Villa faucher
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Lieux : Paris
Rien de tout cela. Point de propagande révolutionnaire. Des gribouillis en rouge, totalement incompréhensibles pour le passant non averti. Un avertissement peut-être (certes, nous sommes loin des intimidations et menaces devenues habituelles, mais on ne peut pas toujours donner le meilleur de soi, non ?) pour celles et ceux qui allaient banqueter ici même cet après-midi ? Des règlements de compte des derniers rejetons de Mr. Marx à l’encontre de leurs semblables, petits-fistons de Mr. Blanqui ?
Ce dont nous pouvons être certains, c’est qu’il ne s’agit pas d’un acte révolutionnaire, de quelque côté qu’on le regarde. C’est de la politique, du même tonneau que celle des appelistes. De mon temps on disait que les révolutionnaires, lorsqu’ils ne sont pas d’accord, s’expliquent. Et on reprochait à certains de s’en prendre aux autres plutôt qu’à une banque, un lieu de culte, un commissariat ou une permanence de parti…
A dire vrai, bien sûr que cela me plut au premier abord, car je n’aime d’aucune manière ces politiciens-épiciers. Mais, pour tout dire, je n’aime aucun politicien. Ni Mr. Coupat et ses amis, qui ne sont pas des amis de la liberté, ni certains de leurs ennemis rouges, des ennemis de la liberté, ni, encore, certains des amis de ces ennemis, un temps anarchistes, mais ayant abandonné nos idées de par leurs attitudes autoritaires.
Hélas, Messieurs et Dames qui chuchotez dans vos coins : « Encore un coup de ces anarchistes-là », vous faites erreur ! Cette rue Piat a encore vu, en des temps pas si reculés, des anarchistes conspirer, des anarchistes agir, des anarchistes discuter avec des gens, des anarchistes propager nos idées par l’écrit. Des anarchistes qui s’en prennent à ce monde et à ses faux-critiques, tous ses faux-critiques, fussent-ils appelistes ou autonomes anti-appelistes. Mais pour qui la guerre contre les faux-critiques n’a pas effacé la guerre contre l’existant. Des anarchistes, nous disions, qui visent un peu plus haut que trois petits gribouillis faits juste sous l’œil des caméras de Mr. Lepine, qui visent un peu plus loin que quelques bassesses contre des amis de l’épicier en chef. Des anarchistes qui ont mieux à faire que de distribuer des jugements à droite et des baffes à gauche, des injonctions à prendre position dans une sale guéguerre de couloir déclarée par deux autoritaires et dans laquelle l’État prend les paris, toujours gagnant. Des anarchistes qui ont choisi leur camp il y a fort longtemps : contre toute autorité, fusse-t-elle peinte de rouge ou de noir délavé.
Pour finir, Messieurs et Dames, bien loin de me dissocier de ce haut fait d’arme, je tiens à ne pas me voir rangé parmi les amis de ces taggueurs-là, bien qu’on ne puisse certainement pas me ranger parmi les amis d’aucun épicier. Qu’on me range, si on y tient tant, parmi ceux qui aujourd’hui encore attaquent l’État et ses relais. Parce que l’agitation révolutionnaire que je vois encore dans les rues, petite mais présente, les feux de révolte que je vois brûler par-ci par-là, me réchauffent le cœur aujourd’hui comme hier. Cela même si les choix individuels font que, pendant que d’aucuns continuent à se jeter dans la guerre sociale, d’autres s’enfoncent dans les guerres de couloirs – choisissant les camarades qui vont avec. On en a pris acte.
Avec tout mon amour pour les marmites bien remplies, avec toute ma haine envers tous les politiciens, même ratés, je vous embrasse.
Fait à Villa Faucher, Paris Belleville, le jour du 02 octobre 2016,
Emile Henry, anarchiste
faire parler les morts …
« Ce dont nous pouvons être certains, c’est qu’il ne s’agit pas d’un acte révolutionnaire »
Contrairement à ce texte de ouf, évidemment…
Etant donné le ton, on imagine aisément que ce texte a été écrit par un bon milliers d’anarchistes.
« Cela même si les choix individuels font que, pendant que d’aucuns continuent à se jeter dans la guerre sociale, d’autres s’enfoncent dans les guerres de couloirs »
Et donc, « se jeter dans la guerre sociale », c’est ecrire des textes comme ça ? En effet, rien à voir avec des « guerres de couloirs »…
Quelle hauteur…
les blanquistes, en bon opportunistes, ne surgissent dans nos rues que quand ils voient le feu… des projecteurs. passons !
les brasseurs de sousoupe marxiste commencent à donner la nausée. un ptit coup de cuiller à pot derrière la totoque suffira-t-il à remettre les idées en place de ces fantomettes d’opérette ? rien n’est moins sûr.
il va peut être falloir une soufflante un peu plus conséquente : les pratiques stalin..oups, de redresseurs de torts en carton, ça commence à bien faire.
peut-être ont-ils cru qu’en s’en prenant à l’épouvantarnac ils remporteraient tous les suffrages. il va falloir qu’ils relisent vladimir.
Evidemment, fallait que ça arrive avec cet article…
même etant parisien, et dans ce (tout) petit milieu, je ne comprends plus rien.
Provinciaux, ne nous laissez pas seuls avec les parigots !
Ca a l’air d’être bien la misère. Courage!
Je ferais attention quand même à ce jeu dangereux de dévoiler l’identité (fantasmée) des gens, dans une tentative désespérée de couper court à tout débat politique …
Certains ont vraiment beaucoup plus à perdre que d’autres à ce petit jeu malsain, et qui n’est que la démonstration d’une incapacité à répondre politiquement.
Gardons quand même à l’esprit que nous sommes ici dans un lieu public, et que les calomnies et menaces diverses sont elles aussi publiques … un petit peu de décence ferait du bien à nos mirettes. Merci !
Réussir à éviter les guéguerres de milieu. Voilà ce qu’il y a à retenir de ce texte, qui n’y échappe pas vraiment puisqu’il distribue lui aussi les mauvais points…
Ce qui nous fait vibrer, vivre et rayonner, c’est d’attaquer « l’État et ses relais », se « jeter dans la guerre sociale », pas « dans les guerres de couloirs ».
Emile, je suis sûre qu’en te lisant, beaucoup se disent que t’as raison. Mais concrètement, est-ce qu’on n’est pas un bon paquet à ne pas vraiment échapper aux petites mesquineries et aux rancunes (parfois bien légitimes…) ? Essayons de critiquer et combattre les pratiques politiques qui nous débectent plutôt que de focaliser sur des individus et des étiquettes.
Sur ce,
à la prochaine dans la rue,
vive l’anarchie !