Moi, monsieur, j’étais à gergovie
Catégorie : Global
Thèmes : ArchivesFaucheursOgm
Moi, Monsieur, j’étais à Gergovie, euh… à Marsat. Par Champza Dévasto
Champza Dévasto est le pseudo de circonstance d’un activiste écologiste déjà bien connu des services de police. Son identification aisée permettra néanmoins aux fins limiers que sont nos ouèbe gendarmes de justifier, à peu de frais, de leur salaire…
Auvergne : à l’arrache !
Moi, Monsieur, j’ai participé activement au fauchage de Gergovie, euh… de Marsat en Auvergne, au sein de notre belle et joyeuse tribu gauloise.
Réussite totale : les envahisseurs génétiques ont vécu une déroute de plus. J’étais venu plutôt en tant que faucheur volontaire que reporter bénévole. Mais je me dois maintenant de saisir mon clavier, à la lecture des mensongers commentaires de la presse d’assaut et la Matra-que : « Des Coups ont été échangés entre les défenseurs des essais et les opposants des organismes génétiquement modifiés qui ont détruit une parcelle hier » en apportant des rectifications de taille sur le déroulement de cette journée volontairement mouvementée.
Après le succès bon enfant du fauchage de Verdun, la presse libérale (cela devient décidemment un pléonasme…) s’était déchaînée contre les faucheurs, en tentant de nous faire passer pour des arriérés barbus, des ayatollahs terroristes, seuls contre le reste du monde, en oubliant au passage que comme les européens, 80 % des français et de très nombreux scientifiques encore intègres sont opposés aux essais ogm en plein champ !
Service minimum de l’information : On couvre l’événement, présence de José Bové et d’élus oblige, mais on fait contrepoint avec l’utilisation fallacieuse d’un rapport de l’AFSA qui ne dit rien de nouveau. Le principe de précaution, peut importe ! On l’a compris, le but des « nécrotechnologueux » commanditaires de cette campagne promotionnelle des chimères génétiques est de passer en force, contaminant au passage toutes les cultures, pour ensuite, la bouche en cœur, nous expliquer que les OGM sont partout, et qu’on arrête pas le développement du progrès qui innove !
Pourtant, malgré les efforts laborieux et répétés des aficionados du pop corn au gène de ragondin, les citoyens européens, « ne sont pas encore prêts, manifestement sous informés » et restent massivement opposés aux OGM. Alors, que faire pour déconsidérer ce mouvement sympathique, trop sympathique dans l’opinion ? Monter une entourloupe médiatique, que nous démonterons aussi facilement qu’un Merdonald’s aveyronais…
La convocation, largement relayée par la presse alternative était d’une clarté exemplaire :
« Suite au succès du rassemblement de Verdun sur Garonne, nous vous proposons de poursuivre notre action de désobéissance civile par de nouveaux fauchages. En effet, malgré les mesures d’intimidation et les premières convocations liées au fauchage, d’élus et de responsables d’organisations (10 personnes), il nous parait indispensable d’affirmer notre détermination collective contre les essais en plein champ. »
Arrivé à l’heure malgré la distance, j’ai pu constater que l’estimation de 500 faucheurs n’était pas exagérée (je dirais plus près de 600), que les organisateurs étaient légèrement débordés, puisqu’on était à court de Bière bio du Tarn et ce dès 14 H 30… Mais, même sans potion magique, les gaulois sont dans la plaine et travailleront d’arrache-pied !
Ambiance bon enfant, détendue, souriante mais plus grave qu’à Verdun sur Garonne, les participants savent bien ce qu’ils font là : ils viennent d’apprendre qu’un quarteron de « chercheurs » de biogemma (dire plutôt nécrogemma) et d’agricultueurs de la Fédération Nationale des Subventionnés d’Etat A bricoles s’apprête à nous empêcher d’agir… Cette fois, nous sommes attendus, mais nul ne semble découragé pour autant… Après plusieurs discours réaffirmant le caractère non-violent et légitime de notre action et une intervention juridique de Me Roux, chacun remplit sa fiche d’identification, à remettre à un voisin en cas d’interpellation… Dans la foule, tous les âges, jeunes et plus âgés, femmes et enfants.
