Taranis news, coup de coeur de la bac!
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Taranis News est un site internet qui diffuse des vidéos réalisées par ses journalistes, principalement de manifestations ou d’actions. Avec la particularité, par rapport aux autres médias, d’être filmées depuis « l’intérieur ».
Le 18 décembre dernier avait lieu à Rennes une manifestation contre la venue de Manuel Valls. A cette occasion, des personnes ont entendu des policiers de la BAC discuter entre eux du journaliste de Taranis News (TN) alors présent. « Lui, il nous aime pas mais ses vidéos, elles sont super… ».
Bien que cette phrase -et ce qu’elle sous-entend- ne nous étonne pas, elle vient rajouter une couche supplémentaire à toute une série de faits qui nous poussent aujourd’hui à écrire ce texte.
Depuis plusieurs années, des discussions avec le journaliste de Taranis News (anciennement Rennes TV) ont eu lieu régulièrement sur des manifs, des actions, pour demander une attention quant aux images filmées et diffusées afin qu’elles soient moins facilement exploitables par la police et la justice (pas de visages, filmer de dos, demander aux personnes,…). Certaines personnes lui ont explicitement demandé de ne pas apparaître sur ses vidéos.
A plusieurs reprises, TN a pris des engagements qui n’ont presque jamais été tenus.
Le 18 décembre, TN a été informé de cette phrase échangée entre les flics et malheureusement, nous avons pu constater dès le lendemain que cela ne changeait rien de significatif à ses pratiques (plans sur des visages découverts, nombreuses personnes reconnaissables). A la fin de la vidéo de plus de dix minutes, un cadre noir apparaît pendant quelques secondes sur une partie de l’écran. Cela nous paraît dérisoire et quasi-moqueur d’autant plus que des personnes sortent de ce cadre une à une pour apparaître clairement à l’image.
Lors de ces nombreuses discussions, TN a renvoyé plusieurs arguments pour légitimer sa façon de faire.
« De toute façon, les flics filment »
Effectivement il y a toujours des caméras de surveillance, des flics qui filment ou prennent des photos et parfois même depuis des hélicoptères. Mais leur position est encore souvent extérieure aux manifestations. Ils sont d’ailleurs en recherche d’images prises de l’intérieur. Par exemple, après le 22 Février à Nantes, et malgré la quantité de caméras journalistiques et policières en présence, un appel à été lancé aux citoyens, par la préfecture, pour les inciter à « fournir toutes images photos ou vidéos permettant d’identifier des personnes ». A Nantes comme ailleurs, de trop nombreuses personnes se retrouvent aujourd’hui condamnées sur base de ces images prises de l’intérieur. De par sa position actuelle dans les événements, TN en fournit lui aussi.
« T’as qu’à te masquer »
Selon les contextes, certaines personnes décident de se masquer ou non, parfois seulement à certains moments. C’est une des pratiques utilisées pour compliquer l’identification par rapport à des faits précis mais également à des liens ou des présences lors d’événements qui viendraient nourrir des fichiers de police et d’éventuelles poursuites.
Si une personne est filmée masquée sur un moment pouvant être incriminant pour elle (sachant que nous ne sommes pas en pouvoir de décider de ce qui l’est ou ne l’est pas) puis démasquée à un autre moment, il est facile de l’identifier par ses vêtements…Filmer des personnes, mêmes masquées, fournit donc des informations et peut permettre des recoupements pouvant mener à des poursuites, …
Le fait qu’une personne soit ou non masquée ne signifie pas qu’elle soit d’accord pour être filmée et personne ne peut en décider à sa place ni même juger des risques qu’elle encourt.
Dans un contexte de répression potentielle, prendre des images engage une responsabilité et nécessite de modifier sa façon de travailler afin de ne pas mettre en danger les personnes. Cela se fait dès la prise d’images -et pas uniquement au montage- car on ne peut être assurés que cette mine d’informations ne tombe un jour dans la main des flics. Il est possible -et des vidéos ont déjà été produites- de filmer différemment (comme le font les groupes auto-médias dans certains lieux/rassemblements). Ne pas le faire résulte d’un choix politique et le fait qu’une vidéo soit « agréable » à regarder ne pourra jamais contre-balancer le fait de fournir des infos aux flics.
Ceci, TN l’assume pourtant pleinement quand il répond par ces mots : « Je suis un journaliste, pas un camarade ».
