« contre la racisme, lutte de classes » : un tract nous parvient des années 80
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CONTRE LE RACISME, LUTTE DE CLASSES.
Au moment où l’État colle au mur la première génération d’immigrés (Talbot, Citroën, expulsions…) et traque la seconde dans les rues de la métropole, les sponsors du misérabilisme pro-immigrés refont surface. Quoi de plus normal : ils ont besoin de renifler la misère pour survivre en tant qu’associations, partis groupuscules etc.
Ils disent : « Un tel est mort assassiné par les flics, c’est d’autant plus dégueulasse qu’il n’était pas un voyou, qu’il avait du travail, une femme, une voiture, un mec bien quoi.. »
ASSEZ D’HYPOCRISIE.
Les flics tirent, parce que notre comportement, notre manière de vivre, de sortir, de refuser l’ennui, dérange le couvre-feu instauré dans les quartiers ; parce qu’il n’y a pas 56 solutions pour échapper aux 40 heures par semaine, soumis aux lois du marché du travail, à l’esclavage qui est la situation que l’on nous réserve dans cette société.
Ceux qui n’ont pas compris que le vol et la délinquance sont l’unique manière de survivre ici pour la jeunesse, ou plutôt l’unique choix, à part l’usine, ceux-là forment déjà autour de nous la nouvelle police ; celle qui crie » non a la provocation » quand les flics rentrent dans la manif pour y retirer la seule banderole qui les incriminait (cf manif de Montrouge). Provoquer ou ne pas provoquer, surtout ne rien faire ou seulement réclamer justice à la justice qui légalise les crime, à celle qui distribue la peine de mort d’ennui, allongeant des dizaines de mois de taule aux déviants que nous sommes.
QUEL RACISME ?
Jeunes français ou immigrés, est-ce qu’une balle de 357 fait la différence de Gennevilliers à Montrouge, des H.L.M. pourris aux cités de transit, tous dans la merde.
Devant la caisse du supermarché, quelle différence y a t-il quand on n’a pas un rond ?
Ils font du racisme une histoire de couleur de peau, d’individus contre d’autres individus, vidée de tout contenu, comme si on traitait de la même façon un beur bourge qu’un beur prol, comme si un bourge français et un prolo français avaient les même droits, comme si le droit de vote légitimait en soi l’existence de classes sociales. » Ce n’est pas le fait d’élire librement ses maîtres qui supprime la notion de maître et d’esclave « .
Même droits, quels droits ?.
Le droit de se faire enculer comme les sidérurgistes dans l’Est aujourd’hui, le droit, la justice, la légalité, les capitalistes en font ce qu’ils veulent quand ils « le veulent, et pour l’instant nous ne pesons que le poids de nos larmes. Nous sommes valeurs, marchandises quels droits va t-on nous donner ? Ceux qui nous feront accepter cette vie en nous donnant l’impression d’y participer ou d’en tirer un quelconque bénéfice.
QUEL INTERET Y A T’IL EU A LA MARCHE POUR L’EGALITE ?.
Sait-on seulement que cette marche est née du désir de l’Etat de pacifier les Minguettes en donnant quelques responsabilités précises aux jeunes qui paraissaient les plus agissant sur le terrain.
Sait-on seulement que, comme dans d’autres endroits, il a fallu que l’Etat investisse, par le biais des travailleurs sociaux et des associations qu’il contrôle, pour enrayer les révoltes légitimes du ghetto Lyonnais, pour enterrer les luttes qui commençaient (occupation des maisons vides, auto-réduction des supermarchés…) et proposer cette marche pour se donner un gage de bonne conduite. A titre d’exemple, la marche fut reçue a Colombes et Nanterre par des municipalités qui refusaient un quelconque dialogue avec les jeunes des cités sur leurs problèmes.
L’ÉTAT ASSASSINE.
