Victoire : le pétochard jean bricmont chassé de la fête de l’humanité !
Category: Global
Themes: Racisme
Si c’est pour nous une grande victoire, elle est cependant ternie par la présence sur cette Fête de L’Humanité de divers groupuscules et individus aux orientations politiques rouges-brunes, notamment Michel Collon (invité par le Parti du travail belge et grand ami de Bricmont), les deux animateurs du site Le Grand Soir, le PRCF [3], le M’Pep [4], des panafricains pro-Gabgbo, divers pro-Palestiniens qui confondent antisionisme et antisémitisme ou anti-impérialisme et soutien aux dictatures et qui n’ont cessé d’importuner les révolutionnaires syriens et iraniens accusés de collusion avec l’impérialisme occidental, etc. Ceci sans compter la présence habituelle de stands de pays comme Cuba, la Chine ou le Venezuela, Etats autoritaires sinon dictatoriaux et alliés objectifs des dictatures arabo-musulmanes.
L’interdiction de Bricmont est donc le signe que le travail de pédagogie anti-rouges-bruns entamé depuis des mois par divers camarades commence à porter ses fruits, mais la tolérance dont ont fait l’objet les autres doit nous inciter à ne pas baisser notre garde car beaucoup de travail reste encore à faire.
Quelques mots également sur l’éviction de Caroline Fourest samedi suite à une manifestation bruyante contre sa participation à un débat sur le FN organisé par Les Amis de L’Humanité (cette affaire méritant un long développement, nous y reviendrons plus tard dans un article plus fourni). Si Caroline Fourest était indésirable à cette Fête [5], l’étaient tout autant l’ensemble des rouges-bruns qui prétendent la combattre : l’antisémite Souhail Chichah (qui s’est illustré il y a quelques mois en menant une action similaire contre Fourest à l’Université libre de Bruxelles et a été sanctionné par les autorités universitaires [6]), divers islamistes, les Indigènes [7], les Indivisibles [8], les animateurs d’Oumma.com [9], etc. L’étaient également tous les soutiens de Chichah, notamment Saïd Bouamama des Indigènes et le professeur de philosophie proche de la CNT Pierre Tévanian qui comptaient parmi les meneurs de cette action. A ce titre, nous ne pouvons pleinement nous réjouir de l’action qui a été menée contre Caroline Fourest, dans la mesure où cette action a elle-même été menée par des racistes et des islamistes et leurs idiots utiles de complices gauchistes et non par des militants antifascistes et antiracistes authentiques.
Nous tenons à rappeler que les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis et qu’il n’est pas possible de choisir un camp entre ces deux alternatives : l’islamisme et l’antisémitisme d’une part, l’islamophobie d’autre part. Mais nous tenons aussi à nous inquiéter du peu de réactivité sur ce sujet de nombre d’antifascistes ou prétendus tels, qui laissent ainsi l’initiative à des groupuscules et des individus plus que douteux.
Pour finir, citons la réaction de Jean Bricmont à son éviction : « Le principal reproche que je fais à CF est de “débattre” du FN, mais sans jamais lui faire face, ce dont elle serait sans doute bien incapable. Les “antiracistes” qui l’excluent sont sans doute tout aussi incapables d’aligner un argument. Finalement, pour ce qui est de la direction de la fête, quand les antifas menacent de m’attaquer, aussi pour m’empêcher de parler, la direction refuse simplement de me protéger (ou dit en être incapable) et le débat est annulé, sans que cela fasse le moindre bruit. Ceux qui détruisent la possibilité de débattre détruisent à terme la capacité de penser, y compris la leur. »
Reprocher à Caroline Fourest de refuser de « débattre » avec ses adversaires (comme s’il y avait lieu de « débattre » avec le FN) est osé de la part du pétochard Jean-Bricmont, qui sue à grosses gouttes dès lors qu’il est confronté à des contradicteurs un peu virulents (ou qu’il raconte des âneries face à la caméra de ses amis du Cercle des Volontaires). C’est ainsi qu’invité en mars dernier à « débattre » à l’Ageca avec ses amis bacharistes, il s’est lâchement réfugié derrière une rangée de Chabihas lorsque deux courageux opposants Syriens ont protesté un peu fort contre la tenue de ce meeting avant d’être évacués alors que l’animatrice Ayssar Midani proférait à leur encontre des menaces de mort en arabe, aux cris de « Il faut tous les exterminer ! » Et puis, choisir de fuir la Fête de L’Humanité face à de prétendues menaces et alors qu’en réalité le risque d’agression était très faible témoigne d’un grand courage. De toute façon, ni Jean Bricmont ni Michel Collon ne viennent porter la contradiction à leurs adversaires quand ils ne sont pas sur leur propre terrain. Enfin, nous sommes amusés de ses propos sur les « antiracistes » qui ont perturbé la conférence de Caroline Fourest, dans la mesure où parmi ceux qui ont appelé à la faire annuler on compte son ami Chichah.
