Calais: « un sentiment de grande inquiétude face à la dérive autogestionnaire du bidonville »
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Immigration/sans-papierEs/frontieresLogement/squat
Lieux : Calais
On aurait pu oublier ce rapport, si le ministre n’y puisait pas son argumentaire pour répondre au Défenseur des Droits (voir ici, ici et là) ou à la Contrôleuse Générale des Lieux de Privation de Liberté, qui pointent les violations des droits à Calais.
On aurait pu les oublier si les deux rédacteurs du rapport n’étaient pas revenus à Calais.
» Un sentiment de grande inquiétude face à la dérive autogestionnaire du bidonville, l’urgence de la maîtriser » : cette phrase du compte-rendu de la réunion que MM. Aribaud et Villon ont eu avec les associations a circulé de manière virale et indiscrète, d’autant plus que ce sentiment et cette demande sont prêtés aux associations.
Il faut préciser que le bidonville de Calais est une co-construction des exilé-e-s et des soutiens associatifs, qu’il s’agisse de constructions, cabanes ou espaces collectifs, d’activités, théâtre, écoles, bibliothèque, ou de lieux de concertation. Avec toutes les difficultés liées à la précarité des conditions de vie et à la violence de la situation. Avec l’ambiguïté, dont la plupart des acteurs sont conscients, qu’il y a à s’impliquer dans la construction de ce qui est aussi un ghetto mis à l’écart de la ville.
Et c’est bien à cette solidarité que s’attaquent les autorités quand elles intimident et entravent l’action des bénévoles (voir ici, ici et là), qu’elles en poursuivent en justice, ou qu’elles mettent en place un camp dont l’accès sera contrôlé. En même temps que la visite des deux missionnés du ministre arrivent les premiers containers du camp de 1500 places, tandis qu’en sont explicitées les règles : entrée contrôlée par un système de reconnaissance des empreintes palmaires, lieu gardé par des maîtres-chiens et leurs chiens, pas de point d’eau ni de possibilités de cuisiner, les habitant-e-s seront entière ment dépendant-e-s de la soupe populaire et des douches du centre Jules Ferry voisin.
Effectivement, on peut difficilement imaginer plus d’isolement et de dépendance, si ce n’est dans une prison. Guerre à l’autogestion et à la créativité.
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