Les assassinats sont présentés comme des bavures commises par de mauvais flic. », alors que nous savons que c’est la logique même de l’État, en défendant l’ordre bourgeois, de faire régner la terreur sur les prolétaires et de manière spécifique sur les immigrés (voir la déclaration de Deferre) dans » Les « temps moderne » qui assimile l’immigration aux fous d’Allah.
QUELLES RÉACTION ?
Ils essaieront d’entraîner les réactions dans des marche silencieuses feront signer des pétitions, voter aux Élections, et rien ne changera, parce que de toute manière, nous ne voulons pas vivre comme eux, ni nous intégrer comme le propose la mère Dufoix.
Briser nos ghetto, détruire les cités, les foyers, frapper la bourgeoisie, l’État et tous ses gestionnaires, les communes, revendiquer nos actions, organiser le sabotage de l’économie ( vol, squatts, auto-réduction…)
Réfléchir et se battre a partir de nos propres forces, pour arrêter le massacre des jeunes, répliquer à la terreur des flics, coup par coup et à chaque meurtre suivant notre degré d’organisation.
Occuper des lieux sur les quartiers.
Lutter contre l’expansion de la poudre, qui détruit toutes les tentatives de regroupement en introduisant un rapport de dépendance physique et économique qui ne fait que reproduire l’ordre social existant.
Se lier avec d’autres réalités, d’autres endroits où les gens luttent pour changer radicalement la vie et faire payer cher cette vie sans joie qu’ils ont organisé pour nous.
VIVE LA VIE
MORT A L’ÉTAT
You won’t Gettaway with this!
À Paris, Toulouse, Marseille, ou ailleurs, les autoritaires on n’en veut pas !
Suite à un énième écho ( qui fait suite à celui-ci, et la liste est probablement longue) d’attitudes autoritaires et violentes envers des camarades de la part d’individus qui essaient de naviguer en milieu anti-autoritaire, utilisant menaces et cassages de gueules dès qu’ils sont à court d’arguments politiques et n’obtiennent pas le consensus de leurs interlocuteurs, nous sommes plusieurs à avoir eu envie d’exprimer notre raz-le-bol face à des personnes dont le seul but et la seule raison d’exister dans le milieu c’est de s’imposer à coup d’attitudes virilistes, d’exister en pourrissant le milieu, en empêchant des débats nécessaires, en sermonant leurs camarades, lançant des injonctions à choisir un camps dans leur guerre virtuelle contre des chimères, quitte à s’associer à des gens qui portent des idées qu’ils n’ont jamais tolérées.
On s’étonne de voir ces nervis ne diriger leur violence que sur des camarades, alors que la liste de ceux qui auraient une bonne raison de se prendre un coup de tête dans ce monde de merde est longue … à commencer par des juges, des procureurs, puisque nos gros bras sont candidats au prix du Plus-radical-que-moi-face-à-la-justice-tu-meurs …
Des personnes dans le milieu qui ont eu à faire à la justice ça ne manque pas … pourtant on n’a jamais vu personne venir imposer à coup de boule des stratégies face à la répression.
Ces gens là l’ont fait ! Tu n’es pas d’accord avec ces professionnels de la défense, tu te prends un coup de boule. Tu ne trouves pas que des tags soient particulièrement négationnistes, tu te fais tabasser devant les locaux d’Actup. Tu oses émettre un avis différent lors d’une assemblée, tu te fais insulter en public … le mieux étant que ces choses se déroulent en public, et que ces nervis continuent de pouvoir naviguer tranquillement dans le milieu, menaçant et tabassant ceux qui se trouvent sur leur chemin, se faisant publier sur les divers mutus, qui envoient ainsi des camarades igorants de la situation se faire taper dessus s’ils ont l’aplomb de dire qu’ils ne sont pas d’accord avec ces « docteurs en radicalité ».
Est-ce qu’on va les laisser intimider, menacer et taper d’autres camarades dans chaque endroit où ils viennent faire leur propagande ? Qu’est-ce qui attend les camarades marseillais qui ont la malchance d’accueilllir ces autoritaires dans quelques jours ?
