Le dal 17 : cogestionnaire, pacificateur social ou sous-marin du ps ?
Catégorie : Local
Thèmes : Immigration/sans-papierEs/frontieresLogement/squat
Au départ, il se dit que quand on arrive dans une ville comme la Rochelle, bobo-fliquée à mort, il faut trouver ses marques, serrer des mains et se faire respecter. Le respect. Voilà le mot préféré de Medhi. Respect de tous, même des pires ordures. Respect des flics, des directeurs de cabinet, des présidents des offices d’HLM, des proprios véreux qui exploitent des sans-papiers et les logent dans des caves. Mais qu’en est-il du respect des idéaux, du respect de la dignité humaine, du respect de sa propre dignité ?
Alors Medhi parle. Il parle aux RG, il nous parle. Il nous parle des RG. Probablement qu’il leur parle de nous aussi puisque, jusqu’ici, il a été autorisé à rentrer chez nous, contrairement à eux. Et puis il parle aux journalistes. Il les aime bien les journalistes. Et eux aussi l’aiment bien le Medhi, ils le brossent dans le sens du poil, lui fond dire ce qu’ils veulent, pourvu que sa photo passe dans Sud Ouest.
Alors Medhi parle. Il dit notamment : « C’est travailler au noir ou voler. Qu’est-ce qui est préférable ? » à propos du brave sans-papier qui travaille 10 heures par jour pour 20 euros (Sud Ouest, 10/09/12). Et après, il s’étonne devant nous qu’une dirigeante d’un office d’HLM lui demande de traiter des dossiers, de gérer des familles, en lui disant « Avec vous, au moins, ils filent droit. » Et en effet ils filent droit, comme l’explique le représentant du DAL17 à la presse : « On leur fait comprendre qu’un loyer, ça se paie. On les défend mais on exige d’eux une certaine rigueur. Grâce à trois entreprises avec lesquelles nous travaillons, notamment ISO couverture, on resocialise des gens qui n’avaient plus travaillé depuis des années, voire jamais travaillé. Et on les oblige à téléphoner tous les matins à 7 h 30 pour s’assurer qu’ils tiennent parole » (Sud Ouest 11/09/12).
Jean Baptiste Ayrault, président du DAL National, n’est pas connu pour être un violent anarchiste ni un grossier personnage. Pourtant, au DAL 17, on le considère comme « un furieux ». Et ça se ressent jusque dans la presse locale qui estime que « les propos définitifs et péremptoires du président national du DAL, Jean-Baptiste Ayrault, ne font pas forcément avancer les choses : « Il n’est pas possible d’expulser d’un logement social. » » Mais heureusement, « Mehdi El Bouali, le représentant local du DAL, est beaucoup plus nuancé. Certes, il est hostile aux expulsions […] mais il tient à dire que jamais, dans le département, le DAL ne laisse entendre aux gens que le paiement du loyer « est accessoire » » (Sud Ouest, 10/09/12). Le paiement des loyers n’est pas accessoire, donc. Ils n’ont qu’à payer, ils ne se feront pas expulser. Ainsi grâce au DAL17 un arrangement a pu être trouvé entre une jeune mère de famille et son bailleur : sa dette de loyers impayés sera échelonnée en échange d’une augmentation du loyer de 40 euros par mois (France 3 Atlantique, 10/09/12). Cette famille pourra donc rester un peu plus longtemps dans son HLM si elle paye un peu plus cher. Medhi fait toujours la différence entre les gentils qui voudraient payer mais ne peuvent pas et les méchants, ceux qui pourraient mais ne veulent pas. « Pour moi, le principe qui consiste à payer des gens à rien f…, ça ne va pas », assène M. El Bouali. « L’idée, c’est que s’il y a un droit, il y a aussi un devoir. » (Sud Ouest, 11/09/12).
Dans le même article, on lit aussi que « les relations sont désormais au beau fixe avec la préfecture qui, assure le DAL, « ne prend la décision d’expulser que quand elle a tout essayé. » » C’est assez ahurissant, pour nous, de lire pareilles inepties alors que la veille au soir, Medhi, qui était passé boire un verre chez nous, s’indignait (oui, Medhi aime beaucoup s’indigner) que la préfecture lui ait envoyé un mail contenant des informations personnelles sur une famille qui ne payait plus son loyer en lui demandant de prendre contact avec cette famille pour savoir s’il n’y aurait pas quelque chose à faire. La préfecture (l’adresse mail nous certifie qu’il ne s’agit pas d’un canular) pousse le vice jusqu’à lui demander de la prévenir si aucune issue de sortie de crise n’est envisageable. En gros, Medhi, vas-y, va voir les cas sociaux qu’on arrive plus à gérer, va leur causer, va les « responsabiliser » comme tu aimes tant le dire dans la presse. Et surtout, dis-leur bien de payer, de pas voler, de travailler, même au black, on s’en fout, c’est bon pour les patrons et donc pour l’économie. Et s’ils sont vraiment irrécupérables, passe-nous un coup de bigo pour nous donner le feu vert et on envoie les huissiers. Pense à zieuter au passage s’il y a des objets de valeur, tant qu’à faire !
