Le capitalisme est un système en faillite qu’il faut abattre
Catégorie : Global
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Depuis la crise du système financier en 2008, plus rien ne semble pouvoir camoufler la profondeur de la crise historique que traverse le capitalisme. Alors que les attaques contre la classe ouvrière pleuvent, que la misère se répand, les tensions impérialistes s’aiguisent, la faim continue de frapper plusieurs centaines de millions de personnes, les catastrophes naturelles se font toujours plus meurtrières. La bourgeoisie elle-même ne peut nier l’ampleur des difficultés ni dessiner l’horizon chimérique d’un avenir meilleur sous sa domination. C’est ainsi que, jusque dans ses organes de propagande, elle concède que la crise actuelle est la plus grave qu’ait connu le capitalisme depuis celle des années 1930, que le développement de la misère est un mal avec lequel il nous faudra « apprendre à vivre. » Mais la bourgeoisie est une classe disposant de nombreuses capacités d’adaptation : s’il lui faut admettre, un peu contrainte par l’évidence de la situation, beaucoup par calcul politique, que les choses vont mal et qu’elles ne sont pas prêtes de s’améliorer, elle sait, dans le même temps, présenter les problèmes de manière suffisamment fallacieuse pour épargner le système capitaliste comme un tout. Les banques font faillite, entraînant dans leur sillage l’économie mondiale ? La faute aux traders ! L’endettement de certains États est tel qu’ils se déclarent en cessation de paiement ? La faute aux gouvernements corrompus ! La guerre ravage une partie de la planète ? Un manque de volonté politique ! Les catastrophes environnementales se multiplient causant toujours plus de victimes ? La faute à la nature ! Si des divergences existent dans les multiples analyses que propose la bourgeoisie, elles se rejoignent toutes sur un point essentiel qui consiste à dénoncer telle ou telle forme de gouvernance mais pas le capitalisme comme mode de production. En réalité, l’ensemble des calamités qui s’abattent sur la classe ouvrière est le résultat des contradictions qui, tous les jours un peu plus fortement, étranglent la société quel qu’en soit le mode de gouvernement, dérégulé ou étatique, démocratique ou dictatorial. Pour mieux camoufler la faillite de son système, la bourgeoisie prétend également que la crise économique débutée en 2008 reflue légèrement. Cette dernière est non seulement loin d’être terminée mais, de plus en plus explicitement, elle exprime l’approfondissement de la crise historique du capitalisme.
Le capitalisme s’enfonce dans la crise
La bourgeoisie se félicite parfois des perspectives positives qu’annoncent les indicateurs économiques, en particulier les chiffres de la croissance qui commencent timidement à repartir à la hausse. Mais derrière ces « bonnes nouvelles », la réalité est bien différente. Dès 2008, afin d’éviter le scénario catastrophe de la crise des années 30, la bourgeoisie a dépensé des milliards pour soutenir les banques en grandes difficultés et mis en place des mesures keynésiennes. Ces mesures consistent, notamment, à diminuer les taux directeurs des banques centrales, qui déterminent le prix du crédit, et, pour l’État, à engager des dépenses de relance économique, souvent financées par l’endettement. Une telle politique est censée avoir pour effet bénéfique le développement d’une forte croissance. Or, aujourd’hui, ce qui frappe d’emblée, c’est l’extrême mollesse de la croissance mondiale au regard des astronomiques dépenses de relance et de l’agressivité des politiques inflationnistes. Les États-Unis se trouvent ainsi dans une situation que les économistes bourgeois, faute de pouvoir s’appuyer sur l’analyse marxiste, ne comprennent pas : l’État américain s’est endetté de plusieurs centaines de milliards de dollars et le taux directeur de la FED est proche de zéro ; pourtant, la croissance devrait s’élever à seulement 1,6% en 2010, contre les 3,7% espérés. Comme l’illustre le cas américain, si, depuis 2008, la bourgeoisie a momentanément évité le pire en s‘endettant massivement, la reprise n’est pas vraiment là. Incapables de comprendre que le système capitaliste est un mode de production transitoire, prisonniers de schémas sclérosés, les économiste bourgeois ne voient pas l’évidence : le keynésianisme a fait la preuve de son échec historique depuis les années 1970 parce que les contradictions du capitalisme sont désormais insolubles, y compris par la tricherie de l’endettement avec les lois fondamentales du capitalisme.
