« des questions à l’islam », par sébastien fontenelle
Catégorie : Global
Thèmes : Racisme
1. Au mois de juillet 2011, Anders Behring Breivik assassine à Oslo plusieurs dizaines de ses compatriotes.
Il a rédigé, avant de perpétrer son crime, un interminable manifeste de plus de 1.500 pages, d’où ressort qu’il se voit comme un « révolutionnaire conservateur » en guerre contre le « politiquement correct », qu’il regarde comme une « idéologie totalitaire » dédiée à la subversion des « valeurs traditionnelles » – et qui d’après lui prépare, par sa « promotion du multiculturalisme », l’« islamisation de l’Europe ».
Juste après l’horrible tuerie d’Oslo : Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur, fait un éditorial où il (se) demande « qui a inspiré le tueur de Norvège », et dans lequel il commence par observer qu’
« Anders Behring Breivik, tout solitaire qu’il soit, tout déséquilibré qu’il puisse paraître, est aussi l’homme d’une époque, le symptôme d’une pathologie ; en un mot la première incarnation d’un spectre qui commence à hanter l’Europe ».
Ce constat n’est pas faux du tout, puisqu’effectivement, depuis de longues années : d’éminents clercs de médias se sont spécialisés dans la récitation d’une logorrhée un peu abrupte où le multiculturalisme est donné comme un prélude à l’islamisation du Vieux Continent – et dans laquelle la « bien-pensance » (qui est l’autre nom, chez ces gens-là, du politiquement correct) est systématiquement présentée comme une « tyrannie », ou un « terrorisme ».
Mais justement : Laurent Joffrin, dans son approche du « rapport entre les écrits ou les paroles d’un côté, les actes de l’autre », ne souhaite pas incriminer cette cléricature – car cela ferait, explique-t-il un « « amalgame » » [1].
S’il prend la plume, ce n’est pas du tout pour relever que d’estimés glossateurs usent depuis des ans du même clivant vocabulaire, exactement, qui se retrouve, au mot près, dans l’interminable profession de foi identitaire d’Anders Behring Breivik – mais bien plutôt pour les exonérer, au contraire, du soupçon que leur prose ait pu inspirer celle du tueur d’Oslo.
D’emblée, donc : le patron du Nouvel Obs explique que son intention n’est pas d’
« accuser tel ou tel populisme qui reste dans une stricte légalité, de stigmatiser tous ceux qui se réfèrent à la nation ou qui critiquent l’islam, ni de rendre le Front national – auquel on pense naturellement quand il s’agit d’hostilité envers les étrangers – responsable d’actes qu’il a toujours réprouvés sans ambiguïtés » [2]
Plus précisément : le directeur du Nouvel Obs refuse, après le massacre d’Oslo, d’« incriminer, selon la méthode de la causalité floue qui autorise toutes les confusions, “une atmosphère”, qu’on qualifiera évidemment de “nauséabonde” », ou « un climat d’ “intolérance” instauré par ceux qui s’inquiètent de l’immigration ou qui se réfèrent à l’identité nationale ». Et il précise, à toutes fins utiles :
« Non, Guéant, Sarkozy, Ménard ou Zemmour ne sont pour rien dans les événements d’Oslo. »
Laurent Joffrin ne souhaite donc pas imaginer que les obsessions identitaires où campent de hautes figures des oligarchies médiatiques (et politiques) européennes aient pu inspirer « le tueur de Norvège ».
Mais par contre : il met en cause, de façon très directe, des « sites » comme « François Desouche », qui « se sont fait une spécialité » du « nouveau fanatisme » qu’est « l’idéologie antimusulmane contemporaine », et qui véhiculent, « dans » des « forums » où « les musulmans sont » considérés comme « un ennemi atavique », une « agressivité verbale telle qu’elle finit par distiller une sémantique de guerre civile ».
Un minuscule détail échappe là au patron de l’Obs : il néglige que François Desouche ne produit que « très peu de contenu » original, et se limite, pour l’essentiel, à mettre en ligne « une revue de presse actualisée quotidiennement », dont les principales sources ne sont pas des feuilles confidentielles d’extrême droite, mais bien les « grands » médias, où ses tenanciers piochent tout ce qui nourrit leur vision du monde…
…Et dans laquelle « Zemmour », par exemple, est une véritable star, dont les interventions dans le débat public sont amoureusement compilées – pour la plus grande joie des commentateurs (anonymes) dont « l’agressivité verbale » offusque Laurent Joffrin, qui les trouvent, en général, réjouissantes.
Pour le dire autrement : ce sont précisément les saillies de personnalités que le directeur du Nouvel Observateur ne souhaite pas « incriminer », qui suscitent beaucoup des commentaires dont il s’afflige – et dont il déplore qu’ils « distillent une sémantique de guerre civile ».
Et cela vaudrait sans doute d’être questionné – mais Laurent Joffrin préfère plutôt « préciser », après que Paul Moreira lui a fait une réponse déplorant qu’il « exonère un peu vite de toute responsabilité les polémistes de la droite extrême qui occupent les plateaux de télé et radios du soir au matin », qu’« honnêtement, et quelque antipathie que suscitent chez » lui « les idées » d’« éditorialistes réactionnaires » comme « Éric Zemmour ou Ivan Rioufol », il « ne croit pas juste de les incriminer dans cette affaire de terrorisme » [3].
