En fait, toutes les personnes « noires » n’ont pas de problème avec les dreadlocks de « blanc »
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Category: Global
Themes: Anti-répressionIndividualismeNihilismePrisons / Centres de rétentionRacisme
EN FAIT, TOUTES LES PERSONNES « NOIRES » N’ONT PAS DE PROBLÈME AVEC LES DREADLOCKS DE « BLANC »
Un petit journal sur le chaos et le nihilisme de race
“And these rhymes ain’t tight, they’re terrorish
And that girl’s not white, she’s anarchist
And we float like kites to get turbulence
Born with our throats slit
Self stitched
raised to aim over it
Soldier with no king
War with the war on me
I am more than this world lets me be”
– P.O.S “Weird Friends (We Don’t Even Live Here)”
Note : Dans ce texte j’utilise des guillemets autour de toutes les catégories et idéologies identitaires (par exemple les personnes « noires » ou « suprématie blanche ») dans le but de remettre en question leur supposée légitimité en tant que vérités universelles plutôt qu’en tant que constructions fictives qui servent le contrôle social.
1. Nihilistes avec des postures
Malgré le fait que je sois métissé, ma couleur de peau est socialement considérée comme « noire » (ou marron foncé comparée à d’autres). Une partie de la musique que j’écoute est basée sur, et associé de manière stéréotypée à, la « culture noire ». Les combinaisons de mots que j’ai appris à utiliser, influencées par l’environnement dans lequel j’ai grandi, sont de façon stéréotypée associées à la vie dans le ghetto. Les tensions communautaires et la violence étatique me suivent partout où je vais. Quand j’entre dans un magasin, mon baggy noir et mon sweat noir à capuche amènent les gens à penser au pire : J’ai un passé criminel et peux causer des problèmes. Mais hey ! Je ne suis pas « noir ». Cette société m’a assigné cette identité « noire » à la naissance et avec la pression sociale, elle attend de moi que j’adopte cette identité. Mais je refuse. Le concept même de race n’est avéré ni scientifiquement ni biologiquement. Ce n’est rien de plus qu’une construction sociale utilisée comme un outil d’oppression. La complexité de mon individualité ne peut être représentée par une identité « noire » pas plus que par une « culture noire ». Les identités sont des représentations générales et fixes des individus, et elles sont dictées par des normes sociales, des attentes et des stéréotypes. Elles sont standardisées par le capitalisme[1] et la civilisation industrielle et considérées comme étant universelles et impossibles à remettre en question. Quand j’entre dans un magasin, je me prends des regards inquiets comme si je venais juste de voler quelque chose. Et pour être honnête, ils ont probablement raison. Peut-être que je viens de le faire. Parce que le niveau social correspondant à mon identité est situé proche du bas de l’échelle, ce qui signifie mon accès aux ressources est limité. Donc l’illégalisme est la manière dont je crée mon accès aux ressources sans mendier pour l’égalité avec un bulletin de vote. Sous le capitalisme, l’égalité ne peut pas exister. Et je dois survivre, donc je fais ce que je dois faire. Et ça ne signifie pas s’injecter de la drogue et valider la culture de l’intoxication. La culture de la drogue est un piège mis en place par l’Etat, donc je dois être plus imaginatif et déterminé.[2]
Les groupes socialement construits (« noir », « homme ») d’après lesquels la société m’identifie sont ceux qui me sont assignés à la naissance par un système qui bénéficie de ma catégorisation identitaire – un système que je rejette entièrement. C’est ce même système qui établit le « noir » comme inférieur au « blanc », « la femme » comme inférieur à « l’homme », « l’animal[3] » comme inférieur à « l’humain ». Je ne nierai pas les expériences réelles de sexisme et de racisme que certaines personnes vivent, ni la réalité du racisme et du sexisme institutionnalisés qui font subir la pauvreté et la guerre à ceux d’entre nous qui sommes genrés ou racialisés comme inférieurs. La « suprématie blanche », la « suprématie masculine » et cette société capitaliste dans son ensemble doivent être détruites. Et je refuse d’adopter n’importe quel mécanisme identitaire de division comme forme de résistance personnelle.
A la place, j’adopte la criminalité contre les lois de l’identité, et contre les agents du renforcement identitaire responsables de la normalisation des frontières rigides de l’identité. Je rejette le discours progressiste stipulant que, en tant qu’« homme noir », je mérite les mêmes droits qu’un « homme blanc » dans ce pays. « Homme noir » ne me représente pas, et je refuse d’être assimilé à ces rôles. Je veux les voir détruits, tout autant que la logique qui les crée. Mon existence incarne la négation de l’assimilation sociale et de la prison de la représentation identitaire, reconnaissant l’individualité sans mesure comme la forme la plus sincère de l’anarchie. L’identité « homme noir » ne me représente pas.
2. Garde tes dreadlocks de « blanc ». Continue de tout bousiller.
Je n’en ai rien à faire de tes dreads qui viennent de ta culture. Et je n’en ai rien non plus à faire des dreads des personnes « blanches ». J’ai autre chose à faire que de pourchasser les gens avec une paire de ciseaux en essayant de leur faire une coupe gratuite. Et le taux de mélanine ne nécessite pas de se conformer à une culture en particulier, ni à aucune culture tout court. Mort à la culture. Je n’ai jamais eu mon mot à dire quant au fait d’être assigné à cette culture « noire » qui est censée me représenter. Est-ce que le fait de connaître mes origines africaines me sauvera des attaques des milices « suprématistes blanches » armées ? Ou des attaques de l’Etat? Et il semble que les enfants sont souvent forcés à la naissance d’appartenir à une culture par des gens qui considèrent qu’ils savent mieux ce qui est bon pour eux. Ce qui en soi constitue une forme d’autorité qui peut aussi être nourrie par une identité socialement contrainte et des rôles assignés.
Comme la race et le genre, la culture est aussi une construction sociale uniquement maintenue par ceux qui souhaitent la valider avec leur propre asservissement. Et certaines personnes ne sont jamais autorisées à connaitre quoique ce soit en dehors de leur culture – excepté peut-être tous les problèmes qu’il y a avec d’autres cultures. Ce sens du nationalisme semble imperméable à toute critique des gauchistes et de la plupart des anarchistes. La « suprématie blanche » et le nationalisme sont largement dénoncés et attaqués, mais depuis quand la « suprématie noire » et le nationalisme sont-ils acceptables ? Comprenez-moi bien, la « suprématie noire » et le « black power » ne sont pas soutenus par l’Etat, et ont émergé comme réponse légitime au pouvoir et au suprématisme blanc.
