Venezuela: avec ou sans chavez, de plus en plus d’attaques contre les travailleurs
Catégorie : Global
Thèmes : Resistances
L’immense culte de la personnalité autour de la dépouille du leader du “socialisme du XXIe siècle”, Hugo Chavez, vient couronner un long et patient matraquage idéologique au Venezuela et ailleurs, au point où il a été question, comme l’ont fait les staliniens en leur temps avec la dépouille de Lénine, d’embaumer le corps de Chavez1.
Écrit en février peu avant son décès, l’article suivant, rédigé par nos camarades du Venezuela, permet de faire le point sur la dynamique économique et sociale de la “République bolivarienne”, dans un cadre intéressant pour la préparation des luttes futures du prolétariat. Même si le contexte a changé, nous publions cette traduction qui met bien en avant la situation de l’après-Chavez et les problèmes que doit affronter la bourgeoisie. Depuis plusieurs mois, malgré les pirouettes des dirigeants concernant la santé de Chavez, tous savaient que ses jours étaient comptés. “L’émotion” suscitée chez “le peuple” à la suite du décès sera d’ailleurs exploitée jusqu’à la nausée pour permettre à la fraction “bolivarienne” (la boli-bourgeoisie, comme on dit avec humour dans le pays) de remporter les élections, mais les problèmes n’ont fait que s’aggraver.
Les fractions de la bourgeoisie vénézuélienne, tels des vautours, aiguisent leurs griffes dans la dispute pour le contrôle de l’État face au retrait imminent d’Hugo Chavez de la présidence, quel que soit l’évolution de la maladie dont il souffre. Ce strident personnage folklorique qui a maintenu intact le capitalisme en le déguisant sous l’appellation du “socialisme du XXIe siècle”, a tenu bien ficelés les intérêts divergents des capitalistes pour mieux tromper la classe ouvrière, notamment en administrant la rente pétrolière pour réaliser quelques actions en faveur des pauvres afin de donner le change. Les récentes élections dans ce pays sud-américain ont été, pour la classe ouvrière, en plus de tout le flot de fantaisies et d’illusions exaltant la démocratie bourgeoise, l’occasion d’assister au summum de la vulgarité de la vie politique et de la répugnante “éthique” de ses gouvernants. L’exploitation de l’image d’un Chavez terrassé par la maladie, a mis à nu le cynisme des belligérants de tout bord dans cette lutte électorale. C’est ainsi que les uns et les autres ont tout fait pour attendrir les cœurs des vénézuéliens et amoindrir la colère que les effets de la crise font surgir chez eux, en même temps qu’est encensée, comme le fait la gauche latino-américaine, “la si saine démocratie bolivarienne”.
L’absence de Chavez a fait surgir des bagarres intestines et a ouvert une vague d’incertitude au sein de la population : d’un côté, ceux de la fraction soutenant le président malade et inaudible, ont besoin de sa figure pour contrôler les appétits de ceux qui poussent des coudes pour la relève, pendant que la droite n’arrive pas à tirer profit de la situation, tout en se présentant comme la rénovation nécessaire pour le système ; les deux se repaissent du chagrin et vendent de la compassion une bible à la main.
Le chavisme contrôle pratiquement tous les pouvoirs publics et les institutions, ce qui aurait facilité l’élection du candidat, mais il existe un contexte politique, économique et social qui rend difficile pour la majorité chaviste la convocation d’élections de suite. Sur le plan politique, même si l’un des plus visibles continuateurs de la politique du pouvoir chaviste, le vice-président Maduro, s’est vu adoubé par Chavez lors de son départ pour se faire soigner à Cuba, pendant l’absence de celui-ci on a vu comment les militaires, parmi lesquels Chavez s’est formé politiquement, ont mis en avant Diosdado Cabello, président de l’Assemblée Nationale, pour prendre la tête de la “Révolution bolivarienne” sans Chavez. Indépendamment de celui qui sera mis au sommet, après toutes les escarmouches de rigueur, la fraction bourgeoise au pouvoir finira par trouver un accord pour continuer à administrer et à gérer pour que la crise économique mondiale n’entame pas trop leurs profits et qu’elle retombe, évidemment et comme toujours, sur le dos de la classe ouvrière.