Étant donné ses prises de position et l’absence de prise en compte des remarques lui ayant été faites à de nombreuses reprises, il nous semble logique et plus prudent d’entretenir un rapport de méfiance et de distance avec lui, tout comme ce devrait être le cas avec n’importe quels autres journalistes.
Plus largement, les questions qui se posent sont de savoir comment s’organiser pour se protéger des journalistes et du danger qu’ils représentent ? Mais aussi comment s’autonomiser des médias, de leur discours et leurs outils, pour partager et diffuser directement nos idées et nos pratiques ?
A bientôt dans la rue !
NB : Si ce texte s’axe sur la position de Taranis News, il serait urgent d’élargir la réflexion au rapport que nous entretenons à l’image en général et particulièrement à cette base de données que nous offrons gratuitement par l’intermédiaire des profils Facebooks et autres sites internet. Il est hallucinant de voir que, malgré les exemples qui se multiplient -et aux conséquences parfois lourdes- nous gardions une grande naïveté quant à leur utilisation.
Tout a fait d accord avec cet avis.
Ca fait un moment que je veux le choper pour lui causer, et je croise pas mal de monde qui veulent le faire aussi.
Lors de l’upload de l’image accompagnant l’article la photo n’est pas passer, c’est possible de nous l’envoyer à imcnantes[at]riseup.net
Y’a aussi la possibilité de se créer un compte pour ensuite pouvoir corriger, compléter un article, … https://nantes.indymedia.org/pages/utilisateurices
Le bug sur les images est assez récurrent sur la nouvelle version du site, surtout en fin de journée ou pour des images un peu lourde (on fait avec).
voilà des gens dont le but est de se faire du fric sur le dos des mouvements contestataires de tout poil, avec à leur avantage d’être un peu originaux dans leur façon de travailler, car se faisant passer (implicitement) pour des “sympathisants”, ce qui leur permet d’avoir accès aux endroits “sensibles” des actions (par endroits je veux parler des lieux mais aussi des moments)
cet accès leur est toléré uniquement par manque de concertation
il en ressort des vidéos “attrayantes” pour les gens qui ne participent pas à ce genre d’actions et préfèrent les vivre par procuration, bien au chaud loin des lacrymos
par contre pour une personne qui est prête à prendre des risques pour sa liberté en participant à des actions que l’on pourrait qualifier de “désobéissantes”, il est insupportable de voir que les dits risques sont grandement multipliés par la présence de ces mouchards
j’ai l’impression que ces journalistes bénéficient du doute que peuvent avoir les “manifestants” sur leurs réelles intentions:
couvrir un évènement comme une action contestataire peut certes être perçu comme étant favorable aux luttes concernées, car peu de media le font de cette manière, mais en réalité, et vue leur façon de travailler, ils ne font qu’alimenter la machine à réprimer.
il est urgent de mettre fin à cela, par tous les moyens nécessaires
Ils font un super boulot et ne sont pas des “vendus” à ce que je sache. C’est pas cool de les montrer du doigt comme si ils étaient des ennemis.
L’ennemi de mon ennemi est mon ami …
Je crois qu’il est important montrer la vérité, sur le système répressif mis en place, sur ce que veulent et défendent vraiment les manifestants.
Et je crois que des vidéos prisent de l’intérieur sont le meilleurs moyen de transmettre un message à ceux qui sont endoctrinés par les médias à la solde du pouvoir.
L’information est une arme puissante.
Mais il est vrai que c’est une arme à double tranchant. Donc il est important de ne pas permettre l’identification des participants, car on peut rapidement être qualifié de délinquant dès qu’on commence à désobéir à l’absurdité d’un système.
blablabla l’information c’est super blablabla la magie d’internet et du partâââge blababla les gens sont des abrutis à qui il faut ouvrir les yeux blablabla
ouais ouais, c’est trop fun de regarder des vidéos sur internet le soir après la manif et voir ce qu’il s’est passé là où on a pas été, mais est-ce que c’est “important” ? surtout est-ce que c’est plus “important” que limiter la casse quand des gens se retrouvent au tribunal ? chaque fois que je reconnais quelqu’un sur ces vidéos j’ai un frisson d’angoisse.
les flics, ont l’air, cette année, de vouloir arreter les gens après les manifs, et plus sur le coup. et pour eux, le partâââge, c’est génial : y a plus de 2000 resultats pour “manif nantes 22 novembre” sur you(jeten)tube.
le riot porn c’est super, mais tu peux pas partir du principe que les gens qui pêtent des trucs sont les seuls à risquer quelque chose quand tu filme des gens à visages découvert dans une manif.
