L’islamophobie, le djihadisme et le capitalisme sont les multiples facettes d’un même ennemi
Catégorie : Global
Thèmes : -ismes en tout genres (anarch-fémin…)Racisme
La lecture des minutes du procès d’Anders Breivik relatant comment il a massacré des douzaines d’adolescents l’année dernière, dans le camp d’été du Parti travailliste norvégien, donne la nausée. Le procès de Breivik a donné lieu à beaucoup de débats sur sa santé mentale, sur le fait qu’il ait agi seul ou comme membre d’un réseau fasciste organisé, ou s’il devait être autorisé à utiliser la cour d’Oslo comme tribune pour défendre sa philosophie politique 1.
Les meurtres commis par Mohamed Merah à Toulouse n’étaient pas à aussi grande échelle mais n’en font pas moins froid dans le dos. Mais les tireurs d’élite de la police française n’ont pas offert de scène à Merah pour exposer sa philosophie : il a été abattu après un siège en règle 2.
Il y a des différences évidentes dans la façon dont ces deux cas ont été traités. Dans The Guardian du 21 avril, Jonathan Friedland 3 souligne qu’en règle générale, habituellement, on ne donne pas une chance aux terroristes islamiques, même s’ils sont capturés vivants, d’expliquer leurs motivations comme on l’a fait avec Breivik. Idéologiquement, des gens d’extrême droite comme Breivik et des djihadistes comme Merah semblent se situer à deux pôles opposés. L’obsession de Breivik, c’est la menace “d’islamisation” de l’Europe, alors que les djihadistes déclarent qu’ils agissent non seulement pour venger les attaques contre les musulmans en Irak, en Palestine ou en Afghanistan, mais pour la création d’un califat mondial gouverné par la loi de la Charia.
Mais ce qui est le plus frappant en réalité, qu’il s’agisse des islamophobes et des djihadistes, c’est la similarité de leur idéologie et leur pratique.
Pour commencer, Breivik a exprimé devant la cour son admiration pour la méthode d’al Qaida, son organisation en petites cellules décentralisées. On a suggéré que c’était un modèle dont les groupes d’extrême droite s’inspirent de plus en plus. Breivik a aussi vanté le caractère impitoyable d’al Qaida et son esprit de sacrifice personnel au service d’un idéal plus élevé. Mais quand on regarde de plus près ces idéologies respectives, on voit qu’elles ont beaucoup de choses en commun.
Un racisme partagé
Toutes les deux sont profondément racistes : l’hystérie de droite sur l’islamisation de l’Europe n’est que la dernière version de l’idéologie de la civilisation chrétienne blanche menacée par des hordes d’envahisseurs à peau sombre. Au début du xx siècle, la grande menace était présentée comme étant celle des Juifs fuyant les pogroms en Russie ; il y a quelques décennies, c’était les émigrés asiatiques et noirs importés pour travailler pour des salaires inférieurs à ceux des ouvriers “du pays” ; aujourd’hui, le racisme a dû se déguiser sous les habits de l’anti-islam parce qu’être ouvertement antisémitisme, ou raciste anti-noir est beaucoup plus difficile à faire avaler à une population qui est déjà habituée à un environnement social beaucoup plus diversifié. La English Defence League (EDL) 4 a même des membres juifs et sikhs, unis (pour le moment) par leur haine de l’islam, “religion du mal”, à des troupes d’assaut blanches. Mais derrière tout cela, c’est la même vision d’un monde “aryen”, née comme justification de l’extension impérialiste du capitalisme européen et américain depuis la fin du xix siècle.
Mais les djihadistes ne sont pas moins racistes. Quand l’Islam est apparu, comme les autres religions monothéistes, il était l’expression, en termes idéologiques, d’une réelle tendance à l’unification de l’humanité, au delà du tribalisme. Il était donc ouvert à tous les groupes ethniques et avait une attitude pleine de respect vis-à-vis des religions juives et chrétiennes qu’il considérait comme porteuses d’une révélation précédente. Mais aujourd’hui, le djihadisme est l’expression d’une autre réalité historique : la religion, sous toutes ses formes, est devenue une force au service de la division et du maintien d’un système en déclin. Dans l’esprit des groupes djihadistes, ou de type taliban, les “kaffirs” (incroyants) ne se distinguent pas des “étrangers”, les Juifs ne sont plus le peuple élu de la Bible, mais les diaboliques conspirateurs de la paranoïa nazi, les églises chrétiennes sont des cibles légitimes pour les attentats à la bombe ou les massacres. Cette doctrine de la division s’est même étendue aux disciples de l’islam – al Qaida a probablement tué plus de musulmans chiites en Irak ou au Pakistan que de membres de n’importe quelle autre confession.
Leur haine peut s’adresser à des groupes différents, mais l’extrême droite et les djihadistes s’opposent tous implacablement à tout mouvement réel vers l’unification de l’humanité.