Nous nous félicitons en tout cas que le service d’ordre de la Fête de L’Humanité ait refusé de protéger un négationniste patenté. Le contraire eut été incompréhensible.
A bas tous les racismes ! Dehors les rouges-bruns, dehors les fascistes ! Antifa vaincra !
Des antifascistes.
Notes (Les liens vers les sites fafs et rouges-bruns ont été désactivés)
[1] Que nous a apprise un blog confusionniste : lettresdestrasbourg.wordpress.com/2012/09/16/fete-de-lhuma-du-fascisme-intellectuel-a-lidiotie-utile-dextreme-gauche/
[2] Fakir qui accueille dans ses colonnes une rubrique tenue par Bastille-République-Nations (BRN), feuille de chou souverainiste rouge-brune notamment tenue par Pierre Lévy (un ancien du PCF), Bruno Drweski (un négationniste ami des dictatures dites « anti-impérialistes) et Laurent Dauré (un cadre de l’UPR, aussi militant actif d’Acrimed). Rappelons par ailleurs que François Ruffin a jugé dans le dernier film de Pierre Carles (DSK, Hollande, etc.) que les ouvriers avaient quasiment un intérêt de classe à voter pour Jacques Cheminade ou Nicolas Dupont-Aignan aux dernières Présidentielles, au nom de la lutte contre la « finance » et contre « l’Europe ». Ceci sans même parler des orientations flicardes (odes aux matons et aux douaniers), productivistes et nationalistes de Fakir, qui sont bien dans la lignée de ce que défend par ailleurs un Mélenchon, pour lequel ce journal a fait campagne. Sur Ruffin, Fakir et leurs dérives voir cet article sur le blog de la critique de la valeur, et aussi la polémique qui a opposé Ruffin aux militants anti-inductriels de Pièces et main d’Oeuvre là, là ou encore là .
[3] Qui a organisé samedi à la Fête de L’Humanité un débat sur l’Europe en présence d’un membre du Front syndical de classe d’Annie Lacroix-Riz, du Jean-Luc Pujo des Clubs « Penser la France » (qui organisent régulièrement au café le Falstaff à Bastille des conférences conspirationnistes et d’extrême droite), du Jacques Nikonoff du M’Pep. Dans le public se trouvait Erick Bozz Mary, bras droit de François Asselineau de l’UPR.
[4] Nous classons le M’Pep parmi les rouges-bruns, surtout depuis que Nikonoff a appelé à voter Dupont-Aignan aux dernières lagislatives. Depuis, le dialogue de cette organisation avec la droite et l’extrême droite souverainistes s’est intensifié, et Nikonoff se rendra prochainement à l’université d’été de l’UPR de François Asselineau. Visiblement, aux yeux du M’Pep, toutes les alliances sont envisageables au nom de la lutte contre l’Union européenne.
[5] Parce que Caroline Fourest a été avec Charlie Hebdo une des principales propagandistes à gauche de la stigmatisation des jeunes filles voilées et de la loi interdisant le voile à l’école, qui a eu pour conséquence d’en exclure un certain nombre du système public d’éducation, les renvoyant dans les pattes des islamistes pour celles qui étaient contraintes et forcées de porter le voile par leur entourage ; parce que Caroline Fourest a soutenu par le passé Oriana Fallaci, essayiste italienne violemment raciste à l’encontre des Musulmans et des Arabes ; parce qu’elle a soutenu sans recul critique Ayaan Hirsi Ali qui, sous prétexte de dénoncer l’excision et de critiquer l’Islam, a co-réalisé un film avec le réalisateur antisémite et islamophobe Theo Van Gogh (ce qui est une bien étrange manière de servir la cause des femmes) ou encore parce que, toujours aux côtés de Charlie Hebdo, elle a soutenu le caricaturiste danois d’extrême droite Kurt Westergaard au moment de “l’affaire des caricatures”. (Nous nous permettons pour cette note de reprendre un excellent motif de refus d’un article soutenant Fourest posté hier sur indymedia Paris)
[6] N’oublions pas que Chichah a déclaré le 20 septembre 2010 à l’ULB : « Moi, la question du négationnisme, elle ne m’intéresse pas. D’ailleurs, je n’ai pas d’avis puisqu’il est interdit d’avoir un avis dessus ». Or, évidemment, il n’est pas « interdit d’avoir un avis dessus », il est juste interdit d’exprimer publiquement une opinion négationniste. Dès lors, comment interpréter ces propos ?
