Je suis l’auteur de « l’insurrection qui vient »
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Catégorie : Global
Thèmes : Art/culture
Dans le récent réquisitoire, un acte de sabotage présumé, qui ne pouvait en aucun cas entraîner de dégâts humains, qualifié d’ordinaire comme « acte de malveillance » est devenu un acte cherchant à imposer une idéologie « par l’intimidation et la terreur ». Pour effectuer cette transmutation, le parquet s’appuie sur un livre : L’insurrection qui vient, ouvrage dont, tout en reconnaissant qu’il est le fruit d’un travail collectif, l’accusation décide arbitrairement que Julien Coupat est « la plume principale ». Et cela, contre les déclarations réitérées de l’intéressé. L’enjeu, pour les magistrats, est de créer une figure de chef, tant il leur est difficile d’imaginer une pratique politique qui s’en passerait.
Que des juges s’attribuent ainsi la compétence d’entrer dans le délicat travail de l’écriture ne peut laisser indifférent ni un auteur ni un lecteur de livres. Cela laisse d’autant moins indifférent quand on considère que l’intimidation des populations est la politique réellement poursuivie par tous ceux qui pratiquent le chantage au chômage pour imposer la paix sociale, et que la dénonciation de la « terreur » cache de plus en plus mal les pratiques proprement terrifiantes des forces armées « démocratiques » dans nombre de théâtres d’opérations extérieurs.
L’insurrection qui vient est avant tout un ouvrage, discutable et discuté, critiquant la société capitaliste. La liberté d’expression ne saurait se limiter au « droit au blasphème » : qu’un livre politique devienne la pièce centrale d’un procès où de lourdes peines de prison sont encourues, prouve de manière irréfutable qu’il s’agit bien d’un procès politique.
Nous avons le droit de dire qu’il faut transformer le monde. Nous avons également le droit de dire que, comme souvent par le passé, à l’instar de ce que rappelle l’Histoire, cela ne se fera probablement pas dans le strict respect de ses lois et règlements. Traiter en « terroriste » ce qui a trait à la révolution, ou du moins à sa possibilité, est de très mauvais augure. D’ailleurs, cela n’a pas porté chance à un Ben Ali ou un Moubarak.
L’insurrection qui vient est une expression parmi bien d’autres d’un courant de critique de la civilisation capitaliste. Si ses positions sont discutables, c’est toujours du point de vue de cette entreprise multiforme de critique du vieux monde dans laquelle je me reconnais et qui n’appartient à personne.
C’est pourquoi il me semble important de passer enfin aux aveux : le véritable auteur de L’Insurrection qui vient, c’est moi.
Premiers signataires : Pierre ALFERI, écrivain ; Marianne ALPHANT, écrivain ; Paul ARIÈS, écrivain ; Clémentine AUTAIN, rédactrice en chef de Regards ; Ludivine BANTIGNY, historienne ; Alexandra BAUDELOT, directrice des Laboratoires d’Aubervilliers ; François BÉGAUDEAU, écrivain ; Miguel BENASAYAG, philosophe, écrivain, psychanalyste ; Jean-Claude BESSON-GIRARD, peintre, écrivain, fondateur d’Entropia ; Sergio BIANCHI, éditeur (Italie) ; Laurent BINET, écrivain ; Mathieu BONZOM, enseignant-chercheur ; Jean-Pierre BOUYXOU, journaliste, écrivain, réalisateur ; Jean-Christophe BROCHIER, éditeur ; Eric BRUN, sociologue ; Emmanuel BURDEAU, critique de cinéma ; Olivier CADIOT, écrivain ; Laetitia CARTON, réalisatrice ; Laurent CAUWET, éditeur ; Grégoire CHAMAYOU, éditeur, philosophe ; Yves CITTON, enseignant-chercheur ; François CUSSET, historien, écrivain ; Hassan DARSI, artiste ; Hervé DELOUCHE, correcteur, Benoît DELEPINE, réalisateur ; Alessi DELL’UMBRIA, auteur-réalisateur ; Jacques DESCHAMPS, enseignant-chercheur ; Alessandro DI GIUSEPPE, militant antipub, comédien ; Elsa DORLIN, philosophe ; Valerio EVANGELISTI, écrivain ; Eric FASSIN, sociologue ; Olivier FAVIER, traducteur, photographe ; Christine FERRET, conservatrice de bibliothèque ; René FRÉGNI, écrivain ; Yves FRÉMION, écrivain, journaliste ; Noël GODIN, entarteur, écrivain, acteur ; Gunter GORHAN, philosophe, juriste ; Dominique GRANGE, chanteuse ; Thierry GUILABERT, écrivain, chroniqueur ;Odile HENRY, professeur de sociologie, John HOLLOWAY, philosophe ; Eric JOUSSE, Netoyens ; Francis JUCHEREAU, animateur du cercle Gramsci de Limoges ; Alain JUGNON, philosophe, écrivain ; Robert KAPLAN, artiste, aventurier ; Razmig KEUCHEYAN, sociologue ; Roger KNOBELSPIESS, écrivain ; Stathis KOUVELAKIS, philosophe, comité central de Syriza ; Peter KRAPP, enseignant (University of California) ; Thierry LABICA, enseignant-chercheur, traducteur ; Camille LABRO, journaliste Charlotte LACOSTE, enseignante-chercheuse Bernard LANGLOIS, journaliste, fondateur de Politis ; Serge LATOUCHE, écrivain ; Christian LAVAL, sociologue ; Pierre LELIÈVRE, psychanalyste ; Pierre LEMAÎTRE, écrivain ; Michel LEPESANT, philosophe, Mouvement des objecteurs de croissance ; Jérôme LEROY, écrivain ; Arrigo LESSANA, écrivain ; Catherine LIU, enseignante-chercheuse (University of California) ; Frédéric LORDON, philosophe, économiste ; Sylvère LOTRINGER, éditeur, écrivain ; Maximilien LUTAUD, potier ; Eric MANGION, directeur du Centre d’art de la Villa Arson ; Patrice MANIGLIER, philosophe ; Valérie MASSADIAN, réalisatrice Nicolas MATHIEUX, romancier ; Stéphane MERCURIO, cinéaste ; Fabienne MESSICA, consultante, sociologue ; Jean-Henri MEUNIER, réalisateur ; Christophe MILESCHI, enseignant, traducteur ; Stéphanie MOISDON, curatrice, critique d’art ; Pascale MONNIER, écrivain ; Gérard MORDILLAT, romancier, cinéaste ; Flavien MOREAU, dessinateur ; Olivier NEVEUX, historien ; Frédéric NEYRAT, philosophe ; Lucie NICOLAS, comédienne, créatrice du collectif Foucault 71 ; Hélène OSWALD, éditrice ; Yves PAGÈS, écrivain, éditeur ; Christiane PASSEVANT, journaliste ; Maurizio POLETTO, syndicaliste, militant no-Tav ; Didier PORTE, journaliste, chroniqueur, humoriste ; Paul B. PRECIADO, philosophe ; Alberto PRUNETTI, écrivain et traducteur ; Serge QUADRUPPANI, écrivain, éditeur, chroniqueur ; Véronique RAULINE, enseignante-chercheuse ; Jean-Marc RAYNAUD, écrivain, éditeur ; Jean-Jacques REBOUX, écrivain, éditeur ; Matthieu REMY, enseignant-chercheur ; Eugenio RENZI, critique de cinéma ; Patrice ROGER-CHARTIN, scénariste-auteur ; Elisa SANTANELLA, enseignante, chercheuse ; Jean-Jacques RUE, journaliste, cinémas Utopia ; SINÉ, dessinateur, fondateur de Siné Mensuel ; Maud SINET, journaliste, correctrice ; Yannis STEFANIS, revue Apatris Héraklion ; TARDI, dessinateur ; Grigoris TSILIMANTOS, free social space Mikropolis, AK ; Lucio URTUBIA, carreleur anarchiste ; Samuel WAHL, journaliste, revue Cassandre/Horschamp ; Dror WARSCHAWSKI, chroniqueur, chercheur au CNRS ; Yannis YOULOUNTAS, philosophe, écrivain, réalisateur
Est ce des soutiens sollicités, une initiative indépendante des « tarnacois » ou avez vous les soutiens que vous méritez ?
Est une initiative des médias gauchistes (au mauvais sens du terme) qui échoue ici ?
Est ce une blague ?
Sommes nous les seul-e-s à tiquer sur au moins un nom de signataire ?
ça s’inscrit plutôt dans une sinistre (sinistra: la gauche en italien) démarche des inculpé-es qui, depuis le début, demandent et acceptent le soutien d’ennemis de la politique (intellectuels de gauche, journaleux et ramassis de petits porte-paroles auto-proclamés du mouvement anarchiste et politicien en herbe, tels que Yannis Youlountas, qui profite à chaque fois que l’occasion se présente pour faire parler de sa petite personne).