Et cette retenue honore, bien sûr, le directeur du Nouvel Observateur. Mais elle est sujette, semble-t-il, à quelques variations.
2. Au mois de mars 2012 : Mohammed Merah assassine à Montauban et à Toulouse sept de ses compatriotes.
Il se présente, après avoir perpétré son crime, comme un « combattant d’Al-Qaïda ».
Juste après les horribles tueries de Montauban et de Toulouse : Laurent Joffrin fait un éditorial où il pose des « questions à l’islam », et dans lequel il commence par rappeler que dans le « cours de son enquête » sur ces crimes, « la police a pour un temps envisagé la piste d’un tueur d’extrême droite ».
De ce rappel, le patron du Nouvel Obs tire l’enseignement que « si cette hypothèse s’était confirmée, il est facile d’imaginer les raisonnements politiques qu’on n’eût pas manqué d’en tirer ».
Il suppute :
« L’assassin, aurait-on dit, n’est pas le seul coupable de son crime ».
Il insiste :
« Ainsi eût-on incriminé non seulement le terrorisme nationaliste qui frappe sporadiquement l’Europe mais aussi l’extrême droite légale, dont les idées, quoique débouchant sur une stratégie électorale qui exclut la violence physique, encouragent les passages à l’acte d’éléments marginaux. »
Dans l’espace des neuf mois qui se sont écoulés entre la tuerie d’Oslo et celles de Montauban et de Toulouse : le point de vue du directeur du Nouvel Observateur sur « le rapport entre les écrits ou les paroles d’un côté, les actes de l’autre » semble donc avoir sensiblement évolué, puisqu’après avoir soutenu en juillet 2011 qu’il n’était pas possible de « rendre le Front national responsable d’actes qu’il a toujours réprouvés sans ambiguïtés », il donne en mars 2012 l’impression d’être soudain plus disposé à considérer que « les idées de l’extrême droite légale encouragent les passages à l’acte d’éléments marginaux ».
Comment s’explique cette évolution ?
La réponse est dans la suite de son éditorial, où Laurent Joffrin explique que :
« De même qu’on peut reprocher à l’extrême droite politique l’usage que certains criminels peuvent faire de ses idées, on doit dénoncer l’influence des religieux dogmatiques, seraient-ils de simples prêcheurs, sur les exactions des fanatiques. » [4]
C’est donc, finalement, très simple : si le patron de l’Obs dit en mars 2012 (en soutenant qu’on peut reprocher à l’extrême droite politique l’usage que certains que certains criminels peuvent faire de ses idées) l’exact contraire de ce qu’il disait en juillet 2011 (en soutenant qu’on ne pouvait pas reprocher à l’extrême droite politique l’usage que certains criminels pouvaient faire de ses idées) ?
C’est parce que ce spectaculaire changement d’avis lui ouvre la possibilité d’user contre les musulmans du procédé même dont il redoutait neuf mois plus tôt que d’aucun(e)s ne l’emploient contre des « éditorialistes réactionnaires »…
…Et « d’incriminer » après les tueries de Montauban et de Toulouse, « selon la méthode de la causalité floue qui autorise toutes les confusions », non plus seulement, comme il avait fait après celle d’Oslo, des sites où des fanatiques colportent « une agressivité verbale telle qu’elle finit par distiller une sémantique de guerre civile » (ou sainte), mais bien la religion musulmane dans son entier – puisque c’est à « l’islam », en général, qu’il a « des questions » à poser, et à ses « docteurs de la foi » qu’il demande, à la conclusion de son éditorial, s’ils « cautionnent » (ou « reprennent », ou « approuvent ») les « appels au meurtre qu’on trouve ici ou là dans les livres sacrés ».
3. Par ses deux réactions, à la tuerie d’Oslo d’abord, puis à celles, neuf mois plus tard, de Montauban et de Toulouse, Laurent Joffrin esquisse donc une doxa qui peut se résumer comme suit : quand un fanatique réactionnaire tue ses compatriotes, il serait parfaitement déplacé de vouloir apostropher les docteurs de la réaction.
Mais quand un fanatique musulman tue ses compatriotes, « on doit » interpeller les théologiens de l’islam.
Et c’est intéressant, mais en réalité, une fois qu’on a dressé ce constat ? On est encore (très) loin d’avoir épuisé le sujet – qui mériterait, par exemple, qu’on relève aussi que l’accès aux médias des oulémas reste chez nous assez limité [5], quand les idéologues dédiés à la fustigation de « l’islamisation de l’Europe » ont, eux, des ronds de serviettes dans (beaucoup) plus de rédactions qu’on n’en pourrait compter sur les doigts de deux mains.
Et tout cela pourrait faire nombre d’intéressantes questions à (se) poser, quand on dirige un vénérable hebdomadaire : mais encore faut-il le vouloir.
P.-S.
Ce texte est paru initialement sur le Blog de Sébastien Fontenelle, Vive le feu. Nous le reproduisons avec l’amicale autorisation de son auteur.
Textes de Sebastien Fontenelle
-« Des questions à l’Islam », 7 avril
-Une si longue patience, 13 mars
-Insolent-e-s Arabes, Novembre 2011
-SOS Racisme antiblancs, Octobre 2011
-Ne me fais pas rire, Bozo, Avril 2011
-Le Nostradamus des urnes , Janvier 2011
-Même pas drôle !, Décembre 2010
-La croisière s’abuse , Août 2010
-Qu’est-ce que c’est que ça, « les transferts sociaux » ? , Juin 2010
-Islamogauchisme et dégonflotrotskisme , Février 2010
Notes
[1] Et lui ne mange pas de ce pain-là.
