Quand sainte-caroline-de-la-gauche défend le troisième âge lepéniste
Catégorie : Global
Thèmes : Actions directesRacisme
La Fête de l’Humanité vient de se distinguer en invitant, en tant qu’intervenante-experte pour un débat sur la lutte contre l’extrême droite, une éditocrate de renom : Caroline Fourest, notre soeur à tou-te-s, lauréate du Yabon Award du meilleur chroniqueur-expert raciste de l’année 2012. Pour saluer comme il se doit ce choix aussi audacieux que contestable et contesté, nous republions une savante exégèse de son chef d’œuvre. Il s’agit d’un morceau d’anthologie, à faire étudier en cours de français : un monument de rhétorique réactionnaire, riche en sophismes, mensonges, demi-mensonges, effets d’autorité, poses, postures et autres stratagèmes, qui réussit un véritable tour de force : en partant d’un sondage qui nous apprend que 61% des Français sont favorables à l’extension du droit de vote des étrangers, que cette extension est voulue par les trois quarts de l’électorat de gauche, et que même au Front National près de 40% des électeurs l’acceptent, on arrive à la conclusion qu’il est urgent de ne pas voter cette mesure car… l’opinion n’est pas prête !
« La guerre, c’est la paix. »
« La liberté, c’est l’esclavage. »
« L’ignorance, c’est la force. »
Ces trois formules sont de George Orwell, ou plutôt elles figurent, dans le 1984 d’Orwell, la manière dont un pouvoir parvient, par une propagande faite de novlangue et de matraquage, à « faire accepter l’inacceptable » [1]. C’est à ce stade ultime de la manipulation politique que nous sommes lorsqu’une éditorialiste nous explique doctement qu’une loi mettant fin à une discrimination xénophobe (l’exclusion des étrangers en dehors de toute participation politique) risque de faire le jeu de… la xénophobie !
Jugez plutôt. L’article commence de la sorte :
« Ainsi 61 % des Français se disent favorables au droit de vote des étrangers aux élections locales. C’est une nouvelle plutôt réjouissante… »
Et il finit ainsi :
« Traversons-nous une période où la mondialisation est vécue comme heureuse au point de donner l’envie de s’ouvrir et de s’adapter ? Ou, au contraire, une période où cette adaptation peut être vécue comme une trahison supplémentaire de l’Etat-nation, et donc générer plus de mal (la xénophobie) que de bien (l’ouverture) ? Tenir compte de ce contexte permet de se faire une idée. »
Etonnant, non ? Comment est-il possible de prendre acte d’une approbation très majoritaire du vote des étrangers, de s’en « réjouir », et de finalement conclure à l’urgence de ne rien faire ?
Beaucoup d’aplomb, peu de scrupules, et une vingtaine de phrases : voilà ce qu’il faut pour réussir ce tour de force. Mais regardons de plus près. Par souci d’honnêteté, voici, in extenso, la tribune de Caroline Fourest intitulée « Le citoyen et le droit de vote des étrangers » (et publiée dans Le Monde le 2 décembre 2011), découpée par nos soins en dix actes, et assortie de quelques commentaires qui s’imposent.
Acte 1 : « Aie confiance ! » (ou : Le Cœur à Gauche)
« Ainsi 61 % des Français se disent favorables au droit de vote des étrangers aux élections locales. C’est une nouvelle plutôt réjouissante dans un climat où l’instrumentalisation de ces questions atteint parfois son paroxysme. »
Tout sophiste réactionnaire qui se respecte doit, pour se faire entendre par le plus grand nombre, commencer par se rendre sympathique, au moyen de ce que George Orwell a appelé des « pétitions de principe » : il s’agit d’afficher, de manière totalement formelle et abstraite, son attachement à des principes moraux hégémoniques ou quasi-hégémoniques parmi l’auditoire auquel on s’adresse – bref : caresser le lecteur dans le sens du poil.
En l’occurrence, puisqu’on est dans Le Monde, et que c’est au sein de la gauche que Caroline Fourest a entrepris, depuis quelques années, sa tâche de commissaire politique, il faut afficher un antiracisme bon teint, une sainte horreur de la xénophobie, ou pour le dire autrement suggérer en subliminal à ses lecteurs que sous la dure cuirasse de l’éditocrate multimédia se cache un petit cœur qui ne bat que pour la gauche. D’où ce caractère « plutôt réjouissant » que, dans la novlangue des sondeurs, ladite éditocrate reconnaît à ce 61%.
Tout cela bien entendu n’est que convention littéraire, puisque, si la nouvelle réjouissait vraiment Sœur Caroline, la suite de l’article aurait été quelque chose de ce genre :
« La gauche va donc enfin pouvoir voter cette mesure de justice au lieu de se défiler comme elle l’a fait depuis trente ans, au prétexte que l’opinion n’était pas prête ».
Or, comme vous vous en doutez, ce n’est pas vraiment cela que nous dit la suite. Fidèle à son habitude, Sœur Caroline préfère nous sortir son désormais célèbre jeu du « Oui Mais » – pour mémoire, voici ce qu’en disait CPPN il y a peu, ici-même :
« La spécialité de Caroline Fourest et ce qui l’a rendue si populaire auprès de médiacrates aussi peu soupçonnables de progressisme qu’Yves Calvi ou Arlette Chabot, c’est sa maîtrise du Oui-Mais :
Oui, certes [placer ici les arguments traditionnels des mouvements de gauche dans leur version les plus compassionnelles, pendant un paragraphe]
Mais [placer ici les postulats conservateurs dominants sur le même sujet, en lui passant un coup de vernis de gauche]. » [2]
Acte 2 : Savoir raison garder
« On se prend à rêver des débats sereins et constructifs sur l’immigration et la nationalité, où les arguments remplaceraient les réflexes pavloviens. »
Vous l’aurez deviné : ce qui est ici dénigré sous la méchante appellation de « réflexe pavlovien », c’est ce minimum de rigueur intellectuelle et de probité morale qui aurait pu faire passer Caroline Fourest d’une « nouvelle réjouissante » (61% d’approbation pour le droit de vote des étrangers) à une exigence politique : que la gauche vote enfin la mesure de justice qu’elle promet depuis trente ans, afin que l’on puisse vraiment se « réjouir ».
Soeur Caroline voit les choses autrement : s’il y a un petit cœur de gauche sous ma cuirasse d’éditocrate, nous dit-elle, ce petit cœur a ses raisons que la raison ne connait pas. Les élans du cœur se doivent d’être tempérés par une tête bien pleine, bien faite et bien froide : il faut savoir raison garder ! N’apprend-on pas, à l’Ecole des Hautes Etudes en Clichés Editocratiques, que « l’Enfer est pavé de bonnes intentions », et que celui qui « veut faire l’ange » ne peut faire que « la bête » ?
La raison contre les élans du cœur : c’est cette partition binaire, manichéenne, stupide disons-le, mais structurante dans tout sermon éditocratique qui se respecte, que joue ici Sœur Caroline – et qui lui permet, en douceur, presque imperceptiblement, de dévier sa route et de passer l’air de rien de sa pétition de principe progressiste (ce 61% pour le vote des étrangers est « réjouissant ») à un « Mais » qui ne dit pas son nom – car enfin, vous l’avez deviné, « tout n’est pas si simple ! ».