Et surtout, comment des personnes avec de telles attitudes autoritaires peuvent encore être reçues dans des lieux militants, dans des endroits où l’on débat pour faire avancer les idées, et où le concept de la violence utilisée contre des camarades pour imposer ses idées (en somme la loi du plus fort) n’est pas le bienvenue ?
Il y a suffisament de violence et de répression de la part de l’état et ses sbires, on n’a pas besoin de ce genre de comportements dignes de mafiosos qui pensent pouvoir terroriser le milieu en s’imposant par une force viriliste qu’on voudrait bien voir loin, très loin, de nous, de nos luttes et de nos lieux militants.
You won’t get away with this!
Vous ne vous en tirerez pas comme ça !
https://nantes.indymedia.org/articles/36030
On ne peut pas s’empêcher d’y voir un lien avec l’appel « Marche pour la justice et la dignité » qui indispose tellement les racistes avoués ou déguisés. Le but est de démontrer que c’est la même chose et que seule une élite radicale peut avoir son mot à dire sur le sort des racisé-e-s pour éviter toute forme de récupération.
Sauf que maintenant c’est EXACTEMENT le contraire. La Marche pour l’égalité de 1983 avait été récupérée par l’Etat, avec la création de SOS Racisme, organisation pilotée par le Parti socialiste et l’Union des étudiants juifs de France pour empêcher justement l’émergence d’une lutte autonome authentiquement antiraciste, où les premiers concernés auraient leur mot à dire.
Histoire secrète de SOS-Racisme
https://nantes.indymedia.org/articles/5011
« QUEL INTERET Y A T’IL EU A LA MARCHE POUR L’EGALITE ? »
Précisément, la Marche d’aujourd’hui est EXACTEMENT le contraire de celle de 1983, et il aurait été honnête de le préciser, au lieu de laisser entendre que TOUTES les marches seraient à mettre dans le même sac.
Elle est contre l’Etat, on n’y voit aucun de ses représentants officiels ou officieux, pas de Caroline Fourest, de Philippe Val, d’Ornella Guyet, d’Yves Coleman ou de Malek Bouthi. Et on n’y voit pas non plus les « anti-racialisateurs » qui avaient déjà dénoncé la Marche de la Dignité de 2015.
https://nantes.indymedia.org/articles/32303
https://nantes.indymedia.org/articles/32309
https://nantes.indymedia.org/articles/32351
https://nantes.indymedia.org/articles/32272
Il n’y a donc aucune récupération, et c’est ce qu’on attendait que nous disent les archivistes qui n’ont pas pu manquer de voir ces différences.
Mort à l’Etat, mort au racisme, mort au négationnisme !
Contre l’État ? Tu as vu le nombre de partis politiques, de représentants et d’élus que la liste contient ? Sans compter les organisations et collectifs dont les stratégies et finalités sous réformistes, et qui ne s’en cachent pas.
Dans une marche, il n’y a pas que des super révolutionnaires professionnels, il y a des gens de sensibilités différentes mais qui ont un point commun : ils/elles dénoncent aussi bien la politique raciste de l’Etat que les autoritaires qui veulent empêcher toute lutte, qui n’ont JAMAIS rien fait d’autre que se battre contre les racisé-e-s et qui prétendent nous donner des leçons de radicalisme.
Mieux vaut des antiracistes réformistes que les idiots utiles des racistes et du pouvoir. Allez exercer votre radicalisme autoritaire ailleurs, que ce soit pour les marches ou la façon de nous comporter face à la répression.
Ne dis jamais : jamais jamais
Jeudi soir, une poignée d’expert.e.s est venue, parfois de loin, porter la parole de l’évangile à la Chapelle dans le cadre de la semaine anti-répression. L’idée était simple : « Tu ne parleras point en garde à vue. » Voilà le premier des dix commandements à respecter pour avoir une chance de monter un jour au paradis des totos. Pas sûr en revanche qur ça nous évite la case prison ! Mais qui cela inquiète, sinon les calculateur.euses et les peureux.ses ?
