Ce sont les mêmes termes employés par les multinationales de l’agrochimie comme Monsanto ou les grand semenciers comme Limagrain pour toutes les actions des faucheurs volontaires. Ça secoue pas mal de lire ça ici, mais bon , voyons la suite :

rien ne saurait légitimer un tel vandalisme…

Les faucheurs volontaires ont toujours revendiqué leurs actions et assumé le coté illégal de ces actions. La meilleure preuve est qu’en ce qui concerne l’action de Colmar, ils ont attendu gentiment que les forces de l’ordre viennent prendre leur identité. Ils revendiquent une légitimité supérieure, comme dans toute action de désobéissance civile, ceci afin de faire avancer le droit. Nier cette légitimité revient à renier toute forme de désobéissance civile.

Il est vrai que dans cette action, mis à part les pieds de vigne qui ont été neutralisés (70 pieds, pas même de quoi se saouler en réunion de section), il y a eu sans doute une dizaine d’euro de grillage coupés à la pince à cisailler, c’est une faute de la part des faucheurs, mais on ne va quand même pas en faire un fromage, les domages subits sont sans doute inférieurs à ceux commis par ces militants syndicalistes qui ont enfoncé le portail du MEDEF à Chalon, qui ont été poursuivis en justice pour ces dégradations et que nous avions été nombreux à soutenir à l’époque, y compris le PCF.

ces actions portent atteinte à la recherche publique…

La recherche publique est sinistrée de manière général ; il est vrai que l’Etat se désengage de plus en plus du financement et force les laboratoires publics à trouver des financements privés. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le site de l’INRA de Colmar pour voir que cet établissement n’échappe pas à la règle. Parmi les partenaires

http://www.colmar.inra.fr/pages/SEAV/partenariat.htm

on peut citer :

– Arvalis (sorte de laboratoire-conseil pour optimiser les rendements agricoles),
– CEDE environnement (filiale à 100% de Véolia),
– Agri-obtention (un semencier qui revendique sur son site 450 variétés dans son « portefeuille de variétés végétales »),
– mais aussi et surtout, ceux qu’on appelle le club des cinq et qui fournissent « le meilleur de la génétique disponible en France » : Florimond Desprez, Limagrain Verneuil Holding, Syngenta Seeds SAS, Serasem et Unisigma.

Tout un programme, rappelons que Syngenta et Limagrain sont respectivement les 3èmes et 4èmes consortiums mondials de la semence, tout juste derrière Monsanto et DuPont !

Rappelons également que si la recherche publique est en général sinistrée, elle ne l’est pas de manière uniforme. Dans le domaine de la biologie qui nous intéresse ici, l’essentiel de l’argent public part hélas uniquement dans la biologie moléculaire et la génétique. Rien en revanche sur la biologie des sols. Il ne s’agit pas d’interdire toute forme de recherche en matière de génétique, mais tout miser dans le même panier relève d’une pathologie mentale, impulsée par une poignée de transnationales dont le seul métier est de vendre du produit chimique par le biais d’un système des brevet qui vise la totalité de l’alimentation humaine et animal. Il est vraiment à regretter que ces « professionnels de la nécro-technologie » deviennent de plus en plus les seuls sources de financement des établissements publics de recherche. C’est vrai pour la biologie, comme dans toutes les disciplines scientifiques a fort potentiel de rentabilité à court terme (informatique, médecine, chimie…)

et réduisent du même coup sa possibilité d’étudier les effets éventuels de ces organismes génétiquement modifiés sur notre santé et sur l’environnement.

Ce n’était pas du tout l’objectif des recherches menées à Colmar. Il s’agissait de recherches sur le court-noué, une maladie virale qui affecte les pieds de vigne et menace le rendement de la production viticole. Une maladie qu’on sait soigner en arrachant les pieds infectés et en laissant la terre en jachère plusieurs années, pas franchement acceptable pour de nombreux professionnels de la vigne. Alors peut-être que la génétique peut apporter une solution, mais alors, rien n’empêchait l’INRA de faire ces expériences sous serre, cela aurait même permis de compléter les essais en faisant varier la température, le taux d’humidité, la luminosité. On peut douter de la bonne foi de l’INRA qui en effectuant ces expériences en plein champs n’a fait que jouer la provocation pour préparer les esprits à une nouvelle forme de brevetage du vivant.