Acte 3 : (In-)juste milieu
« Dans cette France rêvée, on pourrait se demander s’il est judicieux de déconnecter le droit de vote local de la nationalité. Sans que Claude Guéant, le ministre de l’intérieur, vienne agiter le spectre de “maires étrangers”, alors qu’il s’agit – au mieux – de pouvoir devenir conseiller municipal. Sans que l’extrême droite entame son couplet sur l’invasion. Mais aussi sans qu’une certaine gauche dégaine le soupçon de racisme envers toute personne non convaincue d’avance. »
Sœur Caroline nous sort ici encore une figure imposée de la langue de bois gouvernementale ou éditocratique, sa figure de prédilection, celle qu’on retrouve, comme une marque de fabrique – que dis-je : une griffe – dans chacun de ses sermons. Il s’agit du « juste milieu », ou plutôt du « ni-nisme » tel que Roland Barthes l’a analysé dans ses Mythologies [3] :
« ce procédé rhétorique fondé sur une “mécanique de la double exclusion” qui consiste à faire le compte avec une balance dont on charge les plateaux à volonté, de façon à pouvoir apparaître soi-même comme un arbitre impondérable et juste, à l’image du fléau qui juge la pesée. »
Je me contenterai ici de reprendre les mots de Danièle Lochak :
« Le ni-nisme, comme l’ont montré Pierre Bourdieu et Luc Boltanski [4], est une des figures privilégiées de la rhétorique politique qui aime à cultiver l’idée du juste milieu. Le procédé qui consiste à poser deux contraires et à les balancer l’un par l’autre de façon à les rejeter tous les deux, en transformant les alternatives en dilemmes, est d’usage commode pour imposer la légitimité d’un choix ou accréditer le bien-fondé d’une politique. Mais le milieu n’étant jamais que la double négation des extrêmes, il est facile de produire une fausse symétrie et de dégager une position centrale en manipulant les extrêmes : on engendre ainsi une position moyenne, médiane, modérée, parée de toutes les vertus. »
On retrouve partout, dans les discours droitiers en général et dans celui de Sœur Caroline en particulier, cette espèce bien particulière de « juste milieu » : par exemple, entre « l’extrêmisme de droite » qui consiste à vouloir expulser tous les étrangers et « l’excès inverse » qui consiste à vouloir n’en expulser aucun, soyons raisonnables-donc-modérés et expulsons un étranger sur deux !
Ou encore : entre l’odieuse instrumentalisation islamophobe de la laïcité par Marine Le Pen, Riposte Laïque et les Identitaires, qui veulent interdire le voile partout, et « l’extrémisme de l’autre bord » qui consiste à n’interdire le voile nulle part, soyons de vrais laïques raisonnables-donc-modérés, et interdisons le voile sur la moitié du territoire !
Ou encore (et celle-là, Sœur Caroline l’a vraiment faite, explicitement) : entre l’excès droitier d’un Fillon qui attaque Eva Joly sur ses origines étrangères, et la tout aussi funeste « partition gauchiste » (sic) d’une Eva Joly, qui consiste à remettre en cause le militarisme envahissant des cérémonies du 14 juillet, la posture médiane-donc-juste-et-raisonnable consiste à faire chanter la Marseillaise aux enfants et aux footballeurs…
Pour ce qui concerne le droit de vote des étrangers, notre éditocrate centriste oppose l’excès de droite d’une droite véritablement extrême et raciste (Claude Guéant agitant comme un « spectre » l’hypothèse d’élus étrangers, et « l’extrême droite » entonnant le refrain de « l’invasion ») à l’excès de gauche d’une « certaine gauche » (c’est qui, au fait ?) dont le tort (le très grave, le très grand tort !) est une tendance (très fâcheuse) à (tenez-vous bien, c’est très grave, vous dis-je) :
« dégainer le soupçon de racisme envers toute personne non convaincue d’avance. ».
Vous vous demandez de qui et de quoi il s’agit ?
Vous vous demandez en quoi il est si grave de simplement soupçonner de racisme quelqu’un qui s’acharne, envers et contre tout, à refuser le droit de vote aux étrangers ?
En quoi surtout cette suspicion peut être mise en balance et en équivalence avec « l’extrême de l’autre bord » qu’est le discours de peur et de haine que diffusent, à grande échelle et à haute intensité, un ministre de l’Intérieur et une fasciste surmédiatisée ?
Moi aussi je me le demande. En attente d’une réponse, nous appellerons cela : « le mystère Caroline ».
Acte 4 : Nouveau départ
« Car, non, la déconnexion de la nationalité du droit de vote, même aux élections locales, n’est pas une évidence. »
Ici commencent les choses sérieuses. Si vous avez bien suivi, trois phrases ont enchaîné trois topiques du discours réactionnaire qui, mises ensemble, forment le moyen le plus canonique d’introduire le fond de l’affaire, à savoir : la légitimation de l’illégitime, la justification de l’injustifiable. Ce triptyque est, je le rappelle :
1. Pétition de principe compassionnelle voire progressiste (« moi aussi j’ai un cœur », traduit ici en : « je me réjouis de l’ouverture d’esprit de mes compatriotes ») ;
2. Appel à la raison contre les égarements du cœur (ici : aux « arguments sereins et constructifs » contre les « réflexes pavloviens ») ;
3. Glissement de la raison à la « modération » et au « juste milieu » (comme si, soit dit en passant, il n’existait pas, de l’anti-esclavagisme aux luttes anticoloniales, en passant par le féminisme radical et l’activisme homo ou trans’, de bons extrémismes, fondés en raison [5]).
C’est seulement après une telle mise en condition que le fin mot de cette histoire de droit de vote des étrangers peut s’imposer sans paraître trop brutal, et ce fin mot est un tout petit mot pourtant assez brutal : « Non » !
« Non », nous dit Sœur Caroline, le droit de vote aux étrangers « n’est pas une évidence ». Il s’agit bien entendu d’une nouvelle euphémisation de sa position réelle, puisque, nous allons le voir, toute la suite du texte converge vers un ultime paragraphe sans appel dont le résumé serait plutôt :
« L’opposition à une ouverture du droit de vote aux étrangers s’impose comme une évidence ».
Mais bien entendu, une telle affirmation, à brûle-pourpoint, sans euphémisation ni détours introductifs, serait du plus mauvais effet, surtout quand l’actualité nous apprend que ce non catégorique au droit de vote des étrangers n’est plus porté que par la moitié la plus droitière de l’électorat UMP et FN.
Marquons en effet une pause et rappelons le contexte de cette tribune soeurcarolienne. Un sondage. BVA. Qui nous dit ce que de nombreux sondages nous confirment depuis des années, à savoir : que l’acceptation d’un droit de vote des étrangers progresse de manière à peu près continue dans l’opinion, au point qu’elle devient très nettement majoritaire. Et qui nous dit, plus précisément, ceci :
que les avis favorables à l’extension du droit de vote s’élèvent à 70% chez les 18-24 ans, à 75% chez les 25-34 ans, et que seules les personnes âgées de plus de 65 ans y sont majoritairement hostiles (51,4%) ;
qu’ils s’élèvent également à 75% chez les électeurs de gauche, à 63% chez ceux du Modem et à 58% chez ceux du Nouveau Centre, et qu’ils ne sont minoritaires (et pas tant que ça) qu’au Front National (38%) et à l’UMP (43%).
que l’approbation est majoritaire aussi bien chez les cadres supérieurs et les professions libérales (71%) que chez les employés (68%) et les ouvriers (60%), et que seuls les commerçants et artisans y sont majoritairement opposés (54% de « contre »).
On comprend mieux, dans un tel contexte, qu’il soit difficile à Caroline Fourest d’ouvrir sa tribune par un simple, franc et massif :
« Non, je ne veux pas qu’on ouvre le droit de vote aux étrangers ».
