La politique du geste, anonymat et ubiquité
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Actions directesAnonymatContrôle socialEcologieénergieNucléaireRéseauThtZad
Lieux : BessinesCotentinMayenneNormandieNotre-Dame-des-LandesZAD
Voici l’un des communiqués :
« Parce que leur nucléaire n’est pas plus sûr qu’il n’est transparent, nous déboulonnons et nous déboulonnerons les pylônes THT. Par solidarité avec les victimes civiles et militaires de la dictature nucléaire. Assez de catastrophes qui nous affectent tous : Hiroshima, Nagasaki, Tchernobyl, Three Miles Island, Fukushima… Halte aux rejets radioactifs quotidiens passés sous silence, halte aux crimes. Rapport des renseignements généraux adressé à EDF en 1983 : ‘La situation risque d’être grave, car si l’on peut protéger les centrales nucléaires par des barbelés et des pelotons de CRS, ce n’est pas le cas des pylônes.’ »
Les actions contre les pylônes se généralisent sur l’ensemble du territoire : Nord-Ouest, Nord-Est, ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Sud-Ouest, Sud-Est… C’est une victoire ! Nous sommes solidaires de ce genre d’actes et nous ne pouvons que les encourager. Et ce, jusqu’à ce que cette pratique se popularise complètement.
Nous avons recueilli les propos de Catherine Grével Dinger, directrice régionale RTE sud-est sur France Bleu le 7 août 2013, par rapport aux déboulonnages du sud-est :
« Ça peut fragiliser les pylônes donc il y a un risque de chute. Il peut y avoir aussi des risques de chute de câbles ou du moins de conducteurs qui s’approchent fortement du sol. Il peut y avoir des risques d’incendie ou de sécurité des personnes. Pour vous donner un ordre d’idée, dans le seul Vaucluse, il y a plus de 300 pylônes THT et chaque pylône a entre 600 et 900 boulons. Donc nous avons mobilisé nos équipes pour procéder à ce contrôle visuel et nous sommes en liaison avec les préfectures pour voir l’évolution de la situation. »
Une chute ! Une chute ! Une chute !…
Laisser entendre qu’il serait possible en enlevant quelques boulons, de faire tomber un pylône qui en comporte de 600 à 900, et taxer ces pratiques de terrorisme, c’est un pas que les autorités font volontiers pour créer l’écart entre les dangereux activistes et les raisonnables citoyen-ne-s.
Il semble que la lutte anti-nucléaire et anti-centrale soit à un tournant.
Si nous agissons à certains moments de manière anonyme, c’est pour ne pas avoir à subir les lourdes peines encourues par nos actes (amendes, prison…), c’est pour ne pas avoir à participer aux pièces de théâtre (gratuites) que la justice de classe met en scène, c’est pour ne pas avoir à payer cher une défense. Enfin, si nous agissons de manière anonyme, c’est aussi pour signifier que tout le monde peut faire ce genre d’action. Il n’y a pas besoin de faire partie de l’élite activiste d’une organisation institutionnelle pour se permettre ce genre de chose. Les actes parlent d’eux-mêmes, leur associer une figure médiatique, c’est se détourner du fond du problème !
Les « organisations déclarées » agissent, par leur structure même, dans un cadre qui se doit se respecter les règles de l’ordre établi. Pour tenter de répondre à ces limites, et étendre le(s) champ(s) d’action, faire le choix de l’anonymat et de l’ubiquité, c’est aller vers le prolongement du discours aux actes.
Nous aimerions que les associations et réseaux qui luttent contre le nucléaire cessent de nous stigmatiser ou de nous criminaliser dans leurs communiqués officiels, faisant ainsi le jeu des dominants qui distinguent stratégiquement une soi-disante « branche radicale » d’une résistance qui a toujours été faite de diversités. Nous aimerions qu’il-les affichent publiquement leur solidarité comme il-les le manifestent officieusement à titre individuel.
Nous construisons d’ores et déjà des bases en dehors de toute existence institutionnelle. Nous piratons le réseau et mieux encore, nous nous coupons de lui. Nous construisons notre autonomie énergétique.
