La désence, chères blanches
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Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismeImmigration/sans-papierEs/frontieresRacisme
(Dans cet article, je vais aborder des attitudes auquel je suis confrontée continuellement. Ne vous en déplaise, oui ça parle de vous les blanc-hes. Les allié-es en carton, et seulement de ces personnes-là. TW : pouvant choquer l’ego fragile de blanc.
Avant toute chose, je mets une définition claire et nette de ce qu’est le racisme : le racisme est une oppression institutionnelle et systémique subie par les racisé-e-s. Elle est le résultat de l’esclavage et de la colonisation, d’une domination économique, culturelle et politique où les blancs sont privilégiés. (Les fervents défenseurs du racisme anti-blanc go cry away, où je me délecterai de vos larmes). Il n’y a pas de racisme individuel qui pourrait justifier le « racisme anti-blanc ».
La posture d’allié-e si décriée, est pourtant utile. Diffuser la parole des concerné-es est le plus long, le plus difficile et pourtant l’essentiel du travail. Oui, mais voilà : ça ne se résume pas qu’à ça. Et quand il s’agit d’être allié-e pour lutter contre le racisme… il y a du travail. Je vais donc, dans un premier temps, faire un rappel de ce qu’est le rôle de l’allié-e que j’illustrerai avec des exemples, vécus. Cet article sera publié en plusieurs parties. Voici la première.
Rappel : un-e allié-e est une personne non-concernée par une discrimination qui soutient les concerné-e-s dans leur lutte contre cette discrimination.
La question est donc comment être un-e bon-ne allié-e quand il s’agit de racisme ?
Accrochez-vous (ça ne va pas être agréable, beaucoup ont un ego fragile). Je vais donc lister ce qu’il ne faut SURTOUT pas faire et qui est pourtant le plus répandu.
Le « parler petit nègre »
(J’ai repris le terme utilisé par Frantz Fanon, faute de trouver mieux.)
Le « parler petit nègre » caractérise ces manières méprisantes, oppressives et condescendantes que vous avez lorsque vous vous adressez à nous. Les mécaniques oppressives citées après sont à y inclure. La psychophobie latente dont nous pouvons être accusé (« faire des fixettes », être « obsédé-e » par le racisme… c’est validiste.) quand nous parlons de racisme. Refuser de nous croire quand nous disons que telle personne est raciste. Comme si nous avions besoin de vos validations. Ne pas prendre en compte nos vécus sur ce sujet, pour couiner sur notre violence (Un mythe répandu colonialiste : « les indigènes, ces personnes sauvages et violentes ». C’est le même schéma.). C’est se plaindre de nos emportements, parce que « nous sommes déraisonnables » (implicitement « Aaaah ces racisé-e-s incapables de se contrôler », le bon vieux mythe du colon qui sait mieux que les esclaves ce qu’yels veulent elleux-mêmes, ça vous parle ? C’est la même manière de faire. Honte à vous.).
Venir par pitié ou par culpabilité en nous disant : « Je comprends ta colère mais… » Stop ! Vous ne pouvez pas comprendre ma colère parce que vous ne comprenez pas comment je vis le racisme, alors ne le dites pas. Le « mais » qui est là pour nous recadrer est oppressif. J’y reviendrai plus tard. C’est s’énerver bruyamment des actes racistes visibles (alors que vous n’êtes pas capables de faire votre introspection), en prenant donc encore la place, notre espace de parole sur ces sujets…etc.
« L’appropriation culturelle est un sujet passionnant… » je m’arrête là : Ce qui est un « sujet passionnant », on le vit. Au quotidien. Si c’est pour en discuter comme un scientifique tout-puissant qui se penche sur le sujet du racisme par curiosité malsaine et sans aucune empathie, ce n’est pas la peine, allez voir ailleurs.
Le whitesplaining
Whitesplaining : expliquer le racisme à une personne concernée.
Aaaah le whitesplaining. Le plus prévisible, ennuyeux et indécent des procédés. Quelques pistes pour éviter de faire du whitesplaining :
- N’utilisez pas une divergence d’opinion dans un débat entre plusieurs personnes racisé.e.s pour appuyer vos arguments. C’est mesquin et fallacieux. Nous ne sommes pas un groupe avec un avis unanime. C’est nier nos identités, nos parcours, nos individualités. C’est oppressif donc raciste (le racisme n’a pas besoin d’être « conscient », et la plupart du temps ne l’est pas).
Exemple : « Xxxx, merci ! Enfin quelqu’un qui comprend la différence entre racisme institutionnel et racisme individuel »
- Il n’y a pas de racisme individuel qui justifierait le mythe du « racisme anti-blanc ».
- La « caution racisée » pour appuyer vos arguments, c’est raciste. Vous n’avez pas à utiliser l’avis d’un-e concerné-e à votre avantage. Jamais. C’est oppressif et fallacieux. C’est raciste. Je vais plus le développer.