Ce qui se rapprocherait pourtant davantage du fond de sa pensée – jugez plutôt, en découvrant la suite !
Acte 5 : Leçon d’histoire
« Dans l’absolu, c’est même un renoncement à l’un des traits marquants du modèle hérité de la Révolution française, où l’exercice de la citoyenneté est conditionné par le désir d’appartenir à la nation. Il mérite donc qu’on en discute. »
Ici encore nous sommes dans le summum du classicisme de la rhétorique réactionnaire. Après la raison contre les sentiments et la modération contre les extrémismes, voici l’ultime stratégie d’intimidation (il ne manquait plus qu’elle) : l’érudition contre l’ignorance. Semblable en cela à son faux-frère ennemi, Eric Zemmour, Sœur Caroline se pique d’histoire de France et oppose les « leçons du passé » aux remous de l’actualité.
La référence historique n’est, au demeurant, pas anodine : là aussi nous sommes dans le schéma le plus pur et parfait de l’argument d’autorité. N’allez pas dire à Sœur Caroline que sa résistance au droit de vote des étrangers la situe objectivement (confère BVA) dans le dernier tiers sur la droite de l’échiquier politique, du côté des commerçants, des plus de 65 ans et de la frange ultra de l’électorat UMP et FN, puisque cette résistance se fonde, excusez du peu, sur un « modèle hérité de la Révolution française » !
Bien évidemment, nous sommes ici encore dans la posture et l’imposture. Tout comme la « raison » dont se réclame Sœur Caroline n’a rien de particulièrement raisonnable, tout comme son « juste milieu » n’a rien de juste et n’est même pas au « milieu » (du moins pas au milieu du champ de tous les positionnements possibles : seulement au milieu du champ des positionnements de la droite et de l’extrême droite), la posture érudite qu’elle adopte maintenant ne repose sur aucune érudition réelle, et sa « leçon de l’histoire » est aussi confuse qu’inexacte.
De manière toute zemmourienne, Sœur Caroline nous inflige un brouet de « clichés science-po » et d’anachronismes, d’où il ressort qu’il y aurait un « modèle » unique de la citoyenneté hérité de la Révolution (ce qui est inexact : plusieurs conceptions se sont opposées au fil des décennies) et que ce modèle se fonderait sur un « désir d’appartenir à la nation » (alors que le concept de nation ne s’est imposé qu’un siècle plus tard) – mais d’où il ne ressort pas, bizarrement, que la Constitution du 24 avril 1793 déclarait ceci :
« Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis, tout étranger de vingt et un ans, qui, domicilié en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse une Française, ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard, tout étranger enfin qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’Humanité, est admis à l’exercice des Droits de citoyen français. »
Ce que surtout l’on ne comprend pas, c’est en quoi un moment politique qui a fait primer le désir de participer à la vie publique sur les origines nationales (car cela, c’est exact !) peut être si contradictoire avec une ouverture de la citoyenneté à des étrangers qui en formuleraient… le désir !
Avant de poursuivre, conseillons une lecture à celles et ceux qui souhaiteraient un éclairage historique sur la Révolution française et sur les modèles de citoyenneté qu’elle a fait émerger. Un éclairage un peu plus rigoureux que les fiches-révision approximatives d’une Caroline Fourest ou d’un Eric Zemmour : L’impossible citoyen. L’étranger dans le discours de la Révolution française, de Sophie Wahnich, Éditions Albin Michel (1997).
Acte 6 : Ou bien, ou bien
« On peut se demander, par exemple, s’il ne vaut pas mieux faciliter l’accès à la nationalité française plutôt que de fermer cette porte tout en laissant une fenêtre ouverte : le droit de vote aux élections locales. »
La fausse alternative : de cela aussi, Sœur Caro est spécialiste ! Le procédé est habile : il s’agit, pour mettre hors-jeu une politique progressiste qu’on désapprouve mais contre laquelle on est incapable d’argumenter, de construire de toutes pièces une alternative entre ladite politique progressiste et une autre mesure progressiste, beaucoup plus largement plébiscitée que la première, en pariant sur l’inattention de l’auditoire. Charmé par le caractère réellement progressiste de la proposition alternative, ledit auditoire peut, s’il manque de vigilance, en oublier que ladite mesure alternative n’a en réalité rien d’incompatible avec celle qu’elle prétend remplacer.
Le plus bel exemple de ce tour de passe-passe est un article mémorable publié en 2003 dans lequel Sœur Caroline nous expliquait que, plutôt que d’autoriser le port du voile aux élèves musulmanes au sein des écoles publiques, il fallait redonner un sens ouvert et progressiste à la laïcité en accordant plus de place à l’enseignement de la langue arabe, de l’histoire des religions ou encore de l’histoire des mouvements sociaux. En quoi cette réforme des contenus enseignés s’opposait, comme une alternative, à l’acceptation des élèves portant un foulard, voilà en revanche ce qui ne fut jamais expliqué par notre Sœur à tous.
Et c’est à nouveau ce type de fausse alternative qui sert aujourd’hui de rempart contre l’extension du droit de vote aux étrangers : plutôt que permettre à des étrangers de voter sans se naturaliser, facilitons la naturalisation pour ceux qui la désirent. Ici comme dans le cas précédent, la mesure alternative est tout à fait légitime, pertinente et progressiste (surtout quand on connait un peu la manière dont s’exerce aujourd’hui le pouvoir discrétionnaire de l’Etat en matière de naturalisation)… sauf qu’elle n’a absolument rien d’alternatif : ce sont deux mesures progressistes parfaitement distinctes, parfaitement compatibles, parfaitement complémentaires, tout aussi urgentes l’une que l’autre, que d’ouvrir d’une part la nationalité française à celles et ceux qui la demandent, et d’ouvrir d’autre part la citoyenneté à celles et ceux qui ne désirent pas devenir français.
Acte 7 : Effet Pervers et Mise en Péril
« On peut se demander si accorder cette concession ne contribue pas à dévaluer l’un des privilèges de la nationalité. Quitte à prendre le risque d’un retour de flamme : la revendication d’une conception plus ethnique de la citoyenneté. »
Ici recommencent les choses sérieuses. Après la caution intimidante de la Révolution française, voici le top of the pops de la rhétorique anti-immigrés, le Stigmate des stigmates, le Chantage des chantages : « le jeu du Front national » ! Plus exactement, mais cela revient au même :
« le risque d’un retour de flamme : la revendication d’une conception plus ethnique de la citoyenneté. ».
J’ai, ici, une pensée émue pour Albert Otto Hirschman, l’auteur émérite du désormais classique Deux siècles de rhétorique réactionnaire [6]. Dans ce livre, Hirschman répertorie et déconstruit trois grandes figures qui ont servi, pendant tout le dix-neuvième et le vingtième siècle, à s’opposer aux réformes progressistes, aussi bien sur le plan des droits sociaux (mise en place d’un « Etat-providence ») que sur celui des droits politiques (parmi lesquels, justement, l’extension du droit de vote, aux femmes ou aux Noirs !). Ces trois figures sont :
« La thèse de l’inanité » (futility), résumable ainsi : « votre réforme n’aura de toutes façons aucun effet, la nature humaine restant ce qu’elle est et a toujours été » ;
« La thèse de l’effet pervers » (perversity), résumable ainsi : « votre réforme aura des effets, mais des effets diamétralement opposés à ceux que, naïvement, vous escomptez » ;
« La thèse de la mise en péril » (jeopardy), résumable ainsi : « votre réforme atteindra peut-être les effets escomptés, mais au prix d’une chaîne d’autres effets, funestes et mêmes catastrophiques. ».