Après la diffusion d’un film au titre particulièrement nuancé (« N’avoue jamais, jamais, jamais »), présenté par un collectif francilien, des militants (non, l’absence de féminisation n’est pas accidentelle) dont on ne peut que douter de la capacité à se taire au vu de leurs interminables monologues, nous ont fait part de leur hauteur de vue. Et attention, c’est vertigineux !
Résumons brièvement : la garde à vue n’est jamais le lieu pour se défendre, il faut toujours y garder le silence. A l’appui de cette théorie, à laquelle d’ailleurs tout le monde était plus ou moins prêt.e à souscrire aussi longtemps que ça ne devenait pas un dogme étriqué : de longs discours bien testostéronés à base de « j’ai tenu ! » et d’impressionnantes histoires de juges d’instruction qui finissaient toujours par des victoires héroïques. Le déballage était si grand et la fierté si peu contenue que l’on pouvait légitimement se demander si une cérémonie de remise de médailles était prévue en fin de soirée.
C’est après une interminable heure d’un tel cours magistral qu’une ou deux voix discordantes ont modestement voulu faire part de leur expérience personnelle, qui avait le tort de ne pas tout à fait coller aux beaux discours qu’on leur servait. Iels apprirent fissa, et à leurs dépens, que de « débat », la soirée n’en avait que le nom.
Bac + 15 en militantisme
D’abord en se heurtant à un mur de condescendance bien cimenté. « Bon, tu crois t’en être mieux sorti en parlant. Quelle naïveté ! » Bref, pardonnez les simples d’esprit. Ce discours a été assez loin pour que la voix discordante en question ait besoin de rappeler qu’elle était présente à son procès, et que par conséquent elle n’était pas la plus mal placée pour en parler… Ce qui a eu le don d’agacer une professionnelle [1] : « C’est marrant ces gens qui savent ce qu’ils auraient pris s’ils avaient gardé la silence ! Tu as parlé donc tu ne peux pas savoir ! » Argument dont la vacuité ne peut qu’étonner tant il fonctionne aussi bien à l’envers, et devrait donc interdire à tout esprit honnête d’énoncer des règles définitives dans un sens comme dans l’autre.
Mais pourquoi s’interdire ? Figurez-vous que l’enjeu d’une garde à vue ou d’une mise en examen n’est pas d’en sortir le plus vite et par la meilleure porte (libre, ou avec un rappel à la loi par exemple.) Tout ça est secondaire. Le but d’une gardav, c’est de faire de la politique !
Eh ouais. Le monde militant est divisé en deux : d’un côté celles et ceux qui font de la politique jusque dans le sous-sol du commissariat central. De l’autre celles et ceux dont le penchant égoïste à la liberté annihile toute participation à l’action collective, et dont l’engagement reste, littéralement, en surface. Le décor est planté !
Les bad ass de la politique
Car parler – l’ombre de la poukave n’est jamais loin – c’est d’abord mettre en danger les copains copines avec qui on est gardé.e.s à vue. Peu importe si vous êtes seul.e, si vous prenez toutes les précautions du monde, etc, etc. Parler, c’est balancer. Point. Ne nous compliquons pas la vie avec des cas particuliers, des histoires singulières, et autres prétextes à la poukaverie.
Garder le silence, en revanche, ça c’est bad ass. C’est faire partie du cheptel. Le plus bad ass étant bien entendu de faire un bref séjour en maison d’arrêt : on en a vu sortir en marchant dix centimètres au-dessus du sol ! (Celleux qui y sont resté.e.s plus longtemps ne marchaient plus.) Les experts de jeudi soir étaient de ceux qui se taisaient, et tout juste pardonnaient-ils leur couardise à celleux qui avaient parlé. Ouf !