L’économie capitaliste se maintient péniblement depuis de nombreuses décennies par le gonflement prodigieux de la dette de tous les pays du monde afin de créer artificiellement un marché destiné à absorber une partie de la surproduction chronique. Mais la relation du capitalisme à l’endettement s’apparente à de l’opiomanie : plus il consomme, moins la dose est suffisante. En d’autres termes, la bourgeoisie a maintenu la tête hors de l’eau en s’agrippant à une planche de salut pourrie qui a fini par craquer en 2008. C’est ainsi qu’à l’inefficacité patente des déficits budgétaires s’ajoute le risque d’insolvabilité de nombreux pays, en particulier la Grèce, l’Italie, l’Irlande ou l’Espagne. Dans ce contexte, les gouvernements de tous les pays sont réduits à naviguer au jour le jour, modifiant leurs politiques économiques, de la relance à la rigueur en fonction des événements, sans que rien ne puisse durablement améliorer la situation. L’État, ultime recours contre la crise historique qui étrangle le capitalisme, n’est définitivement plus en mesure de camoufler son impuissance.
Partout dans le monde, des attaques sans précédent contre la classe ouvrière continuent de s’abattre aussi rapidement que les taux de chômage augmentent. Les gouvernements, de droite comme de gauche, imposent aux prolétaires des réformes et des coupes budgétaires d’une brutalité peu commune, comme en Espagne où, entre autres choses, les fonctionnaires ont vu leur salaire diminuer de 5% cette année par le gouvernement socialiste de Zapatero qui promet déjà leur gel en 2011. En Grèce, c’est notamment l’âge moyen de départ à la retraite qui a augmenté de 14 ans tandis que les pensions sont gelées jusqu‘en 2012. En Irlande, pays que la bourgeoisie vantait encore récemment pour son dynamisme, le taux officiel de chômage s’élève à 14%, tandis que les salaires des fonctionnaires ont également été allégés de 5 à 15% tout comme les indemnités des chômeurs ou les allocations familiales. D’après l’Organisation Internationale du Travail, le nombre de chômeurs dans le monde est passé de 30 millions, en 2007, à 210 millions, aujourd’hui1. On pourrait multiplier les exemples car, sur tous les continents, la bourgeoisie fait payer à la classe ouvrière le prix fort de la crise. Mais derrière les plans d’austérité hypocritement appelés réformes, derrière les licenciements et les fermetures d‘usine, des familles entières sombrent dans la pauvreté. Aux États-Unis, près de 44 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté d’après un rapport du Census Bureau, soit une augmentation de 6,3 millions de pauvres en deux ans, qui viennent s’ajouter aux trois précédentes années qui avaient déjà connu un fort développement de la pauvreté. La décennie a d’ailleurs été marquée aux États-Unis par une forte diminution de la valeur des bas revenus.
Il n’y a pas qu’au sein des « pays riches » que la crise se paie par la misère. Récemment, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (plus connue sous le sigle : FAO.) se félicitait d’observer en 2010 un recul de la sous-alimentation qui touche particulièrement l’Asie (578 millions de personnes) et l’Afrique (239 millions), pour un total de 925 millions de personnes dans le monde. Ce que les statistiques ne révèlent pas immédiatement, c’est que ce chiffre reste largement supérieur à celui publié en 2008, avant que les effets de l’inflation spéculative des prix de l’alimentation ne se fassent sentir jusqu’à provoquer une série d’émeutes dans de nombreux pays. Le recul significatif des prix agricoles a, certes, fait modestement « reculer la faim dans le monde » mais la tendance sur plusieurs années, c’est-à-dire indépendamment de la conjoncture économique immédiate, est indéniablement à la hausse. D’ailleurs, les canicules de l’été en Russie, en Europe de l’Est et, récemment, en Amérique latine ont très sensiblement diminué le rendement des récoltes mondiales, ce qui, dans un contexte d’augmentation des prix, va inévitablement faire croître la malnutrition l’an prochain. Ainsi, il n’y a pas qu’au niveau économique que la faillite du capitalisme s‘exprime. Les dérèglements climatiques et la gestion bourgeoise des catastrophes environnementales constituent une cause croissante de mortalité et de dénuement.