Sœur Caroline manie bien entendu les trois avec dextérité, mais c’est ici, et jusqu’à la fin de la tribune, un mélange d’effet pervers et de mise en péril qui vient porter le coup fatal à cette malséante extension du droit de vote.
Mise en péril (de notre si belle, si républicaine et si universaliste « conception de la nation ») : certes les étrangers voteront, une discrimination xénophobe aura donc été levée, mais l’extrême droite y trouvera une nouvelle jeunesse, avec sa « conception plus ethnique » !
Effet pervers (rebaptisé ici « retour de flamme ») : le but ultime de cette extension du droit de vote est de venir à bout de la xénophobie, eh bien c’est tout le contraire que vous allez provoquer – une poussée de xénophobie !
Ne demandez pas à Sœur Caroline des arguments à l’appui de ces deux thèses : Sœur Caroline se situe au-delà de tout ça. Par contre elle sait faire peur.
Acte 8 : Mayonnaise
« On peut rétorquer que, dans un monde ouvert, la fermeture de cette petite fenêtre n’a plus beaucoup de sens. Nous pouvons tous être amenés à vivre et à vouloir s’investir dans un autre pays que le nôtre, sans pour autant désirer devenir membre de cette nation. Si la nationalité doit absolument continuer à structurer le droit de vote aux échéances nationales, la vie locale, elle, relève plus de la démocratie participative que représentative. Vu ainsi, permettre à des résidents de longue date de s’investir dans la démocratie locale renforce plutôt l’appartenance citoyenne. »
Sœur Caroline marque ici une nouvelle pause, avant de porter le coup de grâce. Une nouvelle fois, elle donne des gages de gauchitude – ou a minima des gages d’ouverture à « tous les arguments sur la question ».
Cela aussi c’est un passage obligé : pour clore un débat tout en prétendant l’ouvrir et l’alimenter (car c’est bien de cela qu’il s’agit, rappelez vous, ou bien relisez le terrifiant dernier paragraphe de la tribune sœurcarolienne), il convient d’au moins donner l’impression qu’on en a « fait le tour ». « On vous a écouté » est un corollaire utile à « Maintenant taisez vous » et à « Laissez nous revenir aux choses sérieuses ».
Tel est le rôle de ce « on peut rétorquer que… », et de ces quelques phrases, au demeurant assez confuses, avec leurs concepts mayonnaise [7] (comme ce grotesque « monde ouvert ») et leurs dualismes foireux (comme cette sombre histoire de « démocratie locale », « participative plutôt que représentative » – alors qu’on est bien en train de parler, que je sache, de vote à des élections locales, et donc de démocratie locale représentative !).
Acte 9 : « Aie confiance 2 » (ou : Le retour du Petit Cœur de Gauche)
« Cette mobilité citoyenne, au coeur de la mondialisation en marche, a déjà généré des aménagements. Puisque les résidents de l’Union européenne ont le droit de voter aux élections locales en France. Dès lors, comment refuser ce droit à d’autres ? Peut-on accepter qu’un Britannique ayant acheté une maison de campagne en France puisse voter, mais pas les chibanis, ces travailleurs maghrébins ayant quitté leur pays et leur famille pour travailler dans nos usines depuis plus de quarante ans ? »
Pommade et mayonnaise, encore et toujours : un discours indirect libre argumentant (fort mal) le point de vue des partisans du vote des étrangers, avec toujours la même novlangue quasi-bénaliste – cf. cette « mobilité citoyenne, au coeur de la mondialisation en marche »… franchement !
Notons au passage le registre strictement misérabiliste que notre éditocrate se sent obligée d’adopter quand elle s’efforce de parler la gauche. Notons surtout le prix, fort élevé, que dans sa grande générosité, Sœur Caroline exige pour commencer l’esquisse d’une velléité d’octroi du droit de vote :
être un « travailleur » ;
« travailler quarante ans » ;
ne pas faire venir sa famille en France !
Acte 10 : La porte ouverte (ou : le retour de l’Effet Pervers)
« Voilà qui soulève des questions passionnantes. Reste à savoir s’il est urgent d’y répondre. Traversons-nous une période où la mondialisation est vécue comme heureuse au point de donner l’envie de s’ouvrir et de s’adapter ? Ou, au contraire, une période où cette adaptation peut être vécue comme une trahison supplémentaire de l’Etat-nation, et donc générer plus de mal (la xénophobie) que de bien (l’ouverture) ? Tenir compte de ce contexte permet de se faire une idée. »
Le coup de grâce ! Bande d’abrutis, vous aviez cru, bercés par les concessions qui précèdent, que oui, bien sûr, il est peut-être temps de franchir ce pas audacieux qui mène de l’exclusion à l’inclusion des résidents étrangers ? C’est que nous n’avez pas bien suivi, car enfin, la Révolution française ? Et ce risque d’une « conception plus ethnique » ? Et ces vilains gauchistes « pavloviens » qui tyrannisent la minorité visible des éditocrates en traitant tout le monde de racistes ?
En même temps, ce n’est pas grave. Vous n’avez pas eu franchement tort en vous laissant bercer, car vous avez au moins retenu une moitié de la leçon : Sœur Caroline a un cœur, et ce cœur est à gauche. Quant à la seconde moitié, vous allez enfin pouvoir l’assimiler, grâce à un dernier paragraphe qui vient tout recadrer, à nouveau à coup d’intimidation et de terreur.
Tout est millimétré :
d’abord une euphémisation de l’enjeu (l’urgence à inclure dans le jeu politique des étrangers qui en sont exclus, et notamment ces malheureux chibanis évoqués plus haut par notre éditocrate), réduit ici au rang de sujet de causerie pour diner en ville (cf. ce répugnant « Voilà qui soulève des questions passionnantes » !) ;
ensuite un nouveau « Mais » qui ne dit pas son nom (« Reste à savoir s’il est urgent d’y répondre. ») ;
ensuite une question rhétorique, taillée sur mesure pour dicter une seule et « évidente » réponse (« Traversons-nous une période où la mondialisation est vécue comme heureuse… » : évidemment que non !) ;
ensuite une thèse implicite beaucoup moins évidente mais présentée comme telle, dans la foulée de la première, et qui passe en contrebande au détour d’une fin de phrase (« … au point de donner l’envie de s’ouvrir et de s’adapter », sous-entendu : seul un partisan optimiste de la mondialisation libérale peut être assez « ouvert » pour accepter que des étrangers votent [8]) ;
ensuite une seconde question rhétorique, qui construit une nouvelle fausse alternative (puisqu’elle oppose, comme deux hypothèses « contraires », l’hypothèse d’une mondialisation heureuse et celle d’un « repli xénophobe » inéluctable « en temps de crise ») ;
une ultime fourberie enfin, consistant à nous dicter une réponse unique sans le dire, et même en prétendant ne pas le faire (que chacun se fasse « son idée » nous dit en substance Soeur Caroline, mais attention : la seule « idée » digne de ce nom sera celle qui a su « tenir compte » du « contexte » – un « contexte » apocalyptique que les phrases précédentes ont construit de toutes pièces.