[2] On relèvera ici que Laurent Joffrin continue donc, à l’été 2011, après quatre ans de règne d’une droite qui a fait de l’entretien de la peur de « l’Autre » l’alpha et l’omega de sa démagogie, de penser « naturellement » au parti lepéniste, « quand il s’agit d’hostilité envers les étrangers » – comme s’il n’avait pas complètement pris la mesure d’une réalité où la propagande frontiste ne se différencie plus guère, dans ces matières, de celle du gouvernement.
[3] Bien évidemment : nul(le) ne songe, contrairement à ce que suggère là Laurent Joffrin, à imputer à ces personnages la moindre responsabilité directe dans la tuerie d’Oslo.
[4] Dans un cas : on « peut ». Dans l’autre cas : on « doit ».
[5] Personnellement, et soit dit en passant : je m’en porte tout à fait bien.
si LMSI a eu l’autorisation de reproduire le texte de Fontenelle, a-t-il eu le droit de changer le titre ?
texte original ici
http://www.politis.fr/Ou-L-On-Voit-Que-Des-Fois-Laurent….html
titre original :
Où L’On Voit Que, Des Fois, Laurent Joffrin Varie (Dans Sa Perception Du « Rapport Entre Les Écrits Ou Les Paroles D’Un Côté, Les Actes De L’Autre »)
Ah ! mais oui, mettre “islam” en titre attire le chaland !
On l’a déjà vue écrire des conneries, mais là elle se surpasse ! C’est pas par des gesticulations que t’arriveras à brouiller le message, qui est très clair :
« Par ses deux réactions, à la tuerie d’Oslo d’abord, puis à celles, neuf mois plus tard, de Montauban et de Toulouse, Laurent Joffrin esquisse donc une doxa qui peut se résumer comme suit : quand un fanatique réactionnaire tue ses compatriotes, il serait parfaitement déplacé de vouloir apostropher les docteurs de la réaction. Mais quand un fanatique musulman tue ses compatriotes, « on doit » interpeller les théologiens de l’islam. »
Là, on s’attaque à la pensée unique occidentale, d’où les réactions indignées.
Tiens, d’autres textes intéressants qui vont te faire étouffer :
http://lmsi.net/Insolent-e-s-Arabes
http://lmsi.net/SOS-Racisme-antiblancs
http://lmsi.net/Ne-me-fais-pas-rire-Bozo
Et tu peux y mettre les titres que tu veux.
ce n’est pas le respect de l’auteur qui étouffe LMSI et le posteur troll rouge brun de toulouse
La trollesse bleu-blanc-brun n’aime pas LMSI, c’est son droit, mais elle pourrait avoir le courage de le dire au lieu de perdre son temps à raconter des sornettes qui ne trompent personne.
Sur l’exploitation de la tuerie pour leurs intérêts politiques, tous les récupérateurs disent la même chose, c’est pourquoi on n’est pas étonnés de sa réaction.
Voir : Netanyahou et Sarkozy, marchands de sang
« Les innocentes victimes ont trouvé le repos éternel dans un monde médiatique où un président xénophobe récolte un gain politique à partir d’un vil mélodrame, tandis que dans le même temps que notre premier ministre, avant même que le sang ait été lavé sur le pavé, s’est empressé de le mettre en tête de son ordre du jour.
La forte relation entre Tel Aviv et Paris est plus vieille que l’état. Le poète Natan Alterman et le critique d’art Haim Gamzu, le poète et traducteur Avrham Shlonsky et les « Canaanites », respiraient tous la France, des années avant la création de l’état. Et depuis les années 50, cette relation est devenue envahissante avec une dimension différente, que n’ont pas seulement représentée le dramaturge Nissim Aloni, l’écrivain Amos Kenan ou l’artiste Yossi Bana.
Les absurdités qu’on dégueule ici depuis les meurtres de Toulouse, la semaine dernière, fait l’effet, entre autre, du recyclage de cette même amitié – depuis l’époque où Guy Mollet, premier ministre socialiste français des années 50, opprimait les Algériens et s’associait simultanément avec les leaders israéliens David Ben Gourion, Moshe Dayan et Shimon Peres pour s’emparer du canal de Suez. […]
Voilà comment la France est devenue le leader de cette affreuse vague de racisme européen anti-immigrés. Pas seulement le Pen. Mais aussi le président Nicolas Sarkozy. L’homme qui fut ministre de l’intérieur, et en 2005 a surnommé les manifestants d’origine africaine ou nord-africaine contre la pauvreté, de rebuts du genre humain, celui qui a été plus tard élu à la présidence avec l’aide de l’incitation au racisme. Evidemment, pas avant de déclarer non sans pathos, en octobre 2007 « J’ai changé à Yad Vashem »
Pendant des années l’esprit colonialiste qu’on appelle en Israël, non sans hypocrisie, « républicanisme » a servi aux français à persécuter les étrangers, même s’ils étaient nés en France comme ses citoyens. Pendant longtemps, les Juifs ont servi de feuille de vigne à ce racisme, parce que qu’y a-t-il de mieux qu’un rituel d’holocauste pour transformer « l’autre » en symbole moral dans la guerre contre les vrais autres : les Africains et Nord-Africains. Seulement il n’y a qu’ici que le feu du colonialisme éternel rencontre la machine à propagande israélienne, laquelle est alimentée par la haine des Musulmans.