Tout est question de perspectives…
Mais revenons-en à la politique. Il paraîtrait que garder le silence, c’est « bloquer la justice ». S’agit-il d’un vrai argument ou d’une stratégie diabolique pour démasquer les RG dans la salle en provoquant chez eux une irrépressible envie de rire ? On a un doute. Nous, la poignée de militant.e.s bien avisé.e.s et bien briefé.e.s (quel pourcentage de l’activité judiciaire représentons-nous ?), on va mettre des bâtons dans les roues de la machine pénale en ne lui donnant pas les aveux qu’elle nous demande ? Gageons que le Garde des Sceaux n’en dort plus la nuit, lui et ses 8 pauvres milliards d’euros de budget annuel.
Il est dit aussi qu’une fois la consigne bien intégrée, plus personne ne parlera en garde à vue. Garder le silence n’exposera donc plus à des représailles, puisque ce sera devenu la norme. En termes de calendrier, manque de bol, ça devrait pas arriver avant que les poules aient des dents. En attendant…
On a entendu lors de ce « débat » des choses qui prêteraient à sourire si elles n’étaient pas proprement terrifiantes. « Quand on fait de la politique, il faut voir loin. Les résultats ne s’obtiennent pas immédiatement. Il faut parfois accepter de faire 48h, de faire de la préventive, de se faire déférer, le principal étant de porter une stratégie collective ! » La politique du martyr serait-elle en marche ? Si oui, à quel moment de la procédure doit-on s’écrier « Dieu est grand » ? Il faudra penser à le préciser quelque part dans les consignes !
Autonomie, vous avez dit autonomie ?
L’objet de ce texte n’est sûrement pas de proférer des consignes inverses : parler en garde à vue reste, de manière générale, le meilleur moyen de saboter sa propre défense et de mettre des camarades dans l’embarras. Aussi existe-t-il sans doute des raisons d’être moins défaitiste en termes de perspectives ; paraît-il que dans d’autres villes (Rennes par exemple) la pratique se diffuse bel et bien et aurait donné du fil à retordre aux magistrat.e.s et autres OPJ. Nous ne referons pas le débat ici.
Il s’agit simplement de redonner un minimum de sens au mot « autonomie » (= qui se donne ses propres règles), dont certain.e.s se réclament sans voir qu’iels sont assis.e.s dessus de tout leur poids.
Qu’est-ce que ne peut pas être une défense collective ?
Une défense collective, ce n’est sûrement pas un politburo qui distribue des directives et qui lève le ton, quitte à devenir menaçant physiquement (!!) [2], dès lors que quelqu’un.e ose les discuter.
Une défense collective, ce n’est définitivement pas produire une nouvelle norme qui coince salement l’inculpé.e entre deux injonctions contraires ; celle de la flicaille qui pousse à parler et celle du milieu qui ordonne de se taire, rendant encore plus éprouvante qu’elle ne l’est déjà l’expérience de la garde à vue, et surtout niant et entravant l’intelligence que peut avoir un individu de sa propre situation.
Une défense collective, ce n’est certainement pas recréer un système de valeurs dans lequel certain.e.s sortent la tête haute de leur garde à vue et d’autres en baissant les yeux.
Mais une défense collective, ce n’est sûrement pas non plus chacun.e dans son coin, pris.e.s dans ses petites affaires individuelles.
Qu’est-ce que peut être une défense collective ?
Une défense collective, c’est plutôt la construction, pierre par pierre, d’une intelligence commune de la justice et de la police. Le diffusion d’une connaissance partagée de ses pièges et de ses turpitudes.
C’est faire savoir, le plus largement possible, que se taire en garde à vue est un droit, que c’est souvent le meilleur des choix, que ce qu’on peut y dire est largement retenu contre l’inculpé.e ou contre ses camarades. C’est désamorcer par avance les pressions des flics en démêlant le vrai du faux de leurs habituelles menaces, en se préparant ensemble à leur chantage.
