On savait que les indigène de la république était un parti communautariste au discours racialistes. Il est intéressant de voir quelles sont leurs positions sur des sujet tels que le droit à l’avortement, le féminisme…

Le texte qui suit à été publié sur le site de la revue « Ni patrie, ni frontières »

http://mondialisme.org/spip.php?rubrique1

« Indigènes de la République : derrière le « féminisme islamique », le racisme et le patriarcat

Les grou­pes anti-avor­te­ment dans leur pro­pa­gande des­tinée au grand public met­tent en avant la ques­tion du statut du fœtus, qu’ils assi­mi­lent à un être vivant, pour jus­ti­fier leur combat contre un droit essen­tiel pour toutes les femmes, qu’elles en fas­sent ou non usage dans leur vie.

Ce men­songe sur le fœtus leur permet de contre­car­rer l’atta­che­ment très fort des femmes à la liberté de dis­po­ser de leur propre corps : la plu­part des mou­ve­ments contre l’avor­te­ment ne veu­lent pas se mon­trer comme des enne­mis de la liberté , et la prés­en­tation de l’IVG comme le meur­tre d’un autre être vivant leur permet de jus­ti­fier idéo­lo­giq­uement l’inter­dic­tion éventu­elle de l’avor­te­ment. Les femmes ne sont pas des objets, « d’accord » , dira le mili­tant d’extrême-droite « mais le fœtus non plus ».

En réalité, un des fon­de­ments idéo­lo­giques et pra­ti­que de l’oppo­si­tion à l’avor­te­ment est tout autre : ses par­ti­sans en France, sont tous éga­lement des idéo­logues racis­tes pour qui le monde est divisé en « civi­li­sa­tions » ou en « races », engagées dans une guerre à mort. Dans cette guerre, la ques­tion démog­rap­hique est essen­tielle à leurs yeux. La femme est l’outil néc­ess­aire de la repro­duc­tion et son corps ne peut lui appar­te­nir, il appar­tient au « peuple », ou à la « com­mu­nauté » .

La plu­part des mili­tants d’extrême droite qui se bat­tent contre l’IVG ont natu­rel­le­ment suf­fi­sam­ment de culture scien­ti­fi­que pour savoir que le fœtus n’est pas un être humain.

Mais ils savent que le mou­ve­ment de libé­ration des femmes a créé par­tout la prise de cons­cience, l’auto­no­mie, et que la domi­na­tion patriar­cale a marqué le pas : des femmes aujourd’hui, par­tout dans le monde, ne se vivent plus comme rede­va­bles de quoi que ce soit à ceux qui les oppres­sent, et ne se sen­tent plus le devoir d’être de sim­ples machi­nes à pro­duire les futurs sol­dats.

D’un coté, les fas­cis­tes ne met­tent donc pas néc­éss­ai­rement en avant la sau­ve­garde de la « civi­li­sa­tion blan­che » ou « europé­enne » dans leur liste d’argu­ments contre l’avor­te­ment. De l’autre, la plu­part d’entre eux ont aussi une pro­pa­gande raciste ouverte, et n’hésitent pas à prés­enter les femmes des peu­ples considérés comme inférieurs comme uni­que­ment pré­occupées de « pondre des mômes » pour que « leurs hommes » gagnent la guerre par la seule force du nombre.

Rien de neuf sous le soleil du racisme occi­den­tal. Mais l’intég­ration d’une partie des per­son­nes issues de l’immi­gra­tion dans la petite-bour­geoi­sie domi­nante a eu lieu depuis quel­ques années déjà, cette concep­tion essen­tia­liste de la « femme orien­tale », de la poule pon­deuse et heu­reuse de l’être a trouvé de nou­veaux déf­enseurs inat­ten­dus, issus de la gauche, et qui ont la par­ti­cu­la­rité de se réc­lamer anti-colo­nia­lis­tes et fémin­istes.

Et notam­ment les Indigènes de la République, et leur porte parole Houria Bouteldja.