S’il s’agit de voir quels sont les effets des OGM sur l’environnement, pas besoin d’expérience pour cela, observons simplement ce qui s’est passé au Canada (deuxième pays le plus grand du monde après la Russie). Il n’a fallu que 6 années après l’introduction des cultures transgéniques pour qu’il ne soit plus possible de trouver sur le marché canadien du colza certifié non OGM. 6 années ! Et maintenant ce colza parasite est devenu indestructible aux herbicides, il pousse partout, y compris dans les champs de blé. Selon inf’OGM, les prochaines génération d’OGM seront même résistantes au gel ou à la sécheresse. Il remplaceront définitivement leurs cousins naturels.

Contrairement à toutes les autres formes de pollution humaine, celle-ci est irréversible et se fiche complètement des « oh merde, on ne savait pas… ».

les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers…

A répéter en boucle au moins 10 fois le soir avant de ce coucher :

les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers,
les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers,
les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers…

Plus sérieusement, il ne s’agit pas de douter de la qualité scientifique des chercheurs de Colmar, tous sont sans aucun doute d’excellents docteurs en biologie moléculaire, mais pour ce qui concerne leurs compétences sociales, sociétales, économique, ou tout simplement dans leur compréhension du mécanisme de la vie du sol, on peut en douter sérieusement. Le métier de chercheur n’est pas toujours facile, mais avec le nez dans le guidon et soumis comme ils le sont de plus en plus à des pression financières, on ne peut pas leur demander d’avoir un recul pour lequel ils n’ont pas été formé ni d’avoir un avis sur des sujet pour lesquels ils n’ont aucune compétence. Nier cette évidence relève d’un scientisme malsain que Rabelais avait déjà dénoncé dans son « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Le génie génétique est à ses débuts ; en priver la recherche publique française c’est ouvrir grand les portes à la mercantilisation de ces activités, c’est permettre aux requins de la finance et de l’agroalimentaire mondiaux d’être seuls maîtres de ce qui doit se faire ou non et des conditions dans lesquelles les nouvelles technologies de l’alimentaire doivent évoluer.

Les OGM pour nourrir la planète, qui font des guilis dans le cou et qui servent le café le matin tout en coupant le saucisson, ça n’existe pas ! 70% des variétés produites sont tolérantes à un herbicide (on peut noyer le champ avec du round-up ; tout crève, sauf l’OGM qui à tout bu et qui nous dit « même pas mal, va-y, mange moi ! »), les 30% restant produisent un insecticide (de 10 000 à 100 000 fois plus qu’un traitement classique selon Jean-Pierre Berlan, ex directeur de recherche à l’INRA précisément, mais bon, lorsqu’il s’agit d’économiser de la main d’œuvre sur les traitements, on ne va pas faire la fine bouche). Les variétés OGM n’ont pas vraiment des rendements supérieurs à ceux de variétés classiques comparables, surtout si on pousse les études sur plusieurs années à cause des phénomènes de résistances, les paysans indiens en ont fait les frais, qui se suicident par dizaines de milliers chaque année, poussés à la faillite et à la misère.

Non, le seul intérêt des OGM, c’est pour les industriels qui les commercialisent, car ils sont brevetés. La marchandisation du vivant est déjà là, il n’est pas besoin de la recherche publique française pour enfoncer des portes déjà grandes ouvertes. L’alimentaire n’a pas besoin de nouvelles technologies mais de techniques et pratiques respectueuses de l’environnement, tout comme des gens qui travaillent la terre ou qui consomment le fruit de ce travail. La faim dans le monde ne vient pas du fait que les pauvres du Sud ne savent plus cultiver la terre mais c’est un problème politique que les OGM n’ont pas vocation à endiguer. A en croire les paysans sans terre du Brésil, les OGM ont même la fâcheuse tendance à accroitre ce problème !