Une défense collective, c’est aussi être honnête sur les risques qu’il y a à garder le silence. C’est reconnaître les représailles (légales ou pas, là n’est pas la question [3]) que ça peut entraîner. C’est laisser le droit de peser le pour et le contre.
Une défense collective, c’est se préparer à l’éventualité, impossible à exclure, de parler en garde à vue, apprendre à en éviter les écueils et les risques pour soi et pour les autres, plutôt que d’en faire un tabou honteux et ridicule.
Une défense collective, plus que des discours virilistes et sourds, ce sont des pratiques qui mettent l’écoute et la bienveillance au centre, comme le fait la CAJ [4] quand elle prend le temps de préparer les procès avec les inculpé.e.s sans leur dicter leur ligne de défense.
Mais une défense collective, c’est surtout regarder en face notre impuissance à prédire les effets des choix que l’on fait, et en déduire, modestement, qu’il n’existe pas une façon systématiquement meilleure qu’une autre de s’en sortir.
N’en déplaise aux idéologues qui s’ennivrent de leurs propres discours, la justice n’est faite que de « cas ». Certain.e.s, en garde à vue, ne résistent pas au stress, aux coups de pression, à l’isolement et à la peur. Certain.e.s ont un travail, des enfants à prendre en charge, des parents à rassurer, bref, autre chose à faire que de tenter, avec des résultats plus qu’incertains, de « bloquer la justice. » Pour d’autres, rien de tout cela : iels ont pensé tout simplement qu’à ce moment là, dans ces circonstances là, parler était la meilleure stratégie, sinon la moins pire.
Parfois l’avenir leur donne raison.
Parfois pas.
Mais dans un cas comme dans l’autre : iels n’ont pas besoin d’être jugé.e.s une deuxième fois.
P.-S.
Il semblerait que nos docteurs ès radicalité et leurs comportements autoritaires commencent à se faire une petite notorité… Lire ici :
Il y a suffisament de violence et de répression de la part de l’état et ses sbires, on n’a pas besoin de ce genre de comportements dignes de mafiosos qui pensent pouvoir terroriser le milieu en s’imposant par une force viriliste qu’on voudrait bien voir loin, très loin, de nous, de nos luttes et de nos lieux militants.
Notes
[1] A niveau égal de mépris, j’ai tendance à préférer les avocat.e.s.
[2] Un récalcitrant s’est vu proposer un coup de tête jeudi soir, dans l’indifférence de tou.te.s les camarades de l’individu menaçant. Chacun.e sa façon de faire de la politique…
[3] Car assurément, garder le silence est un droit… Un peu comme manifester.
[4] Caisse d’Autodéfense Juridique. Caj31@riseup.net.
http://iaata.info/Ne-dis-jamais-jamais-jamais-1629.html
Lyon : Meeting pour la Justice et la Dignité empêché par l’extrême droite
Dans le cadre de la préparation de la mobilisation du 19 mars pour la Justice et la Dignité, contre le racisme et les violences policières, un meeting préparatoire prévu à Lyon le 26 février a été empêché de se tenir du fait d’une attaque contre la Maison des Passages (lieu de l’évènement) de la part de groupuscules d’extrême droite bien identifiés.
Cette agression fait suite à une campagne d’intimidation de ces mêmes groupes : collage de stickers racistes : « islamistes hors de France », « clandestins dehors, Francais d’abord », signés GUD et Jeunesses identitaires. Quant au Parti Nationaliste Français connu pour son extrême violence, il a envoyé un message subliminal à ses nervis en partageant l’évènement sur sa page Facebook. Enfin, la nuit dernière, la vitrine du local de la Maison des Passages a été brisée conduisant les responsables du local à annuler le meeting.