Mais reproduire plus de suprématie identitaire est contre-productif et réformiste. Le « Black Power » se limite à l’émancipation basée sur l’identité sans se confronter aux fondements de l’identité assignée au départ. Et ne faites pas comme si les tendances « nationalistes noires » n’existaient pas au sein de certains milieux anarchistes. Je vous ai à l’œil vous les politiciens identitaires qui prenez le dessus sur les anarchistes « blancs » grâce à la culpabilité. Vous faites en sorte à ce qu’ils se surveillent les uns les autres – en promouvant un discours progressiste basé sur les droits de toutes les personnes « noires » en tant que victimes.
Je n’essaye pas de perdre mon temps à réformer quoique ce soit. Je n’essaye pas d’adopter une identité et ensuite de demander des droits pour elle. Je ne demande rien de ce système, je souhaite détruire tout ce qui le légitime, y compris l’identité assignée pour maintenir sa binarité de classe. Le « nationalisme noir » n’est pas une solution pour éliminer le racisme. Il renforce le racisme en tant que système culturel et institutionnalisé en validant la binarité « blanc »/ « noir » raciale et de classe. Et si nous essayons tous d’être libres, pourquoi adopter les mêmes identités que celles qui ont été construites pour nous diviser et nous stratifier ? Et comment allons-nous reprendre et déterminer nos vies si nous restons prisonniers des chaînes du victimisme intériorisé ?
Ceux qui maintiennent les cultures sur une base traditionnelle sont dans une position de pouvoir qui constitue une hiérarchie entre ceux qui adoptent une culture particulière et ceux qui la refusent. Je ne refuse pas seulement la « culture états-unienne[4] » et toutes ses constructions sociales et valeurs, mais toutes les cultures qui gouvernent la pensée. Les cultures freinent la libre pensée et l’exploration sans limite de son potentiel individuel. Plutôt que de permettre aux individus d’interagir avec le monde et de développer une opinion basée sur leurs propres expériences indépendantes, un mythe préconçu de la vie est imposé et justifié comme étant la « vérité » par celles et ceux en position de pouvoir manipulateur. Pour exister, les cultures se basent sur l’asservissement d’un groupe de personnes homogénéisé et basé sur des rôles et caractéristiques socialement construits. Je ne trouve pas seulement les cultures et leur désir de contrôle et de domination personnellement indésirables, mais j’ai appris que leur pouvoir s’ancre dans l’esprit des opprimés. Ceux qui n’ont pas le courage ou pas accès à la possibilité de penser par eux-mêmes, ou qui promeuvent activement la culture et le nationalisme usent toujours de tactiques de manipulation comme l’humiliation et la culpabilisation de celles et ceux qui refusent de s’assimiler. Ces types de groupes nationalistes basés sur la culture ne reflètent pas une réalité ou une vérité universelle, pas plus qu’ils ne représentent toutes les personnes qu’ils prétendent représenter.
Alors hey lecteur « blanc », les « dreads de blanc » ne sont pas de l’appropriation culturelle. Aucune culture n’a le monopole sur une coupe de cheveux. La culture est un état d’esprit qui ne peut se manifester matériellement qu’avec des frontières essentialistes protégées par des lois identitaires et par celles et ceux qui les font appliquer. Est-ce que tes dreads transgressent les lois identitaires ? Est-ce que la police identitaire est venue et t’a accusé de ne pas respecter les lois de l’essentialisme ? As-tu rejeté leur autorité autoproclamée ? Alors tu es peut-être un criminel qui vaut le coup d’être connu. Dans un contexte capitaliste, si tu essaies de vendre des dreads comme une marchandise à la mode, ce n’est pas de l’appropriation culturelle. Mais tu peux toujours avoir tes fenêtres brisées en bon capitaliste que tu es. Capitalisme mis à part, si tes dreads sont des mèches puantes faites de sueur séchée et de cheveux emmêlés et/ou entortillés, tu gères. Mes dreads sont faites pareil. A bas les standards de beauté, le capitalisme, et ceux qui les défendent.
3. « Lâche », un autre mot pour « allié blanc »
Je m’en tape si tu t’identifies comme un « allié blanc » approuvé par la communauté. Mais je vais considérer que : 1. Tu es incapable de penser par toi-même. 2. Que tu es un lâche. 3. Tu hésiteras quand, dans le feu de l’action, je te demanderai de me passer un cocktail Molotov – par peur de desservir la communauté. Admettons que tu sois à mes côtés dans la rue ou quelque part où les tensions sont vives, je ne veux pas que tu restes derrière moi et que tu me demandes ce que tu dois faire. Je ne veux pas être ton chef. L’autorité, n’est-ce pas ce contre quoi l’on se bat en premier lieu ?
En tant qu’ami, est-ce que nous traînerons et discuterons librement ou est-ce que tu passeras ton temps à hésiter et à peser chacun de tes mots pour rester politiquement correct par peur de m’offenser ? Si tu dis une connerie, ne suis-je pas capable de prendre en considération le milieu dans lequel tu vis et de te demander calmement de réfléchir à ce que tu as dit ? Vas-tu fliquer mes autres amis « blancs » avec ton expertise anti-raciste, dans l’espoir de gagner mon approbation ? Vas-tu patrouiller autour des frontières de l’identité et me réduire à une simple « voix marginalisée » incapable de prendre la place contre le suprématisme blanc ? Dans ce cas, tu souffres de « culpabilité blanche » et tu es un conformiste qui devrait faire un travail sur lui-même. Je ne souhaite pas ce que les SJW[5] progressistes et certains anarchistes ridicules appellent « alliés ». Je veux des complices. Je suis bien tout seul, mais j’apprécierai la compagnie anarchique de ceux dont les idées et des stratégies ne sont pas toujours les miennes, et avec des expériences et des histoires différentes. Est-ce que tu refuses de te soumettre à la société et vois plutôt la vie comme une attaque quotidienne contre la société capitaliste ? Cool. Moi aussi. En dépit des catégories socialement construites et des identités assignées, c’est le lien qui nous unit. C’est notre affinité.