Dans leur situation d’orphelins, même si leurs prochains pères sont bien identifiés, les cohortes chavistes durcissent leur politique vis-à-vis des autres fractions bourgeoises avec la volonté de garder leur hégémonie. Et en même temps, ils envoient des messages aux travailleurs pour qu’ils rejoignent les rangs du PSUV (Parti Socialiste Uni de Venezuela) et ses satellites. Par ailleurs, ceux qui se lanceraient dans une mobilisation au milieu de la situation confuse actuelle subiraient la répression immédiate. Le combat parlementaire a pris des allures grotesques et ridicules avec des mises en scène où l’on défend la glorieuse constitution et où l’on évoque la sainteté des hommes illustres vivants ou morts. On menace également, à coup d’investigations pour corruption, d’anciens gouverneurs de l’opposition en accentuant encore plus la décomposition sociale galopante.
La crise à son apogée
Mais le problème le plus grave que la bourgeoisie doit affronter avec ou sans le régime chaviste, comme n’importe quel autre dans le monde, c’est la situation économique. Le chavisme prétend convaincre tout le monde de la viabilité de son projet politique en contournant la crise économique mondiale au moyen de la rente pétrolière comme si c’était un jet continu de dollars inépuisable à la disposition de l’Etat. À cheval sur un populisme effréné, le chavisme s’est lancé bride abattue à la sauvegarde des pauvres et des déclassés, à la conquête d’une clientèle politique dans les immenses bidonvilles qu’il n’a contribué qu’à agrandir, en criant, en braillant là où on veut bien l’entendre, qu’avec la manne pétrolière et avec une nouvelle constitution approuvée par un vote obligatoirement enthousiaste, il édifierait un socialisme aux contours incertains. Voilà un exemple de sa logorrhée attrape-couillons. Ainsi, avec un tel aplomb mystificateur, et l’incommensurable contribution des syndicats, le chavisme essaye de bloquer toute amélioration des conditions de vie du prolétariat vénézuélien. Sur ce terrain, le chavisme, sa suite ou la très hypothétique alternance de droite, sont très jaloux à l’heure de sauvegarder le taux de profit des capitalistes. Depuis 1998, l’année où Chavez a pris la tête de l’État, jusqu’en 2010, le salaire réel dans le secteur privé s’est dévalué de 31%. Et aujourd’hui le tableau économique est très grave. En 2012, on a dépassé tous les records avec des chiffres qui mettent en évidence que l’économie du Venezuela est aussi malade, sinon plus, que son président : haut déficit fiscal (18% du PIB), dû aux dépenses publiques démesurés (51% du PIB) ; importations les plus élevés des seize dernières années (59% par rapport aux exportations) ; 22% d’inflation, la plus élevée de la région… Les dépenses de l’Etat ont été couvertes, en plus de la rente pétrolière, par l’augmentation de la dette ; celle-ci a atteint 50% du PIB alors qu’elle était de 35% en 1998 ; on couvre aussi cette dette en faisant tourner la planche à billets, un argent qui n’est soutenu par la moindre richesse, ce qui a entraîné les niveaux d’inflation les plus élevés de la région ces dernières années.
À cause de la méfiance généralisée dans les Etats, incapables de solder leurs dettes souveraines, la Chine, qui a octroyé des prêts importants à l’Etat vénézuélien ces dernières années, ne veut plus désormais en octroyer d’autres à une économie qui ressemble à un puits sans fond ; les doutes sur la santé, pas seulement celle de Chavez, mais de l’économie vénézuélienne rendent plus difficile et coûteux le placement des obligations d’Etat sur le marché dont la prime de risque a atteint 13,6%. Cela préoccupe autant la majorité chaviste au pouvoir que les opposants. La bourgeoisie de la région est préoccupée par le Venezuela dont elle espère que la situation politique se stabilise, surtout les dirigeants des pays de l’ALBA2 et ceux qui sont bénéficiaires de rabais sur la facture pétrolière. Évidemment les représentants de “l’Empire” (les États-Unis), néanmoins client principal des exportations pétrolières, demandent que l’on respecte la constitution et la démocratie ; le Brésil (pays avec lequel le Venezuela est pas mal endetté) et la Colombie attendent de leur côté une issue stable. Tous seraient affectés par une situation prolongée de l’incertitude qui règne au Venezuela.
