Résister, ou bien dépasser?
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : EconomieExclusion/précarité/chômageLibérations nationalesLuttes salarialesMédiasResistances
Lieux : Narbonne
Résister, ou bien dépasser?
Premier concept discutable de Badiou, selon moi politiquement erroné: résister.
La classe ouvrière mondiale, qui n’est pas seulement l’ensemble des travailleurs – comme explique très bien l’anthropologue argentin Raveli dans «Classe ouvrière et internationalisme indigéniste» (b) – ne doit pas seulement résister, ce qu’elle fait précisément depuis des siècles, sinon VAINCRE: dépasser l’état des choses présent désastreux, violent, aliéné, destructif. Et pourtant, pour gagner, en sachant en premier lieu se reconnaître POUR SOI comme classe ouvrière globale, et pas seulement «en soi», et pire encore: état para état, division par division, sectorielle o régionale. En tant que premier pas décisif, mais qui au fond c’est la même concrétion de la négation de la négation, parce que cette «auto-reconnaissance» Pour Soi se manifesterait très logiquement en tant que mouvement politique (de masse) qui aboutit certainement au dépassement global et définitif du capitalisme.
Discontinuité ou disruption.
Second concept réfutable de Badiou: la discontinuité, dans le sens que je pense que la dialectique matérialiste révolutionnaire devrait suggérer de parler plutôt de disruption, c’est à dire d’innovation (politique de classe) radicalement différente, de rupture substantielle, ce qui permettrait de passer de la (vieille marxiste) résistance a une offensive globale réelle et puissante, connectée ou coordonnée «pour soi» de tous les secteurs et extensions (nationales) de la classe ouvrière globale.
Ça c’est la vraie dialectique marxienne! Entendue à partir d’une étique matérialiste cohérente.
La question de l’organisation.
La discussion n’est pas «parti ou non parti», et non plus «sur une forme d’organisation qui a fait ses preuves sur une séquence du processus politique», avec l’URSS ou la R.P. Chinoise par exemple, ou aussi «sur la nécessité d’en inventer une qui fasse ses preuves sur une autre séquence du processus politique», mais d’entendre d’un coté que «le parti» est désormais une forme politique totalement dépassée, et de l’autre que la question générale (de l’organisation) nous devons la concevoir avant tout comme des processus croissants de débat commun, de connexion constantes d’analyses, d’information auto-déterminée générale et locale, et donc d’un développement tactique-stratégique en réseau, sur la base des (nouveaux) moyens technologiques et médiatiques.
Identité communistes ou mouvement réel global?
Je reprend de nouveau des concepts de Raveli en tant que prémisse pour parler aujourd’hui de «communisme»: «Beaucoup de nations, las plupart parmi les 5.000 qui existent (dans le cadre des 200 états officiellement reconnus), n’ont pas une économie industrielle de type métropolitain, avec ses secteurs ouvriers de travailleurs fixes, intermittents, sous-employés, syndicalisés, etc. mais présentent désormais avec le système global des progressives relations économiques et de classe globales, au-delà des contradictions culturelles, qui apparaissent progressivement d’une façon inévitable par le fait de participer d’une manière ou d’une autre à la globalisation des marchés et surtout de la relation Capital/travail global, caractéristique déterminante du développement économique de notre époque» (b).
Donc, si comme écrivait Marx «le communisme n’est pas pour nous un état de choses à créer, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui dépasse l’état actuel des choses» et donc non seulement «n’est pas forcément une identité, (et aussi) pas une identité qui va envelopper toutes les autres identités» comme affirme Badiou, nous devons comprendre l’urgence de connaître vraiment à fond toutes les contradictions de cet «état de choses» global, à dépasser désormais dans l’ensemble de toute la contradiction capitaliste planétaire.
Ceci bien plus au-delà de cette «nouvelle forme de coexistence et de vie commune de ce qui est différent» qui signale de manière trop générique notre Badiou. Lui aussi plutôt victime des vieilles coordonnées travaillistes et étatiques d’un monde qui est déjà en train de dépasser tout cela.
Mais qui supporte encore ce dépassement par les mains d’une minorité dirigeante, comme nous-le rappelle Raveli, «de quelque très peu de millions de personnes qui contrôlent, en plus des 200 états, toutes les organisations inter/supra/étatiques et logiquement aussi les principaux systèmes mondiaux d’élaboration et de diffusion de l’information, autant que le développement scientifique et technologique, la formation, etc.
Une minorité propriétaire de presque toutes les richesses, tandis que au moins une de chaque cinq personnes de notre espèce homo sapiens sapiens souffre la violence et la faim, presque toujours jusque sa mort»
. . . . . .
(a)
http://www.revue-ballast.fr/alain-badiou-lemancipation-cest-celle-de-lhumanite-tout-entiere/
(b)
On connaît assez le théoricien de la leification (http://barcelona.indymedia.org/usermedia/application/10/AD.5._2014.pdf) , l’argentin Raveli, mais je ne vois pas trop bien ici la relation avec le discours de Badiou!