Une morale partagée
Breivik et al Qaida partagent aussi la même conception de la morale : la fin justifie les moyens. Pour Breivik, les ados qu’il a tués n’étaient pas innocents parce qu’ils soutenaient un parti qui incarne “le mal” que représente le “multiculturalisme”. Mais ils ont été tués, avant tout, dans l’intention de déclencher une guerre raciale qui conduirait au nettoyage ethnique de l’Europe et à un nouveau millénaire aryen-chrétien. Pour Merah, les petits enfants juifs peuvent être descendus d’une balle dans la tête parce que les avions israéliens ont tué beaucoup plus d’enfants palestiniens. Pour Ben Laden et ceux de son acabit, tuer des milliers de civils dans les Twin Towers est une réponse justifiée à ce que les Américains ont fait en Afghanistan et servira le but de rallier tous les Musulmans du monde sous le même étendard de la Guerre Sainte et du nouveau califat.
Beaucoup de libéraux peuvent bien sur tenir le même discours – cela fait partie de leur argumentation selon laquelle tous les extrêmes se rejoignent. Mais les extrémistes les plus visibles ne sont que la partie émergée d’un iceberg beaucoup plus grand.
Derrière Breivik, il y a tous les variantes d’EDL (English Defense League) et de politiciens “populistes” comme Le Pen en France et Wilders aux Pays-Bas, qui adoptent la ligne “je ne suis pas d’accord avec sa méthode mais la menace de l’islamisation pose vraiment question…”. Et derrière eux, il y a le flot des journaux dont les titres n’arrêtent pas d’être des plaintes sur les terroristes musulmans parmi nous, l’arrivée croissante de demandeurs d’asile, pendant que les politiciens “responsables” se font concurrence pour montrer qui est le plus ferme contre l’immigration, et sont en tout cas en charge de l’Etat qui expulse à tour de bras dans leur pays d’origine les demandeurs d’asile qui fuient la pire misère que leur offre le système actuel, ou les enferme dans des camps de rétention.
De la même façon, l’idéologie djihadiste n’est que la fille de l’idéologie officielle des Etats arabes qui sont depuis longtemps anti-sionistes et en perpétuel état de guerre avec Israël, une façon de tenter de détourner la colère des masses de leurs propre pratiques dictatoriales et corrompues. “L’Islam radical” a aussi ses apologistes “révolutionnaires” : Galloway 5, le SWP 6 et d’autres fractions gauchistes, dont la réponse à la dernière atrocité du Djihad est aussi : “je ne suis pas d’accord avec leurs méthodes, mais….” parce qu’ils partagent la même conception que les Etats-Unis et le sionisme sont l’ennemi impérialiste numéro 1 et voient le Hezbollah, le Hamas et les djihadistes irakiens ou afghans comme des expressions de “l’anti-impérialisme”.
Tout cela représente la sécrétion idéologique du processus de pourrissement sur pied réel en cours dans la société capitaliste contemporaine : le cours sans fin à la guerre impérialiste qui est devenu de plus en plus chaotique et irrationnel au fur et à mesure que le système se décomposait. La guerre de tous contre tous, qui divise et dresse les populations les unes contre les autres , que ce soit au nom de la race, de la religion ou de la défense de l’Etat, est un maelström qui constitue la menace la plus réelle et la plus dévastatrice à laquelle fait face l’humanité aujourd’hui – la menace d’un enfoncement sans limite dans la barbarie et l’autodestruction. Les “libéraux” ou “bons démocrates” qui incriminent l’extrémisme et nous inondent de leurs discours humanistes ne représentent pas davantage une alternative. Ce sont bien ces derniers qui ont entretenu la guerre en justifiant l’usage de la terreur, de l’envoi de la bombe atomique sur Japon et sur les villes allemandes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et donc poursuivi la catastrophe et le cauchemar subi par les populations dans cette guerre, parce que c’était un moyen d’assurer la domination du capitalisme dans l’après-guerre.
La seule vision mondiale en opposition à ces divisions idéologiques, c’est l’internationalisme de la classe ouvrière : la simple idée que les exploités sous le joug de toutes les nations, de toutes les religions, ont là défendre les mêmes intérêts de lutter contre leur exploitation et leurs exploiteurs. C’est un combat dont le but est l’unification réelle de l’humanité, dans une communauté mondiale sans Etats. C’est un combat dont les moyens ne peuvent qu’être en adéquation avec ses buts. Ce combat-là cherche à gagner à sa cause ceux qui sont tombés dans l’idéologie des exploiteurs en montrant le besoin réel d’une solidarité humaine, au lieu de prôner le massacre des incroyants ou des infidèles Ce combat rejette la pratique de la vengeance sans discrimination et le meurtre de masse parce qu’il sait que ces méthodes ne pourront jamais aboutir à l’établissement d’une société humaine. Oui, la lutte de la classe ouvrière est une sorte de guerre. Mais elle est vraiment la guerre pour en finir avec toute guerre, parce que ses buts et ses méthodes sont radicalement opposés aux buts et aux méthodes du capitalisme et de la société de classe dont ne peuvent surgir que toujours plus de massacres sanglants.