Cette accumulation de stratégies rhétoriques malhonnêtes et rétrogrades, cette manière d’édicter la « seule politique raisonnable » tout en simulant le « simple éclairage objectif qui laisse chacun maître de son choix », cette façon de biaiser, digresser, emprunter mille et un détours rhétoriques tout en intitulant sa chronique « Sans détour » (si, si : elle a osé !), cette façon de crier au loup et d’entonner le refrain de « l’opinion pas prête » à l’heure précise où l’opinion manifeste massivement qu’elle est prête, bref : cette manière de nous vendre sans le dire un « Caroline n’est pas prête » en se défaussant sur une pauvre populace précaire qui n’aurait pas le petit cœur de gauche de Sœur Caro, cette manière enfin de justifier un statu quo xénophobe en accusant ceux qui le combattent de « générer » de la xénophobie, tout cela fait de ces cinq dernières phrases de Caroline Fourest ce que j’ai lu de plus pervers et de plus odieux depuis assez longtemps.
Ce dernier jugement est subjectif. Ce qui en revanche est objectif, ce qui est même arithmétique si l’on met l’hallucinante conclusion fourestienne en regard avec les résultats détaillés du sondage BVA, c’est que la « jeune, belle et rebelle » Caroline Fourest, avec son petit cœur de gauche, sa grande raison éditocratique et son « film sans concession sur Marine Le Pen », défend, de facto, la cause des commerçants retraités qui votent Front National.
notes
[1] George Orwell, « La politique et la langue anglaise », dans Tels étaient nos plaisirs et autres essais, Éditions Ivrea, 2005
[2] CPPN, « Oui, certes… mais les Grecs sont quand même des salauds ! Soeur Caroline est de retour ».
[3] Roland Barthes, Mythologies, Rééd. Points Seuil, p. 144
[4] « La production de l’idéologie dominante », Actes de la recherche en sciences sociales, juin 1976, p. 46 et s.
[5] Cf. Martin Luther King, Lettre de la geôle de Birmingham :
« S’il ne défoule pas, par des voies non violentes, ses émotions réprimées, celles-ci s’exprimeront par la violence. Ce n’est pas une menace mais un fait historique. Je n’ai pas demandé à mon peuple :« Oublie tes sujets de mécontentement. » J’ai tenté de lui dire, tout au contraire, que son mécontentement était sain, normal, et qu’il pouvait être canalisé vers l’expression créatrice d’une action directe non violente. C’est cela qui est dénoncé aujourd’hui comme extrémiste.
Je dois admettre que j’ai tout d’abord été déçu de le voir ainsi qualifié. Mais en continuant de réfléchir à la question, j’ai progressivement ressenti une certaine satisfaction d’être considéré comme un extrémiste.
Jésus n’était-il pas un extrémiste de l’amour – « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent » ?
Amos n’était-il pas un extrémiste de la justice – « Que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable » ?
(…)
Abraham Lincoln n’était-il pas un extrémiste – « Notre nation ne peut survivre mi-libre, mi-esclave » ?
Thomas Jefferson n’était-il pas un extrémiste – « Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes : tous les hommes ont été créés égaux » ?
Aussi la question n’est-elle pas de savoir si nous voulons être des extrémistes, mais de savoirquelle sorte d’extrémistes nous voulons être. Serons-nous des extrémistes pour l’amour ou pour la haine ? Serons-nous des extrémistes pour la préservation de l’injustice ou pour la cause de la justice ? »
[6] Albert O. Hirschman, Deux siècles de rhétorique réactionnaire, Fayard, 1991
[7] Oui, parfaitement : de même qu’il existe des cœurs grenadine, il existe des concepts mayonnaise.
[8] Alors qu’il est assez probable qu’on trouve, dans l’électorat UMP, de larges franges d’électeurs favorables à la mondialisation libérale, pas trop inquiétés par la crise, et farouchement opposés au droit de vote des étrangers ; et réciproquement qu’on trouve des « anti-mondialisation » ou des « inquiets » parmi les 75% d’électeurs de gauche, les 60% d’ouvriers et les 68% d’employés qui sont favorables à ce vote des étrangers.
Entre Tévanian qui est un ami des fascislamistes et Caroline F, le produit social-libéral par excellence, voici deux purs fruits merdiques du système démocratique bourgeois qu’il faut balayer : vidange pour ces deux merdes !
Où se mélangent la pire extrême-gauche et la plus puante extrême droite, on peut lire : http://contresubversion.wordpress.com/2012/09/16/la-hai…-4354
Caroline Fourest à la Fête de l’Huma : notre version des faits, côté “Indivisibles”
Samedi, l’essayiste Caroline Fourest devait intervenir dans un débat de la Fête de l’Humanité. Prise à partie à son arrivée par quelques dizaines de militants, son allocution a finalement été annulée. Sur son blog, elle évoque “un sabotage”. Bader et Myrto, respectivement membre des “Indivisibles” et féministe, présents à ce moment-là, racontent leur version des faits.
Soyons d’emblée le plus clair possible : nous ne sommes liés ni au groupuscule “Égalité & Réconciliation”, ni à aucune organisation d’extrême droite quelle qu’elle soit. Nous sommes de simples militants antiracistes comme il y en a (heureusement) un certain nombre en France et nous ne pensions pas devoir sortir de l’anonymat avant de lire les mensonges déversés sur nous depuis les réseaux sociaux et dans les médias. Maintenant, venons-en aux faits.
Caroline Fourest et “Les Indivisibles”, une longue histoire
Samedi 15 septembre 2012 à 17h, Caroline Fourest était invitée au débat “Comment faire face au FN ?” au chapiteau “Les Amis de l’Humanité” lors de la Fête de l’Huma. Une semaine plus tôt, une trentaine de militants antiracistes avait rédigé une lettre ouverte aux organisateurs de la Fête de l’Humanité contre cette invitation et l’Union Juive Française pour la Paix avait également produit un communiqué de presse allant dans le même sens.
N’y a-t-il pas autrement plus compétent que Caroline Fourest pour établir une stratégie de lutte contre le Front national ? Le sociologue Saïd Bouamama par exemple, auteur de multiples ouvrages sur l’identité nationale et les discriminations, le militant antiraciste et antisexiste Pierre Tevanian, auteur du “Dictionnaire de la lepénisation des esprits”, ou la journaliste Rokhaya Diallo, militante féministe et antiraciste, auteure de “Racisme mode d’emploi” ? Pour ne rien gâcher, leur appartenance à la gauche de la gauche, autrement dit aux gens-qui-vont-à-la-fête-de-l’Huma-pour-autre-chose-que-les-concerts n’est plus à prouver : ils sont de vrais Amis de l’Humanité.
En revanche, le CV de Caroline Fourest en matière d’antiracisme contient une certification bien plus surprenante : le Y’a Bon Awards “Les Experts Chronikers” consacrant le ou la chroniqueuse ayant diffusé le plus de préjugés racistes au cours de l’année [1]. Non, le racisme n’est pas seulement l’œuvre de gros vilains méchants tels que les Le Pen père et fille mais aussi et surtout un système, alimenté par la diffusion massive de préjugés racistes par l’intermédiaire de personnes disposant d’une forte audience médiatique assortie d’une légitimité publique. Tel est le cas de Caroline Fourest qui, dans la citation primée, refuse la non-mixité pour les “associations [qui] demandent des gymnases pour organiser des tournois de basket réservés aux femmes, voilées, pour en plus lever des fonds pour le Hamas”. Pourtant, jusqu’à preuve du contraire, les équipes de basket sont rarement mixtes. Et, plus aberrant encore, si les femmes portent le voile c’est bien qu’il y a des hommes dans la salle… Passons sur l’amalgame facile entre soutien humanitaire à la Palestine et cette organisation politique islamique, tout cela avait déjà fait l’objet d’une analyse de Noria, membre des “Indivisibles”, en décembre 2010.