On ne sait pas si tous les Français qui sont sortis de l’ordinaire pour pleurer les morts, aimaient la barbe du rabbin, ses vêtements et la kippa des enfants de Toulouse. D’un autre côté, si les quatre (victimes) avaient vécu en Israël, ils auraient été de bons matériaux pour l’incitation contre le problème de « l’exclusion des femmes », puisqu’ils étudiaient dans des classes séparées. Le défunt rabbin de Toulouse, Jonathan Sandler, aurait été, probablement aussi, harcelé sur la question de la « productivité et du service dans l’armée israélienne.
Les innocentes victimes ont trouvé le repos éternel dans un monde médiatique où un président xénophobe s’empare vainement du nom de Yad Vashem et récolte des profits politiques d’un drame, quand simultanément notre premier ministre, qui avant même que le sang ait été lavé du trottoir, s’est empressé de le mettre à son ordre du jour, pour que tout le monde sache que « quiconque condamne le meurtre d’innocents à Gaza s’identifie aux assassins de Juifs d’Al-Quaida »
Une alliance de marchands de sang. »
http://www.haaretz.com/opinion/netanyahu-and-sarkozy-th…20915
@ lundi 09 avril 2012 – 01:37
Qu’est-ce que ça veut dire, ta phrase :
“La trollesse bleu-blanc-brun n’aime pas LMSI, c’est son droit, mais elle pourrait avoir le courage de le dire au lieu de perdre son temps à raconter des sornettes qui ne trompent personne.”
C’est du private joke ? il est temps d’expliquer ce que tu sous entends, toi qui es traité régulièrement de “rouge brun” ici
et les modos laissent passer ce genre de coms ?!
C’est plus cool de traiter les gens de rouge-brun ? Et les modos laissent passer ça ? :-)))
Pour les titres des articles, merci de faire la remarque à ceux qui les ont choisis, en l’occurrence à LMSI. Et si t’as pas d’autres observations plus intéressantes à faire, c’était pas la peine de te déplacer jusqu’à ton clavier.
Si tu passais plus de temps à écrire des articles qu’à spammer ceux des autres, tu saurais que ton titre est trois fois trop long pour rentrer. Mais tu peux pas savoir évidemment, quand on se contente de traiter les gens de rouge-brun, on fait des phrases très courtes et des économies de caractères.
Ce qui dérange dans ce texte, tout le monde l’a compris, c’est la répugnante récupération par les sionistes et la classe politique des meurtres de Toulouse et Montauban pour leur propagande :
La Bête Immonde n’est pas morte à Toulouse
« Stéphane Hessel, ancien résistant et auteur d’«Indignez-vous», sympathise avec le Hamas, ce frère jumeau de l’assassin de Toulouse et de Montauban. Jean-Luc Mélenchon, candidat à la Présidence de la République, admire Hugo Chavez, dictateur proche d’Ahmadinejad et de Kadhafi. Il y a ainsi des personnalités de la France politiquement correcte qui n’ont rien retenu du processus qui a emmené un jour le peuple de Voltaire à faire allégeance à Pétain.
Noyer les tueries de Toulouse et de Montauban dans une vague indignation contre le racisme est une forme de déni de quelque chose de grave et de criant, qui est l’islamisme radical. L’auteur des massacres de Toulouse a beau être français, ses motivations relèvent d’une tradition liée au nazisme. Déjà dans les années trente le Grand Mufti de Jérusalem avait vendu son âme à Hitler.
Le racisme existe depuis toujours et n’est pas près d’être éradiqué, mais l’antisémitisme est une variante qui a trouvé sa solution sous la forme politique que constitue l’Etat d’Israël. Nul doute que la France fait ce qu’elle peut pour lutter contre l’antisémitisme, mais il est temps qu’elle revienne à sa politique des années soixante consistant à reconnaître que la véritable réponse à l’antisémitisme ne relève pas de l’humanitaire mais du politique, et donc d’un soutien franc et massif à Israël.
Il y a encore trop de gens dans l’opinion publique française qui pensent qu’ils peuvent être en empathie avec les juifs tout en étant antisionistes. C’est une erreur tragique qui résulte de décennies de propagande anti-israélienne initiée par de Gaulle, position à la fois immorale et contreproductive à terme… »
Voilà les crapuleries qu’on peut trouver partout dans les médias « respectables ». Je laisse le soin à ceux qui sont sceptiques de retrouver la source de ce monument de jésuitisme et de novlangue.
“Les tragédies de Toulouse et de Montauban pourraient avoir des répercussions sur la campagne électorale en cours en France, mais il faut espérer qu’aucun des candidats ne se trompe d’ennemi en stigmatisant telle ou telle catégorie de population. Il faudrait en revanche qu’ils intègrent que les ennemis d’Israël et ceux qui ont inspiré l’assassin de Toulouse et de Montauban sont les mêmes. Qu’ils n’appartiennent à aucune ethnie ni nationalité particulière, mais qu’ils sont atteints d’une même maladie de l’esprit, transmissible mais pas imparable.
Bertolt Brecht, poète allemand du siècle passé, disait à propos du fascisme que “le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde”.”