4. Capter l'(anti-)programme
Cela ne sert à rien de faire des demandes. Il est inutile de demander aux personnes en position de pouvoir d’arrêter leur quête pour le contrôle et la domination. Je ne peux pas demander aux organisations de People of colors progressistes, aux universitaires, et aux SJW d’arrêter de prétendre qu’ils me représentent moi et mes intérêts. Je n’ai pas le temps de passer des heures à leurs expliquer que toutes les personnes qu’ils identifient comme « noires » ne peuvent pas être « sauvées » par l’église de la justice sociale. Certains individus veulent juste l’argent et le pouvoir de dominer les autres comme n’importe quel banquier ou patron « blanc ». Je ne peux pas les supplier d’arrêter d’invisibiliser mon existence en tant qu’individu agissant en dehors des limites de leurs programmes politiques. Je ne peux pas voter en priant les gauchistes et les anarcho-gauchistes de réaliser que leurs plans pour « organiser les masses » découragent en dernière instance la vitalité de l’anarchie – de l’individualité. Je ne peux pas changer ou réformer leur système au sein duquel ils opèrent et avec lequel ils essaient de dominer le terrain politique. Je suis anti-politique en cela que tous les programmes dérivés de la politique sont voués à échouer car ils ont tous une chose en commun – la représentation. Aucune de ces personnes ne me représente, ni ma personnalité, ni les actions anarchistes de mon individualité. Je suis anti-politique en cela que mes actions de révolte ne constituent pas une occupation politisée séparée de ma vie quotidienne. L’anarchie n’est pas mon loisir activiste. Mon existence individuelle est une expropriation nihiliste et transformatrice d’une vie qui n’aurait jamais dû être la mienne en premier lieu.
Donc si tu es « blanc » et que tu lis ceci, tu as déjà affronté le flic dans ta tête qui te dit de ne jamais lire quoique ce soit qui critique le progressisme « noir », l’identité en général, et la notion d’allié ou la culture. Comme quand tu te barres après t’être fait sermonner sur tes dreads par un activiste « noir » et que tu marmonnes dans ta moustache « va te faire foutre ». Ou dans la rue quand ils t’ont traité de « casseur » pour avoir essayé de briser une vitrine de banque et que de toute façon tu l’as fait. Tu fais ce tu as à faire. Les progressistes, anarcho-proressistes inclus, continueront d’essayer de fliquer tout le monde avec un langage politiquement correct qui change tous les ans. Ils continueront de te culpabiliser d’avoir la peau « blanche ». Ils te culpabiliseront quand tu te soulèveras et agiras contre l’autorité de leurs études et de leur jargon universitaire. Ils continueront de te menacer de critiques publiques, d’ostracisme, et peut-être de violence physique tant que tu refuseras de te soumettre psychologiquement à leur programme. Au lecteur « noir », personne ne peut représenter la totalité de ton individualisme parce que malgré ce qu’ils pensent savoir de toi, ton intellect et tes expériences ne sont pas figés. Ton existence ne peut être confinée à une simple position sociale sur une échelle. Sens-tu les chaînes qui emprisonnent ton imagination pendant que tu agis enfermé dans ton identité assignée ? Ton identité en tant que personnes « noires » peut-elle vraiment te libérer ou est-ce qu’elle te conforte dans ton sentiment intériorisé de victimisme qui accompagne cet assignement racialisé ? Te sens-tu forcé de te soumettre à la « libération noire » par peur de te sentir seul et isolé ? Cette peur est légitime. Et cette peur est ce qui te maintient dans la soumission. Ce texte a été écrit dans l’espoir d’inspirer le criminel en toi. Si tu reconnais les prisons dans lesquelles les « chefs communautaires » mettent ton imagination, peut-être que tu échapperas aux confinements progressistes consistant à tenir ta pancarte, faire des réunions pendant des heures, chanter et marcher pour la « justice ».
La peur est leur arme pour « organiser les masses » et décourager la détermination individuelle. Mais soit. Je n’ai pas besoin de leurs masses ou de leurs programmes pour savoir quand et comment attaquer. Et toi ? Et qu’en est-il des autres personnes « noires » qui sentent qu’elles doivent rejoindre ces groupes et organisations progressistes et radicaux basés sur l’identité, afin de rester loyal à l’identité « noire » culturelle ? L’expérience commune du fait d’être « noir » sous le capitalisme est seulement limitée à l’identité. Ce n’est pas parce que des gens partagent les mêmes formes d’oppression institutionnalisées qu’elles partagent les mêmes visions et les mêmes objectifs concernant la manière de les détruire. Ce sont des différences importantes qui ne devraient pas être effacées. Pendant que ces groupes continuent leurs tentatives abrutissantes de créer un nouveau système d’essentialisme racial calqué sur l’ancien, certains d’entre nous prenons plaisir à détruire tous les systèmes. Mon anarchie est une expansion existentielle de l’individualité au-delà des limitations des constructions sociales raciales (et genrées). Lorsqu’ils disent « unité « noire et métissée » contre le racisme et le fascisme », certains d’entre nous disons « toutes et tous contre le racisme et le fascisme, ainsi que les identités fixes qui leur permettent d’exister ». Quand le chaos prospère avec l’émancipation et le potentiel illimité qui en découle, l’individualité devient une arme de guerre contre le contrôle et l’enfermement catégoriel. Alors qu’ils te traitent de « blanc » et qu’ils chantent « Coupe tes dreads ! », moi je dis que toutes les personnes « noires » ne se préoccupent pas des dreads de « blanc ». Reste ingouvernable. Retrouvons-nous dans la rue lorsque la nuit sera éclairée par le feu.
– Flower Bomb
Traduit de l’anglais.
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Notes
1. NdT : Pour nous ces identités existaient bien avant l’apparition du capitalisme.
2. NdT : Si la drogue permet la pacification sociale (comme n’importe quel autre paradis artificiel, tel le sport) rappelons néanmoins que chacun survit comme il le veut et le peut. De plus, cette « culture de la drogue » n’est pas uniquement imputable à l’Etat.
3. NdT : Animal non-humain
4. NdT : Nous avons préféré traduire « american culture » par « culture états-unienne » car si on ne saurait réduire les États-Unis à une seule culture cela est encre moins possible concernant le continent américain.
5. Social Justice Warrior
le constat est exact
la violence “intercommunautaire”, l’autoritarisme entre dominé-e-s, le petitchefaillisme gauchiste est ignoble
à differ partout sans modé
ça fait un bien fou de lire ça.
Excellent texte. merci. Où peut-on le trouver?
À differ surtout sur twitter, repaire des détestables essentialistes pour contrer leur #whitegaucho #whiteouinouin et autre #whitequiveutdescookies, cheval de troie d’une pensée qui se fout de l’émancipation sociale et des luttes collectives mais supporte bel et bien le néo libéralisme (et qui respecte bien plus les fachos).