Suite à la cérémonie, Caroline Fourest avait déjà calomnié Rokhaya Diallo, l’accusant de vouloir attenter à sa vie, et l’avait menacée de porter plainte contre “Les Indivisibles”, son président et le jury des Y’a Bon Awards. Drôle de réaction pour une si grande défenseuse de la liberté d’expression ! Une pétition de soutien contre les calomnies de Caroline Fourest avait été lancée par la féministe Christine Delphy.
Fourest n’étant pas venue chercher son trophée, nous avons voulu profiter de sa présence à la Fête de l’Humanité pour lui remettre. Nous savions que nous serions attendus par le service d’ordre mais nous comptions également sur le soutien et la complicité d’une partie de la salle car, que le Parti de Gauche le veuille ou non, la Fête de l’Humanité est aussi notre fête. Nous n’avions simplement pas imaginé à quel point les rôles de victimes et de bourreaux pouvaient être inversés.
Les accusations qui pèsent sur nous
Nous nous sommes vu accusés d’avoir agressé physiquement la blanche colombe Caroline Fourest, notamment en lui jetant des projectiles, d’être en connivence avec l’extrême droite, de faire le jeu du FN, d’être contre la liberté d’expression, contre le débat démocratique et pour l’instauration d’un “délit de blasphème” et, cerise sur le gâteau, on nous a informés que nous n’étions “pas chez nous”.
Bref, nous avons vérifié à nos dépens la théorie des “Indivisibles” sur le racisme médiatique : les personnalités publiques ont un pouvoir bien supérieur à celui de l’extrême droite pour diffuser des préjugés racistes. C’est pourquoi nous donnons ici notre version des faits.
Notre version des faits
Nous avions rassemblé une vingtaine de militants autour de cette action [2] et convenu que notre but était de tenter de remettre son Y’a Bon Award à Caroline Fourest. L’”opération Banane” devait se terminer dès que la tentative aurait eu lieu, réussie ou non. Action non-violente, nous ne devions pas répondre à celles, prévisibles, du service d’ordre de la Fête.
Nous disposions d’un tract expliquant notre action au cas où nous ne puissions pas prendre la parole. Les militants devaient se positionner dans le public, féliciter et applaudir Caroline Fourest sur le mode de la remise de prix, si possible avant que d’autres adversaires politiques de Fourest, très certainement présents sous le chapiteau, ne la chahutent. [3]
L’un de nous deux, Bader, devait donner le signal de l’opération en annonçant au mégaphone la remise du Y’a Bon Award, tandis que la seconde, Myrto, profitant de cette diversion, devait remettre le prix à la lauréate. Dans la pratique, la diversion de Bader a bien fonctionné puisque le service d’ordre l’a mis au sol à deux reprises et étranglé. Mais pas assez bien pour Myrto, elle aussi violemment plaquée au sol alors qu’elle tentait simplement de déposer une banane dorée sur la tribune.
La violence du plaquage a tellement surpris les militants qu’ils ont abandonné toute la mise en scène prévue initialement pour lui venir en aide. Ce faisant, ils se sont retrouvés une petite vingtaine regroupés devant la tribune. C’est ainsi qu’a commencé notre “micro-manif”. Nous ont rapidement rejoint une autre dizaine de membres du public, protestant contre la venue de Caroline Fourest, d’autres militants nous soutenaient depuis les gradins scandant des slogans contre le racisme.
Rapidement la salle s’est clivée et les invectives ont fusées, principalement à notre encontre. “Vous n’avez rien à faire ici, vous n’êtes pas chez vous !”, “Rentrez chez-vous !”, “Ce n’est pas notre culture !”, “Islamofascistes !”, “Allez toutes vous faire exciser !”, nous a-t-on même fort sympathiquement proposé. Nous avons entendu certains hurler en cœur “liberté d’expression” pour nous faire taire.
Certains de nos militants arabes ou noirs ont été personnellement pris à parti et se sont vus qualifier de “communautaristes” et d’”immigrés”. Le journaliste Nadir Dendoune qui couvrait le débat a été sommé de quitter les lieux car “ça se voyait [à sa tête d’arabe ?] qu’il était avec ‘eux'”.
Démocratie et liberté d’expression
Les organisateurs ont eu de multiples occasions de rendre ce débat démocratique : en invitant un militant antiraciste conséquent à la place de Caroline Fourest, en invitant une parole contradictoire à la tribune ou en entamant un dialogue avec nous. Nous avons tenté de dialoguer, proposant Saïd Bouamama dans le rôle du contradicteur. En vain.
L’organisateur a finalement annoncé l’annulation du débat, nous en imputant la faute. Seul discours, vite relayé. La réalité c’est que Caroline Fourest, comme à son habitude, était déjà partie plutôt que d’affronter la contradiction. En effet, c’est loin d’être la première fois qu’elle quitte le débat avant les prises de paroles de la salle, se gardant ainsi de toute question critique.
Alors inutile de vous dire que nous restons sans voix quand le porte-parole du Parti de Gauche prétend que nous sommes membres de “groupuscules violents [voulant] salir la Fête de l’Humanité et (..) rétablir une sorte de ‘délit de blasphème’ absolument inacceptable”.
Au-delà de tout ça, nous réaffirmons que tant que les organisateurs n’auront pas compris que c’est à des militants et militantes victimes directes du racisme et à leurs alliées et alliés qu’il est impératif de donner la parole, il est évident qu’on ne pourra pas parler de “débat démocratique” sur le sujet.
[1] Remis lors d’une cérémonie organisée le 19 mars 2012 par l’association Les Indivisibles, après le vote d’un jury composé cette année des comédiens Jalil Lespert et Aïssa Maïga, des rappeurs Mokobé et Youssoupha, des écrivains Faiza Guène et Alain Mabanckou, des sociologues Jean Baubérot et Nacira Guénif, de l’historien Olivier Le Cour Grandmaison, de la civilisationniste Maboula Soumahoro et des journalistes Florence Aubenas, Abdelkrim Branine, Sébastien Fontenelle et Frédéric Martel.
[2] Nous aurions pu mobiliser davantage autour de nous sachant l’hostilité que Caroline Fourest suscite chez de nombreux militants et sympathisants antiracistes, antisexistes et/ou anticapitalistes. Mais, pour une parodie de remise de prix, ce petit nombre suffisait.
[3] D’ailleurs, dès l’annonce de son nom, une bonne partie du public l’a huée, la qualifiant de raciste.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/627277-carolin….html
Notre calomniateur et charlatan de la politique est de retour avec ses copiés/collés, sachant qu’il est incapable d’argumenter et d’affirmer ses choix et positions politiques. Au fait, Bricmont, Collon, Fourest c’est idem, de simples produits sans intérêt de la démocratie bourgeoise qui essayent de nous revendre leurs daubes via la presse et l’édition !
N’en déplaise à Caroline Fourest, ès «serial-menteuse» et reine des propagandistes de l’islamophobie en France, la liberté d’expression n’est pas son apanage exclusif, et ne se résume pas à jeter l’anathème, à diffamer, ou à caricaturer à l’excès tous ceux, musulmans ou non, qui osent publiquement la démystifier et la démentir.
Cette liberté fondamentale qu’elle brandit, à l’instar de sa caste d’«intellectuels faussaires» (selon l’expression consacrée par Pascal Boniface), comme l’étendard de la France laïcarde, omnisciente, et omniprésente dans tous les médias, est l’instrument de sa duplicité.