C’est bien le même texte et la même saloperie. Et ceux qui le soutiennent sont de la même eau. « Les ennemis d’Israël » sont désignés comme une race au-delà de leur ethnie personnelle, qu’il faut éradiquer. C’est le fascisme dans toute sa splendeur.
Va donc rejoindre ta famille naturelle, il doit bien y avoir dans le CRIF ou la LDJ des sites où tu pourras t’exprimer bien plus facilement.
« LE BNVCA est horrifié par l’attentat antisémite qui viens d’être commis contre des juifs sans défense devant une école Ozar Hatorah de Toulouse LE BNVCA est horrifié par l’attentat antisémite qui viens d’être commis contre des juifs sans défense devant une école Ozar Hatorah de Toulouse faisant 4 morts dont deux enfants, une fillette de 6 ans et un petit garçon. Le BNVCA avait prévenu que LA PROPAGANDE PALESTINIENNE RELAYÉE PAR DES ÉLUS COMME LE MAIRE ET LE CONSEIL MUNICIPAL DE TOULOUSE SONT LA SOURCE ESSENTIELLE DE L’ANTISÉMITISME. Après Ilan Halimi elle a encore tué des juifs français . Nous demandons à l’Etat de tout mettre en œuvre pour identifier les auteurs de ce crime odieux et METTRE HORS D’ÉTAT DE NUIRE TOUTES LES ASSOCIATIONS ET LES ORGANISATIONS QUI EN INCITANT À LA HAINE D’ISRAËL POUSSENT IMMANQUABLEMENT À LA HAINE ANTI JUIVE. Nous demandons au gouvernement d’adresser aux Elus de la République engagés sans discernement de leur adresser des MISES EN GARDE. Le BNVCA se tient au coté des familles exprime sa solidarité son affection et sa sympathie aux victimes et un bon rétablissement aux blessés. »
Et le CRIF ne vaut pas mieux :
« Alors que l’on met en terre les corps des trois petits enfants juifs assassinés et du jeune père de deux d’entre eux en Israël, en présence notamment des familles, de responsables israéliens mais aussi du ministre d’État Alain Juppé, on apprend que l’Autorité palestinienne affirme ne rien avoir à faire avec ces assassinats. Ce serait oublier son incitation à la haine anti-israélienne et antisémite diffusée au quotidien et qui a poussé il y a un an, par exemple, deux jeunes Palestiniens à assassiner trois enfants juifs, dont un bébé de 3 mois, égorgé dans son berceau, et leurs parents. Des Franco-israéliens aussi, la famille Fogel. […]
Qui se souvient des Fogel alors que tout le monde se souvient de Mohamed Al-Dura dont la mort avait été faussement attribuée à des soldats israéliens : la responsabilité des médias.
Mais qui, en France se souvient de cette famille massacrée ? Alors que tout le monde se souviendra de Mohamed Al-Dura dont la mort avait été filmée par un cameraman palestinien et attribuée à des soldats israéliens dans le commentaire qu’y avait plaqué plus tard Charles Enderlin qui n’était pas sur les lieux. Accusations invraisemblables, portées sans la moindre preuve ni la moindre enquête et offertes gratuitement par France 2 à qui en faisait la demande. Cette séquence avait fait le tour du monde et des dégâts incalculables.
Et qui sait aujourd’hui qu’Arlette Chabot, devenu directrice de l’information de cette chaîne, avait déclaré par deux fois au moins que l’on ne pouvait accuser ces soldats d’avoir tué cet enfant ? Tout indiquant, au contraire, qu’ils ne l’avaient pas fait.
Autre exemple de cette désinformation médiatique : cet engouement invraisemblable avec cet anti-israélien primaire qu’est Stéphane Hessel, dont l’imposture a été démontée par Gilles-William Goldnadel dans « Le Vieil Homme m’indigne ». Engouement de certains politiques aussi à l’égard de cet homme si haineux d’Israël et qui avait pleuré sur le sort des Palestiniens en rencontrant le Hamas à Gaza où il avait été invité par les services consulaires français pour une conférence dans le « Centre cultuel français de Gaza ».
On mesure ici la responsabilité écrasante des médias. Même si la désinformation qui aurait poussé Mohamed Merah, tueur présumé des enfants et du jeune enseignant d’Ozar Hatorah, ne lui est sans doute pas venue par les médias nationaux mais par des réseaux sociaux ou des antennes paraboles. […]
Le sionisme est vraiment la honte de l’humanité !
Mon salam aux frères et sœurs qui sont dans la salle, aux amis et militants. Je salue également le Groupe des Associations de Bagnolet qui a permis la tenue de ce meeting et en particulier les élus locaux qui ont eu le courage de résister aux pressions.
Je dois conclure ce meeting et je voulais vous dire qu’il y a un avant et un après la tragédie de Toulouse Montauban. Cette conclusion que j’ai écrite au nom de Printemps des quartiers n’aurait pas été la même si ce drame n’avait pas eu lieu. Cette conclusion, dans cette actualité tourmentée, sera l’expression de mon malaise, de mon désarroi, de ma tristesse mais également de mes espoirs.
Je l’ai intitulée « Mohamed Merah et moi »
Le 13 juillet 1998, je me suis endormie moi et me suis réveillée Zinedine Zidane. C’était le lendemain de la victoire de l’équipe de France. Pourtant, je ne suis pas footballeuse.