Le texte original : https://theanarchistlibrary.org/library/flower-bomb-really-though-not-all-black-people-give-a-fuck-about-white-dreads
Prendre un exemple caricatural et anecdotique comme les dreadlocks, et ne pas même mentionner le suprémacisme blanc, qui est le vrai problème, c’est être complice des racistes.
https://paris-luttes.info/a-nos-ami-e-s-blanc-hes-10048
[…]
“Nous nous faisons les allié·es du racisme d’État et d’une hiérarchisation des luttes lorsque nous favorisons systématiquement les mobilisations blanches ou parisiano-centrées, quand nous préférons les manifs des cheminot·es ou les 11h Nation aux rendez-vous antiracistes. Le 13 avril, les militant·es et collectifs autonomes ont préféré appeler à la manifestation cheminote en désertant le rassemblement devant la préfecture de Bobigny qui devait permettre à 150 exilé·es de construire un rapport de force pour l’obtention de papiers, favorisant une fois de plus le grand frisson du cortège de tête au rôle de personnes solidaires de second plan.
Nous nous faisons les allié·es de l’exotisation des luttes antiracistes lorsque nous nous déplaçons en banlieue uniquement pour des mobilisations contre les violences policières : là encore, il s’agit de rassemblement dans lesquels nous attendons l’étincelle et l’émeute et fantasmons un sujet révolutionnaire qui serait le jeune racisé de banlieue. Nous exotisons les luttes antiracistes quand nous nous rendons aux manifestations pour Théo et pas à celle des exilé·es et des collectifs de sans papiers, car ce qui nous intéresse au final c’est le fantasme d’une haine partagée de la police, et que nous ne nous investissons pas dans la charge politique difficile et longue des luttes antiracistes autres.
Nous nous faisons les allié·es du racisme d’État quand nous parlons d’expulsion de la ZAD et des universités, et jamais des expulsions des exilé·es ; quand nous parlons des militant·es incarcéré·es, et pas des Centres de Rétention Administrative ou des milliers de personnes non-blanches de nationalité française qui représentent la majorité de la population carcérale ; quand nos tracts actuels parlent de convergence des luttes avec les cheminot·es ou les postier·es sans évoquer la lutte contre la loi Asile et Immigration. Quand quelqu’un s’exclame, à Tolbiac, que la mort d’Adama Traoré « n’est pas une question raciale mais une question sociale », il ne fait pas que révéler son ignorance de l’existence du racisme d’État : il étouffe (même inconsciemment) toute revendication antiraciste pour lui imposer son analyse de classe qu’il considère comme absolue.” […]
“La « suprématie blanche » et le nationalisme sont largement dénoncés et attaqués, mais depuis quand la « suprématie noire » et le nationalisme sont-ils acceptables ? Comprenez-moi bien, la « suprématie noire » et le « black power » ne sont pas soutenus par l’Etat, et ont émergé comme réponse légitime au pouvoir et au suprématisme blanc.”
Tu devrais relire le texte et utiliser tes propres arguments plutôt que de copier-coller pour y répondre.
Surtout pour un texte puant qui insinue que nous devrions choisir entre révoltés des quartiers et exilés.
représente qui, d’ailleurs?
Yul Brynner, tu t’offusques d’un “exemple caricatural et anecdotique” comme les dreadlocks, mais il faut que tu saches qu’en Amérique du Nord il y a des textes qui ont été écrits pour “expliquer” en quoi c’est raciste et colonial d’avoir des dreadlocks quand on est blanc. C’est ridicule et stupide, certes, mais ça a mené à l’exclusion de blanc-he-s à dreadlocks d’événements publics organisés par des “anarchistes”, comme un salon du livre anarchiste à Montréal, entre autres exemples ahurissants d’apolitisme.
Aussi, tu n’argumentes pas et te contentes d’un copier-coller d’un texte lui-même très caricatural: critiquer la “hiérarchisation des luttes” (quand on “préfère” aller à telle manif plutôt qu’à telle autre) tout en disant que c’est mieux d’aller à des mobilisations pour les “exilé-e-s” (ou sans-papiers, migrant-e-s, etc.) plutôt que contre les violences policières dans les quartiers (pour Théo, etc.), c’est grotesque, incohérent, et politiquement minable. C’est vraiment chercher des poux chez “les autres” (en l’occurrence les anarchistes “blanc-he-s”…) parce qu’ils ne correspondent pas à l’image que tu souhaites du bon militant.
Pourtant, ces mêmes anarchistes “blanc-he-s” n’ont pas attendu les mots d’ordre du texte “À nos ami-e-s blanc-he-s” pour mener et participer à des luttes contre les frontières, contre les CRA, en solidarité avec les sans-papiers, et cela depuis des décennies.
De mémoire de relativement vieille militante (même si en réalité je n’ai pas 80 ans comme le dit ma fiche Wikipédia mais deux fois moins), je me souviens avec énergie des manifs, actions directes, occupations de toutes sortes, entraide et autres rassemblements auxquels de nombreuses anarchistes “blanc-he-s” ont participé, depuis les années 1990 en solidarité avec les sans-papiers de Saint-Bernard (manif samedi prochain à Paris, d’ailleurs) jusque dans les années 2010 avec les harragas tunisiens. Il y a aussi eu les luttes contre les centres de rétention, notamment à Vincennes, les balades contre les frontières, les actions à Roissy, les occupations d’Air France et autres, les ouvertures de squats avec ou pour des migrant-e-s, les exemples sont sans fin, alors STP nous poste pas des textes à côté de la plaque qui cherchent à nous faire la morale et à nous mettre en concurrence les un-e-s avec les autres.
On a toutes nos histoires spécifiques, avec nos réussites et nos échecs, nos qualités et nos défauts, toujours des choses à critiquer et à remettre en question, mais bordel, cherchons ce qui nous rapproche, comment réussir à lutter ensemble contre l’État, le capitalisme, et les dominations de toutes sortes. C’est pas en se pointant du doigt mutuellement qu’on ira loin.
Qui a défendu la « suprématie noire » et le nationalisme ? où, quand ?
Qui a demandé de « choisir entre révoltés des quartiers et exilés » alors que l’article de Paris Luttes dit au contraire qu’il faut coordonner les deux ?
On n’ira pas loin avec ce genre de novlangue.
Le suprémacisme blanc est à combattre sans concessions.
https://iaata.info/C-est-du-racisme-imbecile-248.html
Yul Brynner écrit à 15:57 :
“Prendre un exemple caricatural et anecdotique comme les dreadlocks, et ne pas même mentionner le suprémacisme blanc, qui est le vrai problème, c’est être complice des racistes.”
Yul Brynner ment et il le sait.
La preuve :
“La « suprématie blanche », la « suprématie masculine » et cette société capitaliste dans son ensemble doivent être détruites. Et je refuse d’adopter n’importe quel mécanisme identitaire de division comme forme de résistance personnelle.”
“Est-ce que le fait de connaître mes origines africaines me sauvera des attaques des milices « suprématistes blanches » armées ?”
