Qui montre son vrai visage ? du voile intégral à l’affaire dsk
Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétentionRacismeRépression
PAR LES TUMULTUEUSES, 26 MAI
Devant une commission présidée par M. Gérin, Elizabeth Badinter est venue parler « de la triple perversité de ces femmes » qui lui faisaient l’impression d’être « en laisse ». A la République reconnaissante et devant la même commission, la nouvelle présidente de Ni Putes ni Soumises, Sihem Habchi, venait offrir un mini strip-tease pour montrer qu’elle n’avait pas peur de montrer son corps en France, elle. Quelques temps plus tard, la loi est passée, l’association NPNS s’est vue remettre un chèque pour aller faire la leçon aux femmes dans les quartiers populaires et les sauver de leurs maris voileurs et exciseurs.
On voudrait faire croire que le déferlement de sexisme de ces derniers jours autour de « l’affaire DSK » est nouveau. Mais non ! Il se révèle à nouveau. C’est juste que, face à l’inculpation pour tentative de viol et séquestration (entre autres) de l’un de leurs pairs bien né, richissime, bien blanc, bien puissant : beaucoup de ces mêmes hommes se lèvent maintenant comme un seul homme (c’est vraiment le cas de le dire) pour le défendre. Le PS serre les rangs : Martine Aubry verse une larme et Jack Lang dit « qu’ il n’y a pas mort d’hommes ». L’élue socialiste qui regrette d’avoir dissuadé sa fille de porter plainte après une tentative plus ancienne du même personnage, se voit rétorquer par Michèle Sabban, qu’elle « n’aurait plus sa place au PS ». Harlem Désir « attend le retour » de DSK (on espère qu’il attendra longtemps). En bon avocat, M. Badinter face à Joffrin – qui lui rappelle le sort de « cette faible femme » (qui se serait pourtant débattue et enfuie) – dit défendre « les droits de l’accusé » (qui iraient jusqu’à interdire qu’on l’accuse ?) et déplore « sa mise à mort médiatique ».
Nos « intellectuels » ne sont pas à la traîne : Bernard Henri Lévy, après avoir défendu Roman Polanski, réitère et écrit une lettre publique pour défendre « son ami » et refuse de voir en ce « séducteur, charmeur » un « violeur ». Jean Daniel, dans un édito du Nouvel Observateur, défend un homme qui serait victime d’un « lynchage » (médiatique) et de « l’hystérie » (des commentaires) : des termes en soi révoltants quand on sait que la personne qui l’accuse est une femme Noire. Après quoi, Jean François Kahn, en mode déni pathétique, parle de « troussage de domestique » (comme si « trousser » une bourgeoise était bien plus grave).
Beaucoup, ici et là « ne veulent pas y croire », d’autres s’émeuvent de voir un homme ainsi menotté, mal rasé face à la « cruauté » de la justice américaine. Tandis qu’à droite, on s’est surtout soucié de « l’image et de la fierté de la France » dans une affaire (quand elle n’est pas requalifiée en « incident ») qui impliquait un expatrié au FMI, avant de rappeler (enfin) l’existence de la victime (celle qui a subi la tentative de viol) non par conscience féministe, mais parce qu’il s’agit pour eux de mieux décrédibiliser électoralement un adversaire potentiel et son parti. Le machisme des uns ne faisant que rivaliser avec le sexisme des autres.
Mais face à ce sexisme et à cette conscience de classe supérieure immondes, justement, que dit Elizabeth Badinter ? Rien ! Qui paie NPNS pour aller donner des stages de citoyenneté dans les rangs ghettoïsés de l’Assemblée Nationale et des salons des grandes rédactions parisiennes, qui, quand elles réagissent, parlent seulement de « dérapages » ? Personne !
Pourtant, ils et elles auraient bien besoin d’éducation à la citoyenneté et de stages de féminisme. Car quand les législateurs se serrent les coudes pour voter, comme un seul homme (encore), des lois racistes et sexistes qui pénalisent et criminalisent surtout les classes populaires, ils ne s’« émeuvent » jamais du sort de ceux qu’ils discriminent ou qu’ils envoient dans des prisons surpeuplées bien françaises dont on ne sort pas en payant une caution de 4 millions de dollars mais où l’on crève en silence même quand on est innocent mais gravement présumé coupable.
Le plus caricatural de ces gens là est clairement Manuel Valls. Celui-là même qui regrettait il n’y a pas si longtemps qu’il n’y ait pas plus de « blancos » sur le marché de sa ville, résume parfaitement à quoi sert le pseudo féminisme baigné de mépris de classe et de racisme dont on nous abreuve quand il s’agit de parler du machisme des banlieues et de l’Islam. Toujours face à Laurent Joffrin, le maire socialiste d’Evry, fustige tous ceux qui alimentent le débat autour de l’affaire et déclare que le vrai problème est ailleurs : « Je suis un député. Nous faisons la loi. Je suis l’élu d’un quartier populaire où il y a de la violence, où les femmes subissent la violence, où il y a des viols dont on ne parle pas et où les victimes ont peur de porter plainte. » [1]
Pourtant, pour ce qui est du viol, ils ne font rien d’autre dans cette affaire que nous rappeler encore que si jamais on en est victime (et les chiffres nous montrent que c’est un risque très élevé et cela quels que soient notre milieu social et notre culture), il vaut particulièrement mieux éviter d’être Noire, immigrée, de ménage, célibataire, proche d’une échéance électorale de surcroît et même une femme tout court car on ne vous considérera pas comme crédible. Les victimes auront bien entendu le message que leur adressent nos politiques et faiseurs d’opinions, et la prochaine fois elles veilleront à bien choisir celui qui essaie de les choper par surprise et sans leur consentement… ou se tairont à tout jamais.
Le « féminisme » de ces gens là, apparaît aujourd’hui tel qu’il est et dans toute sa splendeur : vide et vil, car ils n’en ont tout simplement … pas une once.
P.-S.
Cet article est paru initialement sur le site de l’association féministe les TumulTueuses.
Comments
Les commentaires sont modérés a priori.Leave a Comment