Le capitalisme détruit la planète
Cet été, de violentes catastrophes se sont abattues sur les populations partout dans le monde : les flammes ont embrasé la Russie, le Portugal et de nombreux autres pays ; des moussons dévastatrices ont noyé le Pakistan, l’Inde, le Népal et la Chine sous la boue. Au printemps, le Golfe du Mexique connaissait la pire catastrophe écologique de l’histoire après l’explosion d’une plate-forme pétrolière. La liste des catastrophes de l’année 2010 est encore longue. La multiplication de ces phénomènes et leur gravité croissante ne sont pas le fruit du hasard car de l’origine des catastrophes jusqu’à à leur gestion, le capitalisme en porte une très lourde responsabilité.
Récemment, la rupture du réservoir mal entretenu d’une usine de production d’aluminium a engendré une catastrophe industrielle et écologique en Hongrie : plus d’un million de mètres cubes de « boue rouge » toxique s’est répandu autour de l’usine, causant plusieurs morts et de nombreux blessés. Les dégâts environnementaux et sanitaires sont très importants. Or, pour « minimiser les impacts » de ces déchets, les industriels retraitent la boue rouge de la manière suivante : soit ils la rejettent dans la mer par milliers de tonnes, soit ils l’entreposent dans d’immense bassin de rétention, à l’image de celui qui a cédé en Hongrie, alors que des technologies existent depuis longtemps pour recycler de pareils déchets, en particulier dans le bâtiment et l’horticulture.
La destruction de la planète par la bourgeoisie ne se limite cependant pas aux innombrables catastrophes industrielles qui frappent chaque année de nombreuses régions. Selon l’avis de nombreux scientifiques, le réchauffement de la planète joue un rôle majeur dans la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes : « Ce sont des événements qui sont appelés à se reproduire et à s’intensifier dans un climat perturbé par la pollution des gaz à effet de serre » selon le vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Et pour cause, de 1997 à 2006, alors que la température de la planète ne cessait d’augmenter, le nombre de catastrophes, de plus en plus dévastatrices, a augmenté de 60 % par rapport à la décennie précédente, entraînant dans leur sillage de plus en plus de victimes. D’ici 2015, le nombre de victimes de catastrophes météorologiques devrait augmenter de plus de 50%.
Les scientifiques des compagnies pétrolières peuvent s’agiter en déclarant que le réchauffement planétaire n’est pas le résultat d’une pollution massive de l’atmosphère, l’ensemble des recherches scientifiques sérieuses démontre une corrélation évidente entre le rejet des gaz à effet de serre, le réchauffement climatique et la multiplication des catastrophes naturelles. Cependant, les scientifiques se trompent lorsqu’ils affirment qu’un peu de volonté politique des gouvernements est en mesure de changer les choses. Le capitalisme est incapable de limiter les rejets de gaz à effet de serre car il devrait alors aller à l’encontre de ses propres lois, celles du profit, de la production à moindre frais et de la concurrence. C’est la nécessaire soumission à ces lois qui fait que la bourgeoisie pollue avec, entre autres exemples, son industrie lourde, ou qu’elle fait inutilement parcourir à ses marchandises des milliers de kilomètres.
La responsabilité du capitalisme dans l’ampleur de ces catastrophes ne se limite d’ailleurs pas à la pollution atmosphérique et au dérèglement climatique. La destruction méthodique des écosystèmes, à travers, par exemple, la déforestation massive, le stockage des déchets dans les zones naturelles de drainage, ou l’urbanisation anarchique, parfois jusque dans le lit des rivières asséchées et au cœur de secteurs notablement inflammables, ont fortement aggravé l’intensité des catastrophes.
La série d’incendies qui a frappé la Russie au cœur de l’été, en particulier une large région autour de Moscou, est significative de l’incurie de la bourgeoisie et de son impuissance à maîtriser ces phénomènes. Les flammes ont embrasé des centaines de milliers d’hectares causant un nombre indéterminé de victimes. Pendant plusieurs jours, une épaisse fumée, dont les conséquences sur la santé ont été catastrophiques au point de doubler le taux quotidien de mortalité, a envahi la capitale. Et pour faire bonne mesure, des risques nucléaires et chimiques importants menacent encore les populations bien au-delà des frontières russes à cause, notamment, des incendies sur des terres contaminées par l’explosion de la centrale de Tchernobyl et des entrepôts d’armes et de produits chimiques plus ou moins oubliés dans la nature.