La caution « antiraciste » :
On connaît tous les « je ne suis pas raciste, j’ai un ami arabe/noir » ou « mais Xxx qui est noir/arabe/asiatique, il ne dit pas ça. »
Utiliser la parole d’un-e concerné-e pour vous conforter dans vos opinions c’est oppressif. Si vous avez un minimum de considération, comprenez que nous ne sommes pas toujours d’accord entre nous, mais ça ne vous donne pas le droit de nous utiliser pour vous conforter dans votre place de privilégié-e. Cependant, cette technique peut être utilisée de manière plus vicieuse.
Exemple : Suite à une discussion sur le white-passing (personne racisée, probablement métisse qui a l’air physiquement d’un-e blan-che, lui conférant des privilèges. Cependant, yel n’échappe pas au racisme), une personne concernée explique que le rôle des personnes en white-passing est de relayer la parole des personnes racisées ne l’étant pas. Quelques jours plus tard, une raciste utilise cet “argument“ pour clôre une remarque juste à propos du terme « racisée ».
Pourquoi est-ce problématique ?
Mise en hiérarchie de qui est la mieux placée par une dominante. C’est oppressif. Ce n’est pas à vous, les blanc-hes, de départager les débats. Ce n’est pas à vous de distribuer les points et de décider qui est la mieux placée pour parler. Détourner une parole de son sens originel, c’est le mécanisme de la caution : diviser en profitant de notre diversité pour nous la reprocher. Dois-je préciser que ça pue ? Je préfère le dire, c’est à croire que beaucoup ne connaissent pas la décence. Le racisme nous aliène tou-te-s. Il arrive donc que des personnes concernées ne soient pas déconstruites et appuient des propos racistes. Il arrive aussi que des personnes ne puissent pas ou choisissent de ne pas se déconstruire, c’est leur choix. Mais si une autre concernée vous le reproche et que vous êtes appuyé par des personnes racisées ça ne signifie pas que vous êtes exempt de remise en question. La masse qui adhère à vos propos n’est pas un argument.
– Ne parlez pas à la place des concerné-e-s. Juste non.
Exemple : « xxxx, au vu de ce que tu as fait, yyy est mieux placé pour venir en parler »
– Mise en hiérarchie de qui est la mieux placé-e par un-e dominant-e. C’est oppressif et fallacieux. Et c’est une attitude de colon, ces personnes qui savent tout mieux que tout le monde.
– Vous n’avez pas à distribuer les points, ni à décider de qui est le mieux placé pour parler, pour s’énerver.
Les White tears
(Est-ce que quelqu’un voudrait penser aux blancs, s’il vous plaît ?)
Les white tears : monopoliser l’espace quand il s’agit d’aborder le racisme pour… pleurer sur sa condition de blanc. Un autre incontournable.
Exemple : Suite à plusieurs commentaires racistes : « Ça ne sert à rien, on a beau s’excuser, ça ne vous conviendra jamais ». Si on vous dit que ça ne convient pas, c’est que l’interlocuteur voit votre mauvaise foi. Ne nous prenez pas pour des idiot-e-s. Le racisme est un sujet important, ce n’est pas un sujet sur lequel vous avez le droit d’être léger, surtout pour s’excuser. Votre ego de blanc-he n’est pas le plus important, alors que nos ressentis face à vos propos racistes, vous n’en avez rien à faire. La réciprocité, voyez-vous.
Comment s’excuser ?
On présente ses excuses. Réellement. Et rapidement. Le faire de mauvaise grâce se verra. Et donc ne sera pas pris comme des excuses sincères.
On ne se dédouane pas derrière avec des justifications pour au final… ne pas s’excuser. -> À bannir « je m’excuse mais.. ».
On ne formule pas de manière à insinuer que c’est la faute de l’interlocuteur. Ce n’est pas s’excuser. -> À bannir « je m’excuse si… ».
On prend réellement en compte le ressenti de l’interlocuteur. Oui, c’est possible !
Autre exemple : Suite à une explication sur pourquoi le racisme anti-blanc n’existe pas, un long commentaire où une personne racisée détaille chaque acte discriminant qu’elle subit. La réponse de l’interlocutrice blanche ? « C’est raciste de parler de “babtou“ (qui désigne tout simplement les blancs), c’est faire le jeu du FN. » Une personne vient de vous décrire son quotidien, et celui-ci est difficile. Rangez votre égo, nous haïssons (et nous essayons de le changer) le système. Pas vous particulièrement, même s’il faut reconnaître la contribution individuelle de chacun dans celui-ci. De plus « c’est faire le jeu du FN », c’est du chantage. Big news : Ce n’est pas vous qui décider des modalités. Si « un allié » préfère se vexer à ce terme plutôt que de se remettre en question, on s’en passe allègrement.