Avec une vingtaine de minutes de retard sur l’horaire prévu, la longue colonne des faucheurs se met en route. Le chemin emprunté est long et volontairement sinueux, pour mieux tromper l’adversaire ? Peu de badauds réagissent à notre passage, mais ceux qui le font nous applaudissent ou nous encouragent. Difficile de nous faire passer pour des arriérés ultra minoritaires !
Enfin, nous voilà sur les lieux. Surprise, le champ est totalement grillagé, entouré de surcroît de fil de fer barbelé. Un escadron de gendarmes mobiles entoure le champ de concentration et semble dresser un mur infranchissable. Après un instant de conciliabule, nous nous mettons en marche, d’un pas rapide et déterminé en direction du champ. « Poussez pas, il y en aura pour tout le monde… » Etonnamment, personne ne doute de notre réussite. Il faut faire passer toute la foule au sein d’un champ d’asperges en évitant de massacrer un champ de blé contigu. Pas facile, mais finalement, le champ sera ruiné ensuite par les bleus, qui tentent une manœuvre sous les remarques désapprobatrices des faucheurs !
Massivement, la presse a fait son choix et se préoccupe plus des encagés que des faucheurs. Nous comprenons vite la manip’ de biogemma : créer l’incident, victimiser les pro-ogm en tentant de démontrer que nous souhaitons pas le dialogue, sous l’œil des caméras de télévision qui filmeront bien les destructions, mais ne rendrons pas compte des coups que nous avons reçu…
Nous nous approchons et les gorilles, ridiculement parqués derrière leur grillage s’agitent, grognent, se mettent à nous invectiver, nous insulter, profitant lâchement du fait que nous n’avions pas prévu les cacahuètes ou le pop corn transgénique… Je me retrouve devant et ce n’est pas hasard… au milieu d’un service d’ordre un peu débordé mais très concentré sur sa tâche : éviter tout heurt violent, en protégeant les femmes et les anciens. D’autant plus ridicules, les gorilles en cage, que même dotés d’une cervelle modifiée au gène de linotte fluorescent, le simple bon sens leur impose l’évidence : on n’arrête pas cinq cent faucheurs déterminés avec 50 gendarmes et une poignée de gros bras. Il apparaît rapidement que les gendarmes sont présents pour nous interdire, si possible, l’accès au champ, mais tout autant pour éviter des heurts violents avec les pollueurs. Mais, tout attachés à défendre la propriété privée et le droit de polluer le bien commun, ils tournent leur dos aux excités.
Ainsi, courageusement abrités derrière une haie de gendarmes de la République, des gros bras armés de bâtons (nous avons les photos) portent des coups sur les faucheurs volontaires, sans impressionner quiconque. Les élus verts sont en tête et calment les ardeurs des matraqueurs, qui semblent craindre un peu la présence des caméras. Bousculade, quelques invectives, mais les faucheurs sont maîtres de leurs nerfs, habités de cette impressionnante certitude du devoir à accomplir. Une manœuvre concertée permet d’attraper le grillage et de l’arracher d’un beau mouvement collectif. Puis, une rapide négociation avec la compagnie des lapins bleus permet d’obtenir un répit, afin que nul ne se blesse, ce qui est notre objectif principal.
Le grillage couché à terre, immédiatement, un mouvement tournant spontané disperse les faucheurs le long de la haie des bleus, qui se laisse sagement déborder. En première ligne, je suis violemment agressé par un membre des milices rurales. Son coup casse mes lunettes de soleil, alors que son collègue fait mine de le retenir… Mais baste, nous passons. L’honneur est sauf, les bleus ont fait leur travail, nous ferons le nôtre. Deux minutes plus tard, les chimères génétiques de Nécrogemma sont à terre.
Nous notons qu’aucune mesure de protection n’était prévue pour empêcher une pollinisation intempestive. Des laborentins qui se présentent comme chercheurs nous prennent pour des touristes parisiens en nous mentant de manière éhontée : le maïs a été castré ! Sauf qu’il n’en est rien… Nous sommes 500 à l’avoir constaté.
