Argentine : nouvelle menace d’expulsion de zanon
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La juge Ana Lía Busechian a demandé la saisie et la mise en vente des machines de la fabrique Zanon pour que le gouvernement de la province de Neuquén puisse récupérer une dette que les entrepreneurs ne payèrent pas en abandonnant la fabrique il y a trois ans, fabrique occupée aujourd’hui et remise en production par ses travailleurs.
La vente des machines a été sollicitée par un organisme du gouvernement de Jorge Sobisch (ami notoire de Carlos Menem), le Iadep, qui dans la dernière décennie a octroyé 3 millions et demi de pesos aux patrons de Zanon. Alors qu’il ne fut pas demandé le remboursement de ce prêt quand les entrepreneurs géraient la fabrique, la conséquence en serait maintenant la perte de leurs source de travail pour les 450 travailleurs de Zanon.
Le secrétaire du syndicat des céramistes, Raúl Godoy, a réagit en annoncant qu’ils s’opposeront à la décision judiciaire, en les empêchant de s’emparer des machines. Mais avant d’en arriver à ce stade, de toutes manières, il manque toujours que se positionne le juge de Buenos Aires, Rafael Barreiro, qui aura le dernier mot vu qu’il est en charge du concours de créanciers de la fabrique. Le magistrat n’a pas de délai pour émettre sa décision. .
Zanon est la plus grande fabrique de la province. Ses patrons ont été condamnés pour l’avoir fermée (lock out patronal) et le directoire a été déplacé du contrôle de l’entreprise par la justice commerciale, car il a été prouvé qu’il avait occulté des bilans et de la documentation comptable.
Depuis que les travailleurs ont relancé la production, il y a trois ans, ils ont créé plus de 170 postes de travail. Ils ont commencé à produire avec 260 personnes et ensuite à mesure que la situation s’améliorait ils ouvrirent de nouveaux postes. Dans un premier temps, ils firent appel aux organisations de chômeurs. Plus tard, ils incorporèrent d’anciens ouvriers qui avaient été licenciés. Il y a peu ils firent entrer des handicapés et des membres des communautés mapuches. Le lien avec la société de Neuquen a toujours été considéré par eux comme un aspect clef.
« Nous voulons une fabrique qui soit ouverte et en lien avec la société », a affirmé Carlos Acuña. « Nous avons beaucoup réfléchit à ce thème, avec beaucoup de consensus interne. Une fois par mois nous faisons une journée de discussion à laquelle nous participons tous. Ce jour, au lieu de travailler, nous discutons durant huit heures de la situation nationale, de la notre, des problèmes qui sont apparus dans la production et quels vont être nos prochaines étapes. C’est ainsi que nous avons résolu les choses et choisi entre les diverses options, dont celle de créer plus de postes au lieu de faire des heures supplémentaires ou de nous augmenter le salaire. »
A Zanon tous touchent 800 pesos pour huit heures de travail. L’unique différence de revenus est due à l’ancienneté, ceux qui prirent part à la récupération de l’entreprise percoivent 1000 pesos par mois.
La fabrique tourne à 30 % de sa capacité de production, avec des ventes limitées au marché argentin parce que sa situation légale l’empêche d’exporter. La fabrique est techniquement occupée, elle n’est pas en faillite, ce qui rend son expropriation plus difficile à obtenir. Dans le même temps, la coopérative ouvrière n’a toujours pas de reconnaissance légale pour administrer la fabrique.
Le juge Barreiro doit ainsi -au regard de la demande de récupération des machines- prononcer la faillite ou la continuité et dans ce dernier cas de figure qui en fera usage.
« Dans le concours de créanciers il y a des dettes pour 75 millions de dollars », a signalé l’avocat des céramistes, Mariano Pedrero. On trouve parmi les créanciers la province de Neuquen, des banques privées et même la Banque Mondiale avec une dette reconnue de 20 millions de dollars.
Hier, les travailleurs ont responsabilisé Sobisch pour la nouvelle menace. « Durant des années, le gouverneur a octroyé des crédits et des subventions aux patrons de Zanon. Il ne leur a jamais demandé un centime mais maintenant il veut nous prendre les machines. Ceci est l’unique réponse à notre décision de former une coopérative », a déclaré Godoy. Le dirigeant céramiste a considéré que si cette décision se concrétisait, cela convertirait Zanon « en un hangar vide ».
Le gouvernement de Neuquen a déjà fait quelques tentatives en ce sens. Deux mois plus tôt, il a proposé que les travailleurs abandonnent la fabrique en échange de leur entrée dans un programme de constructions de logements.
Zanon a déjà été confrontée à cinq tentatives d’expulsion, tous mises en échec. La dernière, en avril de l’année dernière, a été freinée avec une grève générale dans la province et la réunion de milliers de personnes aux portes de la fabrique. A cette occasion, les céramistes ont constaté que leur politique de se mettre au service de la communauté (en plus de générer de l’emploi, ils réalisent des donations de céramique pour la construction d’écoles, ils ont construit un centre de santé dans un village qui n’en avait pas, ils ont mis en place des programme de coopération avec l’université, ils fournissent des matières premières à des projets productifs de chômeurs) leur revenait sous forme de soutien. Cette semaine ils appeleront de nouveau ces soutiens pour maintenir ouverte la fabrique.
Laura Vales
Pagina 12 – 06 novembre 2004
Traduction : Fab (santelmo@no-log.org)
http://obrerosdezanon.org/
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