Le chantage
Quelques exemples typiques pour mieux comprendre :
« Je suis cultivé-e, j’ai lu Frantz Fanon donc je comprends mais si vous refusez d’admettre avec d’autres que le racisme anti-blanc n’existe pas, yels iront voir le FN… »
(Soupir)
Chèr-es blanc-hes. Arrêtez de nous dire comment mener nos luttes. Nous ne sommes pas à votre service. Nous savons quoi faire, nous sommes grand-e-s. Vous est-il arrivé de penser que ce genre de remarque, on les a entendu, lu 100 00 000 fois ? Non ? Maintenant, vous le savez. Et vous arrêtez.
Phrase du troll typique :
« Je suis d’accord mais (pour dire en fait qu’yel n’est pas d’accord) ».
–> Si vous n’êtes pas d’accord dites-le directement. Nous n’avons pas de temps à perdre avec votre hypocrisie stylistique. Parce que ça ne tourne pas autour de vous, vous savez ?
Si ces personnes préfèrent aller voter FN que de se remettre en question ce n’est pas une grande perte, ce n’est que mon avis.
Edit : la petite touche de classisme “j’ai lu Fanon“ me fait doucement rire. Y’a pas que lui comme référence, le saviez-vous ? Les sœurs Nardal, qui ont créé l’intersectionnalité et ont participé au mouvement de la négritude, on les a oubliées, je me demande bien pourquoi…
« Soyez pédagogues ! Au lieu d’être agressives ! Vous verrez que plus de monde adhérera. »
La pédagogie, c’est quoi ? Une personne en position de domination par des connaissances théoriques qu’elle diffuse. Mais.. Nous ne sommes pas en position de domination. Il s’agit de nos vécus. Énorme différence. Prenez le temps d’écouter, ça peut être intéressant, la modestie, l’ouverture d’esprit et l’empathie.
Encore une fois : Vous n’avez pas à nous dire comment faire. Ça ne se fera pas à vos modalités. Puisque vous n’êtes pas concerné-es. C’est tout.
Puisqu’il s’agit de nos vécus, bien sûr que nous pouvons être sensibles. Nous avons autant le droit que vous d’être faillibles, d’être des êtres émotionnels. En disant ça vous nous niez ce droit, celui d’être humain. On est là pour changer les choses. Pas pour vous faire de la lèche. Le privilège de ne pas être atteint par cette discrimination, vous permet de rester calmes. Quand il s’agit de racisme, ce n’est pas notre cas. Nous avons chacun-e nos limites, nos caractères. Mais n’attendez pas de nous de tendre l’autre joue.
Nous ne sommes pas vos parents. Il y a pleins de ressources sur Internet grâce au travail de la part de concerné-es, recherche qui nous est essentielle et qui vous prémâche tout le boulot. Vous pouvez vous renseigner par vos propres moyens. Et en demandant correctement, pas quand on est énervé-e-s…
Nous ne sommes pas là « pour donner envie »…ce n’est pas du marketing, vous n’êtes pas en position de négocier, vous n’êtes pas touchés par le racisme.
« Vous restez en non-mixité ? Mais c’est communautariste ! Comment voulez-vous qu’on s’y intéresse ? »
Chèr-e-s blanch-e-s : les premiers communautaristes…c’est vous. Dans les médias français, combien de journalistes racisé-es par rapport au nombre total de journaliste ?
Combien de films avec des protagonistes racisé-e-s par rapport au nombre de protagonistes sur le nombre de films qui sortent tout court ?
Combien de mannequins racisé-e-s publiés par rapport au nombre de mannequins publié au total ? (et je peux continuer ainsi très longtemps)
Comment expliquer qu’étrangement plus la classe sociale est aisée, moins il y a de personnes racisé-e-s dans cette classe ?
Combien de fois le racisme est-il abordé comme thématique (toujours à notre désavantage, qui plus est) ?
Vous savez la réponse. Il y a une écrasante majorité de représentation pour les blancs. Les plus aisés sont les blancs, parce que privilégiés. (Je ne nie pas qu’on puisse être blanc et pauvre. Je précise qu’il y a plus de pauvres racisé-e-s que de pauvres blancs. Étrangement. Quelle coïncidence !)
Communautariste, dites-vous ? Je vous retourne le compliment.
Encore une fois : ne nous dites pas quoi faire.
« Dans chaque lutte, les allié-es sont nécessaires »
Ça peut-être un avantage, mais ce n’est pas nécessaire.
Ça induit une mécanique fallacieuse où l’on devrait accepter les plus médiocres, parce qu’yels sont “nécessaires“. Or, nous n’avons pas non plus envie de subir une énième fois des agressions dans un espace où yels s’estimaient relativement bien, parce que vous vous estimez essentiels alors que vous ne voulez pas vous remettre en question. On peut s’en passer aisément.