Courant Communiste International
1) Voir l’article que nous avons écrit à l’époque de la tuerie : http://en.internationalism.org/icconline/2011/august/norway
2) http://www.ilfoglio.it/soloqui/12779
3) http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2012/apr/20/bre…qaida
4) Mouvement fondé en 2009 dont le but affiché est “de combattre l’islamisation de l’Angleterre” et qui organise depuis régulièrement des manifestations dans plusieurs villes du pays dans ce sens.
5) George Galloway d’origine écossaise est un ancien député du Parti travailliste, fervent admirateur de Fidel Castro, qui est surtout connu pour ses prises de postions d’extrême gauche et pro-palestiniennes. En novembre 2007, il a fondé RESPECT Renewal , devenu ensuite le Parti de Respect, qui soutient notamment la Palestine dans le conflit israélo-palestinien. Il a notamment organisé entre 2008 et 2010 des convois d’aide humanitaire à la population de Gaza contre le blocus du territoire baptisés “Viva Palestina !” . Battu aux législatives en 2010, il est élu membre de la Chambre des Communes depuis mars 2012.
6) A l’origine Groupe Socialist Review (GSR) , ce groupe fondé autour de Tony Cliff en 1950 analysait la Russie stalinienne comme un régime particulier où la “bureaucratie” s’était emparée du pouvoir. Partisan d’une politique d’entrisme dans le Parti Travailliste et les syndicats. Rebaptisé SWP début 1977 où il se présente aux élections sous sa propre bannière, il sert encore aujourd’hui de rabatteur au Parti Travailliste lors des consultations électorales. Devenu l’organisation gauchiste la plus importante au Royaume-Uni, le SWP recrute parmi les jeunes ouvriers et surtout les étudiants sur une base de campagnes activistes (conte le désarmement nucléaire pendant la Guerre froide, puis contre la guerre au Vietnam), elle anime toujours les grandes manifestations sur ses thèmes favoris : l’anti-fascisme et l’anti-racisme. Son organe de presse est Socialist Worker.
Les idéologues du CCI, qui ont réponse à tous les problèmes au point de nous pondre un édito sur Indymedia pour chaque événement politique, ne pouvaient pas faire autrement que nous resservir leur célèbre théorie sur les ennemis principaux du monde libre. Il faut être vraiment tordu pour arriver à placer le Hezbollah et le Hamas à propos de racisme et en les mettant sur le même plan que le racisme institutionnalisé de notre société.
Par contre, pas un mot sur le sionisme, on préfère utiliser le mot « islamophobie », terme diplomatique passe-partout pour ne surtout pas parler de ceux qui ont été les acteurs les plus actifs de l’instrumentalisation de ces crimes.
Contre cette falsification de l’histoire au service d’une idéologie, voir les articles plus intelligents qui ont été écrits sur l’instrumentalisation du racisme au service de la pensée dominante.
Les tueries de Montauban et Toulouse et les maladies de la société française
http://www.ujfp.org/spip.php?article2257
Le point de vue du PIR sur la tuerie de Toulouse
http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_arti…=1623
Mohamed Merah et moi
http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_arti…=1637
Le commentateur précédent base toute sa logique de défense du nationalisme palestinien sur une question, qu’il ne pose évidemment jamais mais qui est derrière tous les commentaires dont il inonde les Indymedia francophones :
en quoi l’État d’Israël est-il particulier ? Quelle singularité le distingue de n’importe quel État capitaliste ? En quoi le sionisme est-il une idéologie particulière qui le distinguerait, par exemple, de l’islamisme du Hamas ou du Hezbollah ?
À ces questions qui déterminent toute sa logique, nous demandons au commentateur précédent une réponse un peu argumentée qui ne soit pas le sempiternel copié-collé dont le précédent commentaire est une parfaite illustration…
Les idéologues de la soumission des peuples confondent la « défense du nationalisme palestinien », dont il n’a jamais été question ici, et la lutte contre le fascisme sioniste, dont ils sont plus que les idiots utiles.
C’est curieux comme ils ramènent tout à Israël, c’est plus qu’un aveu ! Tout comme leurs amis inavoués, tout est bon pour distiller leur propagande, particulièrement répugnante quand il s’agit d’instrumentaliser les crimes racistes.