Houria Bouteldja s’est tou­jours définie comme fémin­iste : cepen­dant, on aura bien du mal à trou­ver dans ses dis­cours et ses inter­ven­tions publi­ques ce que signi­fie posi­ti­ve­ment son fémin­isme. On trou­vera des cri­ti­ques, par­fois jus­ti­fiées, contre le fémin­isme bour­geois et ses dérives racis­tes, notam­ment à propos du port du voile. On trou­vera aussi dans les col­la­bo­ra­tions des Indigènes avec Christine Delphy des dével­op­pements sur ce qu’ils appel­lent les fémin­istes « blan­ches ».

Mais Houria Bouteldja a réc­emment par­ti­cipé à un col­lo­que sur le « fémin­isme isla­mi­que » en Espagne.

Dans son inter­ven­tion, on cher­chera en vain une défi­nition du fémin­isme isla­mi­que ou du « fémin­isme déco­lonial » dont elle se reven­di­que.

De fait ses propos dans le cadre de ce col­lo­que sont clairs : pour elle, être fémin­iste « déco­lon­iale », c’est ne pas rép­ondre à cer­tai­nes ques­tions. Car ce sont les ques­tions qui posent pro­blème… Par exem­ple : se deman­der si le fémin­isme est com­pa­ti­ble avec l’islam, c’est déjà être impér­ial­iste et faire comme les jour­na­lis­tes « français », alors Houria Bouteldja ne se pose pas la ques­tion.

Intellectuelle de la petite bour­geoi­sie franç­aise, Houria Bouteldja ne peut en fait pas réa­liser que les ques­tions que l’on se pose ou pas sont liées à notre statut dans le réel : le fémin­isme n’est pas une pos­ture idéo­lo­gique qu’on choi­sit ou pas, mais une rép­onse à une oppres­sion imméd­iate en pre­mier lieu. Grâce aux com­bats des femmes des siècles passés, Houria Bouteldja n’a pas à se poser la ques­tion : elle a accès à la contra­cep­tion et à l’IVG , elle peut vivre sa vie et notam­ment voya­ger , assis­ter à des col­lo­ques et y pren­dre la parole.

Ce n’est pas le cas de toutes les femmes sur toute la planète, évid­emment. Et toutes les femmes, sur toute la planète n’ont pas accès aux mêmes choix que Houria Boutelja : l’IVG par exem­ple est inter­dite et réprimée dans de nom­breux pays. Et même dans ceux où elle est auto­risée, y accéder est sou­vent une autre affaire, notam­ment en France, notam­ment pour les femmes prolét­aires.

Etre fémin­iste, ce n’est pas impo­ser l’usage de l’IVG aux femmes, ce n’est pas non plus ériger un modèle de com­por­te­ment social en référ­ence abso­lue. C’est sim­ple­ment se battre pour que toutes les femmes puis­sent choi­sir. C’est aussi poser une soli­da­rité uni­ver­selle avec toutes les femmes : non pas pour dire « toutes pareilles », mais pour faire en sorte que nous soyons tous égaux.

Or, dans ce col­lo­que, Houria Bouteldja définit son « fémin­isme » de manière tota­le­ment inverse : selon elle, toutes les femmes de la planète ne vivent pas dans le « même espace-temps ». Et ne pas le reconnaître, c’est s’ingérer de manière impér­ial­iste. La porte-parole des Indigènes de la République donne donc un exem­ple de l’ingér­ence : celle de mili­tan­tes « occi­den­ta­les » en voyage en Palestine qui ont demandé à des femmes si elles avaient accès à l’IVG. Cette ques­tion est selon Houria Bouteldja une ingér­ence parce que « Les pales­ti­nien­nes ne com­pre­naient même pas qu’on puisse leur poser ce genre de ques­tions tel­le­ment selon elles l’enjeu démog­rap­hique en Palestine est impor­tant. Leur pers­pec­tive est tout à fait autre. Pour beau­coup de femmes pales­ti­nien­nes, faire des enfants est un acte de rés­ist­ance face au net­toyage eth­ni­que israélien. »

Les Indigènes de la République se sont fondés notam­ment sur l’idée que la parole des « néo-colo­nisés » en France était confis­quée par les « élites blan­ches de la gauche » et qu’elle devait être reprise par les prin­ci­paux concernés. Mais on voit ici que ce n’est pas la confis­ca­tion de la parole aux concernées en général qui leur pose pro­blème : dans un col­lo­que fémin­iste, Houria Bouteldja n’hésite pas à parler à la place d’autres femmes , « les » pales­ti­nien­nes, en se fon­dant sur un récit qui lui a été faite par une non-pales­ti­nienne sur UNE dis­cus­sion avec DES femmes pales­ti­nien­nes.