Le Tone Policing
« T’es agressive ! »
« Pourquoi être si violente, c’est dommage.. »
« J’aime beaucoup te suivre, mais tu es très dure dans ta façon de t’exprimer.. »
Un incontournable. Le plus courant même. J’explique : le tone policing (police du ton en français) c’est donc reprocher à quelqu’un sa manière de s’exprimer pour annuler tous les arguments qu’yel a expliqué avant, ou pire, expliquer quand et comment une personne concernée doit s’énerver au nom du « pacifisme », ou d’une espèce de chantage où l’interlocuteur de mauvaise foi, ne prend pas en compte les arguments d’une personne à cause de son ton.
Le problème ? C’est que le fond vaut au moins autant que la forme, pour un propos. Dénigrer le fond parce que la forme ne vous “convient“ pas, c’est un caprice. La non-violence c’est aussi ne pas provoquer les concernées (les personnes qui s’expriment maladroitement sont donc pas visées). Il y a plusieurs degrés de violence, notamment la violence insidieuse et la violence clairement posée. S’étonner de voir quelqu’un s’énerver alors que vous l’avez cherché…c’est se foutre du monde. Ne pas chercher la base du problème pour pleurer sur les conséquences, c’est facile, trop facile. Oui nous nous énervons, à des moments différents, pas de la même manière, certain-es ont plus de tact, d’autres non, et d’autres ont plus ou moins de patience, c’est comme ça. Nous n’avons pas à être “parfait-e-s“. Parce que nous sommes humaines (Oui c’est redondant, mais y’en a qui comprennent pas ça). C’est notre droit autant que le vôtre de s’énerver, d’en avoir marre, de ne pas vouloir expliquer… Respectez-le, vous qui êtes si prompts à nous le reprocher et à l’utiliser comme argument pour vous défendre ensuite (comment dit-on déjà ? l’hôpital qui se fout de la charité). À aucun moment vous n’êtes les mieux placés pour nous dire quand et comment s’énerver. Aucun. Se permettre ça, c’est oppressif. La remise en question n’a jamais signifié vous caresser dans le sens du poil.
NB : Arrêtez d’utiliser MLK pour l’opposer à Malcom X et nous silencier. Idem pour Césaire et Frantz Fanon. Pour votre culture personnelle je vous invite à lire « Why we can’t wait » de MLK. Les deux premiers cités ont été amis vous savez ? Les injonctions au pacifisme alors que les grands leaders du pacifisme ont tous été assassinés, autrement dit rattrapés par la violence, c’est une vaste blague. Le pacifisme ne fonctionne que si toutes les parties respectent cette manière de faire. Dans une société basée sur la violence, j’ai un énorme doute sur son efficacité. Et de toute façon, vous n’avez pas à nous dire comment mener nos luttes. Nous ne cherchons pas une validation de votre part.
pour illustrer, je conclus ce paragraphe avec une citation de Malcom X : « Je ne crois en aucune forme de non-violence. Je crois qu’il est possible d’être non-violent avec des personnes non-violentes. Mais lorsque vous avez affaire à des ennemi-e-s qui ne connaisse pas la non-violence, en ce qui me concerne, je pense que vous perdez votre temps «
Les derailings
Faire des derailings : synonyme français : digression, faire un hors-sujet par rapport au sujet initial, qui est de dénoncer un mécanisme raciste, est indécent. C’est le mot.
Par l’un des procédés cité plus haut, ou reprendre un argument fallacieux cité par une précédente personne.
En philosophant sur un problème réel. Ça ne montre pas que vous ayez de l’intérêt à la chose, ce n’est pas respectueux… bref. Ne le faites pas.
En comparant le racisme avec d’autres oppressions, en essayant de le mettre sur le même plan que le racisme…non. Chaque discrimination a ses propres mécaniques, et donc par essence, différemment subie. Ce n’est pas pareil.
Exemple : à propos de l’appropriation culturelle, un long commentaire de white tears, l’auteure se targuant d’être oppressée par le fait qu’elle est teufeuse. S’en suit une remarque raciste. Débat sur cette remarque. Le dérailing : « Mais peut-on être discriminé par un choix de vie ? ». Ce n’est pas le sujet. Sur un sujet aussi grave, que nous subissons réellement, faire ça…ce n’est pas montrer qu’on prend en compte la souffrance de l’autre. Ce n’est pas montrer une attention à nos peines. C’est irrespectueux.
