Hypocrisie flagrante : salah hamouri est également citoyen français !
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétentionRacismeResistances
Ce fils, âgé aujourd’hui de 26 ans, d’un restaurateur à Jérusalem-Est et d’une enseignante en français, est titulaire d’un passeport français comme Gilad Shalit et est complètement francophone.
Alors qu’il avait 16 ans, Salah a été arrêté le 30 Septembre 2001, juste avant le début de la rentrée scolaire, puis maintenu en isolement pendant deux mois dans le centre pour interrogatoires Moskobieh. Il a ensuite été jugé par un tribunal militaire et condamné à cinq mois de prison pour « propagande anti-israélienne » dans l’enceinte scolaire. Cette détention a été purgée dans la section des mineurs de la prison de Hasharon en Israël.
Après sa libération le mois de janvier qui a suivi, Salah est retourné au lycée puis a poursuivi ses études en s’inscrivant en sociologie à l’Université de Bethléem en 2003. A la fin du mois de février 2004, il participait à une fête à Bethléem, laquelle a subi une descente des flics israéliens et Salah s’est retrouvé maintenu en détention administrative durant quatre mois.
Salah a été arrêté une troisième fois à Ramallah le 13 mars 2005 et détenu en isolement dans le centre Moskobieh pour y être soumis à des interrogatoires. Un mois après ce confinement, il a été rapporté dans la presse qu’il avait été accusé avec deux autres personnes d’avoir préparé un attentat contre le rabbin Ovadia Yossef, le chef spirituel du parti fasciste Shas. La preuve brandie contre lui était qu’il s’était trouvé dans une voiture qui était passé devant la maison du rabbin. Dans le même temps, il a été à tort lié à un mouvement de jeunesse du FPLP [Front Populaire de Libération de la Palestine]. Salah a toujours nié les accusations portées contre lui.
Bien que les audiences aient été reportées à plusieurs reprises pour défaut de preuves ou de témoignages, il est resté en prison pendant trois ans. Enfin, le 17 avril 2008, il a été jugé par un tribunal militaire dans la prison d’Ofer et dans le cadre d’un arrangement avec la défense, il a été condamné à sept ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs et pour avoir fait partie de l’aile de la jeunesse du FPLP. Son avocate Léa Tsemel, une personne renommée, avait indiqué que le refus d’accepter ce compromis aurait entraîné une peine encore plus grande. Le jugement fixe la date de la libération de Salah au 28 novembre 2011.
La Knesset vote la prolongation des durées de détention
En mai 2011 la Knesset a adopté la fameuse « loi Shalit » qui a imposé des conditions plus sévères sur les prisonniers du Hamas dans les prisons israéliennes, dans une tentative d’exercer un chantage pour la libération du soldat captif Gilad Shalit. Ces changements comprennent l’option de recalculer arbitrairement les peines de prison en années civiles plutôt qu’en années administratives (l’année israélienne administrative est de 345 jours, donc plus courte de 20 jours.)
Pour Salah Hamouri, cela signifie un emprisonnement supplémentaire de 140 jours appliqué rétrospectivement et sans possibilité d’appel, et ceci contrairement à la date de sortie apparaissant sur le jugement écrit.
Le Coordonnateur du Comité national du comité de soutien à Salah Hamouri, Jean-Claude Lefort, a envoyé une lettre au consul général français à Haïfa pour protester contre ce changement de procédure, mais il n’a reçu aucune réponse. Le 9 octobre un visiteur à la prison a été informé que Salah avait été transféré dans une autre prison où il était en cellule d’isolement. Toutes les visites ont été suspendues jusqu’au 5 novembre en réponse à la grève de la faim des prisonniers palestiniens qui cherchent à imposer la récupération de leurs droits. La famille Hamouri n’a pas été informée du changement de prison.