Seule la lutte prolétarienne a de l’avenir
Sans la force médiatique braillarde de son président “socialiste”, la bourgeoisie craint les conséquences des mesures draconiennes que l’aggravation de la crise économique mondiale lui exige de prendre pour essayer d’éviter la possible banqueroute des finances publiques, tout en évitant la colère des travailleurs qui pourra s’exprimer dans des mobilisations qui ne pourront que déstabiliser une situation sociale déjà bien fragile. Les dénommées “Missions”, fers de lance de la politique chaviste pour pallier aux conditions dramatiques de pauvreté dans lesquelles vivent de larges couches de la population et qui sont une des bases électorales du chavisme, vont réduire leurs moyens en mettant ainsi à nu le grand mensonge des soi-disant réussites du “socialisme du XXIe siècle”. Et ce sont les travailleurs qui subiront le plus les attaques de la bourgeoisie. Ce sont les ouvriers, véritables otages captifs pour les impôts, qui ont sur leur dos les lourdes charges de l’appareil d’État vénézuélien, avec les programmes “anticrise”. Et loin d’être bénéficiaires des dépenses sociales de santé, d’éducation et de logement, ils ont surtout eu des réductions progressives de leurs salaires à tel point que 60% des ouvriers sont payés avec le salaire minimum mensuel (autour de 321 dollars-US, qui se réduisent à 100 si l’on considère le taux de change non officiel). Dans ces conditions, les travailleurs ont devant eux la nécessité de retrouver leurs liens d’unité et de solidarité qui leur permettront de récupérer leur identité de classe en entreprenant des luttes pour une amélioration de leurs conditions de vie. Au milieu du tintamarre sentimental et de la mystification du projet chaviste, la classe ouvrière commence déjà à faire montre de sa combativité et de sa confiance en ses propres forces pour combattre son ennemi, quel que soit le camouflage avec lequel il se présente dans ce pays caribéen. Les syndicats de tout poil montrent bien, par réaction, le changement : ils commencent à préparer leurs manœuvres les plus sophistiquées pour essayer d’encadrer la révolte sociale émergeante pour la canaliser vers la défense d’une prétendue révolution qui n’a bénéficié qu’à la bourgeoisie et qui n’a fortifié que le capitalisme.
Les minorités les plus conscientes de la classe prolétarienne ont la responsabilité de montrer à cette classe à laquelle elles appartiennent qu’autant le “socialisme bolivarien” de la gauche que la “démocratie sociale” de la droite, sont les deux faces d’un même monstre décadent qui doivent être affrontés théoriquement et politiquement pour ouvrir la voie vers l’émancipation de la classe ouvrière et le communisme.
Courant Communiste International
1 En fait, ce projet aurait pu se réaliser si le corps n’avait pas été trop abîmé quand cela s’est décidé.
2 Alliance bolivarienne pour les Amériques. Il s’agit d’une organisation politique et économique, fondée par Hugo Chavez et Fidel Castro en 2005, visant à servir les intérêts impérialistes de plusieurs pays plus ou moins en opposition avec les Etats-Unis. L’Iran et la Russie, notamment, ont un statut de membres de l’ALBA. [NdT]
Le sous-titre est particulièrement mensonger : « Venezuela : avec ou sans Chavez c’est la même chose… » Le problème du CCI, c’est que ce n’est pas du tout la même chose avec ou sans Chavez, tant ses attaques sont concentrées contre les seuls ennemis de l’Empire. Sur tous les pays d’Amérique latine qui ont droit aux « analyses » des idéologues « internationalistes », on remarquera la place prépondérante que tiennent les pays soumis à la vindicte étasunienne. L’Empire a donc trouvé des alliés précieux pour le soutenir indirectement en faisant le tri entre les bons et les mauvais Etats dans les milieux où il ne peut pas s’introduire directement.
Avec ou sans le CCI, c’est pas tout à fait pareil : l’Empire peut très bien se passer du CCI, mais c’est toujours bon d’avoir un idiot utile chez l’ennemi.