Le 21 mars 2012, je me suis couchée moi et me suis réveillée Mohamed Merah. Pourtant, je n’ai jamais porté d’armes et n’ai jamais tiré sur personne. Le jour où l’identité de l’auteur des tueries de Montauban et Toulouse était révélée, je me suis dit « C’est pour notre gueule ». Là dessus, coup de fil de ma cousine, puis de mon oncle, puis des anciennes copines du lycée, puis de militants de tous bords. La plupart de celles et ceux dont je parle sont des « arabo-musulmans ». Et ainsi de suite toute la journée. La panique dans les réseaux sociaux. « On est dans la merde ! »
Pourquoi sommes-nous liés à Mohamed Merah, comme la corde l’est au pendu ?
Je ne peux pas le nier. Je ne peux pas fuir. Je ne peux pas creuser un trou pour m’y terrer le temps que ca passe. Mohamed Merah c’est moi. Le pire c’est que c’est vrai. Comme moi, il est d’origine algérienne, comme moi il a grandi dans un quartier, comme moi il est musulman. Mohamed Merah c’est moi. Quel âge avait-il le 11 septembre ? 12 ans. Un enfant en construction. Depuis, comme moi, il a subit l’incroyable campagne mediatico-politique islamophobe qui a suivi les attentats contre les deux tours. Parce que Mohamed Merah, 12 ans, c’était déjà Ben Laden. Et vice et versa. Sûrement, à l’école, on lui a imposé une minute de silence pour les victimes du 11 septembre. Comme moi, l’école ne l’a jamais invité à se recueillir pour les Rwandais, les Afghans ou les Palestiniens. Comme moi, il a subit la destruction du foyer historique de la Mésopotamie et assisté au massacre des Irakiens en direct live. Comme moi, il a assisté à la pendaison de Saddam Hussein, en direct live, le jour de l’Aïd. Tous les deux, lui et moi, moi et lui, nous avons subi impuissants la deuxième affaire du voile, l’exclusion et l’humiliation de nos sœurs à l’école. On a vu comment le pouvoir, toute honte bue, avait transformé un principe fondamental de la république, la laïcité, en arme de combat contre nous. On a vécu les bombardements de Gaza, et les révoltes populaires de 2005, suite à la mort de Zied et Bouna. Comme moi, il sait que des Juifs, je dis bien DES Juifs, jeunes comme lui, français comme lui, peuvent prendre l’avion pour Tel Aviv, enfiler l’uniforme israélien, participer à des exactions de l’armée la plus morale du monde selon les mots de BHL et revenir en France tranquille, peinard. Comme moi, il sait qu’il sera traité d’antisémite s’il soutient les Palestiniens colonisés, d’intégriste s’il soutient le droit de porter le foulard.
Mohamed Merah c’est moi, et moi je suis lui. Nous sommes de la même origine mais surtout de la même condition. Nous sommes des sujets postcoloniaux. Nous sommes des indigènes de la république.
Mohamed Merah, c’est moi et ca n’est pas moi. Aimé Césaire, le chantre de la négritude, disait, je suis un nègre fondamental. Je dis ce soir, je suis une musulmane fondamentale. Ce que Mohamed Merah n’aura pas eu l’occasion ni la chance d’être. Qu’est-ce que c’est un nègre fondamental, une musulmane fondamentale ? C’est un humain, c’est un citoyen entier de son humanité. C’est celui qui refuse d’agir comme son ennemi et de s’identifier à lui. Car notre ennemi est un barbare. Celui qui confond oppresseur et opprimé est un barbare. Celui qui tue impunément à Kaboul avec les armes de l’empire est un barbare, celui qui tue aveuglément à Gaza avec les armes de l’empire est un barbare, celui qui réprime dans le sang à Abidjan avec les armes de l’empire est un barbare. Souvent, trop souvent, ce sont des enfants que l’on tue. Des innocents.
C’est ce dont s’est rendu coupable Mohamed Merah si sa culpabilité était confirmée. Par son acte, qu’il soit un jeune homme paumé ou agent de la DCRI, il a rejoint le camp de ses propres adversaires. De NOS adversaires. Par son acte, il s’empare d’une des dimensions principales de nos ennemis : celle de considérer les Juifs comme une essence sioniste ou une essence tout court. Aucun Juif ne nait avec le sionisme dans le sang, aucun Blanc ne nait avec le racisme dans le sang, aucun Arabe, aucun musulman, aucun noir ne nait avec la haine et le revanchardisme dans le sang. Et c’est précisément ici que nos routes se séparent. Et c’est précisément à ce carrefour que nous nous affirmons ou pas nègres ou musulmans fondamentaux. Nous ne pouvons pas combattre le racisme et le devenir nous-mêmes ou en tout cas en revêtir la forme. Ce qui nous caractérise c’est notre détermination à rester sur le terrain politique et sur celui de la dignité humaine.
Mais ce choix de ne pas céder à la barbarie ne peut pas être un choix isolé, individuel. Je ne peux pas choisir toute seule d’être une musulmane fondamentale. C’est un choix collectif organisé. Il faut nous sauver les uns, les autres, il faut nous protéger les uns les autres. Et il faut protéger nos enfants qui subissent cette violence extrême du monde dans lequel nous vivons et qui, pour lui échapper, ne trouvent rien de mieux à faire que de la reproduire dans toute sa laideur.