Le 13 octobre dernier, le député et ancien maire d’Ivry-sur-Seine, Pierre Gosnat, a fait savoir au ministre français des affaires étrangères Alain Juppé, sa préoccupation sur le silence du ministre concernant la détention de Salah, et à exhorté le ministre à faire preuve du même sens de l’initiative qu’il avait manifesté dans le cas Shalit.
Le lendemain, Mahmoud Abbas a exprimé un souhait semblable lorsqu’il il a rencontré le président français Sarkozy. (Sarkozy a commencé à faire campagne pour la libération du sergent Shalit en février 2008 lors d’un dîner donné par le CRIF, où il a déclaré : « Je vois Gilad Shalit comme un Français, et toucher à Gilad Shalit, c’est attaquer la France ». Cette déclaration était la suite du lobbying exercé par les avocats français recrutés par la famille Shalit.)
Sarkozy compte sur le mouvement Hamas pour faire sortir Salah Hamouri de prison !
Aussi, le 14 octobre un porte-parole du ministère français des affaires étrangères, se référant à la deuxième vague de libération de prisonniers palestiniens, a exprimé l’espoir que Salah serait bientôt libéré. Les inquiétudes sur ce que cela signifiait, à savoir que la France était en campagne pour la libération de Salah dans le cadre de l’échange de prisonniers, ont été confirmés par Sarkozy le 18 octobre. S’exprimant sur Radio J, une radio locale pour la communauté juive à Paris et Lyon, et se référant à la libération de Salah dans l’échange de prisonniers, le président a dit : « Nous avons fermement demandé cela ». Sarkozy n’a en rien référé à la famille de Salah avant de faire ses déclarations.
La [seconde vague] de libérations de prisonniers palestiniens est prévue pour le 18 décembre, ce qui fait trois semaines après la date fixée pour la libération de Salah dans la déclaration écrite du tribunal militaire. Non seulement cette décision prolonge de fait son emprisonnement tout en privant un autre prisonnier du droit à la liberté dans le cadre de l’accord d’échange, mais elle fait craindre également que Salah ne soit expulsé à la fin de son emprisonnement.
Racisme et indifférence au niveau institutionnel
En outre, il y a eu une véritable consternation en France le 19 octobre lorsque le ministre de la Défense Gérard Longuet a déclaré dans une interview en direct sur France Inter qu’il ne savait rien sur cette affaire. Jean-Claude Lefort a réagi à cette déclaration en disant : « C’est proprement hallucinant, incroyable ! Ou bien il est parfaitement incompétent, ou bien il fait semblant. Tout homme politique normalement constitué (avant d’être ministre, il était sénateur), a dû entendre parler de notre compatriote Salah Hamouri qui est en prison depuis plus de six ans dans les geôles israéliennes, et comme son comité de soutien a manifesté à destination des parlementaires à tous les niveaux, je ne crois pas que Monsieur Longuet puisse s’exonérer de cette connaissance. »
Ce mépris général de la part les autorités françaises envers leurs responsabilités vis-à-vis d’un citoyen français, rappelle la même indifférence des politiciens américains après l’assassinat du jeune citoyen américain Furkan Dogan, et illustre à quel point sévit le racisme au sein des cercles politiques occidentaux.
* Richard Lightbown est écrivain et chercheur. Il a rédigé cet article spécialement pour The Palestine Chronicle
Consultez le site du comité de soutien à Salah Hamouri
Gilboa, le 14 avril 2010 , « Un cimetière à numéros »…
Il fait beau ce mercredi matin 14 avril où je vais rencontrer, pour la troisième fois, Salah Hamouri dans sa prison de Gilboa. Le rendez-vous est fixé à 11 heures, grâce au Consul de France à Haïfa, Monsieur Jean-Christian Coppin. Nous partons ensemble en voiture depuis les hauteurs de Haïfa, une ville lumière que lèche une mer d’un bleu profond.
