[nantes] 30 janvier : réquisition de la mairie de chantenay, le pouvoir expulse
Catégorie : Local
Thèmes : Logement/squat
Lieux : Nantes
A Nantes, une grosse centaine de personnes répondent à l’appel pour une déambulation dans le centre ville.
Malgré le désormais habituel déploiement policier massif, le petit cortège sème rythmes de percussions, chants et slogans dans les artères commerciales de la métropole verte, notamment dans le passage Pommeraye. Arrivée devant la préfecture, la manifestation se disperse gentiment…
« Flics, gendarmes, Patrick Rimbert, qu’est ce qu’on f’rait pas, pour un salaire »
Deuxième acte : une rumeur de rendez-vous avait couru dans le cortège. Quelques poignées de minutes plus tard, à quelques kilomètres du centre, une cinquantaine de personnes réquisitionnent la mairie de Chantenay, installent des matelas, des banderoles, le tout au son de l’accordéon.
Cette mairie, en plus d’être un lieu symbolique du pouvoir socialiste, est située dans un quartier riche d’une histoire militante, bastion ouvrier et syndicaliste au siècle dernier (avec la Navale notamment) aujourd’hui aseptisé et en voie d’embourgeoisement.
Les passants s’arrêtent, discutent, des personnes de tous âge viennent soutenir l’action, dire leur haine des flics ou même nous suggérer de nouveaux lieux d’occupation en échangeant des regards complice.
Mais la mairie socialiste, une nouvelle fois, décide d’envoyer un dispositif policier hallucinant alors que dans le même temps, on promet aux occupant-e-s une entrevue/négociation avec un-e élu-e de la mairie d’Abbassia Hakem (MairE de Chantenay). Les socialistes ne sont plus à un mensonge près, leur discussion ne viendra jamais. En guise de dialogue : plus de 12 cars de CRS et autres casqués de la sinistre Compagnie Départementale d’Intervention qui chargent en rangs serrés.
Des collabos de la mairie avaient donné les différentes voies d’accès au flics pour nous prendre en étau par l’intérieur et par l’extérieur du bâtiment : des rangées de bouclier avancent rapidement en arrivant du haut de l’escalier, des deux côtés, et de l’extérieur de la mairie. La charge est violente. Sans sommation, les coups pleuvent, un mouvement de panique commence, les gens sont écrasés entre les différentes vagues policières. Un tas de personnes tombe dans l’entrée, car ils nous chargent de toutes part : presque aucun moyen de sortir pour les dernier-e-s. Les porcs rient en poussant les dernier-e-s occupant-e-s sur les copains-ines à terre. Une copine avec une cane est bousculé et secouée gratuitement par un flic.
Beaucoup ont la rage, une petite résistance est tentée avec les matelas en guise de protection, mais elle est dérisoire face au déferlement policier. On ne peut guère faire plus que gueuler notre colère.
Une nouvelle démonstration du terrorisme d’État du pouvoir socialiste, et tout un symbole : une bande de flics surarmés chassant le peuple d’une petite mairie de quartier socialiste.
Le groupe repart en cortège sur le boulevard de l’Égalité, toujours suivi par des fourgons de CRS qui nous narguent en rigolant.
« Pourris-Salauds, à bas le Parti Socialo ! »
On n’oublie rien, on le lâche rien.
La lutte continue.
N’hésitez pas à compléter/corriger
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Brève chronologie d’un déni municipal et gouvernemental
Le 10 octobre le collectif « un toit pour toutes et tous » occupe le premier étage du Lieu Unique, pour mettre à l’abri des personnes à la rue auxquelles les pouvoirs publics ne proposaient pas de solution, et pour mettre en lumière le problème de l’hébergement et du logement par l’occupation d’une vitrine culturelle de la municipalité nantaise. Le directeur du Lieu Unique hésite un temps à expulser les personnes et les remettre à la rue. Le collectif demeure dans les lieux et démontre une capacité de toutes et tous à réfléchir et agir collectivement. Des centaines de personnes passent au premier étage du Lieu Unique, pour discuter, échanger, participer.