Et là, ils se sont surpassés ! Si l’enfer avait un nom, il s’appellerait Venezuela (mais ils se sont aussi distingués sur Cuba !), tant tous les clichés les plus éculés de la propagande impérialiste et capitaliste sont étalés sans la moindre mesure. On croirait Tintin au pays des Soviets, version améliorée !
On est habitués au catéchisme et aux cours magistraux interminables des donneurs de leçons, mais quand on trouve autant de hargne concentrée contre un petit pays qui a échappé au contrôle de l’Empire, on sent bien qu’on a touché le point vital de l’idéologie cécéiste.
La contribution de la section du CCI au Venezuela est claire : La politique chaviste ne fait que redistribuer la misère et son capitalisme d’Etat n’a rien à envier au libéralisme de Capriles dans son exploitation des prolétaires. Assurer le contraire c’est faire le jeu du nationalisme bolivarien, de son Etat, de sa police répressive, de ses milices, de son armée, de sa bureaucratie étatiste… Le Venezuela, très critique envers l’Amérique yankee, n’a-t-il pas pour un de ses principaux clients les dits USA, ne serait-ce que pour le pétrole ! On y retrouve là le caractère typique du capitalisme marchand.
Il partage la même haine et les mêmes analyses que les politiciens et les médias du pouvoir contre un pays coupable essentiellement d’essayer d’échapper à l’emprise américaine et occidentale.
Voir l’article de Sébastien Fontenelle après l’élection.
VÉNÉZUÉLA : QUE LA BÊTE MEURE
La réélection d’Hugo Chavez à la tête du Vénézuela ne charme pas la presse française
Ils sont sûrement très sympas, hein, les Vénézuéliens. Mais vient le moment où on est quand même obligés de se demander s’ils ne seraient pas aussi – et surtout – un peu cons. (À l’inverse de leurs voisins du Honduras , qui ont véritablement le sens de la démocratie.)
Parce que bon : ça fait quand même dix ans qu’on leur explique ce qu’ils doivent faire quand ils vont aux urnes, aux Vénézuéliens.
Hugo Chavez, on leur a dit : faut pas voter pour lui. C’est un « gorille » (Alexandre Adler ), c’est un nazi (Bernard-Henri Lévy) – et en plus : il n’est pas gentil (Franz-Olivier Giesbert, Philippe Val, etc.).
La honte soit sur Chavez
Pas plus tard qu’il y a deux jours : Le Nouvel Observateur, où l’on a le sens des convenances, a redit qu’« au nom de son anti-impérialisme, le président vénézuélien entretient des amitiés gênantes, voire impardonnables ».
Par exemple : « En plein confit libyen, début 2011, il clame son admiration pour Kadhafi, et dénonce la “guerre civile” subie par son “ami fidèle” ». Après quoi, non content – et manifestement décidé à se mettre à dos l’humanité : « Quelques mois plus tard, Hugo Chávez récidive avec Bachar al-Assad, qu’il assure de son soutien indéfectible, quoique beaucoup plus discrètement… »
N’importe quoi, Hugo Chavez.
Le gars est véritablement délirant (1).
Mais pour sidérant que ça puisse paraître (vu de chez nous, qu’on est quand même un peu moins compromis dans la fréquentation de méprisables tyrans) : les Vénézuéliens n’ont tenu aucun compte de nos éclairées mises en garde – et ils ont encore voté, hier, pour Hugo le « caudillo » (Alexandre Adler) – qui avait naturellement (et par un surcroît de précaution), selon Michel Onfray (2), « truqué » l’élection.
Guerre au « gorille »
Mais heureusement – c’est du moins ce que pressent l’élégant prédicateur mondique Paulo A. Paranagua, qui a de la difficulté à complètement dissimuler son impatience démocratique : Chavez va bientôt mourir – sans avoir convenablement organisé sa succession. Car en effet : il est « malade d’un cancer ». Et du coup : « Ses forces sont diminuées ». Si ses métastases veulent bien se bouger un peu le cul : le simiesque mec ne sera donc bientôt plus qu’un mauvais souvenir (anti-impérialiste).