La maladresse
« Ce n’est qu’une erreur… »
« Ça arrive à tout le monde de merder. Vous êtes parfaits, vous, peut-être ? »
« Elle a merdé, elle s’est excusé, que demander de plus ? »
Comment minimiser l’impact d’un acte ou d’un propos raciste en une phrase. Pourquoi ne faut-il pas le faire ? Parce que vous niez les ressentis des concernés. Parce que le racisme n’est pas une maladresse, c’est la preuve que vous n’êtes pas déconstruit. Assortie de cette phrase en guise de défense, cela montre qu’en plus vous ne voulez pas vous remettre en question. Pendant que vous vous vexez, vous ne participez pas à l’amélioration de nos quotidiens faits de micro-agressions de ce genre. Vous n’êtes donc pas un allié-e avec cette attitude. Vous êtes-vous posé la question des conséquences que ça peut avoir sur notre moral, votre déni, votre agressivité condescendante ? Pensez-y maintenant. De plus, s’excuser et reconnaître ses torts, ce n’est pas se rabaisser contrairement à ce que plusieurs peuvent croire. Se remettre en question, c’est aussi une question d’humilité. La petite culpabilisation du « Que demandez-vous de plus ? » illustre le fait que ça vous arrache un membre de devoir faire cette remise en question… Respirez, décentrez-vous, vous n’êtes pas concerné-e-s et le « moi je », ça n’est pas productif. Quant à « Vous êtes parfaits, vous, peut-être ? » même schéma, avec l’argument fallacieux qu’il faut être indulgent parce que faillibles. Vous n’acceptez pas qu’on le soit, mais vous utilisez ce fait à votre avantage. Mauvaise foi, j’écris ton nom…
L’ethnocentrisme
Juger un sujet avec son avis d’occidental, en oubliant les particularités culturelles des autres pays. Gros sujet aussi. Nous, occidentaux, nous pensons nous-mêmes « plus évolués » que les autres. Fatalement, on se permet de faire la leçon aux autres alors que la réalité ne correspond pas à nos préjugés et que nous ne sommes pas les mieux placés pour venir faire la morale… C’est l’ethnocentrisme.
Sauf que. Les historiens et nous-mêmes avons la mémoire courte, du moins on ne nous fait apprendre que le plus reluisant, de manière mensongère. Avant de critiquer les discriminations des autres pays, il me semble opportun que l’on parle de notre propre système discriminatoire. Autrement dit, de balayer devant notre porte.
L’injonction à l’exemplarité
L’injonction à l’exemplarité consiste à nous demander, à nous, d’être exemplaires, de ne pas nous énerver… C’est une mécanique pour silencier les concerné-e-s. Sauf que… nous ne vous devons rien. Nous avons le droit autant que vous d’être énervés surtout sur un sujet qui nous concerne et pas vous. Nous sommes autant faillibles que vous, parce que nous sommes aussi des êtres humains. C’est nous-mêmes qui décidons. On ne va pas vous remercier mille ans d’être allié-e-s, c’est votre choix. Un progrès sera fait quand on arrêtera de nous sommer de nous comporter mieux que vous afin que vous adhériez à nos luttes. Ce n’est pas un plan marketing, la lutte contre le racisme. Nous ne vous sommes tributaires en rien (oui je suis redondante, mais c’est quelque chose qui est difficile à assimiler, de ce que j’ai vu). Le fait que l’on soit en mesure de vous répondre vous gêne, parce que ça signifie que vous n’avez pas de prise…et qu’il va falloir vous déconstruire. La mauvaise foi, tout ça, quoi.
Le colorblind
« Mais au fond nous ne sommes qu’une seule race ».
C’est biologiquement faux. ESPÈCE Humaine. Retenez-le. À vie.
« Mais pourquoi se préoccuper des races ? C’est raciste ! »
Faux. Profondément faux. En parler en tant que facteur discriminant est un premier pas pour déconstruire.
« Je ne me sens ni blanc ni noir… »–> Privilège de blanc.
« J’aime pas les catégorisations… »
–> J’y viens en dessous.
Les phrases ci-dessus ont le point commun de nier le problème du racisme. Pourquoi ? Choisir de ne pas y faire attention c’est un privilège de blanc. Parce que les personnes racisées, yels, seront catégorisées d’office, et continuellement. De manière insidieuse ou évidente, qu’importe. Il y a d’abord les questions, les remarques mal placées « Tu viens d’où ? Non, je veux dire, vraiment tu viens d’où ? » / « Vous êtes nombreux chez vous ? / Les femmes sont toutes voilées chez vous ! / T’te façon vous êtes tous des voleurs dans ce pays. / Fais l’accent antillais/africain pour voir ? » Et j’en passe. Rien qu’avec ces exemples, la catégorisation est faite. Le « Tu viens d’où ? » indique clairement que vous ne pouvez pas habiter ici, en pays “civilisé“, personne noir/arabe/latino/asiatique que vous êtes. Puis viennent les blagues racistes. L’impossibilité de se reconnaître dans les canons de beauté actuels. Les gens qui se méprendront sur vos fonctions, votre statut. Etc. Il ne s’agit pas de le faire à l’échelle individuelle. Simplement de se rendre compte des rouages de ce système qu’est le racisme. De le nommer pour en parler. Pour faire évoluer les choses. Mettre des mots sur des événements est important, ça permet d’exprimer ce que l’on ressent, vous savez ? C’est pareil. Nier et bloquer sur ce mot c’est refuser d’en parler et d’être utile, donc. Il ne s’agit pas de catégorisation gratuite. C’est par nécessité des concernées que ça existe, et c’est fait par elleux. De plus, c’est le système raciste (et surtout allié-es en carton) qui fait cette catégorisation. Nous le reprocher à nous, c’est l’hôpital qui se fout de la charité.