Un élément essentiel pour comprendre le rôle de la bourgeoisie dans l’envergure des incendies est l’état stupéfiant d’abandon des forêts. La Russie est un pays immense doté d’un parc forestier très important et dense, nécessitant un soin particulier pour circonscrire rapidement les débuts d’incendies afin d’éviter qu’ils ne se répandent jusqu’à devenir incontrôlables. Or, beaucoup de massifs forestiers russes ne sont même pas dotés de voies d’accès, si bien que les camions de pompiers sont incapables d’atteindre le cœur de la plupart des incendies. La Russie compte d’ailleurs seulement 22 000 pompiers, soit moins qu’un petit pays comme la France, pour lutter contre les flammes, et les gouverneurs régionaux, notablement corrompus, préfèrent employer les maigres moyens dont ils disposent pour la gestion des forêts à l’achat de voitures de luxe, comme l’ont révélé plusieurs scandales.
Le même cynisme vaut pour les fameux feux de tourbière, zones dont le sol est constitué de matière organique en décomposition particulièrement inflammable : en plus de laisser les tourbières à l’abandon, la bourgeoisie russe a favorisé la construction d’habitations sur ces zones alors que des incendies avaient déjà fortement sévi en 1972. Le calcul est bien simple : sur ces secteurs dangereux, les promoteurs immobiliers ont pu acheter des terrains, déclarés constructibles par la loi, à un prix dérisoire.
C’est de cette manière que le capitalisme transforme des phénomènes naturels humainement maîtrisables en véritables catastrophes. Mais, en matière d’horreur, la bourgeoisie ne s’arrête devant rien. C’est ainsi qu’autour des dévastatrices inondations qui ont frappé le Pakistan, s’est jouée une lutte impérialiste des plus crapuleuses.
Durant plusieurs semaines, des pluies torrentielles se sont abattues sur le Pakistan, occasionnant des inondations majeures, des glissements de terrain, des milliers de victimes, plus de 20 millions de sinistrés et des dégâts matériels considérables. La famine et la propagation de maladies, notamment le choléra, sont venues empirer une situation déjà désespérée. Pendant plus d’un mois, au milieu de cet horrible tableau, la bourgeoisie pakistanaise et son armée n’ont fait qu’étaler une incompétence et un cynisme hallucinants, accusant l’implacabilité de la nature, alors que, comme en Russie, entre urbanisation anarchique et services de secours impuissants, les lois du capitalisme apparaissent comme l’élément essentiel pour comprendre l’ampleur de la catastrophe.
Mais un aspect particulièrement écœurant de cette tragédie est la manière dont les puissances impérialistes essayent encore de tirer profit de la situation, au détriment des victimes, en utilisant les opérations humanitaires comme alibi. En effet, les États-Unis soutiennent, dans le cadre de la guerre avec l’Afghanistan voisin, le gouvernement très contesté de Youssouf Raza Gilani, et ont très rapidement profité des événements pour déployer un important contingent « humanitaire » constitué de porte-hélicoptères, de navires d’assaut amphibies, etc. Sous le prétexte d’empêcher un soulèvement des terroristes d’Al-Qaida, que favoriseraient les inondations, les États-Unis freinent, autant que faire se peut, l’arrivée de « l’aide internationale » venant d’autres pays, « aide humanitaire » elle aussi constituée de militaires, de diplomates et d’investisseurs sans scrupules.
Comme pour chaque catastrophe d’ampleur, tous les moyens sont mis en œuvre par tous les États pour faire valoir leurs intérêts impérialistes. Parmi ces moyens, la promesse de dons est devenue une opération systématique : tous les gouvernements annoncent officiellement une manne financière substantielle qui n’est officieusement accordée qu’en échange de la satisfaction des ambitions des donateurs. Par exemple, à ce jour, 10 % seulement de l’aide internationale promise en janvier 2010 après le tremblement de terre à Haïti a été effectivement versée à la bourgeoisie haïtienne. Et le Pakistan ne fera bien sûr pas exception à la règle ; les millions promis ne seront versés qu’à titre de commission d’État contre services rendus.
Les fondements du capitalisme, la recherche du profit, la concurrence, etc., sont donc, à tous les niveaux, au cœur de la problématique environnementale. Mais les luttes autour du Pakistan illustrent également les tensions impérialistes croissantes qui ravagent une partie de la planète.