La peur change de camp ; un simple appel à blocage d’un convoi de MOX en direction de Fukushima mobilise 1000 gendarmes et militaires dans le Cotentin… Briquebec Stop MOX, un poisson d’avril à faire se dresser les poils des nucléocrates répugnant-e-s [1]
Tous les débats publics (physiques) sur CIGEO (projet présenté comme LA solution aux déchets nucléaires : l’enfouissement à 400 mètres de profondeur sur 1600 hectares dans la Meuse près de Bure) ont été bloqués. Merci à celles et ceux qui se sont organisé-e-s et déplacé-e-s pour rendre ces blocages effectifs.[2] C’est une victoire et nous nous en félicitons !
Nous pensons que l’heure n’est plus seulement aux actions de sensibilisation, nous pensons qu’il n’y a pas besoin d’être un expert pour analyser, comprendre et ressentir que le nucléaire civil et militaire sont des abominations aux caractères irresponsables et anti-démocratiques. Ne laissons donc pas ces questions entre les seules mains des experts.
« Un expert, c’est quelqu’un qui en sait beaucoup sur très peu. » Anonyme
Nous sommes à l’heure :
* où la Terre est déjà contaminée par les radiations des déchets, des catastrophes nucléaires, des essais nucléaires militaires !
* de la construction du marché européen de l’énergie : production, transport, distribution, fourniture, déchets nucléaires… Un marché de l’énergie juteux pour les entreprises et les gouvernants qui le pilotent et en profitent.
* où les débats publics de CIGEO ne se passent plus que sur internet sur le site de la CNDP.
* où la forme des camp-actions et des chaînes humaines semble montrer ses limites.
Nous sommes à l’aube du renouvellement et du maintien du parc nucléaire français, quand Tricastin fuit…
Nous sommes à l’heure de « l’intégration au réseau énergétique des centrales à énergie verte » : entre autres grands parcs éoliens ou photovoltaïques industriels, dont la production imprévisible imposeraient d’ajouter « une couche d’intelligence » au réseau. Dans un réseau énergétique où la production électrique doit être exactement équivalente à la consommation, sous peine de black-out, l’inconstance des éléments naturels représente un sérieux danger pour les fondements du système, mais également une opportunité de regain de contrôle sur les usages et usagers.
Nous sommes à l’heure où les technocrates parlent eux aussi de décentralisation et de centrales virtuelles pilotées pour _intégrer_ les petits producteurs d’électricité, afin de mieux les contrôler et les brimer en les rendant dépendant d’un réseau dit intelligent. C’est le projet SMART GRID ou encore « internet de l’énergie »… 8 projets pilotes en france (Projet VENTEEA, Projet Postes intelligents, Projet So Grid à Toulouse, Projet POST, Projet TBH Alliance, Projet Smart Electric Lyon, Projet MIETeC et le Projet Smart Grid Vendée) avant la généralisation à l’ensemble du territoire européen.
Nous sommes à l’heure du remplacement des anciens compteurs bleus par les compteurs Linky : compteurs contenant une puce capable de transmettre et de recevoir des informations sans contact (SMART), compteurs indispensables à la construction du « réseau intelligent ».
A ce sujet, nous pouvions lire dans un communiqué sur zad.nadir.org :
Mardi 9 juillet 2013, Jean-Marc Ayrault a annoncé le remplacement de tous les compteurs électriques par des compteurs « intelligents » Linky, équipés d’une puce RFID. 3 millions de compteurs installés par ERDF d’ici à 2016 et tous les logements en seront équipés d’ici 2020…
Cet « internet de l’énergie » est conçu pour collecter, transmettre et interpréter automatiquement les informations relatives à notre consommation électrique.
Ce ne sera pas à la production de répondre à notre consommation mais notre consommation qui s’adaptera à la quantité de kilowatts/heure produits et circulant dans le réseau. À distance, des machines décideront quand se mettront en marche les radiateurs et/ou autres appareils électroménagers, et par là même le montant de la facture.
Ces compteurs marqueront l’entrée officielle des puces de contrôle à l’intérieur des habitats. Une grande porte s’ouvre au contrôle des foyers ! Pour votre sécurité !