Le 19 octobre, les élus de la municipalité nantaise assignent les occupants du Lieu Unique au tribunal au motif que « l’occupation génère un trouble manifestement illicite et de graves problèmes de sécurité ». La municipalité nantaise cherche à remettre à la rue une cinquantaine de personnes sans-abris qui y avaient trouvé un abri et une certaine solidarité. La municipalité demande l’expulsion, et 1000€ d’amende par heure de présence en cas de refus de partir ! La municipalité prétexte aussi des dégradations, imaginaires puisque le directeur du Lieu Unique reconnaîtra après coup qu’aucune dégradation n’a été commise (pendant la procédure d’expulsion le directeur du Lieu Unique était trop occupé à faciliter la tâche de la municipalité, et ne contredisait donc pas les mensonges de celle-ci).
Le 24 octobre, jour du procès de l’expulsion, le collectif « un toit pour toutes et tous » annonce publiquement l’ouverture par ses soins du foyer d’hébergement Gustave Roch. Le foyer appartient à la municipalité nantaise, et est mis à disposition de la préfecture (l’Etat) une quinzaine de jours par an, dans le cadre des plans grand froid. Le collectif prouve ainsi que des places d’hébergement sont disponibles tout de suite, et demande une réponse digne des pouvoirs publics aux demandes des personnes à la rue. Les occupants du foyer ont été expulsés par une armada de policiers, boucliers en main et casques sur la tête. La municipalité, par la voix de Patrick Rimbert et avec le soutien des élus de la majorité municipale, assume publiquement cette expulsion, pourtant tout à fait illégale. Les personnes à la rue retournent alors au Lieu Unique.
Le 26 octobre, le collectif « un toit pour toutes et tous » est expulsé du premier étage du Lieu Unique par des dizaines de policiers (avec boucliers, casques, armes, etc.). Le collectif « un toit pour toutes et tous » occupe dans la foulée les locaux associatifs municipaux de la Manufacture. La brigade anti-criminalité et d’autres policiers déboulent de manière virulente, et les expulsent. Les personnes à la rue sont de nouveau à la rue : c’est la conséquence immédiate des choix de la municipalité nantaise. Le maire, Patrick Rimbert, assume par voie de presse : « Leur revendication d’une centaine de places a été satisfaite, il n’y a pas besoin de prolonger l’occupation du LU ». Pourquoi Patrick Rimbert fait-il semblant de ne pas comprendre que nous demandons « un toit pour toutes et tous », et pas cent places (la préfecture prétend d’ailleurs en avoir créé soixante tout au plus). Ne comprend-il que les chiffres ? Une petite visite au premier étage du Lieu Unique, à Gustave Roch ou à la Manufacture lui aurait permis de constater que des dizaines de personnes étaient encore hébergées dans ces lieux au moment de leur expulsion (et un petit tour au 115 lui aurait permis de constater que le nombre de demandes demeure très important).
Le 8 novembre 2012, le premier ministre, dans une grande opération de communication, prétendait que « tout sera fait pour maintenir ouvert le maximum de centres d’hébergement. La politique du gouvernement basée sur le thermomètre c’est terminé ». Les préfectures démentent dans les faits cette promesse en détaillant leur dispositif « grand froid ». Concrètement, à Nantes, le foyer Gustave Roch n’a été ouvert que durant les quelques jours de « grand froid ». Les autres annonces du premier ministre et du gouvernement concernant l’hébergement, le logement et la pauvreté relèvent d’une même logique de communication et de gestion de la précarité.
Nouvelle annonce début janvier : Manuel Valls déclare à la télévision qu’un bâtiment vide occupé par des dizaines de personnes à la rue à Paris ne serait pas expulsé, au nom du « droit au logement ». L’Etat et les collectivités locales ne cessent pourtant dans la quasi-totalité des cas, de demander l’expulsion des personnes qui ont ouvert des bâtiments vides pour en faire leur habitation. L’action municipale et l’action gouvernementale méprisent les droits fondamentaux des humains.