Une semaine plus tôt, le même meeting prévu à Vaulx-en-Velin dans une salle municipale avait été empêché suite à de multiples pressions dont nous supposons que certaines émanaient de la mairie PS, hostile à l’évènement.
En tout état de cause, le collectif 19 mars de Lyon, considérant que la parole antiraciste ne doit en aucune façon être réduite au silence et, prenant ses responsabilités, décide de maintenir l’évènement sur les berges du Rhône, à proximité du quartier historique de l’immigration lyonnaise. A l’État de prendre les siennes !
La mobilisation continue dans plusieurs villes de France, s’amplifiera et culminera comme prévu le 19 mars à Paris envers et contre tout !
Lyon, le 26 février 2017
Le collectif
Communiqué de presse du collectif de vigilance 69
La Maison des Passages est un lieu associatif et culturel qui développe des pratiques d’éducation populaire et organise des événements culturels appréciés à Lyon.
Ces activités sont fondées sur des valeurs d’ouverture aux autres cultures, promouvant le « vivre ensemble », loin des idéologies de haine et d’exclusion.
La Maison des Passages est un lieu associatif et culturel qui développe des pratiques d’éducation populaire et organise des événements culturels appréciés à Lyon.
Ces activités sont fondées sur des valeurs d’ouverture aux autres cultures, promouvant le « vivre ensemble », loin des idéologies de haine et d’exclusion.
Cela n’est pas du goût de l’extrême-droite qui cherche à faire du quartier du Vieux Lyon un « fief » avec l’installation de groupes racistes et violents (Groupe Union Défense, Parti Nationaliste Français, Identitaires …) se traduisant par la prolifération de locaux, de commerces et autre salle de sport. Ces groupes ne tolèrent les espaces culturels et démocratiques comme la Maison des Passages, la MJC du Vieux Lyon, ni les commerçants et habitants qui luttent contre leur implantation et s’opposent à leurs idées nauséabondes et tous ceux et celles qui accompagnent ces luttes.
Ce dimanche 26 février devait se tenir dans l’après-midi une réunion publique sur le thème « Contre le racisme, les violences policières, la hogra, la chasse aux migrants » dans le cadre de la préparation de la mobilisation du 19 mars pour la Justice et la Dignité
Probablement dans la nuit de samedi à dimanche, les vitres de la devanture de la Maison des Passages ont été brisées et les organisateurs de la réunion publique ont dû la déplacer dans un autre lieu.
Comment ne pas faire un lien avec la violente campagne de dénonciation raciste contre cet événement déclenchée par la « fachosphère » dans les jours précédents ; avec les autocollants racistes du Groupe Union Défense apposés sur le panneau de la Maison des Passages, rue Saint-Georges, et avec la multiplication des autocollants islamophobes des Identitaires dans le quartier et les menaces à peines voilées du PNF sur leur page facebook.
Rappelons aussi que les mêmes ont essayé par le passé de perturber des événements de la Maison des Passages (soirée antifasciste de septembre 2013).
Le Collectif de Vigilance 69 contre l’extrême-droite dénonce cette agression et cette volonté d’intimidation d’un lieu associatif et culturel qui joue un rôle majeur aux côtés d’autres partenaires associatifs et culturels pour le développement du lien social et du « vivre ensemble ».
Le CV69 assure la Maison des Passages, ses associations membres, ses partenaires extérieurs et ses usagers/usagères de sa pleine et entière solidarité.
Le CV69 appelle à la vigilance et à une solidarité commune contre la xénophobie, le racisme, le rejet de l’autre.
Le CV69 appelle à poursuivre les actions culturelles pour renforcer le lien social et à lutter contre l’implantation de l’extrême droite radicale dans le 5ème. Aucun quartier n’est réservé aux groupuscules d’extrême-droite et la complaisance avec ces groupes doit cesser.
Retenons que malgré l’action des fascistes, le meeting contre le racisme et les violences policières a bien eu lieu !
Contact : apa69@riseup.net