“La « suprématie blanche » et le nationalisme sont largement dénoncés et attaqués, mais depuis quand la « suprématie noire » et le nationalisme sont-ils acceptables ? Comprenez-moi bien, la « suprématie noire » et le « black power » ne sont pas soutenus par l’Etat, et ont émergé comme réponse légitime au pouvoir et au suprématisme blanc.”
“Vas-tu patrouiller autour des frontières de l’identité et me réduire à une simple « voix marginalisée » incapable de prendre la place contre le suprématisme blanc ? ”
Flower Bomb
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Pète les dents à Yul Brunner le menteur pro. S’il ne sait pas pourquoi, toi tu le sais.
Tout le monde sait très bien qu’il y a des débiles partout, entre autres vouloir empêcher des Blancs de porter des dreadlocks, mais c’est complètement anecdotique et ne représente en rien le mouvement antiraciste décolonial et la lutte contre le suprémacisme blanc. S’en servir pour discréditer ce mouvement, c’est pas innocent mais politique, surtout quand on évite d’aborder les vrais problèmes.
http://www.slate.fr/story/129314/alt-right-neo-nazis-supremacistes-extreme-droite-trump
«Alt-right», suprémacistes blancs, néonazis: les nouvelles frontières de l’extrême droite américaine
“Mis en lumière par l’élection de Trump, l’alt-right est un mouvement fondé par des idéologues qui croient en la supériorité des blancs sur les noirs, mais désigne aussi des milliers de trolls en révolte contre le multiculturalisme et le féminisme.”
“Nous nous faisons les allié·es de l’exotisation des luttes antiracistes lorsque nous nous déplaçons en banlieue uniquement pour des mobilisations contre les violences policières : là encore, il s’agit de rassemblement dans lesquels nous attendons l’étincelle et l’émeute et fantasmons un sujet révolutionnaire qui serait le jeune racisé de banlieue. Nous exotisons les luttes antiracistes quand nous nous rendons aux manifestations pour Théo et pas à celle des exilé·es et des collectifs de sans papiers, car ce qui nous intéresse au final c’est le fantasme d’une haine partagée de la police, et que nous ne nous investissons pas dans la charge politique difficile et longue des luttes antiracistes autres.”
Je lis très bien
Mais je ne vois toujours pas qui est le “nous”?
Le corollaire de la discrimination engendrée par le racisme, c’est le « privilège blanc ». Toute une série d’avantages avec lesquels les personnes blanches partent dans la vie, pour l’unique raison qu’elles sont blanches. Ces atouts font qu’elles sont perçues comme a priori légitimes, a priori compétentes et a priori innocentes[1].
Cela a tendance à leur valoir de la considération, quand les personnes racisées[2] font globalement l’objet d’une présomption de culpabilité, de médiocrité (ce qui peut leur valoir du mépris) et d’incompétence. En vertu de ce privilège, non discrétionnaire, systémique et lié à l’absence de discrimination subie (voir la définition détaillée de ce concept dans ce contexte précis dans « Briser le tabou du privilège pour lutter contre le racisme et le sexisme »), les personnes blanches n’ont pas à faire leurs preuves en tant que blanches.
Se voir en tant que blanc·he·s
Regarder le privilège blanc quand on parle de racisme, c’est tourner le regard non plus vers les personnes discriminées mais vers celles qui en tirent profit, qu’elles le veuillent ou non. Or le propre des dominants (un groupe social tirant parti d’un rapport de domination, qu’il s’agisse de racisme, de sexisme, d’homophobie, de capacitisme, etc.), c’est de se définir comme représentants de l’humanité, c’est-à-dire comme étant la norme. « Les autres » diffèrent donc de cette norme. Et « les uns » n’ayant pas besoin d’être définis, ni même nommés, nommer les dominants – en l’occurrence les blanc·he·s – est un acte essentiel de la reconnaissance de la domination.
« La plupart des Blancs ne se perçoivent pas comme blancs. Parfois, on croirait même qu’ils ignorent leur couleur. Si les Blancs sont largement minoritaires à l’échelle de l’humanité, leur domination politique et économique est telle qu’elle majore leur position. Et les majoritaires tendent à se considérer comme l’incarnation de l’humanité. Ainsi, le groupe des Blancs est censé porter en lui toutes les qualités universelles et chaque Blanc est réputé porter des particularités individuelles qui font de lui un être irremplaçable. Ce qui n’est pas le cas des minorités, porteuses des qualités et défauts spécifiques généralisés à leur groupe, sans être détentrices de caractéristiques individuelles, ce qui fait d’eux des êtres interchangeables. On dit d’ailleurs “la femme”, “le Noir”, mais jamais “le Blanc”[3] », pour citer les propos de la journaliste et militante antiraciste Rokhaya Diallo. […]
https://blogs.mediapart.fr/segolene-roy/blog/050314/l-autre-versant-du-racisme-le-privilege-blanc
La plupart de celles et ceux qui parlent du privilège blanc sont des gavés comme, par exemple, Olivier Le Cour Grandmaison, cet historien descendant d’une célèbre famille négrière nantaise. Celui-ci doit sa position sociale à sa famille et en même temps dénonce le supposé privilège blanc mais lui, y renonce t-il à son privilège de classe! Ce sont des bourgeois qui au mauvaise conscience et veulent la soulager mais apparemment leur fardeau est trop lourd et ils voudraient le partager. Tevanian, lui non plus ne renonce pas à son privilège de classe, sinon il pointerait au Pôle emploi, tout comme sa clique d’universitaires surdiplomés.
… et allez déballer votre discours à des galériennes et des galériens et vous vous prendrez des patates dans la gueule. C’est çà la guerre des classes!
Tevanian, Le Cour Grandmaison, Liogier, Davis, Vergès, Boniface, Gresh… tous ces “antiracistes” sont issus de la bourgeoisie ou copinent avec. Certains ont soutenu des régimes dictatoriaux. Ces gens sont des cadres du capitalisme et des larbins pouvoir politique.
1- je me suis trompée, la manif st-bernard sans-papiers c’est pas samedi prochain mais celui d’après:
https://paris.demosphere.eu/rv/63599
on y sera de toute façon.