[7] Houria Bouteldja, tout comme Pierre Tévanian, co-signe un livre sur l’affire Chichah-Fourest, à paraître prochainement aux éditions Egalité. Ces éditions dépendent du collectif belge egalite.be, dont l’un des leaders, Nordine Saïdi, a été exclu du Mrax (l’équivalent du Mrap) pour racisme et antisémitisme. Nordine Saïdi apparaît dans la liste des contributeurs de ce livre, de même qu’Olivier Mukuna et Pierre Piccinin. Voir sur ce site confusionniste : egrandecart.net/burqa-bla-bla-petit-chahut-deviendra-grand-entretien-avec-abdellah-boudami/#.UFb4QOKP6ws
[8] Rappelons de Rokhaya Diallo, présidente des Indivisibles, a interviewé il y a quelques mois fort complaisamment Alain Soral et Dieudonné dans le cadre de son émission « Egaux mais pas trop » sur LCP.
[9] Tous ces gens n’étaient pas physiquement présents samedi lors de l’action anti-Fourest, mais tous y ont appelé
Un plaisir, cet article ! Une magnifique illustration de ce que peut donner l’accouplement incestueux du stalinisme de l’époque des procès de Moscou et de l’inoubliable Inquisition, sous l’appellation prétentieuse d’« antifascisme ».
Comme le dit très bien Pasolini, le fascisme est revenu sous un nouveau nom. Mais il faudra quelqu’un de plus doué que la célèbre infiltrée Boutoleau-Guyet, qui a du mal à se séparer de son style, pour nous faire avaler la pilule, car on ne peut pas détester et calomnier tant de gens et s’en servir en plus occasionnellement les uns contre les autres.
Les soi-disant « antifascistes » qui ont démoli allègrement dans leurs autodafés Le PC, la CGT, le Front de gauche, Mélenchon, la Fête de l’Huma, sont tout contents d’annoncer qu’ils se sont bien comportés avec leurs ennemis du moment (mais pas tous, l’Inquisition va continuer). Allez, on oublie tout… jusqu’à la prochaine.
Entretemps, la liste d’Inquisition s’est agrandie. On apprend que la CNT s’acoquine avec Tevanian, que Fakir est un journal national-stalinien, et que les autre restent évidemment des rouges-bruns et des antisémites. Il ne reste de bien que les « antifascistes » autoproclamés et aussi, on peut l’induire, ceux dont la présence à la Fête de l’Huma ne les dérange pas au point de leur inspirer un article, comme Fourest, Charlie Hebdo ou même des membres du gouvernement.
Un jour qu’ils auront dessoûlé et se seront vidés de leur bile, ils nous expliqueront ce qu’ils pouvaient bien foutre à la Fête de l’Huma, où il n’y a que des gens qu’ils détestent (et qui les détestent).
On se souvient que les mêmes inquisiteurs qui veulent empêcher de s’exprimer ceux qui leur déplaisent avaient publié un texte pour réclamer la “liberté d’expression” pour leur copine Caroline Fourest, que de méchants perturbateurs avaient chahutée.
La liberté d’expression entravée à l’ULB !
http://nantes.indymedia.org/article/25118
Aujourd’hui, ils remettent ça, nous confirmant leur conception de la “liberté d’expression” à géométrie variable et leur stalinisme fondamental. Ils avaient été dénoncés à l’époque, comme ils le seront aujourd’hui.
“je suis tombé par terre c’est la faute à venner, tempête dans un verre d’eau c’est la faute à caro”
Quelques réflexions sur l’éthique de la discussion, assorties de souvenirs personnels, après l’opération Burqa-blabla et ses invraisemblables suites
par Pierre Tevanian
23 février 2012
Le 7 février 2012 devait se tenir, dans l’enceinte de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), une conférence-débat en présence de Caroline Fourest, autour de la question suivante : “L’extrême-droite est-elle devenue fréquentable ?”. Considérant le choix de cette conférencière comme particulièrement inapproprié par rapport au sujet, un assistant de l’ULB, Souhail Chichah, a organisé une “burqa pride” pour protester contre la venue d’une idéologue qui, justement, représente à ses yeux “l’extrême droite respectable”. S’ensuit un joyeux chahut, l’interruption du débat, rien d’extraordinaire en vérité… sauf que, dès le lendemain, la presse belge fait de ce micro-événement une affaire d’Etat, sonne l’alerte à la menace islamiste et reprend pour argent comptant le qualificatif d’ “extrême droite” adressé par Soeur Carolineà ses contradicteurs (lire à ce sujet ce compte-rendu). Quelques jours après, Souhail Chichah est convoqué par les autorités académiques de l’ULB, une pétition signée par des milliers de personnes exige son renvoi, et le tout nouveau Huffington Post [1] ouvre grand ses colonnes à une lecture toute fourestienne des événements, dans laquelle Soeur Caroline se donne le trop beau rôle de l’héroïque opposante à “tous les extrémismes”. En soutien à Souhail Chichah et à tous les chahuteurs diffamés, voici quelques réflexions personnelles.
