Mais depuis plusieurs mois, depuis le renversement du président Amadou Toumani Touré, la diplomatie française s’activait pour préparer cette intervention militaire, que ce soit par des négociations avec l’Algérie voisine ou par l’envoi de forces spéciales au Burkina Faso (1).
Après que les guérilleros touaregs aient infligé une lourde défaite aux militaires maliens, les contraignant à se replier sur le sud du pays (le «pays utile» où se trouve l’écrasante majorité de la population, par rapport au nord semi-désertique) ceux-ci le 22 mars prenaient le pouvoir à Bamako. Sous la pression des Etats voisins et de l’impérialisme français les militaires ont été contraints début avril de laisser la place début à un «président par intérim», Traoré. Mais dès qu’il a été intronisé, le nouveau président a été blessé lors d’une attaque du palais présidentiel par des manifestants nationalistes proches des militaires, et il est parti en France se soigner.

Le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, revenu exprès des Etats-Unis où il travaillait à la NASA, a dirigé le pays pendant cette vacance présidentielle. Lorsque Traoré est revenu en août de Paris, un «gouvernement d’union nationale» a été alors formé, conformément à l’ «ultimatum» lancé par les pays africains de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest); mais les divergences entre le clan présidentiel et le premier ministre, notamment sur l’attitude à adopter vis-à-vis du nord, n’ont pas disparu pour autant.
Dans les semaines qui ont suivi les pressions internationales se sont accentuées pour une intervention militaire étrangère au Nord, où les guérilleros touaregs ont été contraints de laisser la place à des organisations islamistes.

Ces dernières étaient probablement mieux armées, mais elles auraient profité surtout, semble-t-il, de la colère des populations de Tombouctou et d’autres villes devant les «abus» des Touaregs; le rétablissement de l’ordre, fut-ce l’ordre islamique d’une Chari’a brutale, aurait apparemment été apprécié positivement, au moins au début, par certaines couches de la population (2).
Pour préparer les esprits à une intervention militaire, une campagne d’opinion internationale s’est développée sur les «atrocités» commises dans le nord (destructions de monuments religieux, lapidation d’un couple adultère, etc.); le premier ministre appelait en première page du Monde à «déloger les narcotrafiquants et les terroristes du Mali», critiquant la volonté du président de négocier et félicitant Fabius et Hollande pour leurs interventions à l’ONU (3). Finalement le gouvernement malien avait cédé et officiellement demandé début septembre une intervention militaire étrangère pour livrer bataille au nord.

Grand comme deux fois la France, mais peuplé seulement de 15 millions d’habitants, le Mali est un pays pauvre qui dispose cependant de ressources potentielles encore peu exploitées (à part la production d’or); l’impérialisme français a de multiples intérêts à intervenir dans son ancienne colonie: ressources minières avec la présence probable de pétrole et de gaz et des gisements d’uranium dans la partie nord, mais aussi protection de son «influence» dans toute la sous-région.
Il voudrait cependant ne pas apparaître en première ligne et laisser plutôt combattre des supplétifs africains, se contentant d’assurer la logistique. La présence à Bamako de militaires de l’ancienne puissance coloniale susciterait à coup sûr des manifestations hostiles: chacun sait bien que les actions de l’impérialisme français n’ont jamais été motivées par le sort de la population locale!
Ni les populations du nord-Mali, Touaregs ou non, ni en général les masses déshéritées maliennes, ni les prolétaires français, n’ont rien à gagner d’une intervention militaire impérialiste, dont d’une façon ou d’une autre ils feront les frais.

Les maux dont souffrent les masses maliennes ne seront pas résolues par la guerre, mais par la lutte sociale et politique; la seule voie pour résoudre les problèmes qui se posent aux prolétaires comme aux masses maliennes réside dans la lutte contre l’ordre impérialiste international qui condamne d’un côté des populations entières à végéter dans une misère sans espoir, et de l’autre les prolétaires du monde entier à une exploitation toujours plus grande.

Et dans cette lutte ce sont les prolétaires des pays impérialistes qui ont la responsabilité la plus grande, parce que ce sont eux qui peuvent frapper au coeur le capitalisme mondial et détruire son ordre inhumain.

Non à toute intervention militaire française au Mali!

Impérialisme hors d’Afrique!

Vive la révolution communiste mondiale !

Parti Communiste International

(1) Voir Le Figaro, 23/9/12. Cet article apparemment très bien informé par des sources militaires françaises parle aussi d’un «rôle trouble» des autorités algériennes. cf www.lefigaro.fr/international/2012/09/23/01003-20120923ARTFIG00152-mali-la-france-en-pointe-contre-aqmi.php Les troupes spéciales françaises sont basées au Burkina Faso cf www.marianne2.fr/blogsecretdefense/Mali-le-COS-est-bien-present-au-Sahel-contrairement-a-ce-que-dit-Laurent-Fabius_a763.html
(2) cf www.jolpress.com/international-mali-intervention-armee-militaire-assemblee-generale-onu-islamistes-nord-aqmi-ansar-dine-mujao-touaregs-mnla-charia-article-813612.html
(3) cf Le Monde, 1/10/2012. Le premier ministre est menaçant: «il faut dès maintenant sécuriser les grandes villes du Mali». Qui vise-t-il vraiment?