Le capitalisme sème le chaos et la guerre
L’élection de Barack Obama à la tête de la première puissance mondiale a suscité beaucoup d’illusions sur la possibilité de pacifier les rapports internationaux. En réalité, la nouvelle administration américaine n’a fait que confirmer la dynamique impérialiste ouverte avec l’effondrement du bloc de l’Est. L’ensemble de nos analyses selon lesquelles « la discipline rigide des blocs impérialistes » devait, suite à l’effondrement du bloc de l’Est, céder la place à l’indiscipline et à un chaos rampant, à une lutte généralisée de tous contre tous et à une multiplication incontrôlable des conflits militaires locaux s’est pleinement vérifiée. La période ouverte par la crise et l’aggravation considérable de la situation économique n’a fait qu’aiguiser les tensions impérialistes entre les nations. Selon le Stockholm International Peace Research Institute, pas moins de 1 531 milliards de dollars auraient été dépensés dans les budgets militaires de tous les pays en 2009, soit une augmentation de 5,9% par rapport à 2008 et de 49% par rapport à 2000. Et encore, ces chiffres ne prennent pas en compte les transactions illégales d’armement. Même si la bourgeoisie de certains États se trouve contrainte, crise oblige, de rogner sur ses dépenses militaires, fondamentalement la militarisation croissante de la planète est le reflet du seul futur qu’elle réserve à l’humanité : la multiplication des conflits impérialistes.
Les États-Unis, avec leurs 661 milliards de dépenses militaires en 2009, bénéficient d’une supériorité militaire absolument incontestable. Pourtant, depuis l’effondrement du bloc de l’Est, le pays est de moins en moins en mesure de mobiliser d’autres nations derrière lui, comme en avait témoigné la guerre d’Irak débutée en 2003 où, en dépit du retrait annoncé récemment, les troupes américaines comptent encore plusieurs dizaines de milliers de soldats. Non seulement les États-Unis n’ont pas été en mesure de fédérer beaucoup d’autres puissances sous leur bannière, notamment la Russie, la France, l’Allemagne et la Chine mais, en plus, d‘autres se sont petit à petit désengagées du conflit, en particulier le Royaume-Uni et l’Espagne. Surtout, la bourgeoisie américaine semble de moins en moins capable d’assurer la stabilité d’un pays conquis (les bourbiers afghan et irakien sont symptomatiques de cette impuissance) ou d’une région, comme l’illustre la manière dont l’Iran défie les Etats-Unis sans crainte de représailles. L’impérialisme américain est ainsi nettement sur le déclin et cherche à reconquérir son leadership perdu depuis plusieurs années à travers des guerres qui, finalement, l’affaiblissent considérablement.
Face aux États-Unis, la Chine tente de faire prévaloir ses ambitions impérialistes à travers l’effort d’armement (100 milliards de dollars de dépenses militaires en 2009, avec des augmentations annuelles à deux chiffres depuis les années 90) et sur le terrain. Au Soudan, par exemple, comme dans beaucoup d’autres pays, elle s’implante économiquement et militairement. Le régime soudanais et ses milices, armés par la Chine, poursuivent le massacre des populations accusées de soutenir les rebelles du Darfour, eux-mêmes armés par la France, par l’intermédiaire du Tchad, et les États-Unis, ancien adversaire de la France dans la région. Toutes ces manœuvres écœurantes ont engendré la mort de centaines de milliers de personnes et le déplacement de plusieurs millions d’autres.
Les États-Unis et la Chine sont loin de porter à eux seuls la responsabilité du chaos guerrier sur la planète. En Afrique, par exemple, la France, directement ou par milices interposées, essaye de sauver ce qu’elle peut de son influence, notamment au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Congo, etc. Les cliques palestiniennes et israéliennes, soutenus par leurs parrains respectifs, poursuivent une guerre interminable. La décision israélienne de ne pas prolonger le moratoire sur la construction dans les territoires occupés, alors que « négociations de paix » organisées par les États-Unis se poursuivent, montre d’ailleurs l’impasse de la politique Obama qui voulait se distinguer de celle de Bush par plus de diplomatie. La Russie, à travers la guerre en Géorgie ou l’occupation de la Tchétchénie, essaye de recréer une sphère d’influence autour d’elle. La litanie des conflits impérialistes est trop longue pour que nous puissions l’exposer ici de manière exhaustive. Néanmoins, ce que la multiplication des conflits révèle, c’est que toutes les fractions nationales de la bourgeoisie, puissantes ou pas, n’ont d’autre alternative à proposer que répandre le sang en défense de leurs intérêts impérialistes.