J’ai croisé une fois Souhail Chichah, vers 2005 ou 2006, dans un café parisien, sans avoir vraiment le temps d’échanger politiquement, mais sur un point au moins je partage son point de vue : l’extrême dangerosité de Caroline Fourest – j’y reviendrai.
J’ai croisé Caroline Fourest une fois, en 2004, dans une librairie parisienne, sans avoir non plus le temps d’échanger politiquement puisque, avant même que débute le débat annoncé par ladite librairie, la grande démocrate qui connaissait mes écrits a tenté de me mettre à la porte à coups de croche-pieds et d’attaque au jus d’orange – je raconterai plus loin dans quelles extravagantes conditions, mais venons-en d’abord au fait : le tragi-comique épisode Burqa-blabla, l’immense déraison raciste qui transforme un chahut somme toute bon-enfant (et en tout cas non-violent) en affaire d’Etat, le véritable scandale enfin que constituent la diabolisation et les menaces, notamment professionnelles, que ladite tragicomédie occasionne pour Souhail Chichah.
Car il faut se rendre à l’évidence. Si je n’ai croisé qu’une fois Souhail Chichah, et fort brièvement, j’ai en revanche visionné attentivement, et plusieurs fois, la bande vidéo du fameux incident de l’Université Libre de Bruxelles, et j’invite tout le monde à le faire. Car rien de ce qu’on y voit ne s’apparente à de la violence, si ce n’est la violence verbale du responsable de l’ULB à l’encontre de Souhail Chichah, ce stupéfiant aveu raciste : “J’ai toujours su que vous aviez une burqa dans la tête”, si ce n’est également le corps-à-corps intimidant qu’impose Caroline Fourest à Souhail Chichah lorsque le micro lui est enfin donné pour s’expliquer, si ce n’est enfin le croche-pattes que lui fait, par derrière, Fiammetta Venner, la patibulaire compagne de Soeur Caroline – j’ai le droit me semble-t-il de la qualifier de patibulaire, après ce qu’elle m’a fait et que je raconterai plus loin !
Une première question, du coup, se pose : comment se fait-il que l’opération Burqa-blabla n’ait pas été inscrite dans la lignée qui est à l’évidence la sienne : celle des zaps act-up-iens, des chahuts estudiantins, de la performance dadaïste, surréaliste ou situationniste, celle de mai 68, celle de l’attentat patissier ? Comment se fait-il que tant de gens aient préféré, au forceps, la faire entrer dans une case qui n’est, à l’évidence, pas la sienne : celle de l’extrêmisme de droite, du commando fasciste ou du terrorisme islamiste ?
Comment se fait-il surtout que cette vision ait pu prospérer et que Souhail Chichah soit à ce titre menacé dans sa situation professionnelle, alors que tout le monde peut, sur Youtube, visionner le film des événements ? Tout, dans les images de ce film, s’apparente davantage à un chahut dada, surréaliste ou soixante-huitard qu’à un commando fasciste ou terroriste, sauf ce détail : il y a des Arabes parmi les chahuteurs.
Or, puisque nous sommes à l’université, comment cela s’appelle-t-il, en sociologie ou en science politique, lorsque, à partir d’un détail aussi insignifiant que le faciès, le patronyme ou l’origine ethnique des gens, on sur-dramatise un événement ou une situation ? Comment cela s’appelle-t-il lorsque, au seul motif qu’il appartient à une minorité ethnique, un individu ou un groupe se retrouve criminalisé, et même amalgamé aux pires figures de la violence politique, pour des faits bénéficiant ordinairement d’une tolérance bien plus élevée ?
Cela s’appelle le racisme. Je ne suis pas le premier à le dire, mais je le dis : ce qui se manifeste à l’occasion de cette affaire, ce qui se manifestera si Souhail Chichah est sanctionné par l’ULB, c’est l’islamophobie la plus sordide.
Mais ce n’est pas tout. Ce qui distingue l’opération burqa-blabla des commandos fascistes ou des milices d’intégristes religieux auxquels on l’amalgame, ce n’est pas seulement son caractère non-violent, c’est aussi sa légitimité. “Vous avez empêché quelqu’un de parler”, reproche-t-on fort abstraitement aux chahuteurs et aux chahuteuses : soit, mais on peut au moins convenir que cet empêchement n’a pas la même gravité quand la personne empéchée accède à la parole publique pour la première fois et quand elle le fait pour la 1000ème fois – ce qui est à peu près le cas de Caroline Fourest, qui est en passe de devenir la figure la plus omniprésente de l’éditocratie omnisciente.