Devant le désastre de leur piètre stratégie, quelques gros bras s’en prennent, toujours courageusement, à des faucheurs isolés. Je suis de nouveau pris à partie par un courageux commando d’une dizaine de miliciens ruraux qui me traitent de tous les noms. Ils prétendent être aussi des citoyens : Je leur rappelle qu’ils défendent leur bifteck, et que défendons nous, une certaine idée de la vie, au nom des générations futures.
Mais rien ne sert de discuter, ils sont là pour créer des incidents : Un très costaud courageux me met un pain, je ne risque pas de répondre : ils sont dix autour en me disant de me calmer. Facile : le jeu de l’été en Auvergne : frapper des militants non-violents…et leur conseiller le calme.
Une fois notre devoir accompli, nous nous replions en plus ou moins bon ordre, en évitant le champ de blé et les rangées d’asperges. Un journaliste, perspicace, au vague look Jean Paul Gaultier essaye de nous faire dire que nous ne souhaitions pas le dialogue démocratique : Bingo ! Nous étions venus pour faucher, le débat démocratique (si l’on peut dire…) a déjà eu lieu. Toutes les consultations ont confirmé l’opposition de l’immense majorité des français aux essais en plein champ !
Il y a un gendarme blessé, mais il s’agit d’un malaise, suite à une longue attente au soleil… Un conseil, pour s’aligner face à une foule bien nourrie, en bonne santé, il va falloir, vous aussi, passer à la bio !
Nous organisons un sit-in sur la petite route qui longe le champ pour empêcher le fourgon bleu de s’enfuir. Car il y a des blessés, des manifestant ont pris des coups sérieux, dont un arcade sourcilière bien amochée. D’ailleurs, plusieurs étudient actuellement l’éventualité de dépôts de plainte. Nous laissons passer les pompiers, qui soignent les blessés tandis que les élus partent en délégation vérifier s’il y a des interpellations : un ou deux manifestants seraient retenus pour rebellion !
Petites annonces : On a perdu des lunettes, des lunettes de soleil. Bonne nouvelle : on annonce qu’on a retrouvé un bracelet féminin. Mais non, c’est mon bracelet de cuivre, que j’avais perdu dans la bagarre, c’est plus thérapeutique qu’ornemental. Explications amusées… Des groupe de discussion se forment, débattent, comment continuer ? Des tracts se distribuent. Un couple de Montpellier cherche les indics dans la foule. Nous en profitons pour discuter au soleil, tandis que nos encagés s’impatientent de nous voir camper devant leurs véhicules. Notons la présence de plusieurs 4 X 4 égoïster, série spéciale « ruine de la couche d’ozone » et de grosses cylindrées, immatriculées en 63.
De guerre lasse de nous voir camper là, un à un, les miliciens ruraux et les nervis de Nécrogemma osent (et ils ont bien raison, car ils ne risquent rien avec nous…) traverser la foule, sous les quolibets, mais sans essuyer le moindre geste pour ensuite dévaster le champ où ils étaient garés en démarrant en trombe. Un reste de trouille, quant même ! Nous pouvons être fiers de notre attitude : quelques heures auparavant, ces individus modifiés au gène de chacal à foie jaune nous tapaient copieusement dessus, et nous les laissons partir, filmant simplement leurs plaques d’immatriculation…
Un petit chercheur, peut-être le responsable de recherche qui se plaint dans la grande presse de notre attitude « antidémocratique » monte, sous les lazzis, dans une petite voiture rouge immatriculée NAZ 75 : ca ne s’invente pas… Après une longue attente, nous apprenons que les interpellés ont été conduits à Riom, toute proche. Comme décidé avant l’action, pas question de laisser deux d’entre nous seuls, nous partons en cortège automobile, escortés par les motards, les soutenir et réclamer : la libération de nos camarades, sur fond de OGM ! Non, Non et Non !
