Le décembre 1995 du gouvernement valls ?
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Catégorie : Global
Thèmes : Luttes salarialesResistances
Lieux : France
Selon le Premier ministre, les opposants à la réforme du Code du travail manient « des idées et des dogmes du XIXe siècle ». Pourtant, c’est une équipe de jeunes « youtubeurs » qui a popularisé le #onvautmieuxqueça dénonçant conditions de travail dégradées et loi El Khomri. Et c’est à l’initiative d’ouvriers libres et de militants de base de la CGT qu’un appel à la grève générale reconductible pour le 9 mars circule sur les réseaux sociaux – preuve que la défiance grandissante qu’inspire cette (poussive) gauche de libre marché englobe aussi les (vieux) appareils syndicaux.
De leur côté, ces mêmes (vénérables) confédérations se sont réunies en intersyndicale pour envisager une protestation : faire rugir la foule devant le cerceau enflammé d’une journée d’action nationale. Éventuellement le 31 mars. Remarquez à quel point cet énoncé provoque déjà des bâillements d’ennui ! Sans surprise, la (démodée) CFDT préfère attendre une réponse du ministère. Elle l’a courageusement interpellé par courrier à timbre vert, en critiquant « sur le fond » les excès du projet El Khomri. « Sur le fond », d’ailleurs, cette même CFDT ne voit rien à redire à l’inscription dans la loi de ces référendums tout viciés que convoquent certains patrons dans leur boîte pour poser des questions du style : « Souhaitez-vous rejoindre les cohortes de chômeurs ou bien, pour sauver vos emplois, préférez-vous travailler plus et gagner moins ? »
Et si, comme en décembre 1995 contre la réforme des retraites, ou au printemps 2006 contre le CPE, la base, les gens, le populo, vous, nous, on débordait l’étroit sillon de l’agenda syndical ? Si la vérité des (cacochymes) socialistes leur pétait enfin à la gueule ? Eux qui font avaler les pires couleuvres en se drapant dans des idéaux de justice et de progrès qu’ils ont enterré depuis belle lurette. Eux dont le (séculaire) miroir aux alouettes ne reflète plus qu’amertume et démobilisation ?
Et si la rue, débordante d’une joyeuse jeunesse, refusait de jouer aux chenilles processionnaires de la défaite en chantant et accouchait à nouveau d’un enthousiasme ingouvernable ? Il serait plus que temps !
La CGT, en tant qu’organe de l’État, financé par lui, interlocuteur « paritaire » des organes étatiques, ne s’oppose JAMAIS à une mesure gouvernementale quelle qu’elle soit : elle ne fait que prendre les devants pour saboter une éventuelle réponse des exploités, la bourgeoisie de « Gauche » sachant parfaitement quelle risque elle prend socialement en votant une loi pareille. Il faut éviter d’en douter : toute la valse-hésitation gouvernementale, toute la réponse syndicale – d’ores et déjà divisée, bien entendu ! – ne sont que de la poudre aux yeux pour faire croire au jeu démocratique face à une loi que TOUTE la bourgeoisie demande, du patronat à la « Gauche ». Sinon, tous ceux qui vont encore avoir des illusions sur les syndicats seront démoralisés, ce qui est bien le but recherché.
Dernier point : décembre 95 a été une DÉFAITE ouvrière complète, totale ; la réforme des retraites ne portait que sur le statut spécial de certains salariés, notamment de la SNCF, c’est-à-dire trois fois rien d’un point de vue numérique ; par contre, la réforme Juppé sur la Sécurité sociale est elle passée comme une lettre à la Poste, avec la complicité des syndicats « radicaux » qui nous faisaient défiler contre des moulins à vent, mais pas contre la principale attaque menée par le gouvernement !
2006 et le CPE, c’est autre chose, puisqu’effectivement les syndicats n’y avaient pas la parole. Il est d’ailleurs intéressant de voir à quel point la bourgeoisie dans son ensemble – État, partis, syndicats – essaie de faire oublier cette lutte et tout ce qu’elle a apporté de solidarité et de volonté d’élargir le mouvement…