L’incongruité de sa présence à la Fête de l’Humanité, qui a eu lieu ce week-end, en a scandalisé plus d’un. Comment pouvait-il en être autrement, alors qu’elle était conviée à s’exprimer sur une thématique qui prêterait à sourire, si le parfum d’hypocrisie qui l’entourait n’était aussi nauséabond : «Comment faire face au FN ?», un comble pour celle dont la «Fourestisation» des foules est un enfumage tout aussi nocif que la Lepénisation des esprits.
Elle faisait figure d’intruse à la grande Fête annuelle de l’Huma, et elle fut le trouble-fête fugace de la journée ! Les pétitions d’indignation ont prêché dans le désert, et Caroline Fourest est bel et bien apparue, samedi, à la Fête de l’Humanité, mais elle a trouvé sur son chemin une trentaine de militants qui l’ont contrainte à battre en retraite, aux cris de «Fourest dégage !».
Une clameur de protestation face à celle qui agite frénétiquement le chiffon rouge de l’islamisation du «printemps arabe», remanié en «hiver arabe», histoire de jeter un froid dans les chaumières…
Caroline Fourest n’a pas apprécié d’être privée de micro, et a aussitôt posté une vidéo en signe de représailles, dans laquelle elle dégoupille ses grenades en incriminant les Indigènes de la République, mais aussi notre site Oumma.com.
«Des consignes circulaient depuis plusieurs jours, relayées notamment par le site oumma.com, les Indigènes de la République, les Indivisibles et des groupes d’extrême droite comme Egalité et réconciliation» pour empêcher ce débat, a déclaré à l’AFP Caroline Fourest .
Le Parti de Gauche n’est pas en reste puisqu’il a dénoncé “la volonté de la part de certains groupuscules violents de salir la Fête de L’Humanité et de rétablir une sorte de ‘délit de blasphème’ absolument inacceptable”, citant Les indigènes de la République ou des animateurs du site oumma.com .
«Je suis au courant de cet incident. Comme d’habitude elle ment», a rétorqué dans un entretien téléphonique avec l’AFP Houria Bouteldja, du Parti des Indigènes de la République. «Il n’y avait pas, à ma connaissance, d’éléments d’extrême droite dans ce groupe informel de protestataires, parmi lesquels effectivement des militants des Indigènes, des Indivisibles, des militants de gauche ou antiracistes», ajoutant : «Nous considérons que Caroline Fourest est une des principales propagandistes de l’islamophobie en France. Il nous paraît inconcevable que quelqu’un que l’on considère comme islamophobe aille faire la leçon au FN».
Notre site est depuis longtemps dans le collimateur de Caroline Fourest, mais en l’occurrence, elle prend de sacrées libertés avec la liberté d’expression en s’en prenant à notre propre liberté éditoriale, qu’elle discrédite gravement en l’accusant, avec le Parti de Gauche, d’inciter à la violence. Nous réfutons totalement cette nouvelle allégation mensongère, que nous jugeons inacceptable.
Il faut dire que notre liberté de ton donne des boutons à la journaliste et essayiste qui, on l’aura compris, voue un culte à la liberté d’expression aussi longtemps qu’elle ne met pas en cause sa probité intellectuelle. C’est comme l’excès de caricature, cela ne fonctionne que dans un sens…
http://oumma.com/14107/caroline-fourest-privee-de-micro…anite
On ne pourra pas dire que les organisateurs n’étaient pas prévenus sur qui ils recevaient
Caroline rime avec Marine
Cette lettre envoyée le 10 septembre 2012 à la direction de la fête de l’Huma 2012 au sujet de l’invitation lancée à Caroline Fourest de participer à un débat, n’a encore reçu à ce jour aucune réponse .
Paris le 10 septembre 2012
Le bureau national de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP)
à la direction de la Fête de l’Humanité
Chers amis,
Il n’est bien évidemment pas de notre rôle de donner un avis sur les invités du PCF et de l’Humanité à leur fête, à laquelle nous participons bien volontiers. Et nous savons bien que les responsables de la Fête ont à cœur d’inviter des personnes ayant des orientations très différentes, y compris ne se situant pas toujours à gauche.
Mais l’invitation lancée à Caroline Fourest de participer à un débat précisément sur la lutte contre le Front national nous a surpris et heurtés.
En effet, nous considérons qu’un des vecteurs les plus pervers du développement du Front national est, en se parant d’un discours sur la laïcité, une islamophobie plus ou moins assumée.
Or le FN n’hésite pas pour cela à puiser explicitement son argumentation chez Caroline Fourest elle-même, qui dans sa lutte contre l’islam a été prise déjà en flagrant délit de mensonge (voir par exemple à ce sujet le chapitre à elle consacré par Pascal Boniface dans son livre “les intellectuels faussaires”).
Nous savons que de nombreuses voix, dont celles de beaucoup de nos partenaires dans la lutte pour les droits du peuple palestinien comme dans la lutte contre le racisme sous toutes ses formes, se sont élevées pour dire leur étonnement et/ou leur colère devant cette invitation.
Dans la recherche de l’unité la plus large contre le Front national, cette invitation ne nous semble pas qu’une faute de goût.
Salutations fraternelles,
Le bureau national de l’UJFP
Marcher sur Sainte Caroline du pied gauche porte bonheur
Temps 1 Sainte Caroline à propos de son évacuation d’urgence de la fête de l’Huma : “Débat saboté par des propagandistes menteurs et violents qui n’auront plus le dernier mot. A la manœuvre deux acteurs du rapprochement entre gauchistes et islamistes proches de Tariq Ramadan via les “Indigènes de la république” : Pierre Tevanian et Said Bouamama. Aux cotés de militants des Indivisibles, qui se dévoilent chaque jour un peu plus. Le sabotage d’hier est certainement rageant, frustrant et impressionnant. Il n’est qu’un aperçu, une transposition dans le réel, de la violence et des techniques de calomnie quotidiennes contre lesquelles il faut ferrailler quand on tient tête à des mouvements aussi radicaux et mal intentionnés que les “Indigènes de la République”, la nébuleuse des frères musulmans, les intégristes de toutes obédiences, mais aussi les nationalistes, les racistes de tous poils et au final les antiféministes de tous crin…
Temps 2 Accusé et interrogé par l’afp, l’indigène réctifie : “Je suis au courant de cet incident. Comme d’habitude elle ment. Il n’y avait pas, à ma connaissance, d’éléments d’extrême droite dans ce groupe informel de protestataires, parmi lesquels effectivement des militants des Indigènes, des Indivisibles, des militants de gauche ou antiracistes. Nous considérons que Caroline Fourest est l’une des principales propagandistes de l’islamophobie en France. Il nous paraît inconcevable que quelqu’un que l’on considère comme islamophobe aille faire la leçon au FN.”
Temps 3 Accusés, l’indivisible et la féministe précisent : “Le CV de Caroline Fourest en matière d’antiracisme contient une certification surprenante : le Y’a Bon Awards “Les Experts Chronikers” consacrant le ou la chroniqueuse ayant diffusé le plus de préjugés racistes au cours de l’année. Non, le racisme n’est pas seulement l’œuvre de gros vilains méchants tels que les Le Pen père et fille mais aussi et surtout un système, alimenté par la diffusion massive de préjugés racistes par l’intermédiaire de personnes disposant d’une forte audience médiatique assortie d’une légitimité publique. Tel est le cas de Caroline Fourest.”