Alors Medhi tiendrait-il un double langage ? Quand il nous dit qu’il va se radicaliser, quand il nous dit qu’il s’est trompé, qu’il s’est fourvoyé, qu’il s’est trop compromis, est-il sincère ? Pour qui travaille réellement Medhi El Bouali ? On ne sait plus trop. En tout cas, on sait que sur Facebook (car oui le DAL17 utilise Facebook pour parler de ses actions, c’est plus pratique pour les copains de la Police à qui on sert la main tous les jours, de savoir qui était là), Medhi, pardon, le DAL 17 (on les confond à force), est membre du Comité de soutien à Olivier Falorni… On ne savait pas que c’était dans les habitudes du DAL de soutenir des socio-démocrates aux élections locales.
Enfin bref, soyons sérieux, il y a quelque chose de pas très net au DAL 17. Quelque chose qui pue le copinage, qui pue la paix sociale, qui pue le social tout court. Alors on se demande jusqu’à quel point est-il capable de se compromettre pour des « résultats », c’est-à-dire le relogement de familles qu’on va pouvoir continuer à presser comme des citrons. Et à quel niveau la compromission devient-elle juste de la cogestion.
Le DAL est-il toujours un mouvement de contestation ou est-il devenu un service public de gestion de la misère ?
Des squatteurs de la Rochelle.
http://www.sudouest.fr/2012/09/10/ils-travaillent-au-no…1.php
http://www.sudouest.fr/2012/09/10/comment-eviter-les-ex…0.php
http://www.sudouest.fr/2012/09/11/dur-dur-de-bien-se-lo…1.php
J’espère que je l’apprendrai à personne, mais c’est un grand classique de la contre-insurrection que de tenter de diviser la lutte en laissant entendre, par des documents anonymes faux (lettres, etc.), ou des rumeurs etc, que tels et tels personnes nommées sont des agents des services. (voir: la bleuite en algérie, les opérations dite COINTELPRO contre les black panthers aux USA). Et c’est très efficace.
Les auteurs de ce texte laissent entendre que la personne nommée pourrait peut-être bien, hein, on sait pas mais quand même, être une balance, dès le début de l’article ( « Il nous parle des RG. Probablement qu’il leur parle de nous aussi « ). C’est très grave, ça peut avoir des conséquences énormes. Même quand c’est dit à demi-mots, sous-entendu.
Donc, pour moi soit :
A. les auteurs de cet « article » sont des agents des services qui nous refont le coup de la bleuite, dans le but de diviser des gens qui luttent.
B. les auteurs de cet « article » sont de gros abrutis irresponsables et inconséquents qui se permettent d’utiliser l’arme de la suspicion sans produire aucune preuve, quitte à provoquer des conflits graves entre gens qui luttent, et qui font donc, au final et à leur insu, le travail des flics.
Je penche plutôt pour B, mais j’hésite. Si j’ai raison, les gens en question ont sérieusement besoin de réfléchir à ce qu’ils viennent de faire. La moindre des choses à mon sens serait des excuses de leur part. Et s’ils ont des critiques à faire, qu’ils les fassent de manière saine.
Nota Bene: je n’accuse pas, et je ne soupçonne en aucun cas des « squatteurs de la Rochelle » d’être des agents des services.
Après, évidemment, il y a beaucoup à critiquer dans le DAL, à La Rochelle et ailleurs, et le texte au dessus met le doigt sur des questions importantes. Mais diffuser le soupçon qu’ une personne qui lutte est une balance, sans preuves, c’est juste de la grosse merde.
