à la bourgeoisie de les utiliser comme masses de manœuvre et forces de répression : voir les Bretons utilisés pour réprimer la Commune, et systématiquement utilisés comme valets de ferme ou comme soldats de première ligne en 14-18.
Alors, oui, ça n’a pas été négatif que tout le monde apprenne le français et le comprenne, ça a participé à unifier la classe ouvrière au niveau de la nation. Ça ne suffit pas mais c’est toujours ça. Je ne regrette pas non plus d’avoir appris l’anglais à l’école : ça me sert encore, et ça ne me serre aucunement !
Bon, après, je constate une fois de plus qu’aucune remarque sur ce que j’ai écrit n’est étayée de quelque façon que ce soit ! Le marxisme serait « mécaniste »? Chez les Stals, probablement, mais quand on le connaît, ça n’a rien à voir avec ça ! Autre chose : le « pouvoir est intrinsèque aux individus » revient à dire que les gens sont méchants, et il n’est pas démontré ici que c’est faux, parce que c’est exactement ce à quoi on aboutit dans cette logique. Ça ne doit pas voler haut, les discussions entre anars…
L’anglais on peut l’apprendre de 36 manières, en fréquentant (librement) des Anglais par exemple. Moi je me rappelle peut-être trois phrases apprises de force à l’école, tout le reste je l’ai appris en écoutant des chansons, lisant des BD en anglais, et surtout après des vacances en Angleeterre! Rien qui justifie l’école OBLIGATOIRE! Combien d’enfants et d’adolescents iraient à l’école si ce n’était pas OBLIGATOIRE? Tout ce temps, tout ce temps irrémédiablement perdu! du temps qu’on aurait pu consacrer à apprendre en échangeant librement avec des enfants, ados, adultes, en lisant ce qui nous fait envie, en vivant, tout simplement!
C’est bien gentil tout çà, mais y a pas tant de gamins que çà qui peuvent se payer des vacances en Angleterre pour apprendre l’anglais LIBREMENT!
« L’exploitation est quantifiable, la soumission ne l’est pas. C’est l’exploitation qui génère les rapports hiérarchiques et ce que vous appelez la soumission, pas le contraire. Et les rapports d’exploitation, c’est bien autre chose que de marcher en rangs à l’école, tout comme l’armée ne peut pas se résumer à porter un uniforme précis ! »
Si la suppression de l’exploitation garantissait la suppression de la hiérarchie, on se demande pourquoi les sociétés sans exploitation connaissent et connaissaient des rapports hiérarchiques. La politique précède l’économie, l’économie ne peut exister sans les humains qui l’impose et la contrôle. Suppression de l’exploitation n’est pas synonyme de suppression de l’autoritarisme politique intrinsèque au communisme.
« C’est bien gentil tout çà, mais y a pas tant de gamins que çà qui peuvent se payer des vacances en Angleterre pour apprendre l’anglais LIBREMENT! »
Les vacances en Angleterre c’était un jumelage avec une ville ouvrière… mais ça c’est un exemple parmi d’autres mais bon c’est un détail, on peut bien se démerder pour trouver des Anglais en France. L’école qui répare les inégalités sociales? Et quel apprentissage compense l’aspect obligatoire de l’école? Toutes ces années perdues alors qu’on a qu’une vie, qu’une enfance?
Pour qui tient à apprendre l’anglais, l’Histoire ou n’importe quoi d’autre on peut imaginer un système d’échange de savoirs, l’important est que tout soit basé sur le volontariat, la liberté de choix et non sur la contrainte. De toute façon tout ce qu’on n’apprend pas par envie le cerveau le chasse aussitôt, c’est pour ça qu’il nous reste si peu de toutes ces années de bourrage de crâne.
Cela dit c’est évident tant qu’on sera dans ce système faut pas rêver, on ne fera rien pour favoriser le goût de la liberté! Mais qu’on ne vienne pas raconter que l’école OBLIGATOIRE est un bien pour l’humanité!
Une petite question: Ou tu as appris tous ces mots savants et cette belle orthographe?
École publique? Privée? précepteur? Maman papa?
2claire moi.
Merci
.. : comment tu fais pour manger ? Etat ? papa ? maman ?
donc pas touche à l’Etat…
merci.
« Une petite question: Ou tu as appris tous ces mots savants et cette belle orthographe?
École publique? Privée? précepteur? Maman papa?
2claire moi.
Merci »
Depuis toute petite j’adore lire, je dévore tout ce qui me tombe sous la main (bibliothèque). Je viens d’une famille de mariniers, mes parents étaient des prolos. J’ai pas fait d’études si c’est ça que tu insinues.