Not all Whites (pas tou-tes les blanc-hes) !
Même procédé que le « not all men », quand le racisme est abordé, un-e blanc-he vient ramener sa fraise et lâcher le pléonasme universel « pas tous les blancs ! ».
On le sait.
On parle d’attitude. Donc il n’y a pas de généralisation gratuite. (Puis vous le faites bien non ?)
Vous faites partie de ce système raciste et vous en bénéficiez… Alors oui, tous les blancs sont racistes, vous êtes les dominants. Les racisé-e-s l’assimilent, ce sont les oppressé-e-s. Point barre.
Vous pouvez aussi mettre votre ego de côté deux secondes…vous n’êtes pas le centre du monde.
La déconstruction : admettre & écouter
Face à tous ces propos vomitifs, que faire ? Se déconstruire. Comment ? En commençant par admettre. Admettre que les mécanismes cités plus haut ne sont pas dû au hasard.
« Les blancs s’estiment supérieurs aux noirs » disait Frantz Fanon dans “Peau noire, masques blancs“. C’est toujours le cas aujourd’hui, pas par essence ( alors on arrête de pleurer), mais bien par acquis. On nous apprend à estimer que les blancs sont supérieurs. Et fatalement, vous vous estimez aptes à parler de sujets dont vous ne connaissez rien. Ce qui sont des “sujets intéressants“ pour vous, pour nous, c’est nos vies. Il faut le prendre en compte. En expliquant une oppression à laquelle vous n’êtes pas confrontés par exemple, implicitement vous exercez une domination, vous prenez l’espace de parole qui nous revient pour ces sujets. Ce genre d’attitude résume pourquoi la non-mixité est nécessaire. On peut se passer de vous. Sachez-le, vraiment. Souvenez-vous : ne pas monopoliser l’espace. Si vous n’êtes pas concerné-e-s, dans le doute, taisez-vous, c’est le mieux. Évidemment, s’il y a question, il y aura réponse (si la personne veut). Mais ne parlez pas à notre place. Ne nous dites pas quoi faire. Ni comment faire. Remettez-vous en question, avant d’aller pointer le problème chez les autres. Ne défendez pas vos potes racistes. Yels sont assez grands pour se mettre dans la merde, yels sont assez grands pour s’en dépatouiller. Arrêtez le chipotage sur un terme, pour découvrir que vous n’avez rien compris… dites-le directement. On n’a pas de temps pour le chipotage sur des mots qui vous gênent, ces termes-là nous conviennent, ils sont là pour NOUS aider. Tout est une question d’attitude, il est tout à fait possible de recadrer, d’expliquer aux autres personnes non-concerné-e-s, ce qui est problématique lorsqu’il y a propos oppressifs. Mais il ne faut pas arbitrer la discussion. Il ne faut pas s’approprier la lutte des concerné-e-s. L’enjeu de l’attitude est là.
Non, ce n’est pas « se rabaisser » que de faire ça. C’est juste un peu de modestie, pour montrer que vous savez ce que d’autres endurent à propos de racisme. Si vous estimez que c’est “rabaissant“, imaginez ce que ça fait d’être continuellement prise pour plus bête que je ne le suis. Par vous !
Vous êtes chef d’un mouvement intersectionnel dans la vie réelle ou sur des réseaux sociaux, des forums ?
Remettez-vous en question à double titre ! Vous êtes un exemple pour les participant-es…ça a son importance. Si vous vous relâchez, les gens le feront aussi.
Non, je ne déteste pas les blanc-he-s (malgré les délicieux commentaires de whites tears, vous avez faux, encore faut-il que vous ayez pris la peine de lire l’article en entier ???? ). Je déteste ce système. Alors arrêtons de tourner en rond voulez-vous ?
Autre chose : Cela devrait être normal de ne pas être raciste, donc n’espérez pas des cookies, des encouragements…c’est la même attitude que les pro-féministes, celle dont vous vous plaignez, vous savez ?
Bonus : Florilège des formulations à arrêter d’office
Un petit bingo, juste comme ça.
« Attention je ne nie absolument pas que ce soit discriminant mais (le nie dans la suite) »
– > Si tu sais que tu vas être accusé de le faire, c’est peut-être parce que ça l’est… Simple suggestion.
« Bien sûr que l’islamophobie c’est nul, mais comment rire des pays comme l’Arabie saoudite où la femme n’a pas de droits ? »
–> Plus sérieusement, l’ethnocentrisme du colon « C’est mieux chez moi heiiin ! Je vais faire la leçon aux autres pays, tiens. » … non. Les concerné-es sont les plus à mêmes de le faire, puisqu’yels le vivent.
« Dire que je suis raciste c’est insultant »
–> Non. Être raciste, c’est avoir des propos oppressifs. Ni plus, ni moins. Tant mieux que vous culpabilisiez de peur de l’être. Mais ce n’est pas une insulte.