« LE BNVCA est horrifié par l’attentat antisémite qui viens d’être commis contre des juifs sans défense devant une école Ozar Hatorah de Toulouse LE BNVCA est horrifié par l’attentat antisémite qui viens d’être commis contre des juifs sans défense devant une école Ozar Hatorah de Toulouse faisant 4 morts dont deux enfants, une fillette de 6 ans et un petit garçon. Le BNVCA avait prévenu que LA PROPAGANDE PALESTINIENNE RELAYÉE PAR DES ÉLUS COMME LE MAIRE ET LE CONSEIL MUNICIPAL DE TOULOUSE SONT LA SOURCE ESSENTIELLE DE L’ANTISÉMITISME. Après Ilan Halimi elle a encore tué des juifs français . Nous demandons à l’Etat de tout mettre en œuvre pour identifier les auteurs de ce crime odieux et METTRE HORS D’ÉTAT DE NUIRE TOUTES LES ASSOCIATIONS ET LES ORGANISATIONS QUI EN INCITANT À LA HAINE D’ISRAËL POUSSENT IMMANQUABLEMENT À LA HAINE ANTI JUIVE. Nous demandons au gouvernement d’adresser aux Elus de la République engagés sans discernement de leur adresser des MISES EN GARDE. Le BNVCA se tient au coté des familles exprime sa solidarité son affection et sa sympathie aux victimes et un bon rétablissement aux blessés. »
« en quoi l’État d’Israël est-il particulier ? Quelle singularité le distingue de n’importe quel État capitaliste ? »
On pourrait demander aux idéologues de la symétrie en quoi les Etats de l’Axe du Mal se distinguent de tous les autres Etats pour que le CCI en fasse ses cibles principales, pour ne pas dire uniques.
On pourrait se demander aussi en quoi l’Allemagne nazie était si particulière pour qu’on la distingue de la Grèce, de la Belgique ou du Liechtenstein.
Mais en fait le CCI a déjà répondu en dénigrant tout droit à la résistance.
http://fr.internationalism.org/icconline/2009/la_partic….html
http://fr.internationalism.org/icconline/2009/les_anarc….html
http://fr.internationalism.org/rint133/l_antifascisme_l….html
« On pourrait demander aux idéologues de la symétrie en quoi les Etats de l’Axe du Mal se distinguent de tous les autres Etats pour que le CCI en fasse ses cibles principales, pour ne pas dire uniques. »
Mais justement, le CCI n’a JAMAIS distingué quelque impérialisme que ce soit parmi les autres. Et il n’a jamais fait des « États de l’Axe du Mal ses cibles principales, pour ne pas dire uniques », c’est très simple à démontrer :
http://fr.internationalism.org/icconline/2009/derriere_….html
http://fr.internationalism.org/ri429/de_l_iran_a_la_syr….html
http://fr.internationalism.org/ri408/en_afghanistan_et_….html
http://fr.internationalism.org/ri414/d_israel_a_la_turq….html
Par contre, le commentateur précédent ne nous a toujours pas expliqué en quoi le sionisme serait une idéologie différente de celle du Hamas, ni en quoi l’État d’Israël serait différent de, par exemple, Cuba, ou la Syrie…
« Les idéologues de la soumission des peuples confondent la « défense du nationalisme palestinien », dont il n’a jamais été question ici, et la lutte contre le fascisme sioniste, dont ils sont plus que les idiots utiles. »
Que voilà un raisonnement intéressant ! Quand on « lutte contre le fascisme sioniste » (depuis quand le sionisme est-il un fascisme ? Bonne question aussi…), on ne défend pas le nationalisme palestinien ! Tout comme bien entendu quand on luttait contre l’Allemagne nazie on ne défendait pas le nationalisme français ! La démonstration de ce mensonge patent n’est pas prête d’être faite : aux dernières nouvelles, la revendication palestinienne principale, celle du Hamas comme celle de l’OLP, c’est une nation indépendante, et son emblème est le drapeau palestinien ! Tout comme la Résistance française se battait au nom de la patrie et en avait repris tous les symboles : drapeau tricolore, célébrations du 11 novembre et du 14 juillet, Marseillaise, etc. Comme chacun sait, De Gaulle était un internationaliste convaincu ! Tout comme le Hamas ou l’OLP !…
Et il est donc clair que l’auteur de la citation ici reprise est bel et bien un défenseur de l’étatisme et des vaches capitalistes bien gardées…
Bien entendu, puisque cet individu est très prévisible, il va nous répondre que « les révolutionnaires n’ont rien à faire d’un État palestinien, ils veulent un État unique englobant Israël et la Palestine ». Mais outre que ni la bourgeoisie palestinienne, ni la bourgeoisie israélienne ne veulent d’un mouton à cinq pattes pareil, le soutien à la « résistance » palestinienne, autrement dit à la guerre impérialiste, ne peut mener qu’à un conflit interminable, ce qui est précisément en train de se passer. Quant à nous dire que « les révolutionnaires » se battent pour un État, je laisse chacun juge ici de la contradiction : les véritables révolutionnaires se battent depuis 150 ans pour la DESTRUCTION des États…
Si c’est sur ce genre d’« argument » que se base le critique antisioniste du CCI, on conçoit aisément qu’il se contente de copiés-collés : ça masque le vide derrière !