Et si nous n’avons pas su protéger Mohamed Merah de lui-même pour mieux nous protéger et protéger la société, c’est aussi de notre faute. Trente ans de lutte de l’immigration en France et même plus n’ont pas réussi à construire une alternative politique pour donner un sens positif à la rage et à la colère de celles et ceux dont nous sommes et qui vivent l’humiliation et les discriminations dans les ghettos de France. Trente ans n’ont pas réussi à donner à notre légitime colère, une expression politique. Nous n’avons même pas été capables de nous organiser suite aux émeutes urbaines de 2005. Que ferons-nous lorsque les prochaines révoltes éclateront et cela hélas ne manquera pas de se produire.
Lorsque nous avons lancé Printemps des quartiers, nous savions déjà que la situation était grave, nous savions déjà que les grands partis politiques non seulement n’allaient pas prendre leurs responsabilités mais allaient même faire les apprentis sorciers, jouer avec le feu. Nous savions déjà que le racisme, les discriminations, les contrôles au faciès, le chômage massif faisaient des ravages dans la tête des victimes de cet ordre social. En organisant cette dynamique, nous avons souhaité prendre nos responsabilités parce qu’il y a un désert politique qu’il faut combler de toute urgence. La paix sociale a un prix. Pas de justice, pas de paix. Aujourd’hui, des pressions politiques sont faites pour étouffer ce souffle timide. Nous en avons l’habitude. Héritiers des luttes de l’immigration et des quartiers, nous savons que nos tentatives d’organisation ont systématiquement été détruites par les pouvoir centraux ou locaux. Nous sommes certes responsables mais pas coupables. Au nom de Printemps des quartiers, je voudrais ici exprimer notre profonde tristesse aux familles, aux pères et aux mères des victimes, adultes et enfants de l’effroyable tuerie de Toulouse et Montauban et réitérer nos condoléances.
Au nom de Printemps des quartiers, je voudrais également que nous ayons tous ici ce soir une pensée solidaire pour Madame Zoulikha Aziri, mère de Mohamed Merah qui traverse aujourd’hui une épreuve insoutenable. Celle d’avoir perdu son fils dans des circonstances effroyables, un corps criblé d’une trentaine de balles. Celle d’être jetée à la vindicte populaire pour avoir enfanté un monstre. Celle de l’affront qui lui est fait par le gouvernement algérien d’interdire la mise en terre de son fils sur le territoire algérien, terre de ses ancêtres et de sa religion. Celle enfin de ne pas avoir été autorisée à se recueillir auprès de son enfant avant son enterrement.
J’éprouve une immense tristesse pour toutes ces mères et je ne vois pas comment ce soir nous pourrions échapper à notre devoir de soulager le cœur de ces femmes qui doivent banalement ressembler à toutes nos mères et que le destin a frappé cruellement. Je ne vois pas comment nous pourrions échapper au devoir d’affronter l’avenir : celui de nous organiser pour combattre notre véritable ennemi : le système impérialiste, raciste et ultra libéral qui provoque la mort industrielle des populations qui ont le malheur de vivre dans les pays du sud et la désagrégation sociale des sociétés occidentales. La Grèce et l’Espagne sont dans le tourbillon de la crise. Demain, ce sera la France. Si nous avons tous notre part de responsabilité dans le désordre du monde, nous n’en connaissons pas moins le véritable organisateur, le véritable coupable. Notre destin est entre nos mains.
Houria Bouteldja, Bagnolet, le 31 mars 2012
Intervention d’Houria Bouteldja au nom de « 2012 : Printemps des quartiers populaires »
http://la-feuille-de-chou.fr/archives/30618
Depuis 2007, l’association Les Indivisibles lutte, par le biais de l’humour, contre les préjugés racistes. Entre autres actions, elle organise chaque année une cérémonie parodiant les Oscars ou les Césars pour décerner des “Y’a Bon Awards” aux personnalités politiques ou médiatiques qui ont, par leurs propos, contribué à diffuser, banaliser et/ou légitimer des préjugés. Or, pour la première fois depuis quatre années d’existence des Y’a Bon Awards, une lauréate tente de disqualifier et d’intimider par voie judiciaire une initiative qui s’est imposée, au fil des années, comme bienvenue et même salutaire.
Il s’agit de la journaliste et essayiste Caroline Fourest, à laquelle Les Indivisibles ont décerné une peau de banane dorée dans la catégorie “les Experts Chronikers” pour avoir dénoncé des “associations qui demandent des gymnases pour organiser des tournois de basket réservés aux femmes, voilées, pour en plus lever des fonds pour le Hamas”.
Une plainte pour injure et diffamation
Dans un article d’une singulière violence, paru notamment sur le Huffington Post, celle-ci ne se contente pas de traiter la journaliste Rokhaya Diallo, co-fondatrice des Indivisibles, en ennemie de la laïcité et en alliée des islamistes, l’accusant d’intelligence avec le gouvernement américain, en même temps que de se faire l’avocate du “terrorisme contre la presse”. Caroline Fourest va encore plus loin : elle qualifie les Indivisibles et leurs jurés de “salauds” et les soupçonne de s’apprêter à “payer le ticket de bus” à ceux qui rêvent de l’”emmener en forêt” pour la “bâillonner” ou la “lapider”.