J’irai plus loin. La différence n’est pas que de degré, elle peut être de nature : perturber ou empêcher un discours mensonger et raciste, ce n’est pas la même chose que perturber et empêcher un discours intègre et antiraciste. Qui songerait, de même, à comparer les émeutiers brûleurs de voitures, qui protestent contre des crimes policiers impunis, et les milices nazies qui incendient les boutiques tenues par des Juifs ?
Or, si Caroline Fourest n’est pas une milicienne nazie, elle n’est pas non plus la journaliste intègre et la fervente progressiste qu’elle prétend être, loin de là. Derrière ses fanfaronnades alberlondresques (“des années d’enquête” malgré les “menaces” des “intégristes”), son discours est un ramassis paresseux de clichés, d’approximations et d’allégations diffamatoires – la dernière en date faisant par exemple de la féministe Christine Delphy un compagnon de route de “l’extrême droite” islamiste “anti-avortement” (cf. http://lmsi.net/Injuste-milieu). Derrière les pétitions de principe universalistes, antiracistes et centregauchistes, ce qui s’exprime est un parti-pris très droitier et antimusulman. Je n’ai ici ni le temps ni la place d’étayer ce jugement par des exemples, mais je renvoie à de nombreux écrits, extrêmement précis et circonstanciés, qui ont établi, depuis maintenant un certain temps, la nullité théorique et méthodologique, la malhonnêteté intellectuelle et la nocivité politique de Madame Fourest. L’universitaire Sadri Khiari en a fait un livre (Sainte Caroline contre Tariq Ramadan), l’universitaire Pascal Boniface un chapitre de son livre Les intellectuels faussaires (dans lequel il qualifie notre essayiste de serial-menteuse).
Je me permets aussi de renvoyer aux multiples – mais non exhaustives – “études de cas” que nous avons consacrées, sur le site du Collectif Les mots sont importants, à celle que nous appelons Soeur Caroline (cf. http://lmsi.net/-Soeur-Caroline-Fourest-et-ses-ami-).
Bref : s’il fallait qualifier le travail de Caroline Fourest, je dirais volontiers, comme le journaliste du Monde, Xavier Ternisien (attaqué par Sœur Caroline pour ces propos, mais relaxé), qu’il se caractérise par son “peu de sérieux”, par “des erreurs qui feraient honte à un étudiant en première année de journalisme”, par son “manque d’enquête de terrain”, ou encore par des “approximations qui font rire beaucoup de monde”, des “procès d’intention”, des “citations tronquées”, des “montages”, des “silences”, des “salissures”.
Et puisque les autorités de l’ULB semblent voir dans l’opération Burqa-blabla une grave atteinte à la tradition académique de la libre discussion, j’en appelle à d’autres valeurs académiques, plus impérieuses en principe que la discussion à tout prix : l’éthique de la recherche et de la discussion, la probité intellectuelle, la rigueur scientifique, des exigences que Caroline ne cesse, depuis qu’elle a entamé sa carrière de maître-penseur multimédias, de fouler aux pieds avec la dernière des désinvoltures. Et aux noms de Sadri Khiari ou Pascal Boniface, j’ajoute les noms de Bruno Etienne, Franck Fregosi, Vincent Geisser, Raphaël Liogier et Jean Baubérot : ces cinq universitaires spécialisés dans l’étude de l’islam moderne et/ou de la laïcité ont jugé utile, il y a maintenant plusieurs années, de mettre en garde l’opinion publique, par le biais d’une tribune dans Le Monde, contre “l’obscurantisme” de Fourest, contre sa “haine viscérale de la connaissance scientifique”, contre son “trafic des émotions et des peurs” et contre son usage des “raccourcis” [2].
Tout cela est notoire, mais la direction de l’ULB semble l’ignorer. Sous couvert de libre-discussion-à-l’Université-Libre-de-Bruxelles, c’est à un discours d’autorité spécieux, mal intentionné, manipulateur, qu’on a convié le public. Je soutiens donc, pour ma part, que le chahut qui a eu lieu peut être perçu comme une chance pour la liberté d’expression : Caroline Fourest n’a certes pas pu parler mais elle a parlé des centaines d’heures avant et elle parlera des centaines d’heures après, et dans le même temps une autre parole a émergé, une autre sensibilité, à laquelle des institutions comme l’ULB ne donnent peut-être pas tout l’espace de libre parole qu’elles méritent. La liberté d’expression, disait un récent manifeste auquel j’ai participé, n’est pas à défendre mais à conquérir.