Pour ma culture générale: lectures, films, et surtout discussions enrichissantes avec tout un tas de gens divers et variés. Eh oui, les autodidactes ça existe!
D’ailleurs j’ai pas dit que j’étais contre la transmission de savoir, juste que j’étais contre la transmission de savoir OBLIGATOIRE. Je vois pas ce que ça ajoute de priver des gens de liberté. Même pour apprendre à lire écrire compter (les seules bases qu’on retient de toutes ces années de bourrage de crâne scolaire!) on pourrait attendre que les enfants en aient envie – ça viendrait bien un jour ou l’autre, les gosses sont tellement curieux et avides d’apprendre! et mettre à leur disposition des gens prêts à les aider, et même d’autres enfants, sur la base de l’entraide. Tout ça en toute liberté.
Bah oui parce que si je me dis « communiste libertaire » (des mots que j’ai pas appris à l’école!) c’est parce que je crois tout aussi importantes les luttes pour les libertés que les luttes pour la « justice sociale » (encore des mots et des concepts que j’ai pas appris à l’école)!
Les autodidactes, d’accord, çà existe mais reconnais que quand tu viens d’un milieu aisé avec un fort capital culturel et scolaire, çà aide à se développer. On peut se défaire de tout çà, biensûr, au prix de plus d’effort mais dans la plupart des cas c’est plus difficile quand le besoin de grailler et la galère mobilise toute tes forces.
Sur le communisme libertaire: il n’a rien à voir avec le concept de « justice sociale » qui est une demande à l’Etat pour plus de justice alors que le communisme libertaire c’est l’abolition de l’Etat.
Tout est dans le titre.
vas y, développe!
Pas compris le truc sur Bourdieu, j’en ai vaguement entendu parler comme tout le monde quand on fréquente un peu les milieux militants, est-ce que je « maitriserais » mieux Bourdieu si j’avais un peu suivi les cours à l’école au lieu de roupiller à côté du radiateur en rêvant à m’échapper de ce merdier?
« Les autodidactes, d’accord, çà existe mais reconnais que
« à ceux et celles qui se croient libres »:
Déjà je ne me crois pas libre! Même si ouf, on a encore le droit de faire des choses qui nous plaisent et nous intéressent dans le peu de temps que nous laisse l’école OBLIGATOIRE!
« quand tu viens d’un milieu aisé avec un fort capital culturel et scolaire, çà aide à se développer. »
Ben oui, on est bien d’accord, mieux vaut être riche que pauvre!
Mais l’école n’a jamais aidé à réparer les injustices sociales!
Le capital culturel et le capital scolaire ça n’a rien à voir vu qu’à l’école on n’apprend RIEN, ou si peu! Gosses de riches ou gosses de pauvres, vous vous rappelez quoi de toutes ces heures, jours, semaines, mois, années de monologues sans intérêt des instits, profs? Alors qu’on se rappelle si bien ce qu’on a appris par l’expérience, en échangeant avec les autres, en lisant ce qui nous faisait envie…
« Sur le communisme libertaire: il n’a rien à voir avec le concept de « justice sociale » qui est une demande à l’Etat pour plus de justice alors que le communisme libertaire c’est l’abolition de l’Etat. »
Le concept de « justice sociale » n’a rien à voir avec des demandes à l’Etat. Pour les communistes libertaires ça signifie le refus de toutes les inégalités, qui ne s’obtiendra qu’en cas de révolution sociale et libertaire, laquelle ne s’obtiendra que par la lutte.
Mais contrairement aux communistes autoritaires version URSS les communistes libertaires se battent aussi pour les libertés individuelles – contre toutes les prisons, contre l’école obligatoire… , qui ne s’obtiendront pas non plus grâce à l’Etat. Tous les pouvoirs ont intérêt à ce que les individus ne développent pas de capacité de réfléchir et contester. Et pour ça rien de tel que l’école.
