Europe-ecologie-les verts, l’art de la compromission ou comment tuer l’écologie politique.
Catégorie : Local
Thèmes : Actions directesAéroport Notre-Dame-des-LandesEcologieZad
Lieux : Notre-Dame-des-LandesZAD
Hier encore, les négociations entre les verts et le PS paraissaient être au point mort. Les verts apparaissaient ainsi déterminés à ne rien lâcher sur leurs positions actuelles i. Ce serait nous faire oublier leurs changements récent de points d’accord avec le PS, et ce particulièrement sur le nucléaire. Ainsi, les verts mentionnaient une sortie du nucléaire comme condition préalable à un accord, dans un article de l’express daté du 21 octobre ii. Hier, la presse se faisait le relais incessant de leur revendication principale : l’arrêt du chantier de l’EPR comme condition à un éventuel accord avec le parti socialiste iii. Leur position avait alors évolué dans la journée de mardi, et s’arrêtait à la demande d’un simple moratoire iv. Trois changements de position en deux semaines, cela signifiait déjà beaucoup.
Concernant l’EPR, nous nous demandions encore hier, en quoi cela pouvait signifier la sortie du nucléaire? Cela aurait seulement pu être une petite sucrerie des socialistes, qui permettait aux verts de ne pas trop perdre la face, et au PS de reculer un peu plus l’échéance de la sortie immédiate du nucléaire. Explication : limiter la part de l’énergie nucléaire de 75% à 50% dans la part totale de l’énergie électrique produite en France, comme le programme les socialistes, ne signifie rien. Et ce tant que la part totale de consommation et donc de production d’électricité, en hausse constante en France, ne sera pas remise en cause. Cela n’empêche pas les verts de croire à cet algorithme douteux, puisqu’ils ont adhéré à ce programme en échange de l’arrêt de plusieurs centrales nucléaires. Le PS et l’UMP pourront toujours relancer la construction de nouvelles centrales nucléaires aux prochaines législatives, en se justifiant de la dépendance énergétique croissante de la France.
Quant aux autres dossiers soulignés comme étant des points non-négociables au début des négociations avec Mr Hollande tel que le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la retraite à 60 ans, la taxe écologique, mais aussi le non-cumul des mandats… Ils n’apparaissaient que très peu voire pas du tout dans les récentes déclarations des négociateurs et des dirigeants du parti d’Europe Ecologie. Etait-ce un aveu de flexibilité sur ces soi-disant points d’achoppement ? Ainsi, concernant l’aéroport de Notre Dame des Landes, la dernière revendication des verts s’arrêterait à un simple débat public (sic)v . On était déjà loin de la promesse de l’arrêt de ce projet !
Les verts, aidés par une presse vantant leur soi-disant fermeté, ont bien su déguiser leur multiples reculs ou omissions sur les points de mésententes avec le PS. Mais Europe Ecologie possède « un argument de poids » : ces reculs seraient nécessaires pour la constitution d’un groupe parlementaire écolo qui permettrait d’effectuer un lobbying de l’intérieur, de provoquer des débats importants et d’informer la population (sic). Arguments des verts souvent entendus au niveau de la lutte contre le projet d’aéroport de NDDL, quant on remet en question leur participation à des mairies porteuses du projet.
Ne serait-ce pas plutôt par goût immodéré du pouvoir et du mépris du pouvoir des luttes horizontalesvi, qu’Europe Ecologie cherche à se placer dans les jupes du PS ?
Les Verts ou l’art de la compromission/trahison depuis le gouvernement Jospin
Cette vaste tromperie politicienne du parti écolo a essentiellement vii débuté avec l’investiture en 1997 de Dominique Voynet comme ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire. Mais aussi avec la constitution d’un groupe parlementaire dominé par les Verts à cette même date, grâce à l’appui de deux autres partis alliés du PS viii.
N’oublions pas le nombre de votes et de décrets contraire à une politique écologiste anti-productiviste, qui ont été votés durant le gouvernement Jospin, avec l’appui fidèle de Mme Voynet ix. Parmi ces mesures peu écolos, et peu critiquées au sein du parti des verts, nous pouvons citer les votes favorables à l’ enfouissement des déchets radioactifs à Bure, à l’implantation de lignes E.D.F. à haute tension, au essais OGM, à l’incinération des déchets, à la construction de nouvelles autoroutes… Tant de mesures qui ne devaient pourtant être appliqués si les verts et le PS s’en étaient tenu à leur accord pré-électoral. L’accord signé aujourd’hui, déjà bien pauvre, pourrait bien n’être qu’une coquille vide de plus.
Le pragmatisme politicien d’Europe Ecologie l’emporte bien souvent sur ses promesses pré-éléctorales. Et l’implantation assez forte des verts dans les collectivités locales à partir des élections municipales de 2001, ne s’est pas faite sans de nombreuses traitrises et compromissions.
Ainsi, à Paris, les verts participent à la mise en place des Vélibs, financés par JC Decaux et ses pubs avidement consommatrices d’électricité et de temps de cerveau disponible x! A Grenoble, ils votent avec les socialistes l’implantation d’un centre industriel et de recherche sur les nanotechnologies xi . Au conseil général PACA, ils s’expriment en faveur du futur réacteur nucléaire à fusion froide : l’ITER, en échange de mesures de soutien aux énergies renouvelables xii. Dans différentes collectivités territoriales ils soutiennent de grands chantiers de construction de lignes à grande vitesse, comme au Val de Susa xiii ; lignes pourtant entièrement dépendantes de l’énergie nucléaire.