Revenons pour finir à Sœur Caroline et à sa pratique du débat. Sur lmsi.net toujours, on peut lire le récit édifiant du verrouillage, à coups de magouilles et de ciseaux, d’une revue au départ pluraliste : un verrouillage qui occasionna le départ des trois universitaires les plus prestigieux du Comité de rédaction : Françoise Gaspard, Eric Fassin et Daniel Borrillo (cf. http://lmsi.net/Pieux-mensonges).
On peut lire un autre récit édifiant : celui d’une formidable tentative d’intimidation à coups de courriers recommandés de Maitre Papazian, avocat à la Cour : retirez de votre site tous les textes qui me critiquent sinon je vous attaque en justice ! Nous n’avons rien retiré, car rien n’était diffamatoire, et elle n’a pas attaqué (http://lmsi.net/Apres-la-calomnie-l-intimidation).
On peut lire enfin le récit d’un Café littéraire qui s’est tenu à l’Institut du Monde Arabe, au cours duquel le public, par des questions et des critiques en bonne et due forme, pointant preuves à l’appui les contre-vérités de ses écrits, a déstabilisé à ce point la serialmenteuse qu’elle s’est mise à insulter tout le monde, y compris l’organisateur du débat, et à quitter l’assistance sans répondre à qui que ce soit. Un communiqué totalement mensonger fut diffusé dès le lendemain dans tous les réseaux politiques et institutionnels par sa compagne Fiammetta Venner, ce qui poussa l’Institut du Monde Arabe à publier un démenti officiel (cf. http://lmsi.net/Une-campagne-honteuse).
On ne trouvera pas, en revanche, car je n’avais jamais pris la peine de le raconter, la scène du croche-pattes et du jus d’orange – mais en visionnant Burqa-blabla, l’épisode ne pouvait que me revenir en mémoire ! Qu’on me permette donc de terminer par le récit un peu détaillé de cet épisode cocasse, qui à mon sens remet utilement en perspective le personnage Fourest et son éthique de la discussion.
C’était donc en 2004, au moment où le Parlement français s’apprêtait à voter la loi prohibant le voile à l’école. Caroline Fourest connaissait mes positions (anti-loi), mes arguments (publiés sur internet) et mon visage (croisé et identifié par elle lors d’un débat organisé par un syndicat enseignant). La librairie Violette & Co invitait l’essayiste et sa comparse Fiammetta pour une présentation publique de leurs photos des manifestations “provoile” (nommées ainsi par elles) puis un débat public autour de leur revue Prochoix, consacrée au CEPT (Collectif Une Ecole Pour Tou-te-s) – auquel j’appartenais.
L’invitation à cette rencontre publique avait circulé dans tous les réseaux syndicaux et associatifs, et figurait également sur la porte de ladite librairie. Je m’y suis donc rendu avec quelques amies du CEPT. Sans que qui que ce soit parmi nous n’ait esquissé, là encore, la moindre parole, le moindre geste ou le moindre regard hostile, je me suis trouvé assez vite dans une situation abracadabrante : je vois Fourest me montrer du doigt à la libraire, je vois ensuite cette libraire venir vers moi et me demander si j’ai une invitation. Je joue les idiots (car il est en réalité assez facile de deviner ce qui se passe) et je réponds très poliment que non, mais que je n’ai vu nulle part, sur les nombreuses annonces publiques qui ont circulé, qu’il fallait un carton d’invitation.
Comme la libraire persiste, m’explique qu’il faut une invitation et me demande donc de partir, je lui suggère, tout aussi poliment et candidement, de demander leur invitation à d’autres que moi, pour bien se rendre compte que je ne suis pas le seul à n’avoir lu nulle part qu’il en fallait une !
D’autres personnes assistant à l’échange confirment mon propos et obligent donc la libraire, sous peine de n’avoir plus aucun public, à abandonner l’argument du carton d’invitation. Elle me répète simplement “S’il vous plaît”, en me lançant un regard plutôt aimable mais triste et embarrassé, que je décrypte ainsi : “s’il vous plaît, nous le savons tous les deux même si nous ne le disons pas : il n’y a pas de cartons d’invitation, c’est l’invitée d’honneur, Caroline Fourest, qui m’a demandé de vous virer, et personnellement je n’ai rien contre vous, mais si vous ne partez pas, ça va me mettre mal avec elle ! “.
Parce que je suis espiègle, mais aussi parce que je suis passablement choqué qu’on puisse ainsi me mettre dehors pour rien, je continue de jouer les idiots et je réponds, toujours plus aimable et candide : “Ben non, je ne vais pas partir, puisque le débat m’intéresse et qu’il est ouvert au public. Mais rassurez-vous, madame, je ne suis pas dangereux, je ne vais rien casser, je ne vais taper personne, je me contenterai d’écouter et de lever la main comme tout le monde quand la salle aura la parole.” Dépitée par mon manque de compréhension, la libraire lâche l’affaire.