2- au commentaire de juste avant, tu te trompes, angela davis ne vient pas du tout de la bourgeoisie (à moins que tu ne voies des bourgeois partout, c’est aussi un réflexe craignos dans le “milieu” de qualifier de bourgeois tout ce qui n’est pas dans l’extrême galère… et encore, angela davis a connu des moments horribles – de racisme – dans son enfance… faut lire son excellente autobiographie, vraiment). les autres que tu cites, j’en sais rien. mais dans tous les cas, c’est préférable de critiquer les idées des gens plutôt que leur prétendu background social: cela est valable autant pour les “antiracialistes” qui vont traiter tout le monde de “bourgeois” pour invalider leurs propos que pour les “racialistes” qui vont traiter tout le monde de “blancs” pour invalider leurs propos. degré zéro de la réflexion politique, tout ça. quelle triste époque…
Pour les antiracistes qui auraient échappé au « cassage de gueule, au pétage de dents, au bucher et au sida » que nous promettent les suprémacistes, un excellent texte d’Angela Davis pour leur remonter le moral :
Angela Davis : « S’engager dans une démarche d’intersectionnalité »
https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/191217/angela-davis-s-engager-dans-une-demarche-d-intersectionnalite
“c’est préférable de critiquer les idées des gens plutôt que leur prétendu background social: cela est valable autant pour les “antiracialistes” qui vont traiter tout le monde de “bourgeois” pour invalider leurs propos que pour les “racialistes” qui vont traiter tout le monde de “blancs” pour invalider leurs propos. degré zéro de la réflexion politique, tout ça. quelle triste époque…”
Pour toi il faudrait rester dans le monde pur des idées et ne pas prendre en compte le “background” social. T’es marrante toi, il ne faudrait pas tenir compte de la classe sociale de celles et ceux qui dénoncent le prétendu privilège blanc. Je suis matérialiste et je considère que tout idée a une base sociale. C’est toujours la bourgeoisie qui règne et faut pas me faire le coup de c’est pas de leur faute, ils n’y sont pour rien les pauvres! Rompre avec son milieu bourgeois c’est possible, le refus de parvenir çà existe. Mais ces gens ne le veulent pour rien au monde, donc autant camoufler leur domination.
Sur Angela Davis: ce n’est pas une bourgeoise au départ mais elle l’est devenue et une grosse stalinienne en plus (Elle a reçu le prix Lénine pour la paix de l’ex URSS).
Sur Françoise Vergès, grande pourfendeuse du privilège blanc, elle est issue d’une des famille qui règne depuis un bail à la Réunion. https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Verg%C3%A8s
Quant aux autres qui ne seraient pas des grand bourgeois ils en sont les larbins, des agents dominés de la domination, des parvenus. Ils vivent très confortablement comparé au smicard de base. Et le smicard de base ce n’est pas l’extrême pauvreté…
en vendant beaucoup de bouquins et en signant beaucoup d’autographes!
Dans l’expérience des féministes qui ont pour habitude de communiquer sur les réseaux sociaux, apparaît souvent un personnage récurrent. Appelons-le Mr Vrais Combats. Oui, car c’est la plupart du temps un homme. Lors d’une discussion sur un sujet féministe, il intervient et déclare, d’un ton passablement condescendant, que les féministes sont priées d’aller mener les “vrais combats” ailleurs, hors de France/Europe. “Ailleurs”, c’est le plus souvent dans un pays lointain, musulman de préférence, car Mr Vrais Combats estime apparemment que l’oppression des femmes ne peut exister que dans un pays musulman, l’Afghanistan par exemple (il faut croire que Mr Vrais Combats est souvent un peu islamophobe sur les bords). Apparemment en France/Europe il n’y aurait aucun “vrai combat” féministe digne d’intérêt à mener.
Déjà, relevons l’arrogance de Mr Vrais Combats, qui se sent autorisé à dire aux féministes ce qu’elles doivent faire, et même à leur indiquer la direction géographique à prendre. Dans le fond, si Mr Vrais Combats veut envoyer les féministes en Afghanistan, ce n’est sans doute pas par réelle sollicitude pour les femmes afghanes, mais juste pour se sentir débarassées d’elles, et de leurs discussions qui remettent gravement en question ses petites certitudes.
Mr Vrais Combats pense t-il donc que les féministes françaises ne s’intéressent pas à ce qui se passe à l’étranger ? C’est faux, bien entendu, et régulièrement des groupes féministes français organisent des manifestations en solidarité avec les femmes d’autres pays, les femmes espagnoles et polonaises pour le droit à l’avortement, par exemple…
L’arrogance de Mr Vrais Combats est telle qu’il se croit apte à créer une hiérarchie entre les “vrais combats” et ceux qui, apparemment, n’en sont pas à ses yeux. Mr Vrais Combats est un homme, avec son vécu d’homme qui bénéficie de privilèges dans une société sexiste, et il se croit apte à élaborer un classement entre différentes formes d’oppression qu’il ne subit pas lui-même ! On rêve. Le comportement de Mr Vrais Combats est quand même d’une indécence totale.
En plus de cela, Mr Vrais Combats est tout simplement sexiste, même s’il prétend le contraire. Ce qu’il dit, en gros, c’est que le sexisme subi par les femmes dans le périmètre délimité par lui n’a aucune importance : seul compte pour lui le sexisme qui lui paraît trop criant (en fonction de ses critères personnels) ; une femme afghane sous une burqa, ça le choque. Mais une femme discriminée sans burqa ? Pas grave. En fait, Mr Vrais Combats n’aime pas l’idée que les femmes peuvent comparer leur situation à celles des hommes : elles ne devraient apparemment que se comparer entre elles, pour estimer par exemple que leur sort est “moins pire” que celui des femmes afghanes. En quoi le fait que le sort de certaines femmes est “moins pire” le rend plus acceptable ? J’ai lu un jour le commentaire d’un homme qui disait (je cite de mémoire): “Vous vous foutez de nos gueules ? Alors que des femmes sont vraiment opprimées par les islamistes ? (…) Par comparaison les femmes sont plutôt bien traitées en France”. Oui, car apparemment nous devrions nous réjouir d’être “bien traitées”, un peu comme des chiens qui seraient contents d’avoir des croquettes dans leur gamelle et de ne pas prendre trop de coups de pieds. Sachant qu’en France, il y a encore des femmes qui sont discriminées, violées, victimes de violence conjugale voire assassinées par un conjoint ou ex conjoint, permets-moi de faire un peu la fine bouche face à ce prétendu “bon traitement”, Mr Vrais Combats. En fait, on s’en balance un peu d’être “bien traitées”, ce que nous voulons c’est l’égalité, mais c’est cela que Mr Vrais Combats ne supporte pas. Fausse sollicitude mais vrai sexisme, Mr Vrais Combats n’est qu’un dominant arrogant de plus.