De nombreux exemples de compromissions au niveau local existent xiv, ils sont récents et témoignent du très peu de conscience écolo des verts. Mais par dessus tout, il exprime leur addiction aux arcanes du pouvoir xv, et leur morgue envers tout les espoirs vains de changements qu’ils incarnent pour certain-e-s militant-e-s écologistes.
L’opposition de façade à travers le projet de Notre Dame des Landes
Cette dépendance envers le pouvoir s’exprime aussi dans une opposition de façade, comme l’illustre leur opposition récente, lâche et opportuniste contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Le parti Europe Ecologie-les verts participe ainsi à toutes les majorités socialistes locales des pays de la loire, et n’a pas hésité à passer des accords électoraux non-contraignants envers le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes xvi ! Quel courage politique !
De plus, lors du vote du budget de ce projet dans les différentes collectivités locales, les verts manifesteront « leur opposition inconditionnelle et virulente » en votant…contre xvii. Ce, sans remettre en question leur alliance avec le PS et en écartant toute idée de démission. Une action non-violente de deux militant-e-s bloquant le financement du projet durant une semaine, sera d’ailleurs critiqué vertement par les écologistes. Ces derniers iront directement présenter leurs excuses au parti socialiste xviii. Leurs bottes n’étaient surement pas assez cirés…
Le cynisme électoral des verts sur ce dossier ne s’arrête pas là. L’élection de Ronan Dantec, vice-président de Nantes-métropole au côté de Jean Marc Ayrault, au poste de sénateur d’Europe Ecologie; s’est réalisé grâce à un accord avec le PS au dernières sénatoriales. Accord qui ne mentionne pas le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes xix. Pouvoir, quand tu nous tiens…
Europe-écologie se fait aussi le chantre de la construction d’une deuxième piste à l’aéroport actuel de Nantes, à la place de la construction de l’aéroport de NDDL xx. Ils incorporent ainsi les arguments peu décroissants de certain-e-s opposant-e-s à l’aéroport. Aucune remise en question de la pollution que dégage cet aéroport n’est évoqué. Ainsi que sa forte dépendance au pétrole, et à sa participation au tourisme de masse et de consommation de l’espace agricole (à travers les projets industriels et résidentiels qui se greffent autour). Europe Ecologie ou l’art de nous faire avaler des couleuvres sur sa soi-disant approche anti-productiviste de l’économie xxi !
Nous observons aussi sur la lutte contre l’aéroport de NDDL, que les verts trop compromis dans leurs luttes de caciques et dénigrant l’action directe (non-violente ou non), ne s’inscrivent plus dans les luttes qu’à travers les meetings, parades et autres messes militantes.
Enfin, le silence flagrant d’Europe Ecologie sur ce dossier, depuis 15 jours, n’était-il pas le signe que leur promesse maintes fois répété aux militant-e-s de l’opposition à l’aéroport de NDDL n’était que du vent ? Qu’un accord sur un groupe parlementaire est bien plus intéressant que la parole engagée et l’intégrité ? Au vu de ces trahisons passés, présentes et futures, ne nous leurrons plus sur la force des convictions écologistes des Verts.
Nous ferions mieux de ne plus rien attendre de ces enjeux électoraux, mais plutôt d’user de notre pouvoir immédiat et autogéré : par le blocage, le boycott, la grève…afin de réellement faire plier les autorités locales et Vinci.
En finir avec Europe-Ecologie, pour une écologie décentralisée et libertaire !
L’attente importante des militant-e-s écolos d’un éventuel accord avec le PS, qui permettrait de grappiller quelques miettes d’un pain pourri, ne signifie-t-elle pas la mort d’une certaine idée et pratique de l’écologie politique ? Le Larzac, Plogoff, le Carnet…autant de grandes luttes gagnés grâce au courage de personnes qui y risquaient leur santé et leur liberté. Va-t-on faire honneur à ces luttes en attendant de pitoyables enjeux électoraux ?
Se pose alors la question cruciale, après tous ces exemples de trahisons/compromissions : ne devrait-on pas en finir avec Europe Ecologie ?
Nous appelons ainsi :
-localement : la coordination des associations et partis opposés à l’aéroport de NDDL à se positionner clairement par rapport aux trahisons d’europe écologie, qui fait partie intégrante de cette coordination. Aux élu-e-s d’Europe Ecologie de ne plus participer à la lutte, ou de démissionner si ils/elles souhaitent réellement lutter contre le projet d’aéroport de NDDL.
-nationalement : de dénoncer partout où cela est possible la compromission des verts avec la politique libérale et productiviste des socialistes, et de mener des actions en ce sens. Aux militant-e-s d’Europe Ecologie de brûler leur carte de parti. Et au renforcement d’une convergence des luttes autogéré, anti-capitalistes, anti-productivistes et libertaires, notamment lors de rencontres comme celle de Valognes, en Novembre 2011. Ce afin de relier les différentes luttes locales et nationales entre elles, pour mieux porter les enjeux globaux d’une écologie politique sincère et non-politicienne !
Battons-nous pour une écologie décentralisée, horizontal, libertaire et égalitaire xxii, comme s’échinent à le faire les occupant-e-s de la ZAD ! Ne nous laissons pas gagner par le pouvoir des urnes, qui n’est en réalité que le pouvoir délégué à quelques personnes bien éloignés des convictions de ceux/celles qui les portent!
Pour une lutte contre le cynisme écolo-électoral, n’hésitons pas à virer ces professionnels du pouvoir, des luttes qu’ils prétendent incarner !
Le collectif de lutte contre l’aéroport de NDDL et des occupant-e-s de la ZAD
Les sources de l’article numérotés en chiffre latin dans le texte sont disponibles dans le PDF, ou sur le blog du collectif de lutte contre l’aéroport de NDDL.
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