et vu que c’est devenu aussi illégal de manifester masquer, tu peux pas juste te dire “les gens ont qu’à se masquer”. c’est pas à toi de décider des risques que doivent prendre les gens.
http://www.vincentfeuray.com/manifestation-contre-la-venue-de-manuel-valls-a-rennes-le-18-decembre-2014/
http://www.vincentfeuray.com/la-mobilisation-continue-rennes-le-27112014/
Concernant les manifs du 22 Novembre, on avait eu le cas aussi. Un type dans la manif filmait, de son propre aveu, la réflexion lui avait été faite (sur place), et il n’en avait pas tenu compte, donnant les arguments contrés dans cet article…
Il avait ensuite posté une vidéo sur youtube (https://www.youtube.com/watch?v=pUF8i3BHdBM) et s’était évidemment pris la remarque en commentaire. Il avait publié un “article” sur Indymedia Grenoble avec les liens vers ses deux vidéos de la manif, l’article ayant heureusement été refusé (malheureusement, pas pour cette raison, bref).
Si je parle de ce cas, c’est parce qu’en plus (en lisant les commentaires vous pourrez vous en rendre compte) cette personne se présente comme un camarade mais baigne en réalité dans un confusionnisme tirant très fortement sur l’antisémitisme. Et j’ai l’impression (mais peut-être est-ce juste une impression) que ce genre de “manifestants” est particulièrement friand de ce genre de vidéos, peut-être encore plus dans le contexte des luttes “écologistes” où la cible de la lutte peut attirer un large éventail de gens.
Je n’ai malheureusement pas de solution en réponse à ce problème, si ce n’est peut-être de se montrer plus insistant, voire offensif face aux gens qui filment dans les manifs et autres actions…
Salut et Fraternité. Ce post n’a rien à faire ici (que la modo le vire si ça va pas, je comprendrai).
René Vautier décédé Dimanche c’est terrible, il était réalisateur de films politiques, sociaux. Il dérangeait vraiment l’ordre républicain. Alors censure, incarcérations, agressions, grève de la faim, ont fait parti de sa vie.
L’œil du cyclone, crée par des artistes underground, a fait en 1998 une émission hommage pour lui, d’une durée de 25mn, la meilleure à ce jour. Cette vidéo se trouve facilement sur youtube ou autre.
Elle s’intitule “hommage à René Vautier”.
Effondré par l’actualité du 7 Janvier, je ne voudrais pas qu’on zappe René Vautier, un anar breton militant reconnu.
Toute une génération de libertaires est en train de disparaître, mais il restera leurs textes, dessins, films, chansons.
Euh désolé… La vidéo s’intitule : “René Vautier l’indomptable”.
En fait il y a un rapport avec le sujet, c’est que René faisait déjà ce que font les vidéastes d’aujourd’hui : filmer les luttes.
rené vautier n était pas anar mais compagnon de route du parti communiste francais ce qui n est pas la meme chose.
Il a participé au combat anticolonialiste d une maniere active apres le maquis durant la 2nd guerre mondiale.
“Avoir vingt ans dans les aures”est un film incontournable sur la guerre d algérie meme si son rythme risque aujourd hui d etre incomprehensible pour des djeunes abreuvés du cinema actuel: plus vite, plus fort, plus gore.
Meme si je partage pas les positions du pcf,le monsieur qu était rené vautier me manque, sa voix , son flot intarissable de souvenirs et d anecdotes.
Tous ses films sont a la cinematheque de bretagne,ne pas hesiter a les consulter, les projeter.
Bien à toi 1bal’tringue, je partage cette perte humaine et culturelle commune.
Merci pour l’info sur la cinémathèque. Précieux.
Je ne sous-estime pas l’attrait qu’on les + jeunes de 20 ans pour la subversion et le passé. Amener spectaculairement la chose en parlant cette langue incroyable: le d’jeune, puis leur curiosité fait le reste.
Et puis le jeune, mineur ou majeur. Il est soi dans l’étude, du collège à la fac(étudiant.e), soi dans le salariat(travailleuse.eur), y’a pas d’âge sinon pour exploiter. Afrique 50 par exemple.
On peut rêver, son œuvre sera bientôt diffusé sur le service public. Non, je rigole.
René a évolué avec le temps, à la fin de sa vie, il se disait anarchiste. Après laquelle d’anarchie j’en sais rien.