Une petite lecture pour mettre les choses plus au point :
http://fr.internationalism.org/ri426/conflit_isarelo_pa….html
en quoi les Etats sont différents dans l’exploitation, l’oppression et la guerre? C’est vrai que tous les Etats capitalistes pratiquent ces formes de sauvagerie…mais quand un Etat capitaliste est particulièrement cruel ou barbare envers un autre peuple, Israël contre les Palestiniens il n’est pas adéquat de dire que les Palestiniens font subir la même violence à Israël, c’est un fait.
Quant à la défense d’un nationalisme laïc ou religieux, c’est hors de question évidemment.
Mais il faut constater aussi que les mouvements (ou résistances) ne sont jamais chimiquement purs et d’emblée marxiste et internationaliste. Donc il faut prendre le mouvement comme il est et lui donner une direction. Il est hors de question de tourner le dos à la lutte des Palestiniens et commenter dans son coin en rejetant d’un revers de la main une lutte…
Pourquoi un impérialisme devrait-il être considéré plus fréquentable par les révolutionnaires parce qu’il a le dessous face à ses ennemis ?
La bourgeoisie palestinienne ne peut pas répondre au même niveau de barbarie que l’État israélien parce qu’elle n’en a pas les moyens ! Ça ne change rien à la nature de classe de cette bourgeoisie. En 1914, les socialistes serbes ont refusé de défendre la Serbie qui allait se faire écraser par l’Autriche, parce qu’ils ont soutenu que ce n’est pas parce que la Serbie était moins puissante qu’elle était moins impérialiste que l’Empire d’Autriche-Hongrie. Auraient-ils eu tort ?…
S’il fallait prendre la défense de chaque bourgeoisie qui ne fait pas subir la même violence dont elle est victime à ses ennemis, il nous faudrait définir quel est le niveau de violence « acceptable »; j’aimerais simplement savoir comment on ferait…
Qu’un mouvement de résistance ne soit pas « chimiquement pur » signifie quoi ? S’il n’est pas internationaliste, il est donc nationaliste : il défend par conséquent les intérêts d’une bourgeoisie nationale. Qu’est-ce que les exploités ont à gagner à l’Union sacrée, exactement ? L’exemple de la Résistance en France est pourtant assez parlant…
Et donc, une question : quel sont les buts de la « lutte des Palestiniens » et en quoi sont-il compatibles avec un programme révolutionnaire ? À part défendre un nationalisme laïc ou religieux, par exemple ?…
Une deuxième question, parce que là est le nœud du problème : en quoi la bourgeoisie palestinienne n’est-elle pas aussi impérialiste que l’Israélienne ? Au passage, c’était déjà la question de fond entre Trotsky et la Gauche communiste…
Si un mouvement n’est pas internationaliste, il n’est pas un mouvement idéal sorti de la tête de la Gauche internationaliste, mais une lutte issue des masses et privée de direction révolutionnaire…
Pendant la révolution d’octobre le mouvement était à ses débuts aux mains des mencheviks et des SR qui prônaient l’alliance avec la bourgeosie. Mais c’était néanmoins un profond mouvement des masses et une véritable révolution. Quand les bolcheviks ont réussi à prendre la direction de larges masses (les élections de la fin de l’année 1917 le confirme cf oeuvres de Lénine) ils ont donné une orientation de classe et internationaliste.
Les masses ne sont pas marxistes dans leur grande majorité, elles apprennent la politique et font leur expérience pendant des moments spécifiques, en particulier les révolutions.
Les MASSES palestiniennes se battent contre L’ETAT OPPRESSEUR israëlien. Mais les masses ont des directions réformistes, nationalistes et fondamentalistes. La bourgeoisie arabe je ne la défend pas elle permet des massacres de palestiniens… je ne prône aucune alliance avec la bourgeoisie ni ici ni la bas.
Il y a un léger problème dans la comparaison : les prolétaires et opprimés russes en février 1917 se battaient pour des revendications prolétariennes, la fin de la guerre, l’amélioration de l’approvisionnement, l’arrêt de la répression des mouvements sociaux… toutes revendications qui sont des revendications ouvrières.
On n’a rien de tel dans la « lutte du peuple palestinien »: les revendications ne sont pas prolétariennes, ce sont celles de la bourgeoisie locale ! D’ailleurs, lors des grèves de septembre 2006 à Gaza, le Hamas a combattu la grève, pourchassé les grévistes qui selon lui affaiblissaient la lutte contre l’occupant…
L’État qui opprime les Palestiniens ne serait-il pas d’abord et avant tout l’État palestinien ? Le mot d’ordre de Lénine était pourtant : transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, l’ennemi principal est dans notre propre pays… Pourquoi ce mot d’ordre ne serait-il pas valable en Palestine ?…
Le CCI n’est jamais aussi pitoyable que quand il prétend donner des leçons d’histoire alors qu’il ne comprend strictement rien d’autre que ce qui est écrit dans son catéchisme, qu’il adapte à toutes les situations, quitte à les transformer. Mais que ne ferait-on pas pour classer la résistance palestinienne en tête de liste des ennemis du Monde libre.