Il y a quelques temps, je lis le témoignage d’une jeune femme sur un site Internet. Alors qu’elle arrivait dans une gare pour prendre le train, un homme visiblement alcoolisé l’a poursuivie en vociférant “Eh la sale rousse”. Elle a couru jusqu’à son train et s’y est cachée. Dans son témoignage, elle précise que l’homme en question, avant de s’en prendre à elle, criait “Sale arabe” à un autre homme. On peut donc vraisemblablement en déduire qu’il n’était pas arabe lui-même. D’ailleurs, dans son témoignage, la jeune femme ne faisait aucune allusion aux origines ou à la couleur de son agresseur. Cependant, les réactions à son agression sur les réseaux sociaux n’ont pas tardé à fleurir, et avec elles les accusations racistes : l’agresseur étant supposé automatiquement non blanc et/ou musulman (un musulman bourré, c’est vrai que c’est tellement pertinent).
Des exemples comme ça, je pourrais les multiplier. Dès lors qu’une femme parle du harcèlement, d’agressions qu’elles a subies, les accusations racistes fusent. Je remarque d’ailleurs, sur les réseaux sociaux, que ces accusations viennent fréquemment d’hommes blancs. Des hommes blancs qui espèrent sans doute ainsi se dédouaner de toute responsabilité, et se convaincre que eux n’agressent jamais les femmes. L’agresseur, ce serait forcément “l’autre”, le non blanc, le musulman, décrit comme frustré sexuellement, comparé à un animal incontrôlable (comparer les non Blanc-he-s à des animaux, un grand classique raciste), un peu frustre et venant d’une “cité” de banlieue parisienne (où l’on voit qu’au racisme s’ajoute aussi le mépris de classe…).
Chers hommes blancs racistes, laissez-moi donc vous détromper : quand nous parlons des hommes qui nous harcèlent, nous agressent, nous frappent, vous n’êtes pas exclu automatiquement du lot. Eh oui, il y a aussi des hommes blancs du côté des agresseurs. Arrêtez d’essayer de nous faire croire que, par on ne sait quel miracle, les hommes blancs seraient naturellement plus égalitaires et respectueux des femmes que les autres.
Par ailleurs, on peut remarquer que la femme victime d’agression est souvent supposée blanche. Sur un site s’adressant aux femmes, je découvre il y a quelques temps un projet de photos contre le harcèlement : les agresseurs étaient représentés de différentes couleurs, mais les victimes… toutes blanches ! La perpétuation de ce cliché (l’agresseur forcément non blanc, la victime forcément blanche) permet à certains hommes blancs racistes d’accuser les hommes non blancs : “ILS agressent NOS femmes”. Alors j’ajoute quelque chose pour vous, les hommes blancs racistes : les femmes blanches ne sont pas VOS femmes, et aucun homme ne peut prétendre dire “NOS femmes”, quelles que soient sa couleur et ses origines. Les femmes ne sont pas vos choses ni vos possessions, et arrêtez d’utiliser les agressions qui NOUS touchent pour jouer à une guéguerre entre mâles se disputant des objets. En réalité, on se rend bien compte que vous vous foutez bien de notre vécu et de nos agressions, et que vous les utilisez uniquement pour coller à votre petit programme raciste.
D’ailleurs, à ce propos, l’extrême-droite raciste se soucie t-elle des violences faites aux femmes ? Quand on voit que Bruno Gollnisch, du FN, a écrit un texte remettant en question la notion de viol conjugal, on peut en douter (texte toujours en ligne sur son site personnel). Les militants d’extrême-droite se contrefichent des violences faites aux femmes, mais ils se réveillent pour les dénoncer dès lors que l’agresseur est décrit comme non blanc (constat fait récemment suite aux agressions sexuelles ayant eu lieu à Cologne, en Allemagne, alors que plusieurs agresseurs ont été décrits comme “Nord Africains”. Et les militants d’extrême-droite se sont précipités sur ces agressions pour remettre en question l’accueil des migrants en Europe…).
Arrêtez donc d’utiliser les agressions que NOUS subissons pour VOTRE foutue politique raciste ! Pour moi, c’est encore une manière de nous agresser.
D’ailleurs, on peut constater que quand la violence vient d’un homme blanc, tout de suite le regard porté sur cette violence n’est plus le même. Bertrand Cantat qui démolit une femme à coups de poings ? Ah, pas pareil, lui ça doit être une exception, et puis il paraît qu’il était “fou d’amour”… Contrairement aux hommes non blancs, qui eux sont souvent décrits comme machistes et violents par essence, quand les hommes blancs sont supposés plus égalitaires, plus respectueux, plus civilisés. La bonne blague.
Mains au cul, frotteurs et drague lourde : elles racontent le harcèlement dans les transports
http://cheekmagazine.fr/societe/mains-au-cul-frotteurs-et-drague-lourde-elles-racontent-le-harcelement-dans-les-transports/
Je suis une femme blanche. Je suis ce que certains appellent une “Française de souche”. Quand je donne mon nom ou qu’on me voit, on me demande rarement si j’ai des origines étrangères ou quelles sont mes origines.
J’ai été amenée à réfléchir à la notion de privilège en tant que femme féministe, en me renseignant sur le féminisme et sur le sexisme comme système qui privilégie les hommes par rapport aux femmes. Cela m’a encouragée aussi à me renseigner sur le racisme et la notion de privilège blanc : le fait que le racisme est un système qui privilégie les personnes qualifiées de Blanches par rapport aux personnes qualifiées de non Blanches.
Bien entendu, si je parle ici du privilège blanc, ce n’est pas que je prétends pouvoir en parler mieux que les personnes racisées, ni pouvoir en parler à leur place. Mais, de même que certains hommes s’expriment sur leur propre vécu du privilège masculin, je pense qu’il peut être utile que des personnes blanches puissent s’exprimer sur leur vécu du privilège blanc, leur propre conscience d’appartenir à un groupe privilégié, sans prétendre prendre la place des personnes qui subissent le racisme.
Évidemment que tout le monde peut s’exprimer et prendre parti sur à peu près tous les sujets du monde.
Et bien entendu que prêter allégeance à quoi que ce soit, c’est de la merde.
S’il est important de prendre en compte et lutter contre les rapports sociaux de domination, il est aussi important de développer son propre esprit critique.
Vive la subjectivité radicale !
A part les insultes, les menaces (cassage de gueule, pétage de dents, bucher et sida) et les règlements de comptes personnels, les suprémacistes n’ont pas grand chose à dire.
Tout ça pour escamoter les vrais problèmes :
C’est du racisme, imbécile, sors toi la tête du cul !