Je retourne donc près du buffet retrouver une amie, élue écologiste à Paris, et discuter avec elle en attendant que le débat commence. La discussion ne dure pas longtemps puisque je suis vite coupé par un tonitruant “Oh, pardon ! ” qui me fait me retourner. Je me trouve face à face avec la Fourest, qui surjoue la bécasse en me répétant “Je suis désolé, je n’ai vraiment, vraiment pas fait exprès !”. Comme elle tient à la main un verre vide et qu’autour de moi les regards convergent vers mon dos, je finis par comprendre qu’elle vient de vider, délibérément, son verre de jus d’orange sur mon sac.
Pour confirmer cette intuition je me retourne vers ma camarade écologiste, qui me faisait face et qui a donc vu la scène, elle opine et me dit “surtout ne t’énerve pas, elle n’attend que ça”, ce qui me paraît tellement frappé au coin du bon sens que je me contrôle sans difficulté et que je m’en vais chercher du Sopalin au buffet. Une fois terminée l’opération Sopalin, je retourne au buffet pour boire un, puis deux, puis trois verres de jus d’orange, avant de revenir enfin reprendre ma discussion avec ma camarade écologiste, mais badaboum ! Me voilà le cul par terre. Je me retourne et je croise le regard hostile de la patibulaire Fiammetta, un regard qui me dit en substance ceci : “Oui salopard, c’est moi qui t’ai mis une balayette, et ça ne fait que commencer ! ” Je me tourne à nouveau vers la copine-témoin, qui une fois de plus opine tristement en guise de “Ben oui, elle a mis son pied !”.
Le cul toujours par terre, une terre heureusement déjudorangisée par mes soins, je lève les yeux vers la judoka. Hilare cette fois-ci, tellement c’est gros, je lui demande, en me cognant méthodiquement l’index sur la tempe : “Mais ça va pas la tête ?” Le regard qui vient en réponse, je ne l’oublierai jamais ! Car personne, ni avant ni après, ne m’a jamais signifié, par les yeux ou par la bouche, autant de haine.
Le plus gros pour finir. La libraire invite maintenant l’assistance à quitter les lieux car, je cite, “le débat est annulé”. Les “Pourquoi ?” restent sans réponse et tout le monde quitte sagement la librairie. Des documentaristes anglaises venues filmer la rencontre me confieront plus tard, mortes de rire (vu qu’elles me connaissent), que Fiammetta leur a dit “On annule parce qu’il y a des islamistes”, et que lorsqu’elles ont demandé “Ah bon, où ça ? “, la réponse fut un index pointé vers moi…
Voilà ! Si je ressors cette vieille histoire, c’est, je l’ai déjà dit, parce que les images de Burqa-blabla, avec les provocations de Fourest et le croche-patte de Venner, l’ont fait ressurgir tout naturellement. C’est aussi pour montrer à quel point ces individus sont, fondamentalement, méchants, agressifs, prêts à tout même au ridicule pour esquiver un réel débat contradictoire, arguments contre arguments. Il me parait important de le rappeler, à l’heure où c’est au nom de ce débat arguments-contre-arguments qu’on diabolise des chahuteurs et qu’on menace, professionnellement, l’un d’entre eux.
Il va de soi, pour toutes ces raisons, que je soutiens Souhail Chichah face à tous ceux qui l’insultent ou le menacent, que je dénonce toute sanction professionnelle contre lui, et que, sans me prononcer sur la meilleure stratégie à adopter (laisser parler ou pas, chahuter ou entarter), j’appelle en tout cas à ne pas abandonner le légitime, nécessaire, urgent combat contre le venin réactionnaire et islamophobe de Caroline Fourest.
notes
[1] Dirigé par la très féministe Anne Sinclair !
[2] Voici, in extenso, ladite tribune :
Les lauriers de l’obscurantisme
Le choix du jury du livre politique de l’Assemblée nationale s’est porté en 2006 sur l’ouvrage de Caroline Fourest (La Tentation obscurantiste, Grasset, 2005). Ce choix ne peut manquer de laisser pantois les chercheurs en sciences sociales, politologues, historiens, universitaires qui ont la faiblesse de considérer que l’intelligibilité de notre société, le présent comme le futur de ses rapports avec d’autres cultures, notamment musulmanes, mais pas uniquement, requièrent une analyse minutieuse, un investissement effectif dans la complexité du terrain.