Dans la tête de Bouteldja, il y a donc sur cette planète des femmes qui ont le droit de s’expri­mer en leur propre nom et d’autres qui peu­vent très bien être « représentées » par d’autres. Il y a des femmes qui peu­vent très bien se définir col­lec­ti­ve­ment contre la société dans laquelle elles évoluent, qui peu­vent remet­tre en cause l’ « espace-temps » qu’on leur impose, faire vivre une contre-culture col­lec­tive et indi­vi­duelle.

Houria Bouteldja prétend refu­ser l’intég­ration à la société occi­den­tale dans laquelle elle vit et la sou­mis­sion à ses normes oppres­si­ves, elle reven­di­que le droit d’être une « Indigène de la République » et pas seu­le­ment une « franç­aise ». Mais ce droit à l’auto-dét­er­mi­nation , elle ne le reconnait pas à toutes les femmes : dans d’autres « espa­ces-temps », par exem­ple en Palestine, les femmes sont « les » Palestiniennes, et la rés­ist­ance des femmes en Palestine, c’est….faire des enfants et rép­ondre à l’enjeu démog­rap­hique, point barre. Soit très exac­te­ment ce que les domi­nants de la société où elles vivent leur deman­dent de faire. Soit très exac­te­ment ce que leur envi­ron­ne­ment socio­lo­gi­que immédiat leur impose par la pro­pa­gande et aussi par la contrainte.

Il n’y pas un modèle fas­ciste qui n’impose l’oppres­sion bru­tale, le patriar­cat, et la négation de tout droit indi­vi­duel sans s’appuyer sur la jus­ti­fi­ca­tion de la guerre. Cette guerre la plu­part du temps n’est même pas une inven­tion, car sous le règne du capi­ta­lisme, le monde entier est en guerre perpétu­elle. Pour autant, l’exis­tence des guer­res , des agres­sions contre une popu­la­tion ne jus­ti­fient pas les agres­sions et la domi­na­tion exercée par des mem­bres de cette popu­la­tion contre d’autres mem­bres de cette popu­la­tion.

En Palestine, les femmes qui rés­istaient acti­ve­ment à l’occu­pa­tion israe­lienne ont été les pre­mières vic­ti­mes du Hamas : le mou­ve­ment fémin­iste pales­ti­nien était dans les années 70 bien plus puis­sant et bien plus en pointe que dans de nom­breux pays européens. Le Hamas l’a atta­qué et détruit phy­si­que­ment, imposé la ter­reur et désigné les femmes qui lui rés­istaient comme des « col­la­bos ».

Dans l’espace-temps d’Houria Bouteldja, ceci n’a jamais existé : il y a des pays où les femmes n’ont pas d’his­toire. Dans le dis­cours de Bouteldja, « les » pales­ti­nien­nes sont un groupe homogène, a-his­to­ri­que où les indi­vi­dus ne sont qu’un objet au ser­vice d’un objec­tif « global », la « Résistance » , comme les Indigènes de la République appel­lent le Hamas.

A tout obser­va­teur objec­tif, ce dis­cours de la porte-parole des Indigènes de la République en rap­pelle un autre : celui du colo­ni­sa­teur « huma­niste » des siècles passés, celui qui se fon­dait sur le mythe du Bon Sauvage. Pour contre­car­rer les cri­ti­ques et les com­bats des pre­miers anti colo­nia­lis­tes qui dénonçaient l’état de misère matéri­elle et morale dans laquelle vivait l’immense majo­rité des popu­la­tion des pays enva­his, cer­tains colo­nia­lis­tes expli­quaient que les dites popu­la­tions sou­hai­taient vivre de cette manière, dans « le res­pect de leurs tra­di­tions »…tra­di­tions qui n’incluaient natu­rel­le­ment pas l’accès à l’élect­ricité ou au contrôle des nais­san­ces par exem­ple.