On a les soutiens qu’on mérite….
C’est vrai que le clafoutis est d’une homogénéité remarquable. Pas un noyau. Mais bon, tous ces gens là vont très bien ensemble. Et si l’on avait encore quelque illusion sur, je sais pas, les vertus de la subversion par exemple, pour remettre en question le rapport social, eh bien cette pâtisserie indigeste est une bonne leçon.
Je vois que les commentateurs ci-dessus sont très propres sur eux,absoluments parfaits et hyper-légitimes dans leurs commentaires… très constructifs, à moins qu’ils soient jaloux ou bouleux ou, allez savoir quoi …
« Je vois que les commentateurs ci-dessus sont très propres sur eux,absoluments parfaits et hyper-légitimes »
Ce qui n’est a-bso-lu-ment pas le cas de la vitrine garnie d’universitaires et de cultureux bien assis qui signe l’appel, bien entendu. Ce qui est marrant quand la politique se réduit à de la morale, c’est que la gamme des « terribles accusations » est tellement réduite elle-même que ça se transforme en jeu de miroir « c’est pas moi c’est toi ». Niveau cour de récré et morve.
Je vois aussi parmi les signataires des militants syndicalistes ou d’autres types qui n’ont pas le profil de cultureux bien assis, comme vous dites. On peut être solidaire si on veut, et si on ne veut pas rien n’y oblige. Pour ma part signataire aussi (mais ma signature apparaît ailleurs car là il ne s’agit que des premiers signataires), ni cultureux (cultureux : néologisme qui n’a cours que dans des milieux cultivés, je l’ai jamais entendu dans les rues de mon quartier en tout cas), ni bien assis (quoique si, par terre).
Mais j’y avais bien détecté de la jalousie, (le fait d’être soi même « mal assis » et « inculturé » peut-être, ou le fait de recevoir de la solidarité), me trompé-je ?.
Le miroir proviendrait-il d’une galerie des glaces déformantes et hilarantes ?
Et donc, comme disent les enfants dans leur grande sagesse : « C’est celui qui y dit qui y est ».
Au fait un peu de culture : « C’est l’hôpital qui se fout de la charité » est une expression purement stéphanoise, car nous avons un hôpital qui s’appelle « La Charité » (gérontologie et fin de vie). A moins qu’un peu de culture ne soit fait pour vous déplaire aussi ?
Ce qui confirme ce qu’on disait : la critique sociale, ce n’est pas d’aujourd’hui mais ça revient très fort, est entièrement vérolée de moralisme, qui plus est psychologisant à deux balles. Tu critiques mes positions ? rooh,; tu dois être un peu frustré et envieux, bref un looser (voir toute la « théorie du ressentiment » élaborée par la pensée économique libérale (quand ce n’est pas carrément beaucoup plus à droite (les maîtres et le esclaves…) au sujet de la critique de la propriété privée, du profit, du pouvoir, etc.)
Ben non, il faut se faire à l’idée qu’on n’a pas forcément envie de ressembler à des Fassin, des Dorlin, des Lordon, en fait à aucun des signataires, voilà… Mais surtout qu’on n’embraye pas sur le réac-libéralisme qui caractérise de plus en plus ce qui n’est plus tant une critique qu’une dénonciation, au nom de valeurs et de formes sociales qui se révèlent de plus en plus régressives.
Et quant à l’expression « hôpital et charité, elle vient plutôt de Lyon, où il y avait les deux. Se rappeler que Saint Etienne n’a été jusques à napoléonlande et même un peu après (démarrage industriel de la monarchie de juillet) qu’un bourg fort obscur, et que la capitale du Forez, puis préfecture de la Loire, était Montbrison. Dommage pour le derby…
e ne peux qu’être d’accord : « la critique sociale, ce n’est pas d’aujourd’hui mais ça revient très fort, est entièrement vérolée de moralisme, qui plus est psychologisant à deux balles. » et j’avoue que j’ai utilisé un procédé analogue à ceux des premiers commentateurs (en moins fort j’estime) : allusions, attaques sur les personnes, dénigrement… y a qu’à relire, cela ressemble à du venin balancé gratuitement, et pas du tout à de la critique sociale argumentée.