« Tous les arabes/antillais/africains/asiatiques font ça/sont comme ça… »
–> NON. NON. Non. L’Afrique et l’Asie sont des continents. Il y a plusieurs cultures différentes aux Antilles et dans les pays arabes. Arrêtez de généraliser, ça pue.
Suite à une remarque où on lui dit de la fermer car elle n’est pas concernée :
« Moi, dominant-e ? (En random) Je suis trans, NA, grosse, etc… »
Ce n’est pas un concours. Subir le racisme, ça n’est pas “marrant“. C’est ignoble d’utiliser les discriminations que l’on subit pour oppresser d’autres.
Vous restez privilégié quand il s’agit de racisme, parce que vous êtes blanc. Il faut savoir placer les choses dans leur contexte.
« Mais c’est violent de parler de « race », de « racisme »… »
Non en fait…notre société bien-pensante ( colorblind poooower) les a rendus tabou. Mais ce ne sont que des qualificatifs.
Il faut savoir de quoi on parle à un moment donné. Pour résoudre n’importe quel problème il faut savoir de quoi on parle. Parler de “race“ en tant que construction politique et facteur discriminant, ce n’est pas valider l’eugénisme. C’est parler du fait que les blancs sont privilégiés.
« Oui mais ça prend un certain temps de déconstruire, il faut laisser les autres faire des maladresses »
Le racisme n’est pas une maladresse. C’est réel. On le subit ! Considérer des propos racistes comme des « maladresses » c’est minimiser la gravité de l’acte, de la souffrance que ça inflige. Ce n’est pas à vous de juger de la gravité de toute manière. Au mieux, c’est un aveu, de dire ça. Ça prouve que vous n’êtes pas déconstruit et que vous n’avez pas envie. Soyez honnêtes et rejoignez les partis bien gentiment racistes( PS, Front de Gauche…y’a le choix), il y aura de la place pour vous là-bas.
Nous n’avons pas tou-t-es le temps d’attendre. Pendant que vous mettez 150 ans à bien vouloir faire l’effort de comprendre nos vécus, où vous avez merdé, on survit, les autres triment, continuent d’encaisser la violence…ce n’est pas la même chose qu’une simple erreur de mathématiques. Encore une fois, c’est minimiser l’impact que ça a.
« Ce n’est pas ce qu’il a voulu dire, c’est juste une gaffe, en ce moment yel/il/elle a ça, ça, ça, ça, ça comme souci, c’est compliqué pour yel/lui/elle »
Si un propos raciste est pointé, ce n’est pas la peine que vous, blanc-hes, veniez nous expliquer les véritables intentions. Vous n’êtes pas concernés. Taisez-vous, on gère.
Tout le monde a des soucis personnels, un vécu difficile, des traumatismes. Ce n’est pas une excuse pour être oppressif. Ça n’explique rien, d’ailleurs. Juste un relâchement. Et ce n’est pas une preuve qu’on puisse vous faire confiance, en fait.
Être oppressif ce n’est pas juste une maladresse.
« Arrêtez de vous plaindre c’est fini l’esclavage ! »
Je vous invite à vous renseigner sur le néocolonialisme. Celui qui fait qu’Haïti paie une dette pour oser être un pays libre vis-à-vis de la France.
Celui qui a autorisé qu’on répande des produits toxiques hautement cancérigènes, au détriment de la faune et la flore, de la santé des habitants et des personnes travaillant dans les bananeraies en Martinique et en Guadeloupe. (à la Réunion, à contrario)
Celui qui privilégie les békés (descendants des colons) dans les Caraïbes, ces personnes ayant la mainmise sur toutes les ressources, plus les relations avec le gouvernement pour instaurer la vie chère, où chaque produit coûte en moyenne 40% plus cher qu’en Métropole. Où l’on se retrouve obligé de partir étudier, travailler en métropole.
Celui des républiques bananières. Celui qui oublie que la traite négrière existe toujours en Mauritanie. Celui qui invite des habitants d’ex-colonies à venir travailler en France pour ensuite nier à leurs descendants leur identité française. Et la liste est très longue. Donc chut. Vraiment, c’est mieux, surtout pour vous.
« Mais vous ramenez tout au racisme… »
> Ce n’est pas à vous, blanc-hes de décider si ce sujet est assez abordé ou pas. Faites avec. Vous prenez déjà trop de place sur des sujets qui NOUS concernent, alors vraiment, faut se taire dans ces cas-là. « En parler » ne signifie pas, en parler bien, avec les concerné-e-s.
ce texte est chouette et me semble vraiment important pour les blanc-he-s qui veulent faire de l’antiracisme…
le vocabulaire du langage français est très marqué par le racisme tout comme par le sexisme et mainte fois des personnes en lutte contre ces oppressions ont mis à jours ce point qui est très important. en effet comment ne plus être raciste et/ou sexiste si notre parole ne se remet pas en question… la parole conditionne notre pensée!