Le Consul a pris avec lui trois livres pour les donner à Salah ainsi que deux lettres. Nous roulons dans un environnement fait de champs qui semblent très fertiles et puis, toujours cette désagréable impression, la prison grise surgit d’un seul coup. Contrairement aux fois précédentes, il n’y a personne sur le parking : les familles de prisonniers ont en effet décidé de faire grève, avec les prisonniers eux-mêmes, pour protester contre le fait que les détenus issus de la bande de Gaza n’ont droit à aucune visite depuis très longtemps. La grève est suivie à 100%.
Avec le Consul nous allons vers une porte « réservée » mais blindée où l’on nous attend. Ouverture et fermeture des portes métalliques. Bruit sourd. On donne nos pièces d’identité et nos portables téléphoniques au surveillant. On passe sous un détecteur puis nous voilà dans une petite cour. Le Consul donne les trois livres et les lettres au gardien qui nous accompagne. Ils devront d’abord être lus avant d’être donnés, peut être, à Salah. Le Consul précise que ce ne sont pas des livres politiques. Le tout disparaît de notre vue et l’on nous dirige vers une pièce dans laquelle se trouvent des sièges en bois avec des rabats pour écrire. Salah apparaît sourire aux lèvres. Je l’embrasse fortement…
Il s’assied et pose un petit bloc de papier où toute une page est écrite. Il me dit d’emblée qu’il a préparé ce rendez-vous avec ses compagnons d’infortune. Il veut me dire des choses précises mais aussi me demander des informations.
Il veut soulever 6 points. Je l’écoute et je prends des notes. Son premier point, ce sont les conditions de détention dans la prison. Il repose la question des livres qu’on refuse absolument aux prisonniers depuis plusieurs mois. […]
Gilboa, le 14 avril 2010 , « Un cimetière à numéros »…
Il fait beau ce mercredi matin 14 avril où je vais rencontrer, pour la troisième fois, Salah Hamouri dans sa prison de Gilboa. Le rendez-vous est fixé à 11 heures, grâce au Consul de France à Haïfa, Monsieur Jean-Christian Coppin. Nous partons ensemble en voiture depuis les hauteurs de Haïfa, une ville lumière que lèche une mer d’un bleu profond.
Le Consul a pris avec lui trois livres pour les donner à Salah ainsi que deux lettres. Nous roulons dans un environnement fait de champs qui semblent très fertiles et puis, toujours cette désagréable impression, la prison grise surgit d’un seul coup. Contrairement aux fois précédentes, il n’y a personne sur le parking : les familles de prisonniers ont en effet décidé de faire grève, avec les prisonniers eux-mêmes, pour protester contre le fait que les détenus issus de la bande de Gaza n’ont droit à aucune visite depuis très longtemps. La grève est suivie à 100%.
Avec le Consul nous allons vers une porte « réservée » mais blindée où l’on nous attend. Ouverture et fermeture des portes métalliques. Bruit sourd. On donne nos pièces d’identité et nos portables téléphoniques au surveillant. On passe sous un détecteur puis nous voilà dans une petite cour. Le Consul donne les trois livres et les lettres au gardien qui nous accompagne. Ils devront d’abord être lus avant d’être donnés, peut être, à Salah. Le Consul précise que ce ne sont pas des livres politiques. Le tout disparaît de notre vue et l’on nous dirige vers une pièce dans laquelle se trouvent des sièges en bois avec des rabats pour écrire. Salah apparaît sourire aux lèvres. Je l’embrasse fortement…
Il s’assied et pose un petit bloc de papier où toute une page est écrite. Il me dit d’emblée qu’il a préparé ce rendez-vous avec ses compagnons d’infortune. Il veut me dire des choses précises mais aussi me demander des informations.
Il veut soulever 6 points. Je l’écoute et je prends des notes. Son premier point, ce sont les conditions de détention dans la prison. Il repose la question des livres qu’on refuse absolument aux prisonniers depuis plusieurs mois. […]
Jean-Claude Lefort,
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