Le coup de l’unification de la langue … en tout cas on pourra pas reprocher à l’auteur d’avoir des notions de linguistique, vu que le basque, par exemple, ne fait même pas partie des langues indo-européennes, donc ne peut donc pas avoir été « unifié » avec le français, comme toutes les autres langues parlées en métropole ou dans les dom-tom, et que l’État a essayé d’éradiquer depuis la révolution française …
Mes grands-parents étaient battus et humiliés à l’école lorsqu’ils parlaient la langue de leurs parents … on obligeait les enfants, à travers un système très pervers, à se dénoncer dès qu’un gamin ne parlait pas en français … on se souviendra des fameux panneaux « défense de cracher et de parler breton » …
Tu parles d’un progrès ! On a vu la même chose en Algérie, où on a interdit à des gamins à parler en kabyle, parce qu’il fallait parler arabe, et on a pu voir la même chose tout autour de la planète, dès lors qu’un État déclare que la langue du pouvoir est la seule a pouvoir être utilisée …
Donc bon, cette idéologie dégueulasse qui défend la logique des pouvoirs étatique on la connait déjà … va demander aux aborigènes ou aux lakotas ce qu’ils en pensent de ton « unification de la langue » ! Pas sûr qu’ils trouvent ça aussi cool que toi, parce qu’en général la guerre contre les langues elle s’accompagne de choses bien plus dégueulasses … t’as pas entendu parler de gamins des dom-tom arrachés à leurs familles et envoyés dans des fermes dans des coins paumés en métropole dans les années 60 ? Si si c’était pour leur bien, fallait bien leur inculquer la culture française à ces gosses tout de même, être français ça se mérite, et ça commence par renoncer à sa langue, à sa culture, à sa famille …
« Si la suppression de l’exploitation garantissait la suppression de la hiérarchie, on se demande pourquoi les sociétés sans exploitation connaissent et connaissaient des rapports hiérarchiques. » On peut avoir un exemple, s’il vous plaît ?
« La politique précède l’économie, l’économie ne peut exister sans les humains qui l’impose et la contrôle. » Ceci est une affirmation fausse et sans aucun argument. C’est la division du travail, notamment la première entre hommes et femmes, qui a amené le début d’une formation d’autorité politique, je ne vais même pas m’embêter à le démontrer, toute l’histoire ne fait que le confirmer ! Le communisme primitif ne connaissait pas ce genre de question…
« Suppression de l’exploitation n’est pas synonyme de suppression de l’autoritarisme politique intrinsèque au communisme. » Je ne sais aucunement de quoi parle l’auteur de ces lignes, je ne peux que supposer une chose : il ne sait pas et n’a jamais su ce qu’est le communisme, qui est justement « la libre administration des choses » et suppose la disparition de l’économie. D’où sort l’idée d’un « autoritarisme politique intrinsèque au communisme »? Aucune idée ! Quant aux « communistes autoritaires version URSS », je n’ai aucune idée non plus de ce que c’est : il existe des communistes authentiques et des Staliniens qui disent l’être mais ne le sont pas. Continuer à confondre encore stalinisme et communisme un siècle après, franchement…
Que l’école soit obligatoire ou pas n’est pas la question : tant qu’on vit dans un régime d’exploitation, c’est la classe dominante qui dicte ses conditions, point-barre ! On peut discuter de l’école tant qu’on veut, elle est en tant que telle indispensable, vu qu’il faudra bien de toute façon éduquer les mouflets, et n’importe qui ayant travaillé dans une école sait que les enfants ont une énorme soif d’apprendre. Quand on ne sait rien, on connaît la valeur de l’enseignement, et un gamin de cinq ans n’a aucune idée de ce qu’il veut savoir : il veut apprendre tout ce qu’on lui montre, c’est tout. Accessoirement, on apprend bien mieux à cinq ans qu’à vingt, n’importe qui est allé en formation à l’âge adulte le sait parfaitement.
Après, encore une fois, l’école en régime capitaliste ne cherche pas l’épanouissement personnel ; ça ne veut pas dire que c’est l’enseignement en tant que tel qui en est responsable. Le contrôle de l’école est effectivement indispensable à tout pouvoir pour se maintenir en place, mais ça ne fait que montrer, en creux, l’importance subversive qu’elle peut avoir…
Quant à la question des « parlers locaux », ils n’ont jamais fait qu’isoler des groupes humains les uns des autres. « Défense de cracher par terre et de parler breton », ben oui, il y avait une contrainte, mais c’étaient les parents qui mettaient une baffe aux gamins qui parlaient breton à l’école, vu qu’ils y étaient pour apprendre le français que les anciens ne connaissaient pas ! Ce n’est pas un hasard non plus si sous l’apartheid les Afrikaans interdisaient aux Noirs d’apprendre l’anglais ! La logique nationaliste basque, bretonne, alsacienne ou autre a un peu tendance à me retourner l’estomac : les langues, c’est fait pour qu’on se comprenne. Quand elles servent à isoler, il y a plus qu’un problème. Je rappellerai pour mémoire l’utilisation du créole par la CGT dans la lutte en Guadeloupe de 2010, qui a bien servi à isoler les grévistes des Caraïbes des manifestants de France qui tentaient de combattre la réforme des retraites…