Le bêtisier du négationnisme internationaliste :
« l’état d’Israël n’est pas plus sioniste que celui d’Iran n’est musulman ou celui de la Corée du Nord communiste »
« même la récente attaque contre l’ambassade israélienne au Caire a été vue par beaucoup comme une DIVERSION contre la poursuite des manifestations de la place Tahrir »
« Il y avait des indices laissant soupçonner une COLLUSION ENTRE LE GOUVERNEMENT ET LA POLICE dans l’attaque, qui a également coïncidé avec une visite au Caire du Premier ministre turc Erdogan, avide de promouvoir un nouvel axe anti-Israël »
« le pillage de l’ambassade [d’Israël au Caire] a certainement contribué à DÉTOURNER L’ATTENTION d’une nouvelle vague de mécontentement populaire contre le régime »
« MOHAMED ABBAS, le président de l’autorité palestinienne »
« rendre la masse des Israéliens capables de vivre sans la peur constante de la guerre et des ATTAQUES TERRORISTES »
« qu’est-ce que SA lutte contre « l’apartheid, l’occupation et le colonialisme » POURRAIT BIEN APPORTER aux exploités de Palestine et d’Israël ? La réponse est simple : rien du tout ! L’exploitation continuerait, toujours plus forte »
« la « lutte contre l’occupation, l’apartheid et la colonisation » est un combat de la BOURGEOISIE palestinienne »
« La « solution d’un seul État » en Palestine ferait « que l’exploitation continuerait comme avant, MAIS EN PIRE » ! »
« En septembre, des employés de la West Bank dans la Bande de Gaza ont mis sur pied des grèves et des manifestations pour exiger que le gouvernement du Hamas règle plusieurs mois de salaires impayés, suite au blocus des fonds internationaux par l’Etat israélien »
« la PRINCIPALE force de répression qui s’exerce contre eux [les Palestiniens], c’est leur propre bourgeoisie, sous la forme du Hamas et de l’OLP ! »
« un État palestinien bardé de flics, qui torture dans ses prisons et réprime ses exploités BIEN PLUS EFFICACEMENT que l’armée israélienne »
« En tout cas, lorsqu’ils manifestent, ce n’est pas l’armée d’Israël que les Gazaouis trouvent devant eux : ce sont les flics du Hamas »
« des MASSACREURS du Hamas, qui ont ARRÊTÉ les manifestants du 31 janvier qui voulaient manifester leur soutien aux révoltes en Egypte »
« Quant aux anarchistes israéliens, qu’ils en viennent à dire qu’ils défendront un État palestinien si on le leur demande est suffisamment significatif de leur déréliction politique et du fait qu’eux aussi, entre un camp impérialiste et un autre, ils ont choisi ! Ce qui est certain, c’est que les exploités n’ont rien à attendre d’eux ! »
« le mouton à cinq pattes qu’il défend – une soi-disant nation unique en Palestine – est la solution DE LA BOURGEOISIE. »
« Et j’oubliais le droit d’être SDF, de se faire expulser, de mourir de froid, de se faire taper dessus par la police quand on râle, bref, LA MÊME CHOSE que ce que subissent DÉJÀ les Palestiniens, mais par un État démocratique « unique » ! Que voilà une riante perspective ! »
Amen !
Dans le texte qui suit, traduit et republié en français par La Princesse de Clèves, avec l’aimable autorisation de l’auteur, Walid El Houri analyse la couverture à géométrie variable de deux meurtres commis au début de l’été 2009 : celui de Neda et celui de Marwa, assassinée en plein tribunal il y a tout juste trois ans, le 1er juillet 2009. Isolant un seul de ces deux actes de ses conditions historiques de possibilité, les journalistes lavent la conscience et les mains du public au moment même où l’islamophobie, continuellement distillée dans les questions dites « de société », rend acceptables les discours les moins raisonnables et possible le meurtre d’une femme innocente dans un tribunal qui vient de lui donner gain de cause… L’absurde débat français sur le voile intégral serait presque drôle s’il n’apportait pas, lui aussi, sa part d’eau au moulin de la haine.
Le 20 juin 2009, Neda Agha Soltan est abattue lors des manifestations qui ont suivi les élections en Iran. Ces manifestations ont pris une place importante dans l’information à l’échelle mondiale, présentées avec des analyses et des commentaires qui prédisaient la chute du régime de Téhéran et l’éveil de « l’axe du mal » aux lueurs de l’aube libérale.
Neda morte a été érigée en icône de l’opposition iranienne, offerte comme le symbole à la fois des millions de victimes de l’injustice du régime iranien et de l’audace des manifestants. La mort de Neda a été inscrite dans un contexte. Elle est passée de la sphère individuelle d’une mort subjective à la sphère publique d’une cause juste pour toute la société.