D’ailleurs le droit imposé par les colo­niaux a le plus sou­vent été non seu­le­ment un droit répr­essif féroce, mais éga­lement la reconnais­sance de cer­tai­nes « cou­tu­mes », notam­ment en droit civil, donc en ce qui concerne la ges­tion des rap­ports sociaux au quo­ti­dien, ce qui incluait notam­ment le statut de la femme et des règles oppres­si­ves. Le tout au nom du res­pect des « sociétés indigènes ». Le plus sou­vent ce droit civil se référait à l’ordre reli­gieux.

L’ethno-différ­ent­ial­isme n’est donc pas d’inven­tion réc­ente, et ce que dit Houria Bouteldja n’est pas par­ti­cu­liè­rement ori­gi­nal. C’est tout sim­ple­ment la parole raciste et sexiste clas­si­que, la même que celle du Bloc Identitaire ou des grou­pes anti IVG.

Elle permet notam­ment d’exer­cer une contrainte sup­plém­ent­aire sur les femmes qui cher­chent à se battre et à se libérer : si intégrer la norme patriar­cale est un acte de Résistance, alors à l’inverse, la com­bat­tre est une col­la­bo­ra­tion avec l’ennemi. Objectivement, ceci est tota­le­ment faux : par exem­ple, le pou­voir israe­lien couvre les crimes d’hon­neur commis sur les ter­ri­toi­res qu’il contrôle, arguant le plus sou­vent qu’il s’agit d’affai­res que les arabes doi­vent régler entre eux. Les fémin­istes pales­ti­nien­nes pour­chassées par le Hamas sont cri­mi­na­lisées comme n’importe quel­les autres rés­ist­antes par la police et l’armée israe­lienne. Mais le rôle inter­na­tio­nal de grou­pes comme les Indigènes de la République est impor­tant, car il s’agit bien d’isoler de toute soli­da­rité extéri­eure ces femmes qui se bat­tent à la fois contre la domi­na­tion du pou­voir israe­lien et contre le patriar­cat.

En pro­pa­geant l’idée qu’il y aurait des « espa­ces temps » différents , on pro­page aussi l’idée que la libé­ration anti­sexiste n’est pas à l’ordre du jour pour cer­tai­nes femmes. Et pour­quoi s’arrêter aux Palestiniennes ? Après tout, les « Indigènes », les femmes issues de l’immi­gra­tion en France vivent-elles dans le même espace temps que les « blan­ches » ? Peuvent-elles se com­pren­dre, toute dis­cus­sion com­mune n’est-elle pas une ingér­ence d’un côté, une tra­hi­son de l’autre ?

Les Indigènes ont déjà com­mencé à prés­enter les choses de cette manière dans les luttes : certes, les diri­gean­tes comme Houria Bouteldja n’hésitent pas à s’allier avec les mou­ve­ments fémin­istes post moder­nes les plus radi­caux, et s’offrent le sou­tien d’intel­lec­tuel­les comme Christine Delphy, mais pour mieux acter la sépa­ration : il n’est pas ques­tion de reven­di­ca­tions et d’appro­ches com­mu­nes, mais au contraire d’alliance au sommet, tandis qu’à la base, les unes déf­endront leur sexua­lité post genrée et les autres leur droit à porter le voile.

Chacun son pré-carré et les vaches à lait seront bien gardées.

Mais arabe ou pas, Houria Bouteldja est juste le pro­duit de la classe moyenne de culture franç­aise, dont elle par­tage le statut social et le glis­se­ment global vers des valeurs réacti­onn­aires, différ­ent­ial­istes et racis­tes. Travailler avec les Indigènes de la République, pour une fémin­iste, c’est la même chose que tra­vailler avec n’importe quel groupe reli­gieux ou poli­ti­que opposé à l’avor­te­ment