dans ce texte il est employé le terme « dénigrer » pour dire dévaluer, hors « dénigrer » est un vocable raciste qui veut dire littéralement « rendre nègre », et donc que si l’on nous rend nègre ou que l’on devient nègre, on a moins de valeur, dans les actes, dans la parole, dans l’importance que l’on peut avoir dans un système ou une communauté humaine…
il est essentiel d’arrêter d’utiliser ce terme qui est beaucoup employé comme une marque d’un vocabulaire soutenu, universitaire mais qui est tout à fait représentatif de la culture institutionnelle raciste de la langue française et qui m’écorche les oreilles à chaque fois que je l’entends.
prenons garde à tous ces « détails » qui nous empêchent de nous émanciper individuellement et collectivement
http://www.cnrtl.fr/etymologie/d%C3%A9nigrer
http://www.cnrtl.fr/etymologie/esclave
Puis quand on sait pas, on ouvre un dico, c’est pas très compliqué, si ?
http://lechodessorcieres.net/la-decence-cher-e-s-blanc-he-s-1ere-partie/
Comme apparemment tous les articles qui parlent du racisme vécu semblent déchainer les trolls, une fois encore on doit passer les commentaires en modération à priori… seuls les commentaires apportant un complément d’information seront validés. Les commentaires ont été nettoyé des insultes, des dénis, du trollage, et du coup de leurs réponses pour éviter les incompréhensions. On laisse le lien de la source, qui est un blog perso et donc n’a pas une audiance suffisente pour être relégué dans la catégorie liens extérieurs…
Pour rappel à celleux qui découvriraient le site, indymedia est un site fait pour témoigner et lutter contre toutes les formes de domination et d’oppression (sexisme, racisme, marchandisation, chefferie… etc.) Les témoignages et articles de personnes racisées y ont donc toute leur place contrairement à celleux qui nient leurs ressentis.
pour « laique »,skirda,autrefois communiste libertaire,a viré facho depuis pas mal d »années(je ne juge pas ce livre que je ne connais pas jdis çà pour info)…pour le reste,je dis rien,çà passeras pas
Pour celles & ceux motivé-e-s, il existe des débats (nombreux et violents) sur la notion dite d’ « appropriation culturelle »
Au sujet de la reference au livre de Alexandre Skirda, « La traite des Slaves », elle semble effectivement sujette a caution:
« Ce n’est sans doute pas un hasard si Alexandre Skirda a tenu à exprimer son approbation pour cet « exemple de […] démarche d’authentique recherche historique ». Le sous-titre de son livre (« L’esclavage des Blancs ») renvoie lui aussi au livre de Davis. Mais alors que celui-ci traite des Temps modernes, la plus grande partie du livre de Skirda est consacrée au Moyen-Âge. Or la notion de « race » n’existait pas dans le monde médiéval d’Occident ; mettre l’accent sur la race est donc anachronique. C’est que A. Skirda a évidemment été influencé par l’ouvrage de Bernard Lewis sur la « race » et l’esclavage en pays d’Islam, dont il a fait une lecture quelque peu sélective, pour projeter ensuite les idées de Lewis dans le monde médiéval. Projection illégitime car, pendant le Moyen-Âge, les Slaves, capturés et réduits en esclavage par leurs voisins, étaient considérés comme vaincus et perdants (avec toutes les conséquences que cela entraînait), mais pas comme des sous-hommes. C’est là la grande différence avec l’expérience de l’esclavage colonial des Temps modernes, véritable chantier des idéologies racistes. »
extrait de la note accompagnant le livre en version pdf : https://monderusse.revues.org/7358
Au sujet de la controversée « Appropiration culturelle »:
– une notion de base sur wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Appropriation_culturelle
– une traduction d’un texte paru initialement sur everydayfeminism : http://lechodessorcieres.net/quest-quil-y-a-de-mal-a-faire-de-lappropriation-culturelle-ces-9-reponses-revelent-pourquoi-cest-blessant/
Je me permets de revenir sur le commentaire de lhvsxsqik intitulé XXX qui fait sa propre analyse d’un mot de la langue Française comme héritage du passé coloniale et de l’esclavage.
Extrait du Dictionnaire historique de la langue Française d’Alain Rey :
Dénigrer v. tr. est emprunté (vers 1330-1332) au latin denigrare, employé en latin impérial au sens propre de « noircir, teindre en noir » et à basse époque au figuré, dans l’expression : denigrare famam « noircir la réputation (de qqn) ». Denigrare est composé de « de » intensif et de « nigrare », lui-même dérivé de « niger » (noir).
Le verbe, d’abord attesté au participe passé « denigrées », a eu le sens propre de « noircies (en parlant de cordes) ». L’usage moderne a seulement conservé le sens figuré bas latin de « dire du mal de qqn » (vers 1358) et le verbe, considéré comme « bas » par Furetière (1690), semble être rentré en grâce au XVIIIème siècle, restant usuel en français moderne.