Tous les poètes qui se veulent poètes
Et qui vont envoyer les autres paître
Tous les peintres qui se veulent peintres
Avec une panoplie sur un cintre
Tous les écrivains qui se veulent écrivains
Avec leurs livres dans des écrins
Tous les cinéastes qui se veulent cinéastes
Et même les plus iconoclastes
Tous les musiciens qui se veulent musiciens
Pour qui les autres ne sont rien
Tous les militants qui se veulent militants
Et qui se croient si savants
Cela fait des pieds et des mains
Pour des dieux, cela se prend
Ils se parent de leurs plus belles ailes
Pour briller dans la société spectaculaire marchande techno-industrielle
Les bourgeoisies n’objectent pas
A ce que l’on s’élève dans leurs hiérarchies
Les bourgeoisies n’interdisent pas
Que l’on s’immisce dans leurs vilénies
La peinture, l’écriture, le cinéma, la poésie
Nourrissent toutes les bourgeoisies
Cela est leur snobisme
D’un si délicieux strabisme
Toutes ces si belles choses
Ces gouttes d’art, magiques doses
Aussi, il ne faudrait rien faire
Vrais gens, aux belles manières
Loin de toutes les fausses querelles
Des arts de la société industrielle
Si la poésie a besoin de la vie
La vie n’a pas besoin de la poésie
Si la peinture a besoin de la vie
La vie n’a pas besoin de la peinture
Si le cinéma a besoin de la vie
La vie n’a pas besoin de cinéma
Si la musique a besoin de la vie
La vie n’a pas besoin de musique
Si le sport a besoin de la vie
La vie n’a pas besoin de sport
Si la politique a besoin de la vie
La vie n’a pas besoin de politique
Toutes les représentations de la vie
Sont à la vie, de pures aliénations
Toutes les substitutions à la vie
Sont à la vie, de sordides abstractions
Si les militants ont besoin de la vie
La vie n’a pas besoin des militants
La vie ne demande rien à personne
Elle n’est pas comme des cloches qui sonnent
La vie veut simplement qu’on la vive
D’elle, elle veut qu’on s’enivre
Elle n’a pas besoin qu’on la représente
Elle n’a pas besoin qu’on la définisse
Elle n’a pas besoin de cinéma
Pour être en vie
Elle n’a pas besoin de poésie
Pour être en vie
Elle n’a pas besoin de peinture
Elle n’a pas besoin d’écriture
Pour être en vie
Toutes les sublimations à la vie
Sont la mort de la vie
Personne n’ose jamais le dire
Et encore moins le lire
Car c’est le lit de toutes les bourgeoisies
Ce qu’est le lys à la monarchie
Ce qu’est au criminel, un solide alibi
Comme le bio est forcément industriel
Les arts sont maintenant forcément industriels
Tout cela n’est pas la plénitude
C’est de feu GODEL, les théorèmes d’incomplétude
Dénonçant le monde des certitudes et habitudes
Près de feu HEISENBERG et du principe d’incertitude
Comme le père du chaos, tombé dans l’oubli
Des mondes en collision de feu le psychiatre VELIKOVSKY
Et partout, toujours en somnolence
Avec tous les masques, la recherche de dominance
Et aussi, parmi les zélateurs de l’anarchie
Vous aviez raison, ô feu Henri LABORIT
Car nous voulons quelque chose
Et il nous faut souvent en prendre la prose
Peintre, ouvrier, acteur, larbin
Poète, érudit, ignorant, physicien
Boucher, fasciste anarchiste, royaliste
Militaire, écrivain, policier, pianiste
Ceci, cela, et même nihiliste
Car nous nous voulons quelque chose
Et il nous faut souvent en prendre la pose
Et moi aussi, cela va sans dire
Et je le dis sans aucune ire
Tous les professionnels sportifs
Qui se veulent professionnels sportifs
Sont des dopés, des trafiqués, des manipulés
De fait, au haut niveau, il faut rester
Pas le choix, c’est la loi
De temps en temps, un bouc émissaire, fameux
Et Lance Amstrong, devant le commissaire, cela passe mieux
Il faut bien cacher la misère
En sport, en artistique, en politique
C’est pareil dans toutes les sphères
Avec ou sans dopage, il faut le faire
Toujours à se surpasser, à se mentir, à prendre des airs
Les êtres humains sont des mégalomanes
Tous se veulent des chamanes
Les êtres humains sont des mythomanes
Tous à la réalité, sont des pyromanes
Tous superbes, beaux et généreux
Cela se prend tellement au sérieux
Rarement humbles, modestes et malheureux
Femmes, enfants, hommes, sous les cieux
Veulent éblouir de tous leurs feux
Tous les gens qui veulent quelque chose
Doivent en prendre toute la prose
Tous les gens qui se veulent quelque chose
Doivent en prendre toutes les poses

Patrice Faubert (2012) pouète, puète, peuète, paraphysicien, Pat dit l’invité sur “hiway.fr”