L’intérêt des analyses divergentes d’un phénomène politique complexe et multiple dans ses expressions (l’islamisme) reposant sur des méthodes d’investigation rigoureuses, n’est évidemment pas en cause. Cette diversité de vues est éminemment souhaitable. Elle fait partie intégrante de nos ambitions scientifiques quotidiennes. Et nous sommes trop viscéralement attachés à la liberté de la recherche pour contester à qui que ce soit le droit de penser autrement. Le problème tient bien à l’intronisation officielle accordée à un pamphlet qui s’érige frauduleusement en argumentaire rationnel, alors qu’il ne repose que sur le trafic des émotions, des peurs, permettant d’ânonner des lieux communs sur l’islam et les musulmans.
Des philosophes autoproclamés, des essayistes, ont entrepris, depuis quelques années, sous couvert de la “défense des Lumières” de la laïcité, de condamner ceux qui refusent de se plier au moule de leurs catégories sectaires. Ils jettent en pâture des listes de personnes accusées de “trahir les idéaux de la République” et d’être les “faire-valoir du radicalisme islamique”. L’ouvrage de Mme Fourest appartient à ce triste genre littéraire.
Ce tour de passe-passe essayiste consiste à disqualifier comme “islamiste”, c’est-à-dire comme un danger social, tout musulman refusant de se démarquer explicitement de son appartenance religieuse. Il considère comme complices tous ceux qui refusent le simplisme de ces qualifications. La vieille rhétorique conspirationniste des élites intellectuelles contre la France est remise au goût du jour. Et, sous les habits du “progressisme”, elle s’abreuve ainsi au mythe de l’anti-France. Ceux qui prétendent que la réalité de l’islam politique dans le monde musulman n’est accessible que par l’analyse de paramètres multiples observés dans les dynamiques locales (régimes corrompus, démocratisation avortée, répression aveugle…) et internationales (mondialisation libérale, conflit israélo-palestinien, invasion de l’Irak, appétits pétroliers du monde occidental…) et refusent l’amalgame “criminogène” de l’islam sont mis à l’index par le tribunal des raccourcis et de l’invective gratuite.
On a longtemps fustigé les partisans du cosmopolitisme. Aujourd’hui, on dénonce la cinquième colonne de ceux qui, à propos de l’islam et des musulmans, refusent le sens commun. Pierre Bourdieu a en son temps forgé, pour cette catégorie de philosophes autoproclamés plus prompts à flatter les ventres pleins de préjugés qu’à nourrir les cerveaux, la catégorie d’ “intellectuel négatif”.
La “méthode” (éminemment non scientifique) de sélection de la “vérité” consiste à prendre pour pertinent un discours caricatural, inquisitorial, pamphlétaire, truffé de préjugés, accessoirement d’erreurs, et essentiellement destiné à dénoncer les “autres” : musulmans, islamologues refusant de se soumettre au sens commun, journalistes, hommes politiques, militants antiracistes, laïques pragmatiques.
Bien moins que la paix sociale, cette désignation de l’autre (et accessoirement de “sa” religion) permet d’éviter d’assumer ses propres turpitudes, ses propres préjugés. Elle permet d’éluder la question des alliances surprenantes entre les héros (hérauts) d’un républicanisme forcené et les nostalgiques d’une France éternellement monoconfessionnelle et mono-ethnique. Elle permet d’exploiter tranquillement, et avec la bonne conscience de la morale pseudo-universaliste, le vieux fonds de commerce de la peur de l’autre.
Pour pouvoir comprendre un phénomène, encore faut-il chercher sérieusement, étudier les composantes et les causes historiques, sociales, économiques qui ont favorisé sa percée, son essor et ses mutations. Et analyser scientifiquement – il faut le répéter en ces temps d’obscurantisme et de délation – ne vaut ni adhésion ni rejet, y compris pour l’islam ! A l’inverse, les grandes vues eschatologiques et condamnatoires, aucunement fondées sur la connaissance du terrain, comme pour ne pas s’en trouver souillé, relèvent de la passion, que ce soit l’attachement excessif ou, comme dans le cas qui nous intéresse, l’antipathie aveugle.
Au Moyen Age, l’Eglise refusait au chercheur le droit de disséquer le corps humain, de relativiser son fonctionnement : elle imposait la méconnaissance.
Si tentation obscurantiste il y a, elle est parfaitement incarnée aujourd’hui par la haine viscérale de la connaissance scientifique qui se manifeste depuis quelques années à travers des essais comme celui de Caroline Fourest. En tout cas, et pour finir, nous aurions attendu du livre politique de l’année, peut-être avec trop de naïveté, qu’il invite à réfléchir les évidences, les clichés, et non à les intérioriser plus encore.
Jean Baubérot, directeur d’études à l’EPHE ; Bruno Etienne, professeur émérite ; Franck Fregosi, chargé de recherche au CNRS ; Vincent Geisser, chargé de recherche au CNRS ; Raphaël Liogier, professeur des universités.