La classe ouvrière reprend le chemin de la lutte
Face à la profondeur de la crise dans laquelle s’enfonce le capitalisme, la combativité ouvrière n’est manifestement pas à la hauteur des enjeux, le poids des défaites du prolétariat pèse encore lourdement sur la conscience de notre classe. Mais les armes de la révolution se forgent au cœur des luttes que la crise commence à développer significativement. Depuis plusieurs années de nombreuses luttes ouvertes ont éclaté, parfois simultanément au niveau international. La combativité ouvrière s’exprime ainsi simultanément au sein des pays « riches » – en Allemagne, en Espagne, aux Etats-Unis, en Grèce, en Irlande, en France, au Japon, etc. – et des pays « pauvres. » Si la bourgeoisie des pays riches diffuse l’idée crapuleuse et mensongère que les travailleurs des pays pauvres s’approprient les emplois de ceux des pays riches, elle prend bien soin d’imposer un quasi black-out sur les luttes de ces ouvriers qui feraient apparaître qu’eux aussi sont victimes des mêmes attaques que le capitalisme en crise impose dans tous les pays.
En Chine, dans un pays où la part des salaires dans le PIB est passée de 56% en 1983 à 36% en 2005, les ouvriers de plusieurs usines ont cherché à s’émanciper des syndicats, malgré de fortes illusions sur la possibilité d’un syndicat libre. Surtout, les ouvriers chinois ont réussi à coordonner eux-mêmes leur action et à élargir leur lutte au-delà de l’usine. Au Panama, une grève a éclaté le 1er juillet dans les bananeraies de la province de Bocas de Toro pour réclamer le paiement des salaires et s‘opposer à une réforme antigrève. Là aussi, malgré une vive répression policière et les multiples sabotages syndicaux, les travailleurs ont immédiatement cherché, et avec succès, à étendre leur mouvement. La même solidarité et la même volonté de se battre collectivement ont animé un mouvement de grève sauvage au Bangladesh, violemment réprimé par les forces de l’ordre.
Dans les pays centraux, la réaction ouvrière en Grèce s’est poursuivie à travers de nombreuses luttes, en particulier en Espagne où les grèves se multiplient contre les mesures draconiennes d’austérité. La grève organisée par les travailleurs du métro de Madrid est significative de la volonté des ouvriers d’étendre leur lutte et de s’organiser collectivement à travers des assemblées générales. C’est pour cela qu’elle a été le cible d’une campagne de dénigrement orchestrée par le gouvernement socialiste de Zapatero et ses médias. En France, si les syndicats parviennent à encadrer les grèves et les manifestations, la réforme visant à allonger l’âge de départ à la retraite provoque la mobilisation d’une large frange de la classe ouvrière et donne lieu à des expressions, certes très minoritaires mais également très significatives, d’une volonté de s’organiser en dehors des syndicats à travers des assemblées générales souveraines et d’étendre les luttes.
Evidemment, la conscience du prolétariat mondial est encore insuffisante et ces luttes, quoique simultanées, ne sont pas immédiatement en mesure de créer les conditions d’un même combat au niveau international. Néanmoins, la crise dans laquelle s’enfonce le capitalisme, les cures d’austérité et la misère croissante vont inévitablement produire une multiplication de luttes toujours plus massives à travers lesquelles les ouvriers développeront petit à petit leur identité de classe, leur unité, leur solidarité, leur volonté de se battre collectivement. Ce terrain est le terreau d’une politisation consciente du combat ouvrier pour son émancipation. Le chemin vers la révolution est encore long mais, comme l’écrivaient Marx et Engels dans le Manifeste communiste : « La bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort ; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires. »
Courant Communiste International
1. Ces statistiques mettent en évidence une augmentation générale officielle du chômage que les tricheries de la bourgeoisie ne peuvent plus dissimuler. Il faut cependant être conscient que ces chiffres sont loin de refléter l’ampleur du phénomène puisque, dans tous les pays, y compris ceux où la bourgeoisie a dû aller le plus loin dans la mise en place d’un dispositif d’amortisseurs sociaux, le fait de ne pas retrouver de travail a pour conséquence qu’au bout d’un certain temps, on n’est plus considéré comme chômeur.
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