Refuser de consommer des OGM, est le droit de chacune et chacun

Oui, c’est la moindre des choses, mais ne nous illusionnons pas, les OGM sont une forme d’agriculture totalitaire qui interdit toute forme d’agriculture alternative.

– Soit par la pollinisation directe – en Amérique du Nord, les paysans contaminés doivent payer des royalties à Monsanto and co car ils ne sont pas propriétaires des gènes contenus dans les graines qui poussent par erreur dans leur champs, c’est le principe du pollué payeur.
– Soit par le mélange volontaire des filières et l’absence de toute forme de traçabilité,
– et aussi par les coûts de plus en plus exorbitants pour arriver à une production saine et certifiée non contaminée.

Le choix d’accepter ou de refuser les OGM risque fort d’être de l’histoire ancienne si tous les acteurs du mouvement social prennent les même positions que celles du PCF ici. Fort heureusement, il n’en est rien et de plus en plus d’acteurs syndicalistes, associatifs, politiques, y compris parmi les militants communistes, prennent conscience que l’exploitation des ressources naturelles relève du même principe que l’exploitation des ressources humaines : la soif du profit immédiat !

Yannick, faucheur volontaire solidaire

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Communiqué du PCF

Le PCF s’indigne des actes de vandalisme perpétrés à l’encontre de vignobles OGM de Colmar

Le PCF s’indigne des actes de vandalisme perpétrés à l’encontre de vignobles OGM sous responsabilité exclusive de l’Organisme Public de Recherche Agronomique (INRA) à Colmar ; rien ne saurait légitimer un tel vandalisme. Sous couvert de s’opposer à la culture des OGM en plein champ, ces actions portent atteinte à la recherche publique et réduisent du même coup sa possibilité d’étudier les effets éventuels de ces organismes génétiquement modifiés sur notre santé et sur l’environnement. La Recherche publique en France est victime d’une politique continue d’affaiblissement de ses moyens budgétaires mais les chercheurs qui travaillent dans ce cadre ne sont pas des apprentis sorciers. Le génie génétique est à ses débuts ; en priver la recherche publique française c’est ouvrir grand les portes à la mercantilisation de ces activités, c’est permettre aux requins de la finance et de l’agroalimentaire mondiaux d’être seuls maîtres de ce qui doit se faire ou non et des conditions dans lesquelles les nouvelles technologies de l’alimentaire doivent évoluer.

Refuser de consommer des OGM, est le droit de chacune et chacun ; mais porter atteinte au potentiel scientifique national est un acte totalement répréhensible ; le PCF renouvelle sa confiance dans le sang-froid et les capacités intellectuelles des équipes de l’INRA , dans leur indépendance par rapport aux pressions des multinationales de l’agroalimentaire. Au-delà, nos concitoyennes et concitoyens doivent pouvoir s’approprier les divers aspects du développement scientifique. Cela exige de nouvelles instances démocratiques au plus près d’eux, permettant l’échange fructueux entre collectivité scientifique et l’ensemble de la société ; c’est là un défi de notre temps, un défi que toute politique de gauche se devrait de relever. Les protestations de Mme Pécresse suite à cet acte odieux ne doivent pas faire illusion : elle conduit avec N Sarkozy une politique de casse de la recherche publique, qui précisément tourne le dos aux défis de civilisation contemporains, ceux que le PCF, avec d’autres entend permettre de relever.

Parti communiste français

— « Car ils ont inventé le fer à empaler, et la chambre à gaz et la chaise électrique, et la bombe au napalm et la bombe atomique, et c’est depuis lors qu’ils sont civilisés, les singes, les singes, les singes de mon quartier » – Jacques Brel