Nous sommes de celles et ceux qui agissent :
Nos objectifs :
Arrêter la production de déchets nucléaires, donc mettre un maximum de bâtons dans les roues de la machine technico-nucléaire. Faire en sorte que la maintenance de leurs infrastructures devienne ingérable afin de montrer que nous sommes vivant-e-s, imprévisibles et à fleur de peau. Enjeu important dans une société automatique où le vivant est perçu comme un « facteur de perturbation », qui risque de faire « bugger » un système incapable d’interpréter cette donnée.
En finir avec la logique de centralisation de la production d’énergie, même « renouvelable » ! Celle-ci nous maintient dans une situation de dépendance à des firmes et des institutions dont nous ne cautionnons ni l’existence, ni les pouvoirs.
Créer des luttes ancrées dans des territoires grâce à des occupations (comme au Chefresne, sur la ZAD de Notre-Dame des-Landes, dans le Val de Suze en Italie, dans la ceinture verte d’Avignon, dans le bois du Tronçay dans le Morvan, etc) car nous pensons qu’elles favorisent la vie quotidienne des luttes, les rencontres, les échanges de savoirs et donc l’organisation d’actions. Elles permettent aussi d’instaurer les rapports de force nécessaires. Elles proposent directement d’autres modes de vie : notamment le refus de l’exploitation salariale et la critique des rapports de domination entre individu-e-s…
Nos moyens d’actions :
– Réaliser des actions contre EDF, RTE, AREVA, CIGEO, et tous les acteurs du nucléaire et de l’internet de l’énergie…
– Bloquer leurs chantiers, y compris ceux de leurs nombreux sous-traitants : Cegelec, Spie, Cofely GDF-Suez…
– Saboter les machines et les infrastructures.
– Continuer les sabotages de pylônes, pour laisser des cadeaux surprises à RTE.
– Empêcher les réunions de nucléo-technocrates, comme _Nucléopolis_ au Pieux (50) ou _Radon et société_ à Paris (75).
– Bloquer les transports de matières premières et de déchets nucléaires, notamment entre la Hague et les centrales, et à destination de l’Allemagne et des Pays-Bas.
– Refuser l’installation des compteurs Linky en s’organisant par quartier, par immeuble.
– Empêcher la réalisation du Projet VENTEEA, du Projet Postes intelligents, du Projet So Grid à Toulouse, du Projet POST, du Projet TBH Alliance, du Projet Smart Electric Lyon, du Projet MIETeC et du Projet Smart Grid Vendée.
– Acquérir des savoirs-faire, viser l’autonomie énergétique : produire nous-mêmes l’électricité dont nous avons besoin, se couper du réseau, apprendre à couper le jus comme des technicien-ne-s (ou pas)…
– Inventer, Imaginer, Proposer, Partager !!!
Nous soutenons et nous soutiendrons toutes les actions qui iront dans ce sens.
Des anonymes
* Ubiquité :
– Le fait d’être présent partout à la fois ou en plusieurs lieux en même temps.
– En informatique, le terme ubiquitaire désigne un environnement dans lequel les ordinateurs et réseaux sont « enfouis », « intégrés » et « omniprésents » dans le monde réel. L’utilisateur a accès à un ensemble de services au travers d’interfaces distribuées se voulant intelligentes, dont il est entouré. Ces interfaces s’appuient sur des technologies intégrées dans les objets familiers.
– En sociologie, l’ubiquité du pouvoir se définit ainsi : « Le pouvoir est partout, ce n’est pas qu’il englobe tout, c’est qu’il vient de partout. Le pouvoir ce n’est pas une institution, ce n’est pas une structure et ce n’est pas une certaine puissance dont certains seraient dotés, c’est le nom qu’on prête à une situation stratégique complexe, dans une situation donnée. » (Michel Foucault)
– En mathématiques, l’ubiquité est une propriété caractéristique des formes fractales.
[1] Lu sur http://briquebecstopmox.noblogs.org/
[2] http://burestop.free.fr/spip/spip.php?article554
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