[Pour mémoire] sur le DAL :
“(…) L’idée de légaliser les squats n’est pas nouvelle et s’exprime par exemple depuis plusieurs années par la voix du DAL (Droit au Logement). Créé en octobre 1990 à partir des luttes de la place de la Réunion, en scissionnant une partie des familles pour s’allier avec les caritatifs comme Emmaüs et négocier avec l’Etat, le DAL s’est érigé en spécialiste de la cogestion de la misère. A partir de l’occupation de la rue du Dragon (Paris-6e), profitant de la campagne pour les élections présidentielles, s’appuyant sur des «personnalités» médiatiques, le DAL a fait du lobbying pour ressusciter une ordonnance de 1945 sur la réquisition de logements vides. Dès lors, il ne s’agira pas de réappropriations ou d’occupations mais simplement de réquisitions, appelant l’Etat à se saisir lui-même de ces immeubles, pour en confier ensuite la gestion -la surveillance- à des associations comme Emmaüs, le DAL, l’Armée du Salut, etc… Ainsi, il n’est jamais question pour lui de squatter des immeubles mais plutôt de faire des coups médiatiques afin de caser ses listes dans celles de l’Etat. De même, le Comité des Sans-Logis, issu d’une scission de la Coordination des Sans Abris fin 1993 avec l’aide du DAL (dont il fit officiellement partie jusqu’en 1996), précise bien qu’il n’est pas question de squatter, mais bien d’appliquer cette ordonnance, puis de travailler main dans la main avec l’Etat. Le DAL et le CDSL (qui s’occupe des célibataires), depuis plusieurs années, occupent donc le terrain de la légalité et de la cogestion, y compris pour les HLM (à Paris, le DAL trie parmi ses familles celles qui se verront attribuer un HLM par l’OPAC). (…)”
[Extrait du texte « Squats : lutter ou légaliser ? » paru dans Cette Semaine n°80, mai/juin 2000]
http://cettesemaine.free.fr/cs80/cs80squatlegalisation.html
État, droit et légitimité
René BERTHIER
Une classe dominante ne peut espérer maintenir sa position par une
répression permanente : il faut convaincre les classes dominées de la
légitimité du droit des privilégiés. Il faut instaurer un droit qui garantisse et
justifie la permanence de la domination. « Le droit ne ment jamais, dira
Pierre Legendre, puisqu’il est là précisément pour obscurcir la vérité sociale
en laissant jouer la fiction du bon pouvoir 16. »
La puissance de l’Etat et des classes dirigeantes n’est pas fondée sur un
droit supérieur, mais sur une « force organisée » incontestablement plus
puissante, sur « l’organisation mécanique, bureaucratique, militaire et
policière ». Mais cette « organisation mécanique » ne peut suffire à elle
seule, la société de privilèges a besoin d’apparaître comme légitime aux yeux
des masses, car elle ne peut fonctionner dans un état de conflit permanent : il
lui faut instaurer un consensus fondé sur une illusion de droit. L’idée que la
force ne peut suffire à garantir en permanence le pouvoir est une constante
dans la pensée politique : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être
toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en
devoir. » 17.
L’un des agents d’exécution de la transformation de la force en droit,
c’est cette couche sociale que Bakounine désignait sous le terme de
« socialistes bourgeois » ou d’« exploiteurs du socialisme » qui ont investi en
masse le mouvement socialiste, et pour qui le savoir, et non plus l’avoir, est
la source légitimante du pouvoir. Ces couches, Jean-Pierre Garnier et Louis
Janover les appellent la « deuxième droite » ou « néo-petite-bourgeoisie »,
chargée de « encadrement et la mise en condition des couches dominées,
fonction sublimée chez la plupart de ses membres en “missions”
valorisantes : l’éducation, la formation, l’information, la communication,
l’action sociale, l’animation, la création, l’élaboration théorique 18 ». Ces
couches constituent « l’agent subalterne de la reproduction du système ».
Elles ne sont pas parvenues à prendre le pouvoir, mais elles contribuent
efficacement à aider la bourgeoisie à s’y maintenir en désamorçant les luttes,
en inhibant le sentiment du droit à la révolte dans les masses, en théorisant
l’idée de la fin de la lutte des classes.
« Pour mieux nous leurrer et nous tenir sous leur joug, nos ennemis de
classe nous ont seriné que la justice immanente n’a que faire de la force.
Billevesées d’exploiteurs du peuple ! », dit Pouget dans L’Action directe.
Pierre Legendre semble reprendre en écho : « Le droit doit demeurer
inaccessible, en tant qu’outil fonctionnant pour l’ordre quel qu’il soit, à
tous ceux qui viendraient d’une manière ou d’une autre se prétendre les
ennemis du pouvoir 19. »
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Je suis ecoeuré par ce type de procédé, liver a la vindicte une personne et de maniere anonyme c est juste ecoeurant et odieux et surtout contraire a la pensée libertaire
le debat d’idée se posent mais pas de cette maniere !!!
inacceptable
c est moche effectivement cette facon de faire et contre productif pas tres courageux « les squatteurs rochelais »….
c est vrai que c est plutot moche cettet manière de proceder ca nous rappel de sombres periodes j ai verifier les actions de ce comité dal depuis sa creation et franchement je trouve qu ils ont bien pourris la vie aux flics, aux hlm etc…. ca ressemble à un reglement de compte ca….
Pour la personne qui écrit en mon pseudo « doudounette17000″(qui va se reconnete ) il fau arrêter moi je ne fais pas partie de ton délire ne me mêle pas dans tes trucs merci