Quand on voit ça, on se dit que ça troll, et puisque ça troll, moi aussi je sais faire, et j’ai rien de mieux à faire, ça me fait un petit loisir (on a les loisirs qu’on veut ou qu’on peut).
Fassin, Dorlin, Lordon, jusqu’à aujourd’hui, je connaissais pas. Que racontent-ils ? J’en sais rien. J’ai pas fait d’études universitaires et mon niveau en philo ou socio est plutôt raz les pâquerettes.
(L’un de mes adages : Contrairement à ce que dit Bourdieu, la sociologie n’est pas un sport de combat mais, tout comme la cartographie, elle est-un crime de guerre).
C’est quoi cette histoire de clafoutis et de noyau ? N’ayant pas la science infuse, je ne comprends pas les allusions.
Les signataires sont amalgamés à des anarchistes (alors que j’en vois qui ne le sont clairement pas). Sont-ce les anarchistes qui sont attaqués ? Je peux comprendre, nous avons beaucoup d’ennemis (d’ailleurs il y a beaucoup d’ennemis entre anarchistes eux-mêmes, et même si le terme ennemi est trop fort).
Mais les signataires sont-ils tous des cultureux bien assis ? Non ! Et ils n’ont peut-être pas tous pris la peine de détailler qui soutient la pétition pour savoir s’ils la signaient eux-même, peut-être par fainéantise, ou peut-être habitués à penser par eux-mêmes (émancipés de la parole académique et universitaire, émancipés des maîtres à penser, quelqu’en soit le type).
Chacun, chacune choisit ou pas d’être solidaire. Mais les gens qui signent la pétition, sont-ils tous à mettre dans le même sac, ou bien y en a-t-il qui sont antagonistes entre eux, voir même avec les tarnaquois, mais qui les soutiennent dans cette affaire par principe (quelques soient leurs propres principes) ou par idéologie (quelques soient leurs propres idéologies)?
On peut d’ailleurs êtres opposés à la solidarité avec les tarnaquois. Pourquoi pas ? C’est d’ailleurs le sens des premiers commentateurs, semble-t-il. Mais justement : argumentons, plutôt que bavons.
Et puisqu’on y est,peut-on m’éclairer : c’est quoi cette théorie du ressentiment en quelques mots ?
Pour l’hôpital et la charité, je savais pas pour lyon, ceci dit, j’ai jamais entendu cette expression à lyon, alors qu’elle est courante à saint-etienne.
Pour le derby : rien à foutre du foot. J’ai pas de télé et je fuis la ville lors des derby ou des matchs importants.
Quand à l’histoire d’une ville ou d’une autre, il n’y a ni à en tirer gloriole, ni en avoir honte. Pour ma part en tout cas, le chauvinisme n’est pas mon truc (sauf pour la rigolade).
Pour être plus précis, le développement de Saint-Etienne à partir de son statut de bourgade commence à partir de la création de la Manufacture d’Arme Royale, en 1764, sous Louis XV (auparavant la ville était réputée pour ses forges et sa coutellerie). Puis bien sur, avec les présence des mines de charbon, le site est idéal pour le développement industriel qui a cours au 19ème siècle, non pas qu’à saint-etienne, mais sur différent sites du territoire national. La ville est aussi réputée pour sa rubanerie. Son essor démographique (et industriel) fait qu’elle devient plus importante que Montbrison et devient le chef lieu du département en 1855, c’est à dire sous le second empire.
Ce qui est quand même mieux pour la qualité de vie des montbrisonnais, contrairement à celle des stéphanois.
« Mais surtout qu’on n’embraye pas sur le réac-libéralisme qui caractérise de plus en plus ce qui n’est plus tant une critique qu’une dénonciation, au nom de valeurs et de formes sociales qui se révèlent de plus en plus régressives. » :
J’ai rien compris, c’est peut-être pour cela que je trouve cette formule très tendancieuse : Lucio, le carreleur anarchiste, peut-il être taxé de réac-libéral ou de porter une pensée similaire ? Yolountas (ah non, lui c’est sa « petite » personne qui aime se mettre en avant et qu’on épingle en tant que politicien et porte parole auto-proclamé ?) Pas de moralisme ici (ni de procès d’intention), de la critique sociale, de la vraie, et bien pointue, n’est-ce pas ? (Les temps sont tels que je préfère préciser que je fais de l’ironie sur la dernière phrase).
Impatient de lire votre réponse … trollons, trollons