Et là, ces pauvres cons de Vénézuéliens seront bien obligés de voter où on leur aura dit de le faire.
(1) Il voudrait pas non plus faire des papouilles au roi du Bahreïn , tant qu’il y est ?
(2) Philosophe émérite (on lui doit notamment une éblouissante exégèse de la pensée de Maryse Joissains) et spécialiste mondialement reconnu de l’émancipation des plèbes latino-américaines, Michel Onfray dispose là, semble-t-il, de bien plus d’informations que l’adversaire de droite de d’Hugo Chavez, qui a, de son côté, reconnu sa défaite.
http://www.bakchich.info/international/2012/10/08/venez…61775
plusieurs commentaires ont été masqués : merci de rester concentré sur l’article, sa critique, des compléments d’infos… et d’éviter moqueries faciles et propos non-argumentés.
Au niveau bruit de chiottes et propagande impérialiste, on croyait que tout avait été dit sur Hugo Chavez, bête noire de nos belles « démocraties ». Il y manquait toutefois la touche « révolutionnaire » pour enfoncer le clou et classer le Venezuela parmi les pires pays capitalistes et impérialistes ! Pourtant, Alexandre Adler s’était vaillamment employé dès le début à décrire par le détail les tares de ce triste personnage du point de vue « démocratique », mais ce n’était pas encore assez.
Ce texte d’Acrimed, toujours d’actualité, donc, nous montre comment les grands esprits se rencontrent.
Les facéties d’Alexandre Adler : Hugo Chavez, « gorille populiste » et « antisémite »
« L’omniprésence d’Alexandre Adler, éditorialiste multicarte et expert en tout, interdit, sauf à s’y consacrer à plein temps, de pouvoir bénéficier de toutes ses facéties, des plus grotesques au plus vulgaires [1]. Parfois, on relève … et on oublie. Pourtant, les délicieux commentaires que ledit Adler a fait paraître dans Le Figaro du 18 août 2004 sous le titre « Chavez, mi-Peron et mi-Guevara » sont inoubliables.
Cela commence merveilleusement bien : « La victoire du semi-Caudillo vénézuélien Hugo Chavez est un tournant de l’histoire politique de l’Amérique latine. Même amplifiée par des fraudes et des bourrages d’urnes, elle est néanmoins incontestable. »[souligné par nous] Adler le sait : la victoire est « incontestable », mais elle a été « amplifiée par des fraudes et des bourrages d’urnes » … même si cette victoire a été enregistrée par un vote électronique et non par un décompte de bulletins de vote déposés dans des urnes. Mais l’ignorance d’Alexandre n’est pas frauduleuse…
Poursuivons : « Mais, comme la langue d’Esope, cette victoire du POPULISME CRÉOLE est à la fois la pire et la meilleure des choses. ». » [souligné par nous]
Ainsi, la « victoire du semi-Caudillo » est une « victoire du populisme créole ». La prose d’Adler, à la différence de la langue d’Esope, est à la fois la pire et …la pire des choses. Commençons par le pire…
Hugo Chavez ? Un produit de synthèse… « Commençons par le pire : l’Argentine […] a engendré, du temps de sa fragile prospérité, deux aberrations idéologiques durables : le péronisme et le guévarisme. Opposées en apparence, puisque Peron était un fasciste sympathisant actif de Mussolini et d’Hitler tandis que Guevara était, en tant qu’élève du grand avocat de gauche Silvio Frondizi, un semi-trotskiste à la recherche d’une révolution latino-américaine originale, les deux idéologies se sont pourtant rencontrées sur l’essentiel. Toutes deux se fondent sur l’exécration du modèle de liberté nord-américain. »
Opposées en apparence, convergentes en réalité : de son passé stalinien, Alexandre n’a gardé que les meilleures postures du savoir absolu et les pires leçons de la dialectique. A moins que la dialectique en question ne soit, plus trivialement, celle qui permet d’écrire des dissertations sur n’importe quoi. Thèse : Peron. Antithèse : Guevara. Synthèse : Chavez. » […]
« Voilà pour les mauvaises choses : la victoire nette de Chavez est la confirmation de la force du populisme qui balaie aujourd’hui toute l’Amérique du Sud. Même la Colombie de droite et le Chili de centre gauche, qui sont encore épargnés par le cyclone, ne manqueront pas d’en être affectés. Chavez, vainqueur aujourd’hui, c’est pour reprendre Barbey d’Aurevilly : « Le bonheur dans le crime. ».