[Lorenzo Kom’boa Ervin est un ancien membre du Black Panther Party (BPP). Dès 12 ans, il milite au sein de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), puis devient activiste contre la guerre au Vietnam avant de rejoindre le BPP à la fin des années 1960. En 1969, il fait partie des Panthers qui détournent un avion pour Cuba afin de fuir une condamnation aux États-Unis, accusé du meurtre d’un dirigeant du Ku Klux Klan. Après un exil à Cuba et en Tchécoslovaquie, il est rattrapé par les autorités états-uniennes et passera près de 15 ans en prison. Militant de l’autonomie noire, il a notamment écrit Anarchism and the Black Revolution.]
Réagissant à l’une de mes chroniques portant sur le contrôle au faciès et la police du Michigan, un blanc « radical » me reprocha de parler de cette forme de harcèlement policier comme d’un délit de « conduite en état d’être noir », étant donné que lui, un blanc, avait déjà été arrêté à cause de ses « cheveux longs ». Il en vint aussi à me dire qu’il faudrait que je me recentre sur les « questions de classe » plutôt que sur les « simples enjeux liés à la race ». Étant donné que je ne voulais pas lui répondre par une lettre personnelle, et que je n’avais franchement aucune envie d’entamer une fois encore une discussion avec un radical blanc de classe moyenne arrogant, je décidai de le faire dans ma chronique.
Je pense que beaucoup de blancs ne comprennent tout simplement pas à quel point cette question est importante, de la même façon qu’ils ne comprennent pas l’impact réel qu’a le racisme sur la vie des Noirs dans leur relation avec les autorités et l’État. Des Noirs ont été abattus à cause du profilage racial et d’autres formes de harcèlement raciste. Ils sont emprisonnés en grand nombre à cause de conditions de vie médiocres et du manque d’emploi dans ce pays. Des nourrissons noirs sont frappés par la mortalité infantile dans des proportions semblables à celles du tiers-monde faute d’une alimentation appropriée. De plus, les Noirs sont obligés de vivre dans des ghettos raciaux et économiques dans lesquels beaucoup meurent de maladies curables ou en souffrent pendant des années. Leurs communautés sont appauvries et sous-développées à cause du refus délibéré du gouvernement de financer les programmes de développement local [community development]. En d’autres termes il s’agit d’un peuple opprimé et non de simples individus harcelés pour leur façon de s’habiller, de marcher ou de se tenir, même s’il ne fait aucun doute que cela peut avoir un rôle dans des cas particuliers.
Mais le racisme et les violences policières vont au-delà de l’apparence extérieure des Noirs. Le fait que ce soit le gouvernement lui-même qui protège ces policiers racistes, même quand ils commettent les plus horrifiants des meurtres, devrait nous faire comprendre à tous cela, ainsi que le fait que ce soit un nombre disproportionné de Noirs qui sont tués et pas des blancs portant la barbe, une queue de cheval ou vêtus de tee-shirts bariolés. Ce n’est tout simplement pas la même chose mon ami ! Nous ne sommes pas en train de parler des préjugés personnels d’un stupide blanc qui « n’aime » pas les Noirs, mais d’un racisme d’État structurel, d’une oppression nationale comme certains sociologues l’appellent, ou encore d’un « colonialisme intérieur ». Et le policier lui-même n’agit pas comme un individu mais bien plus comme un agent de l’État, « un tueur à gages ». Aujourd’hui, tout le monde prétend comprendre cela intellectuellement, mais les Noirs subissent la violence dans le monde réel, pas en théorie.
Dans toute discussion sur les questions de classe aux États-Unis, l’analyse de la suprématie blanche et celle des inégalités économiques doivent aller de pair. La plupart des radicaux blancs veulent soigneusement classer les questions de race dans une catégorie à part, puis les questions de classe dans une autre catégorie. Nous appellerons cela du « radicalisme vulgaire », car il est totalement déconnecté d’une quelconque compréhension sociale ou politique du problème. La classe ouvrière états-unienne n’a jamais été monolithique. Il y a toujours eu un double niveau économique : des travailleurs opprimés, pauvres et de couleur en bas, et des blancs mieux payés et mieux traités en haut, profitant de la misère des premiers. Et je ne parle pas seulement des patrons, comme tant de soi-disant « radicaux » aiment à le dire quand ils invoquent le mythe d’une prétendue « aristocratie du travail ».
Dans un pays dont l’histoire est faite de génocide racial, d’esclavage racial et d’autres formes d’oppression raciale, c’est du chauvinisme et de l’opportunisme politique de la pire espèce que de demander aux gens de couleur de suivre aveuglement quelques mouvements sociaux ou politiques dominés par des blancs pour se libérer. Ceci a été un problème depuis des décennies pour les syndicalistes, les socialistes, les anarchistes et autres mouvements radicaux. Ils ont une compréhension blanche, de classe moyenne, de cette oppression de race et de classe qu’ils réduisent à de simples préjugés. Pour eux, le problème consiste à montrer « à ces Noirs » qu’ils n’ont qu’à « nous suivre ». La figure du « héros blanc de la classe ouvrière » est une idée véritablement dangereuse, déconnectée de la réalité et glissant elle-même vers le racisme.
En considérant l’épidémie de crimes policiers, et le fait que le système carcéral est désormais utilisé pour enfermer massivement les Noirs et les non-blancs pauvres, refuser d’admettre que cela se produit à cause de l’héritage raciste des États-Unis et parce que ce système capitaliste politique et économique est sur le déclin est une trahison et une fuite face à la réalité. Il est amusant de constater à quel point, aux États-Unis, la plupart des blancs ont une conscience amenuisée quand il s’agit de racisme. Ils le voient comme un complément de quelque chose d’autre, qu’il s’agisse d’une théorie économique ou d’un dogme religieux. La question des rapports de pouvoir interne (dont le racisme fait partie) sont uniquement focalisés sur un groupe de maîtres de l’économie à Wall Street ou de grands industriels par lesquels nous sommes tous exploités de la même façon. Encore une fois, aucune analyse économique ne saurait être basée sur la seule expérience blanche et européenne, pas plus que sur celle des États-Unis d’Amérique en tant qu’État-nation. Pour moi, ça explique en partie pourquoi et comment ils se trompent toujours… en se servant d’une analyse mécanique pour tout expliquer. Ça ne prend pas avec moi, les policiers n’arrêtent pas les voitures des Noirs tout simplement parce qu’ils oppressent « tout le monde de la même façon ».
https://iaata.info/C-est-du-racisme-imbecile-248
C’est toujours triste de voire les commentaires sous un texte intéressant qui finissent la plupart du temps en gueguerre entre quelques trolls qui se jettent des insultes à la gueule et sortent des phrases toutes faites pour assener leur ideologie sans rien discuter. Alors on a caché un certain nombre de commentaire et passé les commentaires en modé à priori, histoire de moins se fatiguer les yeux et pas trop se salir la tête. On a d’autres choses à faire.