Il est déjà 18 h oo. Nous retrouvons, retranchée dans la gendarmerie, la même compagnie des lapins bleus qui semble déjà moins contente de nous revoir… Un concert de soutien s’improvise… On nous signale que nos collègues sont au tribunal de la ville. Un cortège bon enfant traverse alors la ville pour s’y rendre. Flottement, nous apprenons finalement que nos collègues sont à Clermont-Ferrand. Il est décidé de se rendre place des Salins, pour remonter le moral de nos deux amis interpellés. Je m’éclipse un moment, le temps de me procurer une nouvelle paire de lunettes de soleil. Il est presque 20 h oo.
Sortant de la boutique, je vois passer la même compagnie de lapins bleus, qui s’engage sur l’autoroute toutes sirènes hurlantes. Il ne me reste qu’à les suivre pour rejoindre les autres faucheurs, en évitant, moi, en bon citoyen, de griller les feux… et en respectant les limites de vitesse jusqu’au centre de Clermont. Que craignaient les autorités, que nous prenions d’assaut, à mains nues, la caserne de gendarmerie de Clermont-Ferrand ?
Après une heure de concert, je dois partir car j’ai une longue route à effectuer. J’apprendrai par la suite que nos deux collègues ont été relâchés vers minuit et demi, avec une convocation au tribunal de Riom pour le 30 septembre pour destruction grave en réunion et rebellion pour l’un d’entre eux. Nous allons donc assister à un nouveau procès historique à Riom. Quel symbole ! Les maladroits ! Mais qui les conseille donc ?
Je puis attester, comme des centaines de faucheurs que le prétendu « face à face tendu » relaté par la grande presse n’a été en fait, de notre part, qu’une manifestation non-violente, calme mais déterminée. Pas un geste, pas un coup pour la racaille ! C’eut été trop d’honneur, d’énergie gaspillée ! Voilà bien là toute notre force, l’action non violente et déterminée. L’invective, les coups, nous laissons ces attitudes de faibles à nos adversaires. Nous nous autoriserons seulement la raillerie…
Epi logue : L’épi sode s’est soldé par une victoire épi que de l’épi lation de l’épi démie contre l’épi toyables…
C’est donc fier, heureux de notre maîtrise et notre réussite collective, quoique contusionné, que je suis reparti vers le sud… J’ai roulé des heures, croisé des dizaines de milliers de véhicules surchargés, aux phares mal réglés… et n’ai pas vu un gendarme sur 300 kms, mais que fait la police ?
Epuisé, je me suis effondré sur mon lit. De cette nuit, Je ne retiens qu’une bribe de rêve : assis en tailleur et en pagne, un vieil homme chauve, avec ses petites lunettes cerclées de métal me regarde en souriant…
Champza Dévasto.
______
communiqué des faucheurs volontaires : la suite à donner
19/08 Extraits : Le fil des faucheurs volontaires TOUS FAUCHEURS, TOUS RESPONSABLES !
Des membres du Collectif des Faucheurs Volontaires se sont réunis à Albi pour faire le point suite aux deux actions de fauchage et aux premières poursuites engagées..
1) La situation juridique de Cournon :
Deux personnes sont convoquées au tribunal de Riom le 30 Septembre après leur interpellation et leur garde à vue le 14 Août à Clermont- Ferrand qui s’est achevée dans la nuit de Samedi à Dimanche.
Les personnes blessées à Cournon et qui ont porté plainte sont priées de se faire connaître auprès du collectif.
2) La situation juridique de Verdun sur Garonne Deux personnes sont convoquées au tribunal de Toulouse le 16 Septembre. Dix autres sont convoquées aux gendarmeries de Millau et Toulouse le 27 Août
Pour tous les sites fauchés il est probable que d’autres convocations arrivent. Toute personne convoquée est également priée de nous prévenir au : 05.65.59.14.36.
En ciblant quelques personnes, la justice exprime la volonté de casser notre dynamique collective. Il nous semble donc important de la réaffirmer lors de ces premières convocations.
Qu’allons nous faire ? Tous à Toulouse et Millau le 27 Août !
Toulouse : à la Brigade de Recherche Toulouse le Mirail 2, avenue du général Decroutte. Toulouse à 11 heures
Millau : à la gendarmerie de Millau
POUR AGIR : TOUS PRESENTS TOUS CONVOQUES ! !
Commentaires
Les commentaires sont modérés a priori.Laisser un commentaire