Ce court traité de populisme et de criminologie confondus n’est pas fini. Au détour de cette fresque, on découvre, entre autres des choses étranges, celle-ci : opposées en apparence, AD et Copei sont identiques en réalité. Mais pour une raison désespérante : ils sont tous … populistes ! : « […] les radicaux argentins ont ici pour équivalents l’Action démocratique, un parti de type social-démocrate européen qui fut grand sous son fondateur Romulo Betancourt, et les conservateurs une formation démocrate-chrétienne, le Copei, dont les dirigeants finirent dans les années 80 par adopter LE MÊME PROGRAMME POPULISTE INEPTE QUE LEURS ADVERSAIRES DU CENTRE GAUCHE . » [souligné par nous]
Tout est populiste au Venezuela. Voici comment on peut arriver à cette conclusion : Thèse : Tout. Antithèse : N’importe quoi. Synthèse : Adler. » […]
Ça ne vous rappelle rien, cette utilisation de la dialectique pour diaboliser ses adversaires ?
Le reste du texte est absolument passionnant. Lire :
http://www.acrimed.org/article1745.html
TOUS les ETATS sont CAPITALISTES et le Venezuela chaviste ne déroge pas à la règle. Le capitalisme étant décadent aux USA comme au Venezuela, en France comme en Iran… il est du devoir des prolétaires de s’auto-organiser pour le renverser partout dans le monde. Le communisme antiautoritaire et anti-étatiste est la seule alternative humaine pour que cesse l’exploitation de l’homme par l’homme via le Capital et ses Etats !
Tous les Etats sont capitalistes, tu parles d’un scoop ! Mais en attendant le matin du grand soir, le CCI ne fait pas autre chose que prôner la soumission à l’ordre actuel en dénonçant prioritairement ceux qui essaient d’échapper à l’emprise des plus forts, ceux qui dominent la planète.
Prolétaires du monde entier, résignez-vous, le CCI vous dira quand la révolution mondiale sera prête !
Cet article entièrement à charge n’est que la énième manifestation du parti-pris systématique du CCI contre des pays certes capitalistes, mais qui ont le malheur de remettre en cause la domination des Etats-Unis. Si ce n’est pas de la complicité, on se demande bien ce que c’est !
Pour une telle vision manichéenne des rapports de pouvoir et de géostratégie, on n’avait pas besoin du CCI, les médias du pouvoir s’en chargent déjà. Il aurait suffi aux « internationalistes » de s’inviter aux émissions de Giesbert, par exemple, on n’est jamais trop nombreux pour pourfendre les dictatures de la planète. Voir l’excellent article (encore !) d’Acrimed :
Pour mémoire : Franz-Olivier Giesbert géopolitise sur le Venezuela
Franz-Olivier Giesbert est un cumulard omniscient. Cumulard : Le Point, France 2, France 5, La Chaîne parlementaire (LCP), etc. Omniscient : politique politicienne, culture cultureuse et géopolitique planétaire sont ses spécialités. Sur LCP (chaîne d’État s’il en fut), il « anime » une émission mensuelle (seulement…) – « Parlez-moi d’ailleurs » – qui se présente comme « Le rendez-vous géopolitique » et prétend « décrypter » [2]. Le 31 mai 2012, Giesbert « décryptait » « Le phénomène Chavez », en présence de quatre invités. Une confrontation très virulente qui donne l’occasion d’échanger les arguments habituels. Mais il fallait choisir. Et nous avons choisi de ne retenir que les interventions du présentateur, avec juste ce qu’il faut de contexte pour comprendre l’étendue du savoir de l’omniscient en charge d’un interrogatoire à sens unique. […]
http://www.acrimed.org/article3862.html
“Prolétaires du monde entier, résignez-vous, le CCI vous dira quand la révolution mondiale sera prête !”