Temps 4 Accusé, l’antiraciste poursuit : “Le racisme disntingué de Caroline Fourest n’est pas né de la dernière pluie, c’est un secret de polichinelle. Cela révèle un certain sous développement de l’activisme et de la pensée anti-raciste qu’à la fête de l’Huma, on ne s’en soit pas encore rendu compte. Il y a de tres nombreux écrits, ceux de LMSI, de Pascal Boniface, de Sadri Khiari qui ont demontré que la production de Caroline Fourest ne relève ni du journalisme, ni de la science politique mais de l’idéologie la plus nauséabonde. De très nombreux écrits prouvent que son travail est truffé de mensonges, de diffamation, de préjugés racistes et de complaisance avec le racisme. Un des moyens de lutter contre le FN serait par exemple d’accorder le droit de vote aux étrangers car on sait que les étrangers pour des raisons évidentes voteraient beaucoup moins pour le FN que la moyenne or, Caroline Fourest s’est illustrée l’hiver dernier en argumentant dans une tribune publiée dans Le Monde contre l’octroi du droit de vote aux étrangers.”
Temps 5 Accusé et passablement surpris, l’intégriste islamiste de la nébuleuse des frères musulmans, s’exclame : “Mais j’y étais pas !”
Temps 6 Mais, admiratif, Fdesouche pousse ce tweet : “Incontestablement, Fourest est l’un des esprits les plus brillants de sa génération. Courage Caro !”
Temps 7 Chagriné par la censure qui frappe si injustement Sainte Caroline, le Bloc identitaire, solidaire, réagit : “Au delà des profondes divergences qui nous séparent de Caroline Fourest, nous proposons à celle-ci de participer à la Convention identitaire d’Orange. Elle pourra s’y exprimer à sa guise, sans crainte de devoir s’enfuir, sans autre souci que de se confronter en direct à d’autres idées, d’autres conceptions. C’est dans ce sens que le Bloc Identitaire écrit dès aujourd’hui à Caroline Fourest pour lui faire cette proposition et étudier avec elle les conditions concrètes de ce débat.”
Temps 8 Toute conne, Sainte Caroline sur sa page facebook tente une feinte : “La blague du jour : le Bloc Identitaire vient de faire un communiqué à ses troupes pour dire qu’ils allaient m’inviter à leur convention ! Je crois qu’ils rêvent sincèrement d’énerver autant que moi les gauchistes pro-islamistes… Moi je propose plutôt que les Indigènes de la République et le Bloc identitaire (à qui je trouve beaucoup de point communs) fondent un parti ensemble… Le MERD : Mouvement des Enragés Racistes et Différentialistes.”
Temps 9 L’indigène, sournois et fourbe : “Le probleme ma belle c’est que c’est toi qui est invitée par le Bloc Identitaire et c’est toi qui suscite l’admiration de Fdesouche. La convergence c’est avec TOI qu’ils la font pas avec NOUS. Les souchiens islamophobes se reconnaissent entre eux. Marine Le Pen vient d’apporter son soutien à tes potes de Charlie Hebdo pour une enième et lassante publication des caricatures du prophète. Tu vois… On a les amis qu’on mérite, mon ange. Quant à nous, on a effectivement un rdv avec eux mais devant les tribunaux le 15 octobre prochain à Toulouse et c’est EUX contre NOUS. CONTRE. Et puisqu’ils te font la danse du ventre, je te propose de fonder une organisation avec eux…La KHARIA* (Komite pourla Haine envers les Arabo-musulmans et pour la Renaissance de l’Identite Aryenne)”.
Houria Bouteldja, membre du PIR
*”Merde” en arabe
http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_arti…=1712
Quand il s’agit de défendre la liberté d’expression des bons racistes bien français, tout le monde se retrouve. On vous l’avait bien dit : Marine = Caroline = Charlie = antifas utiles :
Marine Le Pen soutient Charlie Hebdo pour les caricatures de Mahomet
http://www.videos-2-buzz.fr/Video-Marine-Le-Pen-soutien….html
islamophobie au nom du féminisme : non !
Rencontre-débat le 20 mars contre l’instrumentalisation raciste des luttes féministes et LGBT
par Collectif Les Indivisibles, Collectif Les mots sont importants, Les Panthères Roses, Les TumulTueuses
10 mars 2011
Le dimanche 20 mars de 15h30 à 19h30 à la Maison des Associations du dixième arrondissement, 206 quai de Valmy, Paris 10ème (Métro Jaurès) aura lieu une rencontre-débat sur – et contre – l’instrumentalisation raciste des luttes féministes et LGBT, co-organisée par Les Indivisibles, Les Mots Sont Importants, Les Panthères roses et Les TumulTueuses. Le texte qui suit en précise l’enjeu.
Nous, féministes, dénonçons l’utilisation des luttes féministes et LGBT à des fins racistes notamment islamophobes.
Marine le Pen a utilisé récemment la défense des homos pour mieux propager son racisme [1].
C’est aussi au nom des femmes que nos dirigeants et grands médias ont jusqu’au bout soutenu un tyran comme Ben Ali, présenté comme le protecteur des Tunisiennes contre un patriarcat nécessairement islamiste.
Il y a enfin l’infâme débat sur le port du niqab, à l’occasion duquel des parlementaires hommes, jusque là totalement indifférents à la cause féministe, se sont soudainement érigés en défenseurs de l’égalité hommes/femmes.
Ça suffit !
Nous condamnons le racisme et refusons qu’il frappe en notre nom. Construisons des outils, des ripostes féministes pour désamorcer ces « évidences » insupportables – musulman = islamiste = extrémiste = menace pour les femmes et les minorités sexuelles – qui s’annoncent déjà comme des vedettes des prochaines échéances électorales.
Il est plus que jamais nécessaire de rappeler que de nombreuses femmes étrangères ou françaises vivent le racisme, le sexisme et un sexisme raciste. Pire, les femmes musulmanes voilées sont réprimées.
Décolonisons les luttes féministes et LGBT !
Ne laissons pas des féministes blanc-he-s donner des leçons aux autres !
Stoppons celles et ceux qui s’allient à des initiatives politiques et des discours racistes, y compris sous des bannières (pseudo) féministes ou « gay friendly » !
Retrouvons-nous pour échanger et organiser la riposte !
Plusieurs invité-e-s présenteront leurs analyses et expériences : Nacira Guénif, sociologue ; Jessica Dorrance de l’association LesMigraS (de migrant-es lesbien-nes/bisexuel-les et personnes trans Noires de Berlin) ; Djamila Sonzogni, Porte-parole de Europe Ecologie-Les Verts et d’autres militant-e-s.
p.-s.
Sur ce sujet, lire aussi :
Le garçon arabe comme bouc émissaire
Contre l’anti-homophobie sélective
Homophobie, judéophobie, islamophobie : mêmes combats !
Féminisme ou maternalisme ?
Géographie du sexisme
Anatomie de l’Opération Burqa
Bilan d’un féminisme d’État
Inch’Allah l’égalité !
Et sur le site des TumulTueuses :
Féministes contre une loi sur le voile intégral !
Chez les Panthères Roses :
Interdiction du niqab : un projet islamophobe, colonialiste, occultant et excluant
Chez les Indivisibles :
Être une femme musulmane, tu sais c’est pas si facile !
Et sur Minorites.org :
De l’homophobie à Paris
Les minarets ou la dernière utopie
Judith Butler dénonce l’islamophobie à Berlin
notes
[1] Marine Le Pen à Lyon le 10 décembre 2010 déclare notamment « Dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même français ou blanc. ». Cf. cet article de Libération.