Le 1er juillet, Marwa El Sherbini, une chercheuse égyptienne installée en Allemagne, a été poignardée à mort à 18 reprises dans la cour de justice de Dresde, devant son fils âgé de trois ans. Le tribunal lui avait donné raison dans l’affaire qui l’opposait à un Allemand d’origine russe. Ce dernier l’avait injuriée à cause du voile qu’elle portait. La police a ouvert le feu sur son mari, qui voulait lui porter secours lors de l’agression. Avant que des marches de protestation n’aient lieu en Egypte lors de l’enterrement, la mort de Marwa n’avait pas été reportée par les médias occidentaux. La couverture qui a suivi s’est concentrée sur les manifestations ; le meurtre à proprement parler étant présenté comme un acte isolé, ainsi séparé de son contexte, et de sa signification sociale.
La partialité des médias et le fait qu’ils aient choisi de couvrir l’information selon leurs propres convenances n’est pas ici le problème. Ce que montre la comparaison entre ces deux meurtres, c’est l’incapacité pour les sociétés occidentales et européennes à saisir la signification et l’importance sociale du meurtre de Marwa, ainsi que le contexte politique et historique qui l’a rendu possible.
L’acteur de « l’acte isolé » qui a poignardé Marwa 18 fois à l’intérieur d’une cour de justice est le produit de la société dans laquelle il vit. Si le meurtre de Marwa devait soulever un seul débat, ce serait celui sur l’islamophobie latente (qui n’est peut-être plus si latente) qui a prospéré dans les sociétés européennes lors de ces dix dernières années, et plus particulièrement dans les années 1990.
Il serait périlleux de nier toute connexion entre ce crime et les discussions relatives à l’interdiction du niqab, ou celles antérieures, relatives au port du voile. Ces questions, ainsi que d’autres, liées à l’immigration musulmane en Europe, ont occupé le devant de la scène lors des débats publics. Il semble aussi difficile de ne pas remarquer la popularité croissante des partis d’extrême-droite qui ont gagné une représentation politique lors de la dernière décennie, succès qu’ils doivent à des discours fondés sur la peur de l’Islam et « le problème de l’immigration ».
L’absence d’une couverture adéquate de ce meurtre, et la sonnette d’alarme qui ne retentit toujours pas après, reflète un déni dans lequel s’enfonce le débat public au sein des sociétés européennes. Alors que l’Europe prêche la liberté d’expression et la nécessité de respecter l’altérité, alors que l’Europe prêche contre le danger du racisme et du communautarisme dans les pays du Tiers-monde, alors que l’Europe prêche contre les discours de haine et l’antisémitisme, nous constatons que les crimes racistes, les préjugés et les paroles haineuses gagnent du terrain en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et dans les autres démocraties du vieux continent. Toutefois, la répétition de l’exception remet justement en cause ce statut d’exception.
L’absence d’articles concernant Marwa dans les médias à grande diffusion, ainsi que l’incapacité à initier un débat sur les dangers immédiats de l’islamophobie en Europe, laisse présager un avenir plutôt morne pour les musulmans européens. Des musulmanes comme Neda n’atteignent la sphère médiatique que lorsque leur histoire cadre avec le discours dominant qui présente l’Islam comme la menace principale qui pèse sur nos libertés. Dans le même temps, les histoires de musulmanes comme Marwa, exposées au racisme occidental généralisé et défiant les stéréotypes, passent quant à elles aux oubliettes.
Ce qu’il est important de noter dans le traitement médiatique du cas de Neda, c’est le choix de porter l’accusation sur le régime iranien comme autorité responsable du contexte dans lequel ce crime s’est produit, et non sur l’individu qui a concrètement ouvert le feu. L’accusé, c’est l’élite dirigeante ou l’institution, pas la personne qui a tiré. En revanche, dans le cas de Marwa, les médias n’ont eu de cesse d’insister sur l’individualité du tueur, le qualifiant de « cas isolé », le présentant comme un marginal, sans lien aucun avec la société dont il fait pourtant partie. On a nommé le meurtrier – « Alex W. » – mais l’institution, la société, les dirigeants ont tous été gommés de l’histoire.
Alors que la mort de Neda a fait l’objet d’interprétations diverses et de lectures contextualisées, celle de Marwa a été privée de tout contexte et présentée comme une tragédie personnelle, avec pour principaux personnages un malade mental et sa victime. Pendant ce temps, le virage droitier de l’Europe continue à un rythme effréné. Les stéréotypes culturels, l’incapacité à s’intégrer (comprenez : l’aliénation sociale et politique) ainsi que l’incommunicabilité et la crise financière, nourrissent cette trajectoire et apportent un soutien aux discours nationalistes et populistes des partis d’une droite nouvelle ou résurgente.