Les prolétaires ne se résignent pas et luttent tous les jours à travers le monde contre le capitalisme et ce n’est pas pour autant qu’ils se livrent pieds et poings liés au diktat des Etats. Ils n’attendent rien du tout des partis et des syndicats et s’auto-organisent progressivement.
Les internationalistes combattent toutes les formes de capitalisme (libéral ou d’Etat) et se refusent à s’aligner sur un camp ou un autre de la bourgeoisie, contrairement à ce que font parfaitement bien les staliniens, les gauchistes et les libéraux.
« Les internationalistes se refusent à s’aligner sur un camp ou un autre », ça veut exactement dire qu’ils s’alignent en réalité sur le camp du plus fort. Ça veut dire qu’ils sont pour le statu quo et contre tout changement qui ne se ferait pas selon leurs dogmes.
Ça veut dire que les Vénézuéliens doivent subir les diktats de l’Empire tant qu’ils n’auront pas réalisé la révolution sociale, que les Palestiniens doivent continuer à subir le colonialisme, l’apartheid et la purification ethnique tant qu’ils n’auront pas viré leurs dirigeants et adhéré en masse au CCI.
Les révolutionnaires, et plus généralement les êtres humains, n’ont que faire des donneurs de leçons qui prétendent savoir mieux qu’eux ce qu’ils doivent faire. Les idéologues du jusqu’au-boutisme ne font que renforcer la domination des peuples en faisant croire qu’il faut obtenir la révolution sociale ou rien du tout. Du haut de leur situation de privilégiés, ils dénient aux plus misérables le droit d’obtenir la moindre amélioration en attendant le grand soir, car eux ils ont tout leur temps, et ils n’ont pas encore fini de rédiger leur catéchisme à l’usage des masses.
Hugo Chavez, victime d’un oxymore? (“Dictateur élu et réélu démocratiquement” – Les journaux)
« Décidément, la plupart des médias, n’aiment pas Hugo Chavez. Au point d’écrire des incohérences, comme Pascal Jalabert, journaliste du groupe EBRA [m’en tombent].
Le commandant Chavez a été constamment réélu par le peuple du Venezuela qui pour une fois a profité de la manne pétrolière et vu son pouvoir d’achat augmenter et sa situation générale progresser.
A la différence de François Mitterrand ou de François Hollande, Chavez tenait ses promesses électorales
Certes, Chavez aurait pu se passer de soutenir des tyrans comme Assad en Syrie ou Ahmanidejad en Iran, selon le vieux principe, erroné, d’après lequel les ennemis de mes ennemis seraient mes amis.
Mais l’histoire retiendra de lui qu’il a rendu sa dignité aux pauvres de son pays. »
http://la-feuille-de-chou.fr/archives/46293
« « Les internationalistes se refusent à s’aligner sur un camp ou un autre », ça veut exactement dire qu’ils s’alignent en réalité sur le camp du plus fort. »
C’est et ça a toujours été le discours de la bourgeoisie contre les internationalistes, le discours de la répression étatique contre les révolutionnaires. Le but en est très simple : expliquer qu’il n’y a RIEN D’AUTRE À FAIRE que de s’aligner sur l’Union sacrée avec les exploiteurs !
C’est un mensonge patent, et tous ceux qui veulent nous entraîner dans un camp impérialiste ou dans l’autre sont des bellicistes bourgeois, qui ne font que chercher à nous faire croire que, dans les pays qu’ils défendent, le capitalisme se porte bien et l’État ne sert pas à réprimer les exploités ! Et tous les bourgeois nous disent que si ça ne va pas si bien que ça devrait, ce n’est ni leur faute, ni celle de leur système, mais ça vient du dehors : la finance internationale – et surtout anglo-saxonne – en France, les Yankees au Venezuela – même s’ils lui achètent du pétrole -, les Sionistes en Palestine !
Les prolétaires vénézuéliens et palestiniens n’ont rien à attendre de ce discours que plus de misère et de barbarie. C’est la lutte de classe qui arrête les guerres, pas les discours des barbares nationalistes !
Du reste, la misère dans laquelle LEUR PROPRE BOURGEOISIE les plonge devrait un jour ou l’autre les convaincre qu’il n’y a d’autre issue que la lutte de classe ! La « dignité » de la bourgeoisie ne se mange pas !