Mais voici le plus grave : non contente d’injurier et de diffamer, Caroline Fourest annonce qu’elle attaque en justice Les Indivisibles pour… injure et diffamation !
La plainte annoncée vise aussi l’ensemble du Jury 2012 des Y’a bon Awards présidé par Gilles Sokoudjou, le président de l’association : les comédiens Jalil Lespert et Aïssa Maïga, les rappeurs Mokobé et Youssoupha, les écrivains Faiza Guène et Alain Mabanckou, les sociologues Jean Baubérot et Nacira Guénif, l’historien Olivier Le Cour Grandmaison, la civilisationniste Maboula Soubahoro, les journalistes Florence Aubenas, Abdelkrim Branine, Sébastien Fontenelle et Frédéric Martel.
Le délit de lèse-journaliste n’existe pas
Face à ce précédent dangereux pour la liberté d’expression et le combat antiraciste, nous tenons à affirmer :
Qu’il est singulièrement contradictoire que Caroline Fourest, qui a vigoureusement soutenu la liberté d’expression au nom de l’humour lors de la diffusion des caricatures du prophète Mahomet par Charlie Hebdo, ne reconnaisse pas ce droit lorsqu’il est exercé par Les Indivisibles. Et le fait qu’elle instrumentalise l’actualité, en s’indignant qu’on lui attribue ce prix “alors que la France pleurait les morts du tueur de Toulouse”, ne semble-t-il pas donner raison, a posteriori, aux jurés ?
Que le délit de lèse-journaliste n’existe pas davantage que le délit de lèse-majesté ou le délit de blasphème, et que la liberté d’expression implique donc aussi la liberté d’exprimer des griefs à l’encontre de Caroline Fourest ;
Que Caroline Fourest, chroniqueuse au Monde et à Radio France, invitée régulière de la plupart des grands médias, bénéficie d’une surface médiatique considérable qui lui offre toute latitude pour user de sa propre liberté d’expression en contre-argumentant, au lieu d’étouffer celle des Indivisibles et de leurs jurés au moyen d’une procédure judiciaire éprouvante et coûteuse ;
Que le point de vue, pourtant largement présent parmi les militants antiracistes et les universitaires, selon lequel, au nom de la laïcité, Caroline Fourest contribue depuis des années à donner un visage respectable à des stéréotypes anxiogènes sur l’islam et les musulmans, n’a quasiment jamais droit de cité dans ces grands médias qui lui offrent régulièrement une tribune ;
Qu’il est dans ces conditions particulièrement choquant de contester à des artistes, des intellectuels et des militants antiracistes cette liberté d’expression minimale : le droit d’épingler cette journaliste, le temps d’une cérémonie humoristique.
C’est pourquoi nous soussignés tenons à manifester notre solidarité avec Les Indivisibles et avec les jurés des Y’a Bon Awards 2012. Si Caroline Fourest s’octroie le droit de taxer les Indivisibles de racisme (“Quand l’antiracisme devient racisme”, écrit-elle de façon parfaitement aberrante), pourquoi les Indivisibles n’auraient-ils pas celui de lui décerner une peau de banane dorée parfaitement méritée ?
Nous exprimons donc notre solidarité avec Les Indivisibles en décernant, nous aussi, un Y’a Bon Award à Caroline Fourest. Et si c’est un délit, il faudra nous poursuivre avec les jurés.
Akhenaton, artiste, Alain Brossat, professeur de philosophie émérite, Université Paris 8, Christine Delphy, chercheuse au CNRS , Claire Denis, cinéaste, Nicolas Fargues, écrivain, Eric Fassin, sociologue, Paris 8, François Gèze, éditeur, Achille Mbembe professeur de science politique à l’université du Witwatersrand, Johannesburg, Léonora Miano, écrivaine, Océanerosemarie “la lesbienne invisible”, humoriste, Joan W. Scott, Historienne, Institute for advanced Study, New York, Todd Shepard, Associate Professor of History, Johns Hopkins University, Baltimore, Ann Laura Stoler, professor of anthropology and history, The New School for Social Research, Kader Aoun et Mehdi Thierry, producteurs, Zebda, artistes chanson
Et : Pierre Tevanian philosophe, co-animateur du collectif “Les mots sont importants” Sylvie Tissot, sociologue, militante féministe Houria Bouteldja, porte-parole du PIR Thomas Deltombe, essayiste Karima Delli, députée européenne EELV Faysal Riad, professeur François Burgat, politologue Catherine Samary, universitaire François Cusset, universitaire, Paris 9 Louis-Georges Tin, maître de conférences, Université d’Orléans Said Bouamama, sociologue Eyal Sivan, cinéaste – University of East-London Henri Braun, avocat Mahamadou Lamine Sagna, sociologue (Université de Princeton) Jim Cohen, universitaire Monique Crinon, philosophe Alima Boumédiene-Thiery, juriste et ex parlementaire Vincent Geisser, président du Centre d’information et d’étude sur les migrations internationales (CIEMI). Véronique Rieffel auteure et commissaire d’exposition, Stéphane Lavignotte, pasteur. Pascal Boniface, geopolitologue, Paris 8 Patrick Singaïny, intellectuel réunionnais Almamy Kanouté, tête de liste Emergence Joëlle Marelli, philosophe Raphaël Liogier directeur de l’observatoire du religieux Pierre Sally, historien Rada Iveković, philosophe, Paris
Source : Nouvel Obs
http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_arti…=1643