Dans les années 1930, à la suite de la grosse crise économique des années 1920, un jeune parti populiste de droite gagnait du terrain en Allemagne ; peu auraient alors pu soupçonner ce qui allait suivre. Aucun élément tangible ne donne à penser que l’Europe possède une société plus tolérante que les autres, ou pour le dire autrement, que les gens apprennent nécessairement les leçons du passé, ou que certaines sociétés sont exemptes de comportements racistes. Tout prouve plutôt que le mythe d’une Europe d’après-guerre tolérante est bien mort ; et les médias feraient mieux de tirer les conclusions qui s’imposent avant que l’histoire ne se répète.
http://lmsi.net/Neda-Marwa-et-le-prechi-precha
L’utilité des deux précédents commentaires est parfaitement claire : pourrir tout débat sur la question palestinienne.
Mais tous ceux qui ont eu affaire à leur auteur le savent : l’unique but de ce personnage est d’imposer une vision nationaliste du conflit du Proche-Orient.
Le but du CCI est parfaitement clair : ramener n’importe quel sujet à leur vision négationniste des résistances en en faisant un plaidoyer contre leurs ennemis principaux : le Hamas et le Hezbollah.
Ils l’avouent eux-mêmes : « L’utilité des deux précédents commentaires est parfaitement claire : pourrir tout débat sur la question palestinienne. »
Sauf que le sujet de l’article n’est pas la question palestinienne, mais l’instrumentalisation des crimes racistes, que les négationnistes ont transformé en tribune contre le Hamas et le Hezbollah.
Pour en revenir au sujet, un excellent article de lmsi :
« des questions à l’islam »
De Toulouse à Oslo
par Sebastien Fontenelle
« […] Dans l’espace des neuf mois qui se sont écoulés entre la tuerie d’Oslo et celles de Montauban et de Toulouse : le point de vue du directeur du Nouvel Observateur sur « le rapport entre les écrits ou les paroles d’un côté, les actes de l’autre » semble donc avoir sensiblement évolué, puisqu’après avoir soutenu en juillet 2011 qu’il n’était pas possible de « rendre le Front national responsable d’actes qu’il a toujours réprouvés sans ambiguïtés », il donne en mars 2012 l’impression d’être soudain plus disposé à considérer que « les idées de l’extrême droite légale encouragent les passages à l’acte d’éléments marginaux ».
Comment s’explique cette évolution ?
La réponse est dans la suite de son éditorial, où Laurent Joffrin explique que :
«De même qu’on peut reprocher à l’extrême droite politique l’usage que certains criminels peuvent faire de ses idées, on doit dénoncer l’influence des religieux dogmatiques, seraient-ils de simples prêcheurs, sur les exactions des fanatiques. » [4]
C’est donc, finalement, très simple : si le patron de l’Obs dit en mars 2012 (en soutenant qu’on peut reprocher à l’extrême droite politique l’usage que certains que certains criminels peuvent faire de ses idées) l’exact contraire de ce qu’il disait en juillet 2011 (en soutenant qu’on ne pouvait pas reprocher à l’extrême droite politique l’usage que certains criminels pouvaient faire de ses idées) ?
C’est parce que ce spectaculaire changement d’avis lui ouvre la possibilité d’user contre les musulmans du procédé même dont il redoutait neuf mois plus tôt que d’aucun(e)s ne l’emploient contre des « éditorialistes réactionnaires »…
…Et « d’incriminer » après les tueries de Montauban et de Toulouse, « selon la méthode de la causalité floue qui autorise toutes les confusions », non plus seulement, comme il avait fait après celle d’Oslo, des sites où des fanatiques colportent « une agressivité verbale telle qu’elle finit par distiller une sémantique de guerre civile » (ou sainte), mais bien la religion musulmane dans son entier – puisque c’est à « l’islam », en général, qu’il a « des questions » à poser, et à ses « docteurs de la foi » qu’il demande, à la conclusion de son éditorial, s’ils « cautionnent » (ou « reprennent », ou « approuvent ») les « appels au meurtre qu’on trouve ici ou là dans les livres sacrés ».
3. Par ses deux réactions, à la tuerie d’Oslo d’abord, puis à celles, neuf mois plus tard, de Montauban et de Toulouse, Laurent Joffrin esquisse donc une doxa qui peut se résumer comme suit : quand un fanatique réactionnaire tue ses compatriotes, il serait parfaitement déplacé de vouloir apostropher les docteurs de la réaction.
Mais quand un fanatique musulman tue ses compatriotes, « on doit » interpeller les théologiens de l’islam.
Et c’est intéressant, mais en réalité, une fois qu’on a dressé ce constat ? On est encore (très) loin d’avoir épuisé le sujet – qui mériterait, par exemple, qu’on relève aussi que l’accès aux médias des oulémas reste chez nous assez limité [5], quand les idéologues dédiés à la fustigation de « l’islamisation de l’Europe » ont, eux, des ronds de serviettes dans (beaucoup) plus de rédactions qu’on n’en pourrait compter sur les doigts de deux mains.
Et tout cela pourrait faire nombre d’intéressantes questions à (se) poser, quand on dirige un vénérable hebdomadaire : mais encore faut-il le vouloir. […